L’artiste
le plus polyvalent de la Jeune Pologne. Il appartient à
la pléiade de ces artistes qui ont préparé
au déclin du
XIXème
et à l’aube du XXème siècle les bases
de l’Art Nouveau en Pologne.
Dramaturge, poète, réformateur du théâtre
polonais, scénographe… et en même temps peintre
et dessinateur, bref l’artiste en tout genre.
Après des études à l’Ecole des Beaux-Arts
à Cracovie Wyspianski entreprend des études d’histoire,
d’histoire de l’Art et de la littérature.
Il coopère avec Jan Matejko à la réalisation
de la polychromie à l’Eglise Mariacki de Cracovie.
Ensuite, dès 1890, Wyspianski voyage beaucoup en Europe
et dans les années 1891-1894 séjourne à Paris
où il étudie avec son compatriote Mehoffer à
l’Académie Colarossi. Cette période parisienne
est riche en de nombreuses créations à l’huile.
Restant sous une forte influence du romantisme historique, l’artiste
produit des cartons pour les vitraux de la cathédrale
de Lvov « Sluby Jana Kazimierza et Polonia ». Wyspianski
par son goût pour la dramatisation présente Polonia,
personnage allégorique du titre, en tant qu’une femme
s’évanouissant avec une épée accrochée
à la poitrine et son manteau taché de sang glissant
de ses épaules. Les attitudes des personnages qui l’entourent
sont particulièrement expressives. Sur leurs visages et
dans leurs gestes se reflètent le drame et le désespoir.
Sa façon de présenter la nature environnante contribue
davantage à la dramatisation. L’artiste joue habilement
sur le contraste entre la lumière et les ténèbres.
Le paysage des arbres squelettiques, buissons, fleurs et épines
met en relief le dynamisme et l’infiltration de la végétation
dans le sentiment mystique des personnages. Wyspianski accorde
une importance accrue aux couleurs intenses correspondant à
la mise en scène dramatique.
En
1894 Wyspianski s’installe à Cracovie et s’engage
avec un grand enthousiasme à la vie culturelle de la ville.
Il fait partie des organisateurs de l’Association d’Artistes
Polonais « Sztuka » et sa notoriété
s’accroît rapidement. A partir de 1902 Wyspianski
enseigne la
peinture décorative à l’Académie des
Beaux-Arts. La peinture du maître de cette période
est dominée par des couleurs sombres ; gris, bleu «
Planty o swicie » et « Planty noca ». Ces tableaux
annoncent d’une certaine manière l’œuvre
d’une importance incontestable créée dans
les années 1898-1899 « Chocholy » (bonshommes
en paille).C’est encore une autre version des « Planty
la nuit ». L’artiste exploite un vieux thème
de la mythologie, il s’agit du renouveau de la nature et
de l’espoir du printemps. La danse mystérieuse des
bonhommes de paille anticipe son chef-d’œuvre littéraire
« La Noce » (1901). Lucide de son époque il
en dépeint la société sous une forme de parabole
dont la tragédie n’exclut pas l’humour sur
le passé, le présent et l’avenir de son pays.
Wyspianski
continue la peinture et réalise les vitraux pour l’Eglise
des Franciscains à Cracovie. En 1895, il reçoit
une importante commande pour la réalisation d’une
polychromie pour la même église. Elle arrive à
un moment inopportun , l’artiste vit des angoisses et des
inquiétudes et à ce moment-là ne se sent
pas à la hauteur d’entreprendre le travail d’une
telle envergure. Il réalise uniquement une partie végétale
et malheureusement les projets figuratifs ne voient pas le jour.
Ses vitraux sont considérés comme les plus beaux
de l’époque de la Jeune Pologne. Au chœur de
l‘église figurent les personnages de St François,
Salomé et des quatre éléments : air, feu,
eau, terre. Le tout entouré de motifs floraux aux couleurs
très intenses, éclairés de rayons de soleil
qui redonne au lieu une dimension mystique. Mais c’est dans
la nef principale que se situe la plus belle création de
Wyspianski « Stan sie – Bog Ojciec ».
L’artiste poursuit son travail dans le domaine des vitraux
et non seulement dans des églises. « Apollo entravé
», le vitrail de l’escalier du siège de l’Association
des Médecins de Cracovie fait partie de ses plus belles
œuvres.
Wyspianski situe l’homme au centre de ses préoccupations
artistiques. Il est un génie de portraits qu’ils
affectionne avec
beaucoup de précisions . Il peint les personnes de son
entourage très proche : son épouse, ses enfants,
les amis Lucjan Rydel, Stanislaw et Dogma Przybyszewski, Jacek
Malczewski etc . Il n’hésite pas à dessiner
avec les lignes vibrantes, intenses, sans trop se préoccuper
des couleurs et des accessoires. Toute son attention est centrée
sur l’expression du visage du modèle et de ses états
d’âme. L’artiste adore dessiner des portraits
d’enfants . Les jeunes modèles prennent beaucoup
de place dans son travail. Il les présente tantôt
tristes, tantôt rêveurs , toujours livrés à
leurs occupations habituelles par exemple « Dziewczynka
z wazonem » (1902)
C’est
une petite fille appuyée sur le coin de la table regardant
un vase de fleurs. En apparence ce dessin réalisé
à la va vite enregistre le moment fugitif mais en le regardant
de plus près nous nous apercevons qu’aucun détail
n’échappe à l’œil de l’artiste.
Tous les détails due décor, les motifs sur sa robe
rouge ainsi que son reflet sur la table sont soigneusement étudiés.
Ce portrait est très différent du celui de son fils
« Spiacy Stas », créé la même
année,. Wyspianski insiste sur de belles lignes ondulées,
mettant sur le premier plan les plis des draps et de la
garde-robe du bébé. Son portrait est presque «
perdu » dans tous ces détails. Néanmoins,
de son portrait se dégagent d’intenses sentiments
de la chaleur et de l’amour. Par la suite, d’autres
portraits d’enfants se succèdent, tels portraits
de Helenka, Jozio, Stas et beaucoup d’autres. Le thème
de la
maternité
fascine notre artiste. Il lui consacre quelques œuvres. Tout
d’abord, il réalise quelques portraits de son épouse
Teodora Teofilia Pytko et par la suite, une paysanne allaitant
l’un de ses enfants « Macierzynstwo » (Maternité
1902), dessin aux lignes descriptives, délicates et dans
les couleurs bleues Un autre portrait de maternité (1905)
portant le même titre représente son épouse
allaitant le bébé, entourée de deux filles.
C’est une composition beaucoup plus complexe dont les contours
sont plus prononcés.
Wyspianski exécute plusieurs autoportraits, met en évidence
la maigreur de traits, la couleur de ses yeux et organise autour
de son visage des éléments pittoresques où
domine l’harmonie. Le plus connu coïncide presque avec
la première du drame « la Noce ».
Wyspianski réalise une série de vues impressionnistes
de « Kopiec Kosciuszki » (1904-1905) pour laquelle
il reçoit un prestigieux prix décerné par
l’Akademia Umiejetnosci. à Cracovie. Ses tableaux
expriment les humeurs et les sentiments profonds de l’artiste
malade. Ayant un pressentiment de la fin, l’artiste redouble
de l’activité. Avant de partir il nous laisse un
nombre important de vues de Kopiec Kosciuszki et de Las Wolski
– symboles d’insurrection.
Aleksandra
avec l'aide précieuse de
Kat