Nous sommes dans la salle de conférences de l’Hôtel Jawor, à Jaworze, près de Bielsko-Biala, dans les Beskides, en Pologne.
Il est 9 heures du matin et le dernier jour de la conférence de clôture de WaterNorm va commencer dans un quart d’heure.
La salle est encore presque vide, mais Malgosia, Mme le dr Wysocka, chef du laboratoire de la Radiométrie de GIG et la principale organisatrice de cet évènement est déjà là, elle s’affaire autour du matériel pour que tout soit prêt à l’heure.
Monsieur Chalupnik est là aussi. Nous avons rendez-vous pour qu’il me parle de son travail de coordinateur du projet WaterNorm, de sa carrière, de son travail.
Voici son récit :
Je m’appelle Stanislaw Chalupnik, né pas loin d’ici à Zywiec, il y a 51 ans de cela.
Je fréquentais le lycée d’enseignement général de Zywiec et après avoir obtenu mon bacalauréat, j’ai étudié la physique nucléaire à l’AGH de Cracovie.
Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur, en 1981, j’ai commencé ma carrière professionnelle au Laboratoire de la Radiométrie de l’Institut Central des Mines, à Katowice, où je travaille jusqu’à aujourd’hui…
Je dirai donc que j’ai eu une carrière professionnelle en somme assez monotone, tout au moins en ce qui concerne le lieu du travail, puisque je peux dire que je suis assis derrière le même bureau depuis 27 ans déjà.
Entre temps, j’ai fait mon doctorat, puis l’habilitation, l’année dernière.
Depuis 4 ans je suis le coordinateur du projet WateNorm, grâce auquel nous avons l’occasion de nous entretenir aujourd’hui. Le projet a vu le jour par hasard… enfin, presque.
C’était une idée de notre labo, celui de la radiométrie de GIG.
En fait, c’est notre ancienne patronne, feu Mme Lebecka qui était à l’origine de notre activité au niveau international.
La Pologne n’avait pas encore rejoint l’Union Européenne que nous participions déjà aux différents programmes européens, comme par exemple le programme Copernicus.
Au fil des années, nous avons travaillé avec de nombreux partenaires européens, donc société de Limoges et notre activité internationale s’est fortement développée au cours des années.
Finalement, la Pologne a rejoint l’Union Européenne, en 2004.
Le projet WaterNorm, initié en 2003, avait pour sujet, à l’origine, les pollutions des eaux provoquées par l’industrie minière en Haute Silésie, leur étude et la réhabilitation des zones concernées.
Au départ, ce n’était pas un projet à proprement parler scientifique.
Ce genre de programme, faisant partie de ce qu’on appelle « Marie Curie Actions », consiste à un échange de compétences, de scientifiques expérimentés, des bourses.
Le but de cet échange des scientifiques était d’offrir aux nouveaux pays adhérents de l’Union la possibilité d’augmenter leur potentiel scientifique en leur donnant la possibilité de recevoir du personnel qualifié venu d’un autre univers et de former leurs propres diplômés en dehors de leurs frontières.
Pour mener à bien ce programme, nous avions besoin de partenaires, instituts scientifiques étrangers qui seraient capables accueillir notre propre personnel durant la durée du programme.
En échange, nous leur offrions la possibilité d’accueillir chez nous des scientifiques venant de différents établissements européens, à condition qu’ils justifient d’une expérience scientifique d’au moins 4 années.
Au départ, nous comptions 7 partenaires, puis de chiffre a baissé jusqu’à 6,
Notre programme prévoyait de recevoir, au cours de 48 mois du programme, différents spécialistes des établissements étrangers pour la totalité de 105 mois de stage (soit un peu plus de 2 personnes par an pour des équivalents en temps complet), et aussi d’envoyer, durant cette même période, les scientifiques de notre établissement, (le GIG – Institut Central des Mines) travailler dans les instituts partenaires pour 90 mois de stage en totalité.
Le premier objectif a été atteint, pour le deuxième nous avions un peu plus de problèmes, même si nous nous attendions à un résultat contraire.
Nous avons envoyé, à ce sujet, un courrier à la Commission Européenne, pour lui demander l’autorisation de prolonger le programme jusqu’à la fin de l’année 2009, ce qui nous aurait permis d’atteindre l’objectif initial concernant les séjours à l’étrangers de nos personnels. Hélas, à ce jour, la réponse est Non, mais tous les espoirs ne sont pas encore perdus.
Nous avons réussi à faire venir chez nous 25 scientifiques étrangers pour 107 mois de présence en tout, 12 de nos scientifiques sont partis pour 50 mois de travail à l’étranger, donc nous avons réalisé de ce côté 50 % de notre objectif.
Je pense que ça nous a permis d’augmenter considérablement notre potentiel de recherche, nous avons lié beaucoup de contacts avec nos collègues étrangers.
Les résultats sont palpables, puisque d’autres projets de programmes sont nés de ces échanges et ce dans différents domaines et en faisant appel à des fonds différents, notamment « Acier et Charbon » et les fonds de Visegrad.
Il est difficile de juger nous-mêmes notre propre programme.
Nous arrivons à la fin et comme d’habitude, nous regrettons un peu que ça finisse déjà, mais nous allons continuer, nous avons beaucoup de projets.
Notre programme a été financé par l’Union Européenne, y compris toutes les rémunérations des scientifiques, à la hauteur de 900.000 euros pour les 4 ans.
Les études scientifiques dans le cadre de ce programme ont été financées par les fonds propres du GIG et le Ministère à la hauteur de 3,6 millions de zlotys.
Il faut néanmoins ajouter que sans l’aide de l’Union Européenne, l’Institut Central des Mines ne disposerait certainement pas de fonds nécessaires pour pouvoir assurer les rémunérations adéquates des scientifiques européens qui effectuaient des recherches pour notre compte.
Nos projets ?
Nous voulons profiter de cette rencontre pour enchainer sur un autre programme, toujours dans le cadre des Actions Marie Curie, nous voulons créer une sorte de toile scientifique, se concentrant sur un échange, mais cette fois-ci il ne s’agira pas de scientifiques expérimentés, mais des jeunes cerveaux, pour faciliter le démarrage des carrières des jeunes diplômés, les aider à préparer les thèses de doctorat.
Le programme que nous préparons concernera les jeunes diplômés qui travailleront sur le sujet de réhabilitation des terrains industriels et postindustriels et notre région, la Silésie en est un laboratoire incontournable.
L’industrie fleurit toujours en Silésie, mais en même temps beaucoup de mines ont déjà fermé, laissant derrière eux des terrains plus au moins dégradés.
Ces terrains passent entre les mains des autorités locales, qui ne possèdent pas l’autorité, ni le savoir nécessaire pour juger du degré de pollution de ces terrains, de la qualité des sols, de la qualité de l’air au dessus de ces terrains, de l’eau, des possibilités d’exploitation des sols, de la flore poussant sur ces espaces-là.
Propos recueillis par
Sabine Skowronek-Raffin
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