Ouvriers agricoles Polonais oubliés

Démarré par Archives, 01 Novembre 2023 à 15:17:20

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Archives

Posté par: SZCZAP (IP Loggée)
Date: 30 décembre, 2019 14:52

En SEINE ET MARNE, où j'habite, des ouvriers agricoles d'origine polonaise étaient encore employés dans des fermes dans les années 1960-1970

Certains sont restés isolés, célibataires, sans famille, plus ou moins "tolérés" ou protégés par leur employeur, inhumés on ne sait où .

Je souhaiterais, pour tous ces Polonais oubliés dans la FRANCE agricole entière, reconstituer leur histoire et surtout leur dédier un site de mémoire .

Ils méritent notre respect !

Vendôme

#1
Côté français la guerre de 14-18 a fauché près de 1 700 000 (soldats et civils), et  blessé 4 266 000 militaires.
La grippe espagnole à encore emporté 240 000 morts ; soit, au bas mot un total de plus de 6.000.000 d'hommes, sans compter le nombre de disparus estimé entre 300.000 et 700.000.

L'immense majorité de ces hommes étaient des paysans, dont les bras ont manqué dans l'entre-deux guerres. Peu de gens en France savent que dans toutes les régions ce sont les ouvriers  et ouvrières agricoles polonais "importés" qui ont relevé l'agriculture française.  De 1920 à 1925 inclus, 72 000 ouvriers agricoles entrent officiellement en France, selon Jeanine Ponty.

Si vous avez des larmes en trop, je vous recommande : https://journals.openedition.org/genrehistoire/2611
... et s'il vous en reste encore : https://www.amazon.fr/Larmes-Polonaises-DArces-Amicie/dp/2917407034

sources :
- https://www.histoire-immigration.fr/hommes-migrations/article/s-il-vous-plait-madame-repondez-moi
- https://terres-et-territoires.com/cest-tout-frais/societe/il-y-a-100-ans-les-polonais-dans-les-champs-et-au-fond-des-mines
- https://terres-et-territoires.com/cest-tout-frais/societe/il-y-a-100-ans-les-polonais-dans-les-champs-et-au-fond-des-mines
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Vendôme

J'ai retrouvé ceci sur l'ancien forum :

Re: Question Lecture
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 12 juin, 2018 19:44

J'avais signalé plus haut, page 2, le livre "POLONAISES AUX CHAMPS" - [www.klub-beskid.com]

Recueil d'environ 130 lettres et de photographies de jeunes femmes immigrées dans les campagnes françaises (1930-1935). Cet ouvrage est le fruit d'une recherche collective réalisée à partir d'un fonds d'archives peu exploité et principalement constitué de 1 300 lettres d'immigrantes polonaises adressées à Julie Duval, inspectrice (franco-polonaise) départementale en Indre-et-Loire des ouvrières étrangères agricoles au cours des années 1930.

Source :< Polonaises aux Champs - Résumé > ... à lire sans faute, jusqu'au bout.

Presque toutes ces lettres sont des appels au secours. Au travers des lignes, elles y livrent une photographie de la condition des bonnes de ferme parfois moins bien traitées que les animaux dont elles s'occupaient. C'étaient des jeunes femmes, souvent des jeunes filles et elles dressent au travers de leurs lettres un tableau sinistre à maudire les salopards de paysans qui les exploitaient (physiquement et souvent sexuellement).

Extraits :

"Je vous informe dès mon arrivée chez ce patron là que, pour ce qui est de mon travail, j'ai à traire neuf vaches et il y a un très grand taureau et je dois aussi nettoyer le fumier de ces vaches chaque matin. Je dois tirer l'eau du puits pour ces vaches et j'ai encore des cochons, y'en a tant que je sais pas combien ; je dois aussi faire la lessive. Mes mains me font tellement mal que la nuit j'arrive pas à dormir après un travail aussi pénible. Quand y'a eu une fille française, elle a pas fait la moitié de ce travail que je fais. Ce patron a pas de mesure et la patronne non plus. Il dit qu'une fille polonaise est forte." - Leonora Adamus, juillet 1934

"Il y a un malentendu entre moi et le fils du Patron. Je travaille ici depuis sept mois et pour la chose il m'a pas laissée tranquille du tout, mais il est venu chez moi et moi j'ai pas réussi à le repousser, il m'a prise de force en me criant dessus et il m'a violée. Qu'est-ce que je vais devenir maintenant, pauvre de moi, je vais me pendre ou me noyer ? Parce que j'ai pas d'autre issue. Et lui, ça l'a fait rire quand je lui ai dit." - Maria Bistula, 21 septembre 1931


Arrivé au tiers du livre, je n'ai pas pu le terminer : on serre les poings, les larmes viennent aux yeux — c'est trop de chagrin à lire.

Je continuerai peut-être plus tard.

jacques Procyk

#3
Merci beaucoup Vendôme de nous rappeler ces parties sombres de l'histoire de l'immigration des femmes polonaises "Bonne de ferme" comme on les appelait. Elles ont subi la double peine celui de migrante exploitable et de leur condition de femme, ma défunte mère était venue en France sous ce statut j'ai une pensée pour elle... leur histoire fait partie de notre histoire,

"Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va" (Otto von Bismarck )
 
Jacques Procyk
Jacques Procyk

Vendôme

Merci, Jacques, pour ta contribution.
Ma défunte mère aussi est venue de Pologne pour les mêmes raisons, mais dans des conditions plus décentes : elle vivait chez un couple polono-ukrainien et non dans une ferme. De surcroît, dans ce petit village du nord de l'Aisne il y avait plusieurs polonaises. Certaines vivaient misérablement.
Je me revois encore aujourd'hui accompagnant ma mère qui se rendait auprès d'une de ces malheureuses ; c'était dans une petite maison vide, sans mobilier ;  il y avait là une jeune polonaise amaigrie et malade allongée sur un matelas à même le sol ; et sur le carrelage un enfant en bas âge, le cul à l'air, qui déambulait à quatre pattes parmi ses excréments.

C'était au début des années 50. La nature m'ayant doté d'une excellente mémoire ancienne, je regrette que notre ami SZCZAP n'apparaisse plus sur ce forum car son projet m'emballait. Sans compter que cet ancien commandant de la Marine, avait bien bourlingué et connaissait plein d'anecdotes.
 

jacques Procyk

"Visite les misères Mêles toi à elles Tu verra plus juste en toi"  (Pierre Aguetant,Le coeur secret)

Janine Ponty présente l'histoire de l'immigration polonaise sous le titre « Une immigration très encadrée », titre justifié par la signature, le 3 septembre 1919, entre les États français et polonais d'une convention qui permet 500 000 entrées en dix ans, surtout d'ouvriers dans les mines du nord, de l'est et du bassin stéphanois, mais aussi d'hommes et de femmes dans l'agriculture (1 200 Polonais et Polonaises dans le département d'Indre-et-Loire, dans des centaines de communes et de lieux-dits). Les Polonaises sont affectées en priorité dans l'agriculture comme vachères ou bonnes de ferme. À priori, les conditions de travail, d'hébergement et de rémunération doivent être précisées dans les contrats, mais sont loin d'être toujours appliquées, avec des situations et des plaintes que relatent les lettres envoyées à l'Inspectrice. Effectivement, devant le constat des nombreux abus, l'État polonais suspend l'émigration, exige un âge légal au recrutement à 21 ans et la tenue d'un Comité d'aide et de protection par département avec une inspectrice dédiée.
Je ne saurai que vous inviter à lire son livre "Polonaises aux champs"......
najlepsze przyjaźnie   Jacques Procyk
Jacques Procyk

jacques Procyk

"Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée."  Victor Hugo
C'est l histoire des milliers de Polonaises qui ont vécu l arrachement à la terre natale, l immersion dans un pays étranger parfois hostile, l angoisse quotidienne de toutes les compagnes (polonaises ou françaises) de mineurs et de métallos soumis à un travail pénible et dangereux ; et pourtant des femmes courageuses, solidaires et tenaces qui ont porté haut l espoir de tous les immigrants, la dignité gagnée par le travail, la fierté d assurer un toit et un couvert à leurs enfants, et de les voir s intégrer sans perdre leurs racines des femmes qui ont été les premières actrices de la réussite polonaise en terre française. » Outre sa pertinence pour mieux embrasser la société française d aujourd hui, la force de cette saga est d être une extraordinaire aventure humaine.
 extrait de "Larmes des Polonaises" D'Amecie D'Arces
"La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l'orgueil. La connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir."  Blaise Pascal
Milego dnia
Jacques Procyk

jacques Procyk

"La première panacée pour une nation mal dirigée est l'inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et poliltiques"
Ernest Hemingway
 L'appel à la main-d'œuvre étrangère reprend donc vers les pays les plus sollicités avant guerre et, dès 1920, sous l'impulsion de la C.A.R.D., s'étend à la Pologne. Ce n'est pas sans lien avec les tentatives antérieures puisque Louis Michel, président de la Société d'Agriculture de Meurthe-et-Moselle, siège à présent au bureau confédéral de la C.A.R.D. Une délégation d'agriculteurs français sinistrés se rend à Varsovie au printemps 1920. A son retour, elle brosse un tableau idyllique de la situation, présente le recrutement contrôlé par la Mission officielle française comme offrant toutes garanties et décrit les Polonais « sobres, dociles et consciencieux ».

« L'envoi de familles s'impose absolument : la femme polonaise est très laborieuse, elle est susceptible de rendre de grands services, au jardin et à la basse-cour ; elle est apte à traire les vaches. Dans son pays, elle se livre aux gros travaux des champs : épandage du fumier, fenaison, moisson. Les enfants sont également accoutumés dès leur plus jeune âge à se rendre utiles. En résumé, on ne saurait trop insister sur ce point, il faut créer de petites colonies polonaises pour faciliter aux émigrants leurs premiers pas dans leur pays d'adoption. »5

Les revues spécialisées publient des notes de la C.A.R.D. signalant aux cultivateurs tout l'intérêt qu'ils ont à choisir des ouvriers polonais : liens historiques entre les deux nations, même religion, « grandes affinités grâce auxquelles nos amis et alliés s'adaptent à merveille à nos us et coutumes. »6. L'exploitant agricole retient surtout l'idée qu'il pourra confier aux Polonaises des travaux d'hommes.........(extrait de Polonais méconnus)
"Lorsque l'homme s'habitue à voir les autres porter les chaînes de l'esclavage, c'est qu'il accepte lui-même un jour de les porter.
Abraham Lincoln -
Dobre czytanie
Jacques Procyk