Suite sujet 2022 ancien forum " Croix du paté"

Démarré par JPaul, 02 Mars 2024 à 22:35:48

« précédent - suivant »

JPaul

Voilà plus d'un an que, suite à une demande d'Andrzej,  concernant la signification d'un ancien terme lié  une certaine croix du paté, certains d'entre-nous, dont moi, partaient à la recherche virtuelle de ce fameux lieu de rendez-vous de sorcière. Il en fut déduit que cette croix devait se trouver sur la route de Solomiac en partant de Maubec, dont il est question dans l'antique récit. Ceci à l'emplacement d'un pâtis ou padouenc. Ce pâtis étant ce qui avait été orthographié pâté dans le document d'origine. On peut en retrouver la déduction dans les anciens messages liés à la question d'Andrzej

Voir ici : http://www.klub-beskid.com/phorum/read.php?2,311608,page=1.

Cette page se trouve sur l'ancien forum et ne sera visible  que  tant que celui ci ne sera pas fermé. A moins que Stéphane ne la transpose sur le nouveau forum dans les Bla-bla-bla...
Et ce message n'aura de sens que si l'on retrouve la demande d'Andrzej dans la nouvelle version du forum.

...

Étrangement, Solomiac se trouve être le village d'enfance de mon beau-père, Roger, décédé et ancien résistant dont on avait parlé pour d'autres raisons sur le forum. Ceci pour situer le personnage. La piste de Solomiac nous ayant été  donné par Chantal, qui anime souvent le forum et nous propose des instants de bonnes blagues inédites. Comme Chantal évoquait Solomiac, et qu'elle habite aux environs je me suis permis de lui demander par mp  si au hasard de ses balades, elle pouvait photographier la rue où avait habité le père de mon épouse, voir si on retrouvait son lieu d'habitation d'avant guerre. Aimablement et assez rapidement, Chantal alla à Solomiac et nous envoya une série de photos de cette petite rue «  sous toutes les coutures ». Mon épouse se remémora cette maison, où elle avait vu ses grands-parents  dans son enfance, lors de vacances avec ses parents . Il faut dire que mon beau-père n'habitait plus le Gers, ou se trouve Solomiac, mais à Paris où naquit sa fille à quelques 700 km de là.
 J'en profite ici pour remercier grandement  Chantal encore une fois. Ce que je voulais faire plus tôt, mais le temps passe plus vite que moi... De son côté notre photographe occasionnelle  rencontra des personnes de sa connaissance sur le marché de son village situé non loin de là.  Elle  leur parla de mon beau-père et il semble bien que l'un d'eux  se rappela les parents de Roger, quand il était gamin et s'amusait à faire des niches aux vieux du village, dans la fameuse rue. ( Le monde est petit ).
 Tout en continuant mes recherches sur cette hypothétique croix, de mon côté, je m'aperçus sur une carte détaillée, qu'un lieu-dit, à proximité de la commune de Maubec avait un nom qui me rappelait quelque chose. En effet ce hameau  est composé de quelques bâtiments. On y côtoyait au 19ème siècle des cultivateurs, un presseur d'huile, un tailleur, des tisserands et même un prêtre vivant à l'écart. C'est en ce lieu qu'habitait déjà l' arrière grand-père de la grand-mère maternelle de Roger,, en 1837, en tant que cultivateur. Je m'en étais aperçu lors de recherches généalogiques antérieures et le nom bizarre  de cet endroit m'avait marqué, mais sans plus. Je le vis orthographié Hénanoua, Nanoua, Manoua, au gré des actes photocopiés  et des dates, que m'envoyèrent les employés de l'état-civil de Maubec suite à des demandes généalogiques dans les années 90.
Évidemment je fis le rapprochement avec ce que j'avais noté à ce moment-là.  Il faut croire, qu'à l'époque on ne savait plus la signification de ce terme et que cette transcription n'était que phonétique et avec l'accent du coin.
 Maintenant , on sait que le nom de ce petit hameau est simplement Naoua, ce qui signifie en gascon : Champs de fèves . Cela je l'appris du maître des lieux actuel, l'année dernière. Car après avoir vu le lieu et son emplacement à la sortie de Maubec, je ne pouvais qu'essayer de joindre une personne y habitant. Donc, à l'aide d'Internet je tape le nom sur un moteur de recherche et Bingo !
Naoua est devenu un gîte de vacances, avec plusieurs bâtiments, piscine, aire de jeux etc. et je vois dans le descriptif que le propriétaire aidé de ses enfants a aménagé le domaine , avec des chambres, salle de télé ou de réunion et aussi un petit musée avec des outils d'antan, vieux vêtements, objets du quotidien. Je me décide à l'appeler un soir, et celui-ci me répond tout de suite. Je me présente lui disant que sans doute un aïeul de mon épouse aurait habité dans ces lieux, au 19ème siècle, car j'avais vu ce qui me semblait être le nom du gîte actuel avec d'autres orthographes sur d'anciens actes . Il me demande le nom de cette personne  et en effet il lui semble qu'il y aurait eu des descendants, mais en ville et plus maintenant. D'autre part, comme c'est un ancien  et qu'il a fait son mini-musée, je lui demande, étant toujours dans la démarche de la croix « du pâté », si cela lui disait quelque chose, soit la légende, soit un lieu.  Cela ne lui dit rien. Je suis un peu déçu, mais c'est sûr, l'histoire a dû passer aux oubliettes et seul l'ancien récit rapporté par Andrzej  l'avait ramené au 21ème siècle. Tant pis.
Je suis quand même content d'avoir pu mettre une image sur l'endroit ou habitait les ancêtres de Roger, du côté de sa mère. Mon interlocuteur me signale aussi qu'un livre qu'il a co-écrit raconte le quotidien de son grand-père en ces lieux. Livre qu'il intitula «  Prosper d'en Naoua » et c'est là qu'il  m'expliqua aussi la signification de ce «  champ de fèves ».
Je raccrochai, pas mécontent de la conversation. Le lendemain soir, le propriétaire me rappelle et me dit : j'ai retrouvé le nom de l'arrière-arrière grand-père : il est dans mon bouquin ! Il ne s'en rappelait pas, car il est  juste nommé sur une page où est imprimé un bout du  cadastre napoléonien où  figure«  Naoua » et un des co-auteurs avait mis un nom sur chaque bâtiment existant à l'époque et la fonction des occupants ( sans doute en recherchant à la mairie de Maubec ).  Ce qui confirmait amplement mes recherches. Du coup, je lui commandais un exemplaire du livre, car il se pourrait que j'en apprenne plus sur les us et coutumes du coin, de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème. 
Ce livre dont il est l'éditeur, ou du moins l'association qui s'occupe du gîte, du musée et qui à l'occasion crée des événements locaux, me parvint quelques jours plus tard,  il raconte l'histoire de son grand-père « Prosper d'En Naoua, paysan de Lomagne. » . Né en 1887. En fait, toute l'histoire a été reprise par une écrivaine locale aidé d'un érudit du coin pour le récit, ainsi que de nombreuses personnes de l'association qui s'appelle donc , « Mémoires de Maubec en Lomagne »  et bien sûr le propriétaire dont les ancêtres de sa femme habitaient une partie des lieux depuis le 18ème siècle.
L'histoire de Prosper est racontée, comme si c'était lui-même qui narrait toute sa vie, dans les années 1960. Pour cela l'écrivaine se mit dans la peau du personnage, mêlant les dates connues, naissance, communion, service militaire, mariage etc...et les lieux environnants. Tout cela en fait un récit cohérent, avec les habitudes paysannes de l'époque, les semailles, les moissons, la cuisine, les lessives, les bals, les fêtes, les voisins , le curé, et  leurs quotidiens sur près d'un siècle.
Tout en n'étant pas l'histoire  des ancêtres de mon épouse, j'y retrouvais des anecdotes similaires, des expressions, des descriptions de lieux et autres  que j'avais entendu au fil des années. On y lit par exemple que de nombreux espagnols, comme le grand-père de Roger, qui se maria avec une descendante du cultivateur ayant vécu à  « Naoua », vinrent travailler et restèrent dans ces terres de Lomagne. Des italiens aussi immigrèrent dans la région et y firent souche. D'ailleurs le frère ainé de Roger épousa la fille d'un de ces transalpins . On y raconte aussi l'histoire de ces paysans qui pour arrondir leur fin de mois difficile faisaient de la contrebande allumettes.  Cette contrebande consistaient à fabriquer leurs propres allumettes et dans vendre à d'autres, vu que l'état c'était arroger les droits  exclusifs d'exploitation de ces petits bâtons soufrés. Comme le firent les descendants de Roger, les longues soirées d'hiver.
Ainsi de pages en pages défile la vie de Prosper et l'on en arrive la  naissance des ces enfants, agrémentés de quelques vieilles photos jaunies ; On apprend donc que ses fils , dont l'un est le père du co-auteur du livre, allèrent à l'école de Solomiac. Ecole que fréquenta Roger le père de ma femme.
  A ce moment-là  j'appelle mon épouse et je lui montre une des photos de classe où sont regroupés les enfants de la classe unique. Elle regarde et me dit :  " Le gamin assis à droite au premier rang : c'est mon père ! " ... Roger est sur la photo, dans un bouquin que l'on ne connaissait pas deux jours auparavant. Effectivement c'est bien mon beau-père, il a une dizaine d'années. Et page d'après, encore lui avec ses copains de classe, un ou deux ans plus tard. Extraordinaire.
De plus, une autre photo montre donc le fils de Prosper, seul cette-fois, prise en classe comme le faisait les photographes scolaires. On y voit un gamin  de profil avec sa blouse noire, assis devant un bureau, semblant lire un bouquin. Image classique d'école.  Ce qui est moins classique, c'est que nous avons exactement  la même photo, mais avec Roger à la place de l'autre enfant. Même pose, même bureau, même bouquin, certainement prise le même jour. Extraordinaire, encore.

Roger, hélas, ne pourra voir cette rencontre avec son passé ( et cela l'aurait-il intéressé à 96 ans ? ), il est décédé 2 ans plus tôt.

Et la croix du pâté, ou du pâtis, là-dedans ?  Il semble bien qu'elle soit  dans le bouquin, à l'intersection de la route de Maubec rejoignant celle de Solomiac à l'endroit d'antiques Padouencs ( pâtis en langue d'oc). Une carte postale ancienne montrant une  vieille croix en pierre y figure.  Mais ça peu de gens le savent.
A part peut-être ceux qui viennent de lire ces quelques lignes et moi-même.

Et tout ça, en partant de la demande de Traduction d'Andrzej en 2022 !

Comme quoi, le hasard...


  visuel : >>>>>>>    https://ibb.co/bBVb0BZ





Vendôme

... ça c'est du boulot !    Gardarem lou Jean-Paulski.