Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 03 mai, 2018 22:49
Pour rappeler des souvenirs à ceux et celles qui ont jadis fait le voyage Paris-Varsovie en train (dans des conditions autrement pénibles).
Ici le tronçon Berlin-Varsovie, en 2017, à bord de l'EuroNight Train EN 453, Paris Gare de l'Est - Moscou Belaruskaya ; via Strasbourg, Frankfurt a/M, Erfurt, Berlin, Rzepin, Poznan, Inowroclaw, Varsovie, Brest Litowsk, Minsk, Moscou.
... le son d'époque à 16:55
Pour les amateurs ce service a depuis peu tous les droits de cabotage, c'est à dire qu'on peut l'emprunter pour Paris-Berlin, Paris-Poznan, ou Paris-Varsovie.
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 04 mai, 2018 16:24
Excuse-moi, j'ai pas répondu plus tôt, j'avais une escarbille dans l'oeil, chopé à 16.5. On a le bruit, mais pas l'odeur du charbon et plus, des toilettes, du savon citronné en forme de ballon de rugby traversé par une tige boulonnée pour que personne ne le pique ( y a des maniaques !) et la serviette brodée SNCF tournant sur ces deux axes horizontaux, le côté sale revenant devant au bout de 2 fois).
Je m'aperçois qu'il n'est plus nécessaire de courir sur le quai de la gare de Stuggart ou Frankfurt,j'sais plus) pour remplir sa gourde de flotte le soir vers 20h, au point d'eau de l'autre côté pendant l'arrêt de 5 mn, après le départ de Paris vers 15h et l'arrivée vers 16h le lendemain à Varsovie, complètement desséché.On en a déjà causé dans nos péripéties lointaines.
Y a du progrés, surtout pour des comme moi, qui n'ont pas repris le train depuis. Va savoir pourquoi.
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 06 mai, 2018 21:33
J'ai retrouvé les billets que Vendôme avait sans doute égaré (de l'Est), c'est comme presque que c'était, et c'est en Pologne ! Merci de me l'avoir signalé.
Le voyage dure pas tout à fait une heure : Clic :
Posté par: arraska (IP Loggée)
Date: 07 mai, 2018 09:02
super ces liens ....
j'ai voyagé de Gdynia à Piwniczna-Zdrój (où était la colo) et retour, en été 1956, sans doute dans ce même genre de train ... nous y avons passé la nuit ... on traversait le pays quand même. Le matin on faisait notre petite toilette sur des pierres, les pieds dans le Poprad qui était glacé ... j'étais très jeune alors. ça réveille quelques souvenirs. J'ai noté le lien pour regarder plus tard.
bonne journée
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 07 mai, 2018 16:43
Citation:
Jean-Paul CHAIX (*)
J'ai retrouvé les billets que Vendôme avait sans doute égaré (de l'Est), c'est comme presque que c'était, et c'est en Pologne ! Merci de me l'avoir signalé
(*) < Chaix >
Effectivement Panie Konduktorze, c'est bien celui-là. Train touristique Nowy Sacz - Krynica Zdroj, via Stary Sacz, Rytro, Piwniczna Zdroj (célèbre pour son eau minérale) Zygiestow, Andrejowka et Muszyna (célèbre idem).
La partie intéressante commence à env. 15:00 quand le train aborde la partie montagneuse encastrée dans vallée de la Poprad (...la salle de bain d'Arraska !). Peu avant Piwniczna Zdroj la voie longe (à tribord) la rive droite de la rivière - qui coule en une série de boucles dans le sens inverse du train. En face sur l'autre rive c'est la Slovaquie. Peu avant Myszyna on quitte la vallée de la Poprad pour celle de la Muszynka ; le train suit (à babord) la rive gauche de cette petite rivière qui se jette dans la Poprad (laquelle Poprad rejoint le Dunajec peu avant Nowy Sacz.
(https://nsa39.casimages.com/img/2018/05/07//180507044302767861.jpg)
Arrivé à Krynica, la loco décroche et manœuvre pour venir se placer en queue du convoi afin de repartir dans le bon sens de traction vers Muszyna, c'est interessant pour ceux et celles qui n'ont pas connu la vapeur. J'ai regardé la totalité du film, et à la fin j'avais VRAIMENT l'impression d'avoir fait ce voyage en train !
Par la route la liaison nord-sud Sacz - Krynica est très rapide mais le relief montagneux interdit le chemin de fer.
Le voyage ne vaut que pour la ballade en train et la visite de Krynica (dont le musée Nikifor, et les achats de produits locaux). Les autorités de cette région roupillent, alors qu'il y aurait moyen de développer le tourisme vert. En fait elles ne savent pas faire. Il y a peu, les municipalités concernées se grattaient le crâne pour financer des wagons panoramiques. Je sais pas ou ça en est. Il existe un officiel Projet de sauvegarde des lignes de chemin de fer touristiques de Malopolska, mais je sais pas si c'est des gens très actifs, car se sont des associations qui se battent pour sauvegarder une ligne analogue au départ de Tarnow.
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 05 août, 2018 16:11
On a paumé Stéphan alors je suis allé piocher moi-même
Citation : zoska 44
03 août, 2018 14:46 (Incendie au Collegium Polonicum Slubice)
Aaaah Slubice!
Je découvris cet endroit en 69 la première fois que je me rendis en PL avec mes parents qui pour leur part venaient de passer 30 ans pour l'un et 23 pour l'autre à ne pas mettre un demi orteil dans le pays de leurs ancêtres.
Avec toutes les péripéties de la traversée de la RDA (2 fois arrêtés sur l'autoroute par les guignoles soviéto-allemands) nous sommes arrivés à ce poste de contrôle situé juste derrière la Odra en pleine nuit.
Mon père qui se posait encore la question de savoir si il n'allait pas se faire arrêter pour ses activités de résistance durant la guerre, n'en menait pas large. Ma brave femme de mère elle n'avait pas ce genre d'inquiétude mais un besoin urgent à soulager et demanda aux douaniers où se trouvaient les toilettes, où elle se rendit dès qu'on lui eut indiqué l'endroit.
2 mn après elle revenait en fureur traitant les messieurs en uniformes de porcs immondes, qu'elle n'avait encor jamais vu des toilettes dans un tel état, que c'était une honte, qu'ils représentaient la Pologne et que pouraient penser de ce pays les touristes étrangers qui tombaient sur ce genre d'endroit où il fallait enjamber les étrons (elle utilisa un autre mot mais j'ose pas) pour arriver à bon port; ( j'image là) Bref elle fit un foin pas possible qui fit venir le chef. Voyant le galonné elle repartit de plus belle et là mon père et moi on se dit qu'on allait passer la nuit sur place. ce qui ne fut pas la cas et le chef acquiesca avec ma génitrice et s'excusa et promit que le nécessaire serait fait.
Il nous précisa aussi que sa soeur faisait chambre d'hôtes à quelques km de là vu qu'à cette heure avancée de la nuit il n'y avait pas d'hôtel ouvert et que nous serons bien accueillis. Ce qui fut le cas (à 3 nous payâmes 5 dollars la nuit petit déjeuner compris).
L'épilogue de cette histoire eut lieu au retour où en repassant à Slubice Mère constat que les gogues étaient propres et alla féliciter les cognes de frontières qui en restèrent comme deux ronds de flan.
C'est la seule fois où je passai par Slubice. De nombreuses années plus tard en 86 j'arrivai par avion à Okecie et je n'eus plus la joie de passer par ce poste frontière.
Citation : Vendôme
03 août, 2018 18:29 (idem)
Je ne sais pas si maman Zoska l'à fait volontairement, mais ça c'est une technique d'esquive pour détourner l'attention sur autre chose par rapport à ce qui pourrait se produire dans une situation donnée (en l'occurrence, peut-être l'identification du passé de Papa).
Si elle a utilisé ça comme prétexte, elle était drôlement rusée maman Zoska.
Citation : jPaul
03 août, 2018 19:13 (idem)
Moi, qui ai bien connu le Papa et la Maman de Zoska, je m'imagine assez la scène in situ avec les véritables protagonistes, leurs voix, leurs expressions, leurs intonations et la gestuelle qui va avec et ça vaut le détour. Même si le détournement était involontaire, inconsciemment ça a marché, même si Papa Zoska n'avait rien à craindre, mais je le comprends.
Quand on fustige l'état lamentable des toilettes frontalières, c'est qu'il y a une raison. Faut dire que les touristes étrangers qui passaient par-là, y en avaient pas encore des masses. En tout cas pas le genre tripadvisor ou sur une lubie on décide de partir en Pologne. Le touriste de l'époque c'etait nous, après préparations, visas,papiers, tampons tamponnés, et timbres timbrés. Fallait vouloir y aller. Sauf peut-être les voisins de l'Est qui revenaient en Pologne se rappeler leur bon temps et déféquer à leur guise dans les premières toilettes "polonaises" ! Vengeance sordide ou bien laisser une marque de leur passage, vu qu'ils pouvaient plus facilement sauter l'Oder.
En principe, avec mes parents, on passait de jour, vu que la halte se faisait en RFA à Helmstedt, juste avant les miradors barbelerisés d'accueil. Une bonne nuit d'Hotel pour attaquer les festivités démocratico-deuchlandaises, de bon matin...
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 05 août, 2018 17:17
J'ai fait le voyage en train en 1972 (seul)puis en 1976,(en famille).paris Varsovie mais départ (il me semble) gare du nord a paris.
ah les passages des frontières, Belgique, RFA, puis RDA puis Berlin ouest puis Berlin est et pour finir la Pologne.
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 05 août, 2018 17:31
J'avais complétement oublié ce fameux carnet de change.
Sur le coup tout allait bien : à la frontière on changeait (obligatoire) ses francs en zloty et la transaction était reportée sur ce fameux carnet. Pour les années 70 je ne me souviens plus du taux de change pour le franc, mais pour le dollar US le taux officiel de la PRL était de $1 = 30 zl, alors qu'au marché noir pour $1 tu obtenais de 120-150 zl. Y'avait pas photo.
Évidement en changeant le plus gros au noir ou en vendant des fringues on se retrouvait avec un paquet de fric en zloty et on achetait un tas de trucs. Sauf qu'à la fin, ça n'allait plus du tout : les douaniers polonais s'empressaient de comptabiliser tes achats à la sortie, et si le montant de leur estimation était supérieur à celui porté sur le carnet de change à l'entrée en Pologne, t'étais marron ! C'était un piège à cons ! Quelques pièces cristal et d'ambre, on pouvait toujours dire que c'étaient des cadeaux de la famille, mais plein le coffre de la bagnole, ça le faisait plus ! Faut avoir été pris une fois... C'était du racket ; une année en partant j'avais ramassé un hérisson en route, à la frontière ces connards voulaient me faire payer une taxe d'exportation pour la bestiole !
De mémoire, dans les années 60 c'était $1 = 24 zl et autour de 100 zl au black. < Pour en savoir plus... >
https://historia.interia.pl/prl/news-za-20-dolarow-miesiecznie-jak-zylismy-w-prl,nId,1065472 (https://historia.interia.pl/prl/news-za-20-dolarow-miesiecznie-jak-zylismy-w-prl,nId,1065472)
En fait, tout ce pognon fallait le dépenser pour la famille, en numéraire ou en biens d'équipement (à chaque voyage j'offrais un cheval à mon oncle), ou alors fallait claquer en restaurants, hôtels, voyages et autres ; ainsi, à la frontière y'avait pas de traces de ces dépenses ! En 1974, à Katowice j'ai fait changer le disque d'embrayage de ma voiture, contre l'auto-radio d'icelle ; un truc basique de chez La Redoute que j'avais payé 150 francs. Pas de traces...
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 05 août, 2018 23:03
de memoire, il fallait changer 25 francs pas jour et par personne (en 1976?) la transaction ce faisait au consulat.
toujours de mémoire pour les francs au taux officiel nous avions 700 zlotys pour 100 francs.
je me rappelles aussi en 77, départ en Pologne en 2cv, nous devions acheter des coupons pour le carburant.
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 05 août, 2018 23:21
donc bien 25 francs par jour et par personne en 1978.et la transaction ce faisait bien au consulat..
(http://www.klub-beskid.com/ibergeur/Upload/images/apasse.jpg)
Posté par: rdan (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 13:21
En 1972 , de mémoire , 1 dollar pour 36 zlotys et au noir de 80 à 100 . A l'aller uniquement déclaration des devises importées avec au retour un réel contrôle . Contrairement à nous , ma mère n'avait pas eu d'obligation de changer des devises. Elle avait quitté son pays 43 ans plus tôt . Voyage en Renault basique avec 3 adultes, 1 enfant et un chargement plus que complet....donc une fable moyenne , on allait à 700 km de la frontière .
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 14:37
aucun souvenir d'un contrôle de devises a la sortie de Pologne (en 72 et 76 en voyageant par le train).
par contre en voiture je me souviens très bien que le douanier nous prenait tout nos zlotys contre un reçu (de la moitie de la somme récupérée).
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 17:10
A dire vrai, du temps de la PR, pour les contrôles des douaniers au retour ça dépendait avant tout du képi. Mais dans l'ensemble c'étaient des ripoux qui grattaient tout ce qu'ils pouvaient.
Côté cupidité, la Milicja n'était pas en reste ; en 1973, j'ai fait le tour de la Pologne en voiture, et je me suis ramassé des prunes de 100 zl dans presque tous les endroits où je suis passé, en ville comme en rase campagne — pour des motifs bidons ou kafkaïens; la plaque étrangère agissait comme un aimant sur cette race de malfaisants aux tronches obliques.
Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 20:46
Nous avons commencé à aller en Pologne en 1991, et à cette époque encore, la plaque étrangère se repérait de loin et nous avons aussi payé des mandats pour des motifs bidons. Alors, nous avons fait faire en Pologne une plaque avec notre immatriculation et ça allait beaucoup mieux. De loin, on croyait une voiture polonaise, et ce n'est que quand on était sur eux que les flics se rendaient compte trop tard qu'ils venaient de louper une occasion.
On était bien contents... jusqu'au jour où, en France, nous avons été verbalisés pour plaque non conforme.
Mik
Posté par: 43ber (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 23:19
Lors de mon premier séjour en Pologne en août 1979, j'ai remarqué l'attrait pour le dollar qui était la devise roi mais aussi un indicateur sur la valeur des biens disponibles à la vente dans les PWX. A titre d'exemple, dans toutes les régions visitées, la bouteille de vodka valait toujours 1 dollar et l'essence à 50 centimes de francs. Combien l'état polonais perdait à vendre ces biens à un prix dérisoire.
En outre, l'état polonais fabriquait de la fausse monnaie, je m'explique: lorsque dans un PWX, j'achetais un produit de 6 dollars avec un billet de 10 dollars, on me rendait la monnaie avec un papier d'une valeur de 4 dollars.
Autre anecdote, lors de la sortie du territoire polonais, la douanière a cassé un verre d'un service dont je lui avais montré la facture.
J'ai poussé une gueulante suffisamment forte, en français, qu'elle a claqué la porte du coffre de ma voiture en me montant la sortie, or, j'avais de nombreux cristaux, pas mal de bouteilles de vodka ainsi qu'un jeu d'échec sculpté main, le tout bien évidemment sans facture.
Les amis qui nous accompagnaient ont eu moins de chance, en subissant une fouille en règle durant près de 2 heures avec une amende à la clé
Posté par: rdan (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 23:30
Lors de mon 2ème voyage en 1993 , une amende pour un supposé excès de vitesse sur l'autoroute en Allemagne communiste et une autre à Varsovie pour aussi un motif imaginaire . Donc moins sanctionné que Vendôme . Dans un autre domaine, au cours d'une sortie en soirée à Augustow , l'accès d'un dancing restaurant a été refusé à mes cousins car complet , il a suffit que je fasse valoir ma qualité de non autochtone pour que la porte s'ouvre en grand . C'était le coté positif pour celui qui venait d'ailleurs ..
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 23:33
43ber a écrit:
- A titre d'exemple, dans toutes les
> régions visitées, la bouteille de vodka valait
> toujours 1 dollar et l'essence à 50 centimes de
> francs.
-------------------
50 centimes le litre? j'ai des doutes, dans mon souvenir en 77 dates de mon premier voyage en voiture le premier pompiste trouvé juste après la frontière voulait me faire le litre a 1 franc (au black bien sur) mais comme javais des bons de carburant j'ai refusé.
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 06 août, 2018 23:50
Histoire de se faire repérer par les autorités compétentes, je pense que pour nous il n' y avait pas que les plaques d'immatriculation. Notre mariage avait eu lieu en juin 1971 et nous décidâmes d'aller en Pologne pour les vacances. Voilà, on n'avait pas de bagnole, mais mon père ayant monté une entreprise d'électricité générale, il y avait la Renault 4L camionnette pour les chantiers. Comme l'entreprise fermait pendant les congés, Papa se décida, après lui avoir gentiment demandé, de nous prêter la voiture du travail. Déjà pas facile à obtenir, mais la voiture à 2 places pris la direction Pologne. Donc, on avait "décoré" le véhicule avec des pancartes à l'arrière et sur les portières en lettres psychadelo-hippies-peace-and-love, où il était écrit : Juste Mariés, Just Married, Jungvermählten et en plus gros : Podroz Slubne et des petites fleurs plastiques attachées sur la galerie et les poignées de portes. Déjà en ayant traversé les 2 Allemagnes comme ça et puis le passage obligé à Slubice, qui avait dû "attendrir" un peu les préposés frontaliers bien content que l'on vienne en Pologne pour faire un voyage de noces. Déjà bien klaxonné sur les autoroutes Deutchlandaises par les voitures qui nous doublaient à l'aise avec le petit signe de la main qui va bien.
Donc, reprenant la route direction Poznan puis Lodz, à fond la caisse (!), surgit de je ne sais où, un verbalisateur en uniforme avec un petit bâton surmonté d'un rond rouge à la main, nous faisant signe de nous arrêter. Je m'étais convenu à moi-même que je ne comprenais pas un mot de polonais. Plus facile pour ma femme qui n'y pigeait rien naturellement, mais sait reconnaître un flic de loin, même dans les autres pays. Il me fait comprendre que je roulais trop vite ( normal, une 4L camionnette blanche çà trace sur la nationale européenne 30 ).( y avait pas encore un début de semblant d'autoroute passé la ligne Oder-Neisse... Et bien sûr, l'amende à payer tout de suite. Je lui baraguine que je ne comprend rien, mais il insiste le bougre, réclamant ses zlotys ! Nicht Zlotys, lui répondis-je : Dollars ? proposais-je timidement. Il se tourne discrètement vers son chef, hésite puis me fait comprendre que c'est pas possible et qu'il enverra le PV à l'ambassade de France à Varsovie. J'attend toujours...Au fait, il me semble me souvenir qu'à cette époque ( 1970) les plaques d'immatriculation françaises étaient noires avec des lettres et chiffres en blanc, ainsi que les plaques polonaises, sauf que les lettres polonaises devaient désigner une abréviation de la ville du propriétaire, du coup de loin, on voyait pas trop la différence.
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 07 août, 2018 08:35
curieusement j'ai pas eu (trop) de problèmes avec la milice, pourtant, j'avais une 2cv rouge bien visible de loin.
(ensuite une Citroën blanche beaucoup plus discrète).
juste une fois a Cracovie, ou je n'avais pas vu un panneau sens interdit caché par des branches d'arbres. ça m'a coûté 10 ff.
Posté par: rdan (IP Loggée)
Date: 07 août, 2018 10:37
jean pierre a écrit:
-------------------------------------------------------
> curieusement j'ai pas eu (trop) de problèmes avec
> la milice, pourtant, j'avais une 2cv rouge bien
> visible de loin.
Logique , cette couleur ne pouvait que plaire aux communistes !!! Vache
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 07 août, 2018 16:57
Citation:
Jean-Paul Simon & Garfunkel
Donc, on avait "décoré" le véhicule avec des pancartes à l'arrière et sur les portières en lettres psychadelo-hippies-peace-and-love, où il était écrit : Juste Mariés, Just Married, Jungvermählten et en plus gros : Podroz Slubne et des petites fleurs plastiques attachées sur la galerie et les poignées de portes.
... "avec les petites fleurs en plastique" !... Je vous vois tous les deux là-dedans. Franchement ! http://www.civfr.com/forums/html/emoticons/1-laugh.gif
Je suis allé en Pologne en autocar dans les années 50, puis plusieurs fois en train dans les années 60, et en bagnole en 1973. Le train c'était fort pénible, mais la voiture, c'était franchement craignos. J'avais un break Renault R12 de société et je me souviens qu'on ne trouvait pas l'essence ad-hoc partout - surtout dans la partie orientale - alors j'avais embarqué un jerrycan de 20 litres qui a failli se renverser ; un peu de cette essence puante à débordé et ça a fini par empester dans l'habitacle pendant une bonne partie du voyage. Maux de crâne garantis.
Certains se souviendront peut-être de ces grandes antennes-radio en fibre de verre flexible qu'on montait sur les bagnoles dans les années 70 ?... J'avais ça sur la R12, et c'est peut-être ce qui intriguait aussi les ripoux de la Milicja ; d'autant plus que le visa sur mon passeport indiquait une autorisation de détention d'une arme sur le territoire de la PRL (... autre source d'emmerdes en vérité), et cette mention ça les intriguait beaucoup — quoique parfois ça m'ait servi à les enfumer royalement.
Citation:
43ber
J'ai poussé une gueulante suffisamment forte, en français, qu'elle a claqué la porte du coffre de ma voiture en me montant la sortie, or, j'avais de nombreux cristaux, pas mal de bouteilles de vodka ainsi qu'un jeu d'échec sculpté main, le tout bien évidemment sans facture.
Encore un bon exemple (involontaire je suppose) de la technique d'évitement, relaté plus haut par zoska44 (avec la gueulante de sa maman à propos de l'état des chiottes à la frontière).
C'est dommage pour le verre cassé ; un tel service aujourd'hui, même en zlotys, coûte une fortune.
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 09 août, 2018 00:18
Bon, l'année suivante, en 1972, comme je me doutais que 46 ans plus tard, un dénommé Vendôme ferait des réflexions quant à nos petites fleurs en plastique ( à propos, tu sais ce qu'elle te dit Garfonk,elle) nous nous achetâmes notre première voiture d'occaz. Pour être d'occaz elle était d' occaz. Une 4 CV Renault de 1951, 6000 km d'origine au compteur, vendu par un pépé du Nord qui ne pouvait pas s'en servir depuis le début ou presque, étant donné qu'il se fit renverser par un véhicule le privant de l'usage de ces jambes. Mais il ne voulait pas se séparer de son premier achat du début 1950, et qu'il avait dû attendre près de 2 ans pour l'obtenir. La raison l'emporta et il se sépara quand même de sa chère mécanique, que nous ramenâmes à Paris. Pas de Neiman, 3 vitesses, démarreur en tirant sur une petite manette, moteur à l'arrière bien sûr, auto-radio inconnu. Les pneus ne se faisaient plus et les chambres à air itou. J'eu le pot d'en trouver 2 neufs qu'un vieux garagiste avait en stock ( son stock). Increvable, vu que le caoutchouc avait durci.
Et c'est parti, direction la Pologne. Départ Paris via la Belgique, Brugges, Anvers, la Hollande, Amsterdam, bifurcation à l'Est direction la RFA, Hanovre, tout droit Helmstedt et entrée en RDA, avec les formalités d'usage entre deux barbelés, l'amabilité des douaniers, nous rejetant nos papiers pour ne garder que ce qu'ils cherchaient par la vitre ouverte de la bagnole. Bref, la routine. Et tout çà avec une canadienne. Je parle de la toile de tente, évidemment.
Même épisode à Francfurt/oder, Slubice...La Titine ( c'était le nom de la 4CV) ne roulait qu'à l'ordinaire, mais il était judicieux de lui rajouter quelques gouttes d'un produit miracle améliorant ces « performances ». Le compteur ne montait que jusqu'à 100, pied écrasé sur la pédale. Véritable 100 km/h puisque chrono en main, il me fallait une heure pour faire 100 km sur les autoroutes germaniques. Donc, au niveau carburant c'était de l'ordinaire, ordinaire. Surtout en Pologne. Quand arrivé à une station, le pompiste se précipitait en proposant de la « Lepsza » : et bien non, c'était l'autre qu'il fallait. Celle qui, à l'odeur faisait que l'on savait que c'était pas de la Lepsza ! Alors là, j'avais paré le truc, pour qu'il n'enfourne pas le pistolet à essence dans le premier bouchon dévissé venu. En effet, le gros bouchon chromé qui se trouvait à l'arrière, juste au milieu, sous la pas très large lunette arrière , c'était celui du radiateur à eau ! Logique. J'avais trouvé un bouchon à clef qui correspondait et on ne pouvait pas l'ouvrir en tournant simplement, ce que les pompistes ne manquaient pas d'essayer de faire. Pour le carburant, il fallait soulever le capot moteur arrière, bombé et ajouré, et ensuite on pouvait remplir le réservoir, après que le préposé qui portait bien son nom, eut pompé à tour de bras en actionnant un manche et que les 2 bonbonnes en verre transparent surmontant le distributeur, se soient remplies de benzine rougeâtre.
Si, comme Vendôme, je me trimballais avec un jerrican d'essence ( plus petit), c'était uniquement pour pallier à la distance qu'il pouvait y avoir entre 2 stations, ou bien à une pénurie inopportune. Mais l'odeur était là, sauf que le coffre se trouvait à l'avant, hors habitacle, rajoutant du poids car le moteur étant à l'arrière, l'avant avait une tendance à lever du nez. Le coffre avant était bien rempli, vu que Titine s'était un peu asséchée en 20 ans et surtout ses joints de culasse, alors pour compenser les fuites, il fallait presque faire le plein d'huile aussi , avec des bidons de 2 litres Shell disponible chez les pompistes, en je ne sais plus quelles devises, le restant du coffre étant occupé par le camping-gaz et tous les accessoires du joyeux campeur et de sa campeuse !...
N'empêche que l'on fit ainsi ensuite une bonne partie de la côte Baltique, en camping d'état ou chez des privates, en partant de Lodz, base de départ, Sopot, Hel, Leba etc, Szczecin, retour par Slubice, RDA, RFA, détour vers le Lac de Constance, traversé de la Suisse, er tout schouss Paris, via Belfort. Titine en avait plus de 6000 km dans les roues un mois plus tard.
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 09 août, 2018 01:49
Bigre ! Quels aventuriers vous étiez... Gonflés quand même !
(https://i.pinimg.com/originals/39/d5/ad/39d5ad7f5cd91060c9e3696f3dd5fe44.jpg)
Mais tu devais pas pouvoir mettre grand chose dans le coffre ?
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 09 août, 2018 09:46
J'avais, moi aussi dans le coffre un petit jerrycan (rouge lui aussi), car le réservoir de la 2 cv n'est pas très grand, une vingtaine de litres de mémoire, et impossible de faire le plein dans le paradis des travailleurs qu'était la RDA..J'ai toujours ce bidon qui maintenant sert pour la tondeuse.
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 09 août, 2018 14:34
... tu voyages désormais en tondeuse, mon bon Jean-Pierre ?
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 09 août, 2018 18:56
Vendôme a écrit:
-------------------------------------------------------
> ... tu voyages désormais en tondeuse, mon bon
> Jean-Pierre ?
-------------------------
non, je fais juste des compétitions.
Posté par: rdan (IP Loggée)
Date: 10 août, 2018 09:17
jean pierre a écrit:
-------------------------------------------------------
> Vendôme a écrit:
> --------------------------------------------------
> -----
> > ... tu voyages désormais en tondeuse, mon bon
> > Jean-Pierre ?
> -------------------------
>
> non, je fais juste des compétitions.
(https://www.bricozone.be/data/attachment-files/legacy/4281575e7e8f58ed5.jpg)
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 12 août, 2018 09:49
Czołem!
Rentré fatigué mais heureux d'un séjour randonnées dans les Ecrins, je reprends le sujet voyages voyages PRL.
Je me souviens effectivement qu'il fallait changer des U$ en France à un taux de change usuraire et qu'en PRL c'était au black même dans les magasins (entre 100 et 115 zl pour 1 U$ en 69)
J'avais bossé au trie postal de nuit de la gare Montparnasse et avis un petit pécule en poche. J'ai bien vécu durant les 3 semaines de séjour. J'avais en particulier acheté un appareil photo "Pratkika" (qui existe toujours et qui fonctionne) et pleins de bouquins en russe de Pouchkine à Tolstoï en passant par Gogol, Lermontov et Dostoïevsky, bouquins qui en PRL coutaient moins que le PQ.
Au retour le "garbusek" de mes parents était plein comme un oeuf et à la douane on nous demanda bien évidemment ce que nous transportions et mon père qui depuis la naissance était respectueux de l'ordre (seule personne au monde à dire à un gendarme qui ne lui demandait rien et qui le regardait en silence sur sa mob à un feu rouge, qu'il venait d'acheter une mob, qu'il n'avait pas encore d'assurance mais qu'il allait justement en chercher une! Résultat: une prune), mon père donc pendant que maman va aux toilettes ne trouve rien de mieux que de dire "nous transportons des livres". dans le cerveau formaté en préfabriqué des gabelous de ce temps là nous transportions de la littérature interdite. On ouvre tout et ils constatent qu'en fait de "samizdats" nous trimbalons des classiques russes. remarque d'un d'un requin "Ale to nie sa książki" et geste nous intimant de tout remballer. Du coup la vaisselle, les cristaux et le "Pratkika" que je portais autour du cou, passèrent à l'as. Et comme mère revenait de son inspection des chiottes et en félicitait le nouvel aspect, nous quittâmes Slubice pour retraverser le paradis RDA.
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 20 décembre, 2018 18:39
Aux gens qu'on aime, dépêchons-nous de dire qu'on les aime pendant qu'ils sont encore vivants.
Le nombre de mes cousines et autres membres de la famille s'amenuisant, à présent je vais en Pologne presque tous les ans. En aéroplane jusqu'à KRK où je loue une bagnole (à une firme polonaise !). Miraud et distrait, je suis régulièrement arrêté pour des infractions dues à mon inattention. A chaque fois je présente mon permis de conduire (l'ancien modèle rose des années 60) que les flics examinent dans tous les sens comme si c'était un document égyptien libellé en hiéroglyphes. Ça c'est la mise en bouche.
Explicage de la manoeuvre (comme disait Guynemer) :
Je laisse l'arrogant képi exprimer son motif et son courroux, et quand il a fini, je prends l'air d'un petit vieux le plus ahuri que je peux et je commence, avec un accent français à couper au couteau, par la tirade qui dégonfle toute agressivité pandoresque ; "Pszépraszem, ja nié bardzô rôzumi pô Polski..." et ainsi de suite, le temps que durent les palabres. Avec mes cheveux blancs, mon âge, ma vue basse et mon air con ; mon sourire condescendant et avec mes efforts louables pour parler leur langue infernale, ça dure... Comme de surcroît je m'arrange toujours pour me garer de traviole, on ralenti la circulation et je fini par les user ou les radoucir (dans mon esprit retors, c'est un jeu). Invariablement je m'en sors, tête humblement baissée, avec une admonestation et un rappel au code — depuis la fin de la PRL, j'ai jamais rien payé.
Avec les cognes, on s'en sort toujours mieux avec un air con et en leur léchant les guêtres, plutôt que de faire le malin à pinailler.
Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 20 décembre, 2018 22:52
Vendôme a écrit:
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> Avec les cognes, on s'en sort toujours mieux avec
> un air con et en leur léchant les guêtres,
> plutôt que de faire le malin à pinailler.
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c'est bien vrai ça!
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 21 décembre, 2018 05:08
Czołem!
C'est vrai ça: (la mère Denis dixit) A chaque fois que je suis fait arrêté par les "schtroumpfs" en PL je m'en suis sorti sans dégâts majeurs, sauf une fois à Bydgoszcz où je fus arrêté par UNE "sctroumpfette" pour excès de vitesse dans la périphérie de la ville: on passe de 50 à 70 puis à 50 sans être réellement prévenu.
Malgré un art consommé du théâtre et de la comédie en particulier, elle me colla une amende de 75 zlotys, que je dus payer "OFFICIELLEMENT" et non de la main à la main. En nous quittant et après que je lui ai dit un dernier "nie rozumić" (avec accentuation sur le o), elle me répondit "Za kogo mnie Pan bierze? Nie jestem debilką. Proszę jechac Pan blokuje ruch samochodowy"
Comme quoi les femmes...
Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 21 décembre, 2018 07:02
Citation:
Vendôme
Avec mes cheveux blancs, mon âge, ma vue basse et mon air con ; mon sourire condescendant et avec mes efforts louables pour parler leur langue infernale, ça dure...
Le sourire condescendant ne va pas avec le reste. Ta langue a dû fourcher. Voulais-tu dire sourire con...trit ?
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 21 décembre, 2018 20:16
Non. Condescendant, ici, dans le sens de "qui condescend par désir de plaire" — vr.
https://www.cnrtl.fr/definition/condescendant (https://www.cnrtl.fr/definition/condescendant)
A l'origine j'avais écris un truc dans le genre : "avec mon sourire condescendant et parfumé au N°5 de chez Fayot ; et avec mes efforts... etc" ; mais ça alourdissait davantage la phrase (les deux "et" d'affilée ne me plaisaient pas), alors j'ai réduit (comme souvent).
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 21 décembre, 2018 20:34
Citation:
zoska44
En nous quittant et après que je lui ai dit un dernier "nie rozumić" (avec accentuation sur le o), elle me répondit "Za kogo mnie Pan bierze? Nie jestem debilką. Proszę jechac Pan blokuje ruch samochodowy"
Comme quoi les femmes...
Je sais pas si c'est vraiment les femmes, mais t'as dû te trahir sur certains mots ou conjugaisons. C'est pas simple de baragouiner de la sorte en Pologne quand on parle trop bien la langue naturellement. Faut vraiment faire gaffe avant d'ouvrir la bouche.
Y'a plusieurs pièges : des déclinaisons qu'on prononce correctement après avoir massacré les mêmes antérieurement ; des mots de vocabulaire trop riches pour un touriste ignare, et le pire du pire : les "r" qu'on se met à rouler, alors qu'au préalable on les raclait à la française.
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 21 décembre, 2018 22:11
Czolem!
Probablement, mais ce qui m'a étonné c'est que j'ai du payer le "mandat" officiellement" et non filer le montant du dit "mandat" de la main à la main synonyme de łapunka.
Remarque en URSS c'était pire, mais le contraire si tu ne parlait pas russe tu étais taxé et en dollars.
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 22 décembre, 2018 01:39
Si c'est pour l'art et la manière de parler en polonais avec un accent français de Grenelle ou de Javel sans mettre les déclinaisons, faire des périphrases avec les mots qu'on connait pour dire quelque chose, inventer des mots qui n'existent pas car mal entendu et mal répété et enregistré tel quel, mettre les adjectifs dans l'ordre qu'ils seraient dans la phrase en français, garder le genre des mots qu'ils ont dans la langue de Molière, expliquer avec des mimiques ou une gestuelle, le faire d'un air le plus naturel possible, y a qu'à me demander. Je peux même donner des cours de po JeanPaulsku et cela de la manière la plus spontanée.
Pour en revenir à une anecdote d'une arrestation arbitraire par les fonctionnaires de la circulation et du contrôle d'identité réunis pour des raisons anticipatives prétextes à perception de "mandat" ,dans la Pologne PRL des années 1960, j'ai en mémoire une petite histoire.
C'était mon papa qui conduisait sa voiture, je devais avoir 16 ou 17ans, quelque part du côté de Wlocawek. Celui-ci, français pour souche, ne parlait pas la langue de Sienkiewicz à part quelques mots essentiels, comme : « dzékuyé bardzo, vodka, kabanos, tso taquié ( pour c'est quoi ce truc là) , et même des barbarismes barbares du genre « boysquou « désignant selon lui tout ce qui était soldat, ce qui avait un uniforme la guerre etc.. ( pour wojsku). C'est pour dire que je suis un rigolo, par rapport à lui question Jeanpopolski.
Il devait être 21 h, la nuit était déjà presque tombée, même au mois de Juillet ( question de fuseau horaire) et nous rentrions après une journée de chasse peinard. Pas la chasse viandard, juste de quoi prendre pleinement la plénitude de l'immensité de la campagne et de la forêt polonaise, en compagnie de « professionnels » , à savoir le garde-forestier du coin qui habitait au fin fond des bois et deux autres chasseurs. Naturellement je ne chassais pas, vu l'âge et que ce n'est pas mon truc, mais je profitais de la nature et d'une belle journée. Alors pour se parler entre-eux, mon père et ses collègues devaient essentiellement communiquer dans la langue de Goethe. La guerre étant passée par là et presque 5 ans passé en Germanie dans un stalag, avait permis à mon père d'avoir une notion de cette langue, de connaître ma mère, polonaise, déportée du travail et de se retrouver ce jour-là sur la route en direction de Ciechocinek, dans une super Simca break « Ranch ».
Cette fin de journée, où je ne sais même pas si une volaille ou un lièvre aurait permit d'améliorer 'l'ordinaire, méritait bien d'être scellée par quelques Wodka Mysliwska dédiées aux chasseurs. Trinquant dans une convivialité ou tout le monde se comprenait. Si un conducteur polonais n'aurait pas repris la route après ces quelques kieliszek, ce n'est pas un robuste bon vivant parisien que cela arrêtait. Et nous voilà reprenant la route, raccompagnant au passage nos passagers. Mais au loin que voit-on ? Un préposé à la verbalisation potentielle qui nous fit signe avec sa lampe de poche de garer le véhicule sur le bas-côté. En moins de temps qu'il ne le faut pour l'écrire, après avoir passé la consigne aux passagers de ne pas parler : que des français qui rozumiaient pas grand-chose dans la voiture. Le paquet de Ninas que mon père avait toujours sur lui, vu qu'il était aussi bon fumeur, fit vite le tour et nous avions tous le cigarillos au bec, allumé quand mon père baissa la vitre à l'invite de l'homme en uniforme. D'épaisses volutes avaient envahi l'habitacle tentant de camoufler quelques haleines chargées de genievre, aussi.
Apparemment ce qui intéressait en premier lieu l'individu à la casquette, c'était les papiers qu'il demanda à mon père, ayant bien vu que nous étions « tous » des touristes fumeurs.
Petit problème : mon père n'avait pas ces papiers, moi non plus, encore moins ceux de la voiture et pas question de demander aux 3 autres quelque chose. A propos je ne sais même pas si la bagnole était une 4 ou une 5 places, ça inaugurait pas bien.
Papa, trés calme fit mine de chercher et finalement ouvrit la boîte à gants, pour gagner du temps et en retira coincé entre le carnet d'entretien et une vieille carte Michelin un document tamponné, dactylographié, signé et muni d'un timbre « officiel », le tout en français, bien entendu. Papier qu'il tendit au gendarme de couiavie-poméranie, pendant que nous ne mouftions guère. Il fit alors le tour du véhicule, regardant ce bristol, les plaques d' immatriculations, regardant de nouveau le document et magnanime le rendit finalement à son propriétaire nous faisons signe que tout était OK et nous invita à reprendre la route, ce que nous fîmes vite fait bien fait des fois que...
C'est alors que je demandais à mon père : « c'est quoi, le papelard que tu lui montré ?
ça, me dire mon père, c'est un vieux permis de pêche qui traînait et qui n''était plus valable !!!!
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 22 décembre, 2018 02:10
grinning smiley Excellent, Jean-Paul, excellent !
Vous avez eu du bol parce Wlocawek, non seulement c'était la ville la plus pourrie de la PRL, mais celle où habitaient le plus de communistes au m².
Même encore aujourd'hui on s'y croirait encore tant l'architecture communiste y subsiste partout.
Pour ce qui est du "jezyk jean-polski" ; en répondant à zoska à propos de sa milicienne pure et dure, j'avais envie de rajouter un truc dans le genre :
Pour rouler peinard en Pologne, et a l'abri des fâcheux, faudrait un Jean-Paul au volant — immunité assurée.
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 23 décembre, 2018 07:54
Czołem!
JPaul au volant. Aaah que oui! Cela dit ayant connu le Papa depuis ma plus tendre enfance je m'imagine la situation avec le "glina" lui demandant ses fafs!
Au fait JP tu dénonces l'ensemble des personnes dans la voiture comme ayant biberonné, mais toi? Sobre comme un chameau? Wątpię! A moins bien évidemment que tu n'apportes un démenti formel.
ściskam dłoń
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 23 décembre, 2018 14:13
@Zoska : Je n'écris nul part que je ne participais pas à cette hommage à Nemrod et à St-Hubert réunis, et où la wodka myszliwska en était le symbole le plus apprécié. Donc pour libérer ton esprit de doutes qui n'ont pas lieu d'être, je confirme ma participation active à la divulgation de la production polonaise de céréales et pomme de terre distillées agrémentée au genièvre dans ce cas-là, et tant qu'à faire avoir tiré quelques bouiffes de ces Ninas qui empestaient.
Ne te rappelles-tu donc pas, nos toasts réitérés aux bouteilles de produits du terroir qui permettaient aux bouilleurs de cru de continuer la tradition populaire, de goûter aussi d'autres spécialités venues de Pologne à base entre-autres, de sorbier des oiseleurs ou d'herbes de bovidés ( bison bonasus), sans oublier tout ce qui participait à la fête ou à des réunions entre amis. Ceci dans un temps ou la modération n'était pas inscrite sur les bouteilles.
Na zdrowie !
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 23 décembre, 2018 20:29
Czołem!
Que nenni! "Non je n'ai pas oubliéééé ouououblié !!!" Aznavour dixit.
Ces moments d'intense entrainement m'ont permis par la suite de tenir, dans la mesure de mes moyens, face aux affreux habitant un pays plus à l'est de la Pologne, car en fin de compte et je m'en confesse, je trichais de façon éhontée lorsque mes interlocuteurs ne faisaient plus la différence entre la bouteille de Vodka Moskowskaia ou Przenicznaia et une bouteille de Narzan (eau minérale gazeuse).
Merci d'avoir levé un doute à la fois sur la chasse et sur ta capacité à l'époque de célébrer Bachus. Il était des nöööötres!!!!!
Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 23 décembre, 2018 23:33
Łojezu ! Si on se met à évoquer les libations en Pologne... on n'est pas rendus !
Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 24 décembre, 2018 06:54
Czołem!
"Rendu"!!!! Vous avez de ces mots Panie Rotmistrzu!