A propos de la russie de Poutine : Anna Politkovskaïa (+ 7/10/06)

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 12:56


Anna Politkovskaïa

Journaliste russe (1959-2006)

Née en 1959, Anna Politkovskaïa était grand reporter pour le journal indépendant Novaïa Gazeta. Ce bihebdomadaire est quasiment le seul journal russe à rendre compte de la situation en Tchétchénie. Elle s'est rendue à nombreuses reprises dans les zones de combats en Tchétchénie et dans des camps de réfugiés au Daghestan, puis en Ingouchie. À ce titre, Anna Politkovskaïa a été plusieurs fois primée en Russie, et par le Pen Club International, en 2002. Elle a reçu au Danemark, en février 2003, le prix du Journalisme et de la Démocratie, décerné par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). En octobre 2002, au péril de sa vie, Anna Politkovskaïa a accepté de servir de négociatrice lors de la prise d'otages dans un théâtre de Moscou, qui s'est terminée de manière dramatique. Régulièrement menacée, elle a subit une tentative d'empoisonement en 2004, alors qu'elle se rendait dans le Causase.
Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa a été tuée par balle dans le hall de son immeuble à Moscou. Elle était l'une des rares journalistes indépendantes en Russie.


La Russie selon Poutine (France 2005)

La journaliste Anna Politkovskaïa dénonce les crimes en Tchétchénie.

«Pourquoi je déteste Poutine ? Pour sa balourdise, son cynisme, sa xénophobie, ses mensonges, pour les gaz qu'il a utilisés lors du siège de Nord-Ost (la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou, en octobre 2002, ndlr), pour le massacre des innocents (les civils tchétchènes tués dans les bombardements russes) durant son premier mandat.» Il faut un certain cran, aujourd'hui en Russie, pour exprimer des critiques si dures. La journaliste Anna Politkovskaïa, qui vient de signer un livre réquisitoire contre Poutine (1), n'en manque pas, opposante radicale et sans concessions.

Empoisonnement. Reporter au bihebdomadaire Novaïa Gazeta, elle fait partie des irréductibles que le régime Poutine n'a jamais réussi à intimider. Pourtant le FSB (successeur du KGcool smiley et l'armée la détestent, parce qu'elle dénonce la guerre en Tchétchénie. Elle a plusieurs fois été arrêtée et menacée au cours de ses reportages dans la petite république caucasienne. Lorsqu'elle a voulu tenter une médiation lors de la prise d'otages de Beslan, en septembre 2004, elle a été prise d'un malaise dans l'avion après avoir bu une tasse de thé et a dû être ramenée d'urgence à Moscou. Pour beaucoup, il s'agit d'une tentative d'empoisonnement.

«Poutine est affaibli. Il n'est plus le personnage incontesté, même l'administration présidentielle reconnaît que tout ne va pas bien en Russie» : cette semaine à Paris, Anna Politkovskaïa confirme qu'un frémissement s'est produit. «On commence à entendre des blagues sur son compte, et en Russie, c'est le signe d'une perte de crédibilité.» Dans un récent sondage, la moitié des Russes ne croient pas que le pouvoir «puisse améliorer la situation».

Révolutions. Le déclic ne fut pas Beslan. «Au contraire, affirme la journaliste, félicité par les dirigeants du monde, Poutine s'est senti conforté.» Les révolutions de Géorgie, d'Ukraine et du Kirghizistan ont été les vrais déclencheurs. «Pour l'Ukraine, on disait : ils sont plus près de l'Europe que nous, souligne-t-elle, mais avec le Kirghizistan, ça ne marche plus. Cela a convaincu l'opposition qu'en Russie aussi, c'était possible.» Le problème est que l'aile nationaliste l'emporte sur les démocrates.

A Moscou, Anna Politkovskaïa se bat contre le rouleau compresseur Poutine. A côté des télés reprises en mains, la presse écrite est restée assez libre. Elle a même été très critique durant la crise de Beslan. Mais elle connaît maintenant des difficultés, d'ordre politico- financier. Le quotidien d'opposition Ruski Kurier vient de fermer, faute de publicité. Novaïa Gazeta traverse des difficultés. «Pour avoir des contrats de publicité, il faut désormais passer par le ministère de la Presse qui pose ses conditions, notamment politiques», souligne la journaliste.
Seul un de ses livres est paru en Russie la Deuxième Guerre tchétchène , un ouvrage moins dur que le Déshonneur russe (Buchet/Chastel). Bien qu'une édition russe ne soit pas prévue, la version anglaise de la Russie sous Poutine a fait l'objet de nombreux comptes rendus. Anna Politkovskaïa est accusée «d'avoir vendu son talent à l'Occident», «d'écrire pour les ennemis de la Russie» et «d'humilier personnellement Poutine».

(1) la Russie selon Poutine, Buchet/Chastel, 271 pp., 20 €.



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P.S. D'après certains critiques français, Mme Politkovskaïa "forçait" le trait et "noircissait" son analyse de la Russie de Poutine.
Sans commentaires !

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Posté par: Sabine (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 13:25

En effet, c'est plus que regrettable...

La Russie n'a pas changé... les années passent, les dictatures restent. il n'y a que l'étiquette qui change...

Sab

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 14:47

Sabine Ecrivait:
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> La Russie n'a pas changé... les années passent,
> les dictatures restent. il n'y a que l'étiquette
> qui change...

Le problème est : Est ce que la Russie peut être gouvernée par autre chose qu'une dictature ?

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 14:48

Paul Ecrivait:

> Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa a été tuée
> par balle dans le hall de son immeuble à Moscou.
> Elle était l'une des rares journalistes
> indépendantes en Russie.
>
Ce qui est surprenant c'est la méthode employée. Cela ne ressemble pas trop aux services secrets russes

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 15:12



Tout est évidemment possible.

Il n'en demeure pas moins que d'après : [fr.wikinews.org]

« Selon les éléments donnés par son journal, elle préparait un papier sur la torture en Tchétchénie qui aurait dû sortir ce lundi (9 octobre 06), avec photographies à l'appui. La chaîne de télévision NTV a assuré qu'elle publiera une partie de ses notes. »

Voir aussi (entre autres réactions) : [www.lalibre.be]


Il n'empêche que cette dame avait le courage, au péril de sa vie comme cela se vérifia par le passé, de contester et dénoncer le régime de Poutine, transfuge du KGB.


Quant à savoir si la Russie a besoin d'une dictature ... la supposition revient à justifier l'autocratisme des tsars et la dictature (du prolétariat ?) qu'elle a connue - et qu'elle a imposée à ses voisins - pendant 3/4 de siècles.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 15:42

Paul Ecrivait:
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> Quant à savoir si la Russie a besoin d'une
> dictature ... la supposition revient à justifier
> l'autocratisme des tsars et la dictature (du
> prolétariat ?) qu'elle a connue - et qu'elle a
> imposée à ses voisins - pendant 3/4 de siècles.

Justifier certainement pas mais explique oui. J'ai un grand père qui disait toujours que la Russie était un pays ingouvernable et que seul une poigne de fer pouvait y arriver. Tort le grand père ? Au vu des évènements sur plus d'un siècle, je ne pense pas.

Pour info, mon grand père (que je n'ai pas connu) était docteur en médecine, docteur en biologie et docteur en sociologie.

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Posté par: Oeil cyclonique ! (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 16:16

De quelle origine était votre grand-père ?

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 17:05

Stéphane Ecrivait:
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> J'ai
> un grand père qui disait toujours que la Russie
> était un pays ingouvernable et que seul une poigne
> de fer pouvait y arriver. Tort le grand père ? Au
> vu des évènements sur plus d'un siècle, je ne
> pense pas.
>
> Pour info, mon grand père (que je n'ai pas connu)
> était docteur en médecine, docteur en biologie et
> docteur en sociologie.



La Russie n'a pas eu l'occasion d'avoir une forme de gouvernement démocratique sinon pendant quelques mois de février à début novembre 1917. L'assemblée démocratiquement et librement élue avant le coup d'état d'octobre (le Congrès Pan-Russe) a immédiatement été dissoute en 1918 par les Bolcheviks, détenteurs de la force, le jour de sa première réunion. Les bolcheviks, contrairement à la signification de ce mot, étaient très largement minoritaires.

De même, pour comparer (très) schématiquement avec la Pologne. Celle-ci a été dépecée et gouvernée par des Etats autres que le leur pendant environ 150 ans. De 1918 à 1926, elle a connu un gouvernement "démocratique" plutôt brouillon dont la constitution s'inspirait de la IIIe république française (ceci explique cela, en partie car l'inexpérience à aussi joué un rôle très important), puis un régime autoritaire qui restreignait les pouvoirs et libertés de ses citoyens. Ensuite ce fut la "démocratie populaire" de triste mémoire et heureusement révolue.

Depuis 1989, la Pologne a la chance d'être un pays libre, démocratique ... avec tous les avantages et les inconvénients que cela suppose.
Aurait-il fallut douter de ses capacités « à cause de son histoire passée » ?


Votre grand père était très certainement une personne très estimable, mais il me semble qu'il véhiculait l'image qu'on se faisait à l'époque (et auparavant) de la Russie : d'un côté le boïar (quel qu'il soit suivant les époques), de l'autre le moujik, le serf, incapable de se prendre en charge et juste bon à recevoir le knout.

Le peuple russe est estimable et sa culture littéraire, musicale, etc. est reconnue mondialement.

Mais j'exècre les gouvernements qui écrasent ce pays depuis des siècles, le désespèrent et l'empêchent de se révéler.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 17:09

Oeil cyclonique ! Ecrivait:
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> De quelle origine était votre grand-père ?

Hou la ! C'est compliqué.

A l'époque de sa naissance 1866, c'était la Russie. Il est né à Varsovie d'une mère juive polonaise mais son père était originaire de Lyubar ou de Starokonstantinov, je ne sais même pas exactement.
Je retrouve aussi des traces de la famille à Dniepropetrovsk donc à l'époque Ekaterinoslav.Mais là aussi,je suis bloqué.

Un jour il faudra que je fasse le trie, mais ce n'est pas facile.

Enfin tout ça pour dire que la Russie il connaissait bien même s'il en est parti de bonne heure.Direction Vienne, puis la Suisse (études à Berne) et enfin la France où il a été docteur en médecine, chercher, conférencier, écrivain et traducteur. C'est lui qui a traduit ce fabuleux conte du prix nobel Belge, Maurice Maeterlinck, "l'oiseau bleu" en Allemand.
Voila en gros et vite fait le portrait du grand père, un européen bien avant l'heure.


Quand à ceux qui à une époque m'ont traité de raciste et d'antisémite s'ils lisent ce message, ils ont maintenant la preuve de leur bétise.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 17:16

Paul Ecrivait:
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d'un côté le boïar
> (quel qu'il soit suivant les époques), de l'autre
> le moujik, le serf, incapable de se prendre en
> charge et juste bon à recevoir le knout.

Est ce vraiment une image finalement ?
La Russie est un pays immense, avec des cultures, des coutumes différentes. Est ce bien gérable ? Cela bien sûr, n'excuse en rien les méthodes employées

>
> Le peuple russe est estimable et sa culture
> littéraire, musicale, etc. est reconnue
> mondialement.

Sans aucun doute.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 17:36

Stéphane Ecrivait:
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> Est ce vraiment une image finalement ?
> La Russie est un pays immense, avec des cultures,
> des coutumes différentes. Est ce bien gérable ?


Que penser des USA (ou du Canada) ?

Populations d'origines, de religions, de cultures les plus diverses (bien plus que la Russie).
Richesse des citoyens, des villes, des Etats, ... très variée.
Pays, vu sa taille, extrêmement diversifié sur le plan géographique, des climats ...

... et pourtant, ça fonctionne !

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 17:47

Paul Ecrivait:
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> Que penser des USA (ou du Canada) ?
>

Je m'attendais bien sûr à cette réponse :-)

Mais le poids de l'histoire, de la culture est complètement différents entre le Canada ou les USA et la Russie.

Le Canada, les USA sont ni plus ni moins que des anciennes colonies qui ont gagné et mérité leur liberté. Leur histoire, leur régime, leur constitution est basée sur un principe bien établi. (voir l'article 1er de la constitution américaine)

La Russie, c'est autre chose.Une grosse puissance, des siècles de guerre à essayer de dominer les autres. Une puissance dirigée sur l'extérieur en se moquant des affaires intérieurs du pays. Difficile de changer et de rayer des siècles d'histoire

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 18:06

Stéphane Ecrivait:
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> La Russie, c'est autre chose.Une grosse puissance,
> des siècles de guerre à essayer de dominer les
> autres. Une puissance dirigée sur l'extérieur en
> se moquant des affaires intérieurs du pays.
> Difficile de changer et de rayer des siècles
> d'histoire


Entièrement d'accord ! Je ne suis pas ici pour défendre la Russie mais je condamne ses gouvernants et le dernier, Poutine, qui poursuivent la politique des régimes qui l'ont précédé.

Tant que des personnages de cet acabit seront au pouvoir, tes conclusions seront malheureusement justes.

Mes interventions avaient pour but de faire le distingo entre les dirigeants qui défendent cette politique séculaire et les citoyens Russes que l'on ne peut condamner pour cela.
C'est pourquoi j'ai ouvert ce sujet à l'occasion de l'assassinat, hier, de cette journaliste russe qui condamnait un type comme Poutine.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 08 octobre, 2006 18:31

Paul Ecrivait:
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> Tant que des personnages de cet acabit seront au
> pouvoir, tes conclusions seront malheureusement
> justes.

Oui, mais que se passerait-il avec un homme d'état trop conciliant ? ça a déja existé, non ?



> C'est pourquoi j'ai ouvert ce sujet à l'occasion
> de l'assassinat, hier, de cette journaliste russe
> qui condamnait un type comme Poutine.


L'assassinat d'un (une) journaliste est toujours terrible. Mais pour le moment, on ne sait rien. A-t-elle été asassinée à cause de son métier ou pour autre chose ?

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 09 octobre, 2006 13:10

Oui, c'est une question de temps.
Les machos cruels maffieux malins n'auront pas toujours ledernier mots.
Il faudra du temps cependant pour faire evoluer la mentalité du male moyen russe.