Depuis
près de trois siècles et le mariage entre Louis XV
et Maria Leszynska, la France a toujours eu des relations étroites
avec la Pologne et les Polonais. Terre d'asile pour Adam Mickiewicz
ou Frédéric Chopin, elle a également représenté
pour beaucoup d'autres de leurs compatriotes une seconde patrie.
Ceci est notamment vrai à partir des années 1920 qui
furent marquées par une grande vague d'immigration polonaise
dans les vieilles régions industrielles du nord de l'Hexagone.
Raymond Kopaszewski, Thadée Cisowski ou plus récemment
Antoine Sibierski et Pascal Cygan: tous ces grands noms qui ont
partagé les plus belles pages de l'histoire du football français
sont des fils ou petit-fils d'immigrés polonais. Tous ont
commencé leur carrière dans des petits clubs, qui
restent encore de nos jours de véritables pépinières
de jeunes talents. Le Polonia Sokol est l'une de ces rares équipes
de Polonais qui existent aujourd'hui en France...
Le
Polonia Sokol a été créé il y a moins
de cinq ans en région parisienne par Daniel Powezka, un
fils d'immigrés polonais, étant né et ayant
grandi en France. Devant le manque flagrant de clubs polonais
dans son pays natal, ce passionné de football eut l'idée
de mettre sur pied en 1997 près de Paris une formation
à 100 % polonaise, dans l'espoir non seulement de taper
dans le ballon rond, mais aussi de pouvoir adhérer un jour
à la FFF, la Fédération française
de football. Petit à petit, il réussit à
former un petit groupe de joueurs potentiels. Ce noyau de joueurs
commença à se retrouver chaque dimanche matin à
Garges-Les-Gonesse (dans le Val d'Oise), afin de partager quelques
instants de plaisir, sur un terrain de football situé dans
un parc de la municipalité. Ces rencontres devinrent coutumières
pendant quatre ans. En fait, ce noyau d'origine était surtout
constitué d'amis d'enfance, tous originaire de Stalowa
Wola, une ville où Daniel Powezka passait toutes ses vacances
scolaires pendant son enfance. De temps à autres, cette
bande de copains réussissait à organiser des rencontres
contre des clubs environnants, histoire de montrer au grand jour
de quoi ils étaient capables. Mais au fil des années,
l'envie de passer à un stade supérieur s'est faite
peu à peu sentir au sein du groupe. Le désir de
créer un vrai club hantait tous les esprits...
Dans
ces conditions, il fallait tout d'abord trouvé un nom pour
désigner la future équipe. Après maintes
réflexions, on décida d'opter pour l'appellation
"Polonia Sokol". Pour quelles raisons? C'est simple:
le mot "Polonia" fait depuis le XIXème siècle
référence aux Polonais qui vivent en-dehors des
frontières de la Mère-Patrie. Les joueurs étant
tous issus d'une immigration plus ou moins récente, ce
terme était donc parfaitement adéquat. Quant au
mot "Sokol", qui signifie en polonais "faucon",
il a été choisi en fait par Daniel Powezka, suite
à une discussion qu'il eut un jour avec le maire adjoint
de sa commune, qui avait quelques souvenirs des célébres
mouvements Sokols d'avant-guerre dans le nord de la France. Il
fallait ensuite chercher des tenues dignes de ce nom pour l'ensemble
de l'équipe. Les couleurs rouge, noir et blanc furent adoptées,
sous la contrainte il est vrai car c'était le seul jeu
de maillot qu'avait à proposer le vendeur le jour de la
commande collective. Le nom de Polonia Sokol sonnant bien, les
tenues achetées, il ne restait plus qu'à ce groupe
de joyeux sportifs polonais d'officialiser le club. Impossible
n'étant pas Polonais, ils réussirent à trouver
une structure, qui ne leur posa pas trop de difficultés
pour les accepter. C'est ainsi qu'ils purent intégrer le
Club Omnisports des Electriciens et Gaziers de France (C.O.E.F.G.)
en mars 2001: cette date marqua la naissance officiel du Polonia
Sokol.
Grâce
à la volonté acharnée de Powezka et de ses
amis, le Polonia Sokol possède aujourd'hui sa propre section
de football au C.O.E.F.G. qui a d'ailleurs mis à leur disposition
un jeu de maillot jaune et bleu. Le club dispute un championnat
de loisir chaque dimanche matin à Paris et en banlieue.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette formation fait
honneur au football polonais: sur la demi-saison 2001-2002 qu'elle
a disputée et si on prend en compte le nombre de matches
disputés, elle a obtenu la deuxième place de sa
poule, derrière un leader qu'elle a pourtant étrillé
6 buts à 2... Et ce n'est pas tout! Le Polonia a également
participé courant juin au tournoi annuel des " Lauriers
en Entreprise ", réussissant l'exploit d'arriver jusqu'en
final. A ce stade de la compétition, les Polonais se feront
certes surprendre par l'équipe de la banque BRED, mais
ce ne fut que par un petit but d'écart, au stade municipale
de Vincennes. Etant donné les différences de moyens
(infrastructures...) entre les deux formations, il faut avouer
que la prestation du Polonia Sokol est des plus louables. Un manque
de moyens fait cruellement défaut à cette jeune
équipe qui a de beaux jours devant elle...
Pour
l'anecdote à ce propos, le Polonia devait jouer un match
amical un jour face à une équipe composée
des municipaux de la commune de Gonesse. Arrivant par petits groupes
après une dure journée de travail, les Polonais
furent l'objet de multiples moqueries de la part de leurs adversaires.
Cela était dû au fait qu'avec leurs sacs en plastique
en guise de sac de sport, les joueurs du Polonia ressemblaient
à tout sauf à une équipe à prendre
au sérieux . De plus, un d'entre eux nommé Janusz
Szewc avait acheté en Pologne lors de ses vacances un jeu
de maillots rouges avec l'aigle blanc sur le devant; ceux que
l'on trouve sur les marchés avec un tissu bizarre, bref
pas chers et sans marque. Au vue de l'habillement des Polonais,
les adversaires du jour s'en donnaient à coeur joie. "Après
les sacs plastiques, c'est quoi cette équipe qui n'a même
pas de numéro dans le dos ?!", "Dans quel marché
vous les avez achetés ?" ou encore "C'est quoi
comme marque polonaise ? ": autant d'expressions que les
Slaves eurent la souffrance d'entendre avant le début de
la partie. On précise bien AVANT le match, car pendant
la rencontre, ce furent les Français qui bataillèrent
dur pour limiter la casse. Ils soufflèrent de soulagement
lorsque le coup de sifflet final retentit, sur le score sans appel
de 5/2...
L'objectif de Daniel Powezka, président autoproclamé
du Polonia Sokol, et des autres joueurs de l'équipe est
de créer enfin un club à part entière et
de pouvoir avoir la possibilité d'intégrer la Fédération
Française dans le but de disputer un véritable championnat,
à la hauteur des grands talents présents au sein
de cette formation. Et c'est là que vous, Beskidiens et
Beskidiennes, pouvez leur venir en aide. En gros, le club a besoin
de trois choses:
-un terrain de football en région parisienne qui pourrait
satisfaire les besoins du club et lui permettre d'intégrer
la Fédération Française de Football. En effet,
malgré la sollicitation de différentes municipalités
(Gonesse, Arnouvilles-Les-Gonesse, Garges-Les-Gonesse), le Polonia
Sokol n'a reçu à ce jour aucune réponse positive
à ses demandes, ce qui freine ses aspirations,
-un sponsor, ce qui permettrait d'acheter de nouveaux maillots
et autres équipements,
-un entraîneur, qui pourrait encadrer l'équipe et
canaliser son jeu.
Si vous voulez entrer directement en contact avec Daniel Powezka,
vous pouvez lui écrire à son adresse e-mail: daniluk@planetis.com
A bon entendeur...
Actuellement,
le Polonia Sokol est l'un des rares (pour ne pas dire le seul!)
clubs typiquement polonais en Ile-de-France. Malheureusement,
et il faut se rendre à l'évidence, la Polonia française
n'est pas aussi puissante et organisée que ses consoeurs
américaine ou australienne, qui organisent chacune leurs
propres championnats dans diverses disciplines sportives. C'est
pourquoi il faut encourager de telles initiatives prise par nos
compatriotes dans l'Hexagone. Après tout, c'est aussi ça
la légendaire solidarité polonaise...
Adam