Décliné sous le nom de Kaskada Dolej Wisly ( KDW
) ou Lower Vistula Cascade (LVC), le programme ambitieux d'aménagement
de la Vistule basse, s'inscrit de nouveau dans les projets d'industriels
et de politiciens polonais. L'aménagement de ce fleuve constituerait
la destruction d'un des derniers écosystèmes d'eau douce préservé
en Europe. Relayées par le WWF, les ONG locales s'opposent à
ce projet.
Il y a 40 ans, ingénieurs des eaux et politiciens se sont lancés
dans un vaste programme d'aménagement du fleuve : Vistula River
Projects. Ceux-ci prévoyaient la construction de barrages sur
tout le cours du fleuve et la réhabilitation de voies navigables.
Placée en ordre de priorité, la partie haute de la Vistule a
été conséquemment aménagée. Les parties moyenne et basse du
fleuve ont pu conserver la presque totalité de leur état initial.
En effet, seul le barrage de Wloclawek a constitué le premier
et le seul aménagement de la partie basse du fleuve. Interrompu
pendant plusieurs années, le projet Lower Vistula Cascade, renaît
aujourd'hui de ses cendres avec le regain économique,. Ce programme
prévoit la construction de 7 barrages. Il implique politiciens
et ingénieurs, collectivités locales résidant sur les bords
du fleuve, industriels et producteurs d'électricité.
Pour ses partisans,
Le projet Lower Vistula Cascade permet un développement
local et régional indéniable en favorisant la construction d'infrastructures
(routières, ferroviaires, fluviales) et assurant une meilleure
qualité de vie pour les municipalités situées le long du fleuve.
C'est de surcroît une garantie de fourniture en énergie de l'ordre
de 1340 MW avec la possibilité d'implantation d'une unité de
production d'électricité (thermique ou nucléaire). D'autre part,
le barrage de Wloclawek, atteint par la limite d'âge risque
de s'effondrer. Il provoquerait de nombreux dommages pour les
populations environnantes et entraînerait la dissémination des
boues toxiques provenant des industries riveraines accumulées
au fil des ans dans le fond du réservoir. Les partisans sont
conscients des dommages causés sur l'environnement, qui demeurent
cependant minimes face aux bienfaits retirés. D'autre part,
ces dommages pourront être réparés grâce aux retombées économiques
engendrées par ce projet.
Pour les ONG,
La longue exploitation du barrage de Wloclawek a
entraîné une érosion accrue de sa partie amont. Ensuite, les
substances toxiques émanant des industries riveraines se sont
accumulées au fil des ans dans le réservoir de la retenue d'eau
provoquant ainsi la disparition de l'écosystème originel. La
gestion de l'eau et en particulier le contrôle des crues pourraient
être plus efficacement réalisés (en terme économique et écologique)
au travers d'un programme de petites rétentions disséminées
sur tout le territoire de captage de la Vistule ainsi que la
construction de stations d'épuration reste, non seulement, le
meilleur moyen de minimiser la pollution de la Vistule et des
autres rivières mais aussi d'assurer une vraie gestion du fleuve.
Cette option appelée Pro-Ecological Watershed Management (PWM)
consiste en la création d'un maximum de contrôles des substances
chimiques contenues dans l'eau et un soutien aux ressources
établi sur tout le bassin de la Vistule. La politique inclut
également une action de protection de la campagne. Une des solutions
préconisée est la plantation d'une ceinture verte le long de
la rivière destinée à stopper les substances nocives " accidentellement
" contenues dans l'eau. La gestion de l'eau au sein de la vallée
elle-même vise non seulement à restaurer le lit naturel du fleuve
mais aussi ses bras morts sous forme de " réservoirs de poche
" qui conduiraient au développement d'écosystèmes. Il serait
est également envisager un programme d'économie d'énergie combiné
à un programme d'utilisation des énergies renouvelables. Cette
solution est moins coûteuse qu'un grand ouvrage. Enfin, une
valorisation du tourisme dans cette région conduirait à une
activité économique non négligeable.
La position du WWF
par rapport aux instances européennes et mondiales
:
Le WWF s'appuie sur le fait que la Pologne est signataire des
conventions de Bern (protection de la faune et de la flore),
de Bonn, Aarhus, Ramsar ainsi que de la Convention sur la biodiversité
et doit, par ce fait, les respecter. Le WWF considère que le
manque de transparence ainsi que la résistance du gouvernement
polonais à considérer des solutions alternatives ne s'inscrit
pas dans la logique des standards de l'UE. Le WWF se réfère
à l'Article 6 du Traité d'Amsterdam qui requiert une action
de protection de l'environnement afin de répondre aux critères
d'acceptation au sein de l'UE Le WWF a plaidé l'affaire auprès
de Margot Wallström - députée européenne de l'environnement.
Enfin le Fond Mondial pour la nature se propose de renouveler
l'expérience réussie de la Loire sur la Vistule
par rapport aux ONG locales :
Le WWF soutien les ONG locales dans leurs actions de protection
de l'environnement et relaient leur discours à l'international.
Elle Les ONG préconisent la mise en place de solutions visant
à démontrer que la gestion et la préservation des ressources
naturelles est synonyme de développement économique.
par rapport aux barrages :
L'expérience acquise en matière de gestion des crues grâce aux
barrages démontre que cela cause plus de désagréments qu'elle
n'en procure : - érosion anticipée des rives - disparition d'une
agriculture adaptée au profit d'une agriculture intensive gourmande
en eau et non compatible avec le territoire. - disparition des
zones humides proches du lit du fleuve servant naturellement
de réservoir tampon en période de crues et de réserves en eau
en période d'étiage.
par rapport à la Vistule :
La Vistule constitue un des derniers écosystèmes d'eau douce
encore préservé en Europe. C'est écosystème est de surcroît
inscrit aux programmes ECONET, Natura 2000 L'actualité récente
impose de faire un parallèle avec la destruction des écosystèmes
du Danube. Celle-ci entraîne une catastrophe humaine et écologique
à laquelle toute la population européenne est encore fortement
sensibilisée.L'impact économique s'est aussitôt fait sentir
par l'arrêt total de toutes les activités liées au fleuve.
D'autre part, le non respect, voire l'inexistences, des normes
de sécurité risque de retarder l'entrée de ces pays dans l'UE.
Le 24 février 2000, le gouvernement
polonais a reporté sa décision de débuter le projet Lower
Vistula Cascade et souhaité la création d'un comité d'experts
chargé d'étudier un projet alternatif. Le projet existe
toujours il est simplement retardé un peu.
Une conférence de presse en présence du président du WWF-International
(Monsieur Ruud LUBBERS), de ministres et de dignitaires
polonais se tiendra le 15 mai 2000. A cette date, nous saurons
comment évoluera le projet de construction de barrages sur
la Vistule. |

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