La vigoureuse démocratie
nobiliaire du XVIe siècle s'était lentement muée en démagogie
ombrageuse et agressive. Les grands seigneurs, titulaires des
hautes charges de l'Etat, maîtres du sénat, possesseurs d'immenses
propriétés foncières, avaient désormais domestiqué la szlachta,
pauvre et besogneuse, et tenaient les diétines sous leur coupe.
Aux intrigues des magnats s'ajoutèrent celles de la France, qui
proposait la candidature de Conti, et celles de l'Autriche, qui
soutint d'abord la candidature de Jacques Sobieski, fils
du roi défunt, puis celle de Frédéric Auguste, électeur
de Saxe ((également appuyé par la Russie) et qu'une minorité polonaise
appelait au pouvoir.
Frédéric Auguste, proclamé illégalement roi par l'évêque
de Cujavie, entra à la tête d'une armée à Cracovie, où il prit
la couronne royale sous le nom d'Auguste II. Le Saxon chercha
à s'imposer en reprenant aux Turcs et aux Suédois les provinces
perdues. Si, par la paix de Karlowitz (1699), les Turcs
restituaient une partie de l'Ukraine et la ¨Podolie, la guerre
fut moins heureuse contre Charles XII. La guerre du Nord
(1700-1721) fit de la Pologne un champ de bataille.
Charles XII fit élire un anti-roi, Stanislas Leszczynski,
tandis que le tsar Pierre le Grand soutenait Auguste II et après
sa victoire de Poltava, réussissait à l'imposer comme seul roi
;naturellement, le tsar se réservait d'intervenir et d'arbitrer
la situation en Pologne.
A la mort d'Auguste II (1733), son fils, Auguste III,
tint une diète de Pacification (1736) et céda le duché
de Courlande à Biron, favori de la tsarine. Les Czartoryski
(ou comme on disait alors " la Famille ") cherchèrent auprès de
la Russie l'appui nécessaire pour rétablir à leur profit une monarchie
forte.
Après la mort d'Auguste III en 1763, ces intrigues aboutirent,
grâce à l'aide des diplomates et des troupes russes : le 7 septembre
1764, Stanislas Auguste Poniatowski, neveu de Catherine
de Russie, fut proclamé roi.
Stanislas Poniatowski
Le nouveau souverain était animé d'un sincère désir de régénération.
Il créa une commission de l'Armée ,une commission du Trésor, une
commission du Bon Ordre et une école de cadets ; la Confédération,
assemblée restreinte, représentative des seigneurs, fut maintenue
après l'élection royale : c'était un moyen détourné d'abolir le
liberum veto dont disposait chaque seigneur dans les diètes ordinaires
et qui, sur le veto d'un seul, permettait à l'anarchie de s'installer.
Catherine, mécontente des réformes et d'un relèvement contraire
à ses vues, encouragea les revendications des " dissidents " et
des magnats de l'opposition. A la diète extraordinaire de 1767-1768,
la procédure d'élection du roi, le liberum veto, et les privilèges
de la noblesse furent proclamés " lois cardinales ". Quelques
seigneurs animés d'un désir de rénovation formèrent alors la "
Confédération de Bar " et s'allièrent au sultan contre
les Russes.
Poniatowski commit l'erreur de les combattre d'abord, puis se
ravisa mais fut déposé par les confédérés en 1770. L'étranger
intervint, une fois de plus, pour " rétablir l'ordre ". Le roi
de Prusse Frédéric II fit occuper une partie de la Grande
Pologne .