La position de l'autriche sur la partition de la Pologne

Démarré par Archives, 22 Novembre 2023 à 15:01:15

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 14 mars, 2013 15:48

extrait d'un article :

Lorsque la Russie de Catherine II et la prusse entreprenne de se partager le royaume de Pologne, Joseph II qui co-regne avec sa mere l'imperatrice Marie Therese, Joseph s'enthousiasme pour les gains territoriaux. La mère et le fils s'oppose sur ce sujet, elle dénonce ces pratiques immorales, cet appetit de puissance alors que les pays ne doivent être guidés que par le droit. Elle lutte contre l'appetit predateur de la Prusse qui durant son règne lui a arrché la riche Silesie. L'Autriche participe cependant et y gagne la Galicie, c'est sans doute le signe que son influence a diminué et qu'elle a perdu en partie le contrôle de la politique extérieure de la monarchie.

Sa vision était juste, la Prusse ayant pris la prédominance sur l'empire allemand entrainant l'autriche-hongrie dans sa politique, la guerre de 14-18 voyant la création de l'Allemagne, et l'éclatement de l'empire austro-hongrois, jusque l'anchluss en 1938, ou l'allemagne heritier de la Prusse avec capitale Berlin, absorbe l'état nain autrichien heritier du grand empire romain germanique.

Son gain de la Galicie ne lui a rien rapportée si ce n'est une zone de friction avec l'empire russe.

La vision de Marie Therese de l'interet de ne pas faire disparaitre la Pologne était une vision en avance des interets de l'empire austr-hongrois.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 21 mars, 2013 21:46

La Galicie n'était en effet pas un cadeau pour l'Autriche.

Immédiatement après son annexion, un recensement fut effectué qui montrait :

Population : 2,6 millions d'habitants répartis entre 280 villes et environ 5.500 villages.

La "province" comptait 19.000 familles nobles rassemblant environ 95.000 membres de la noblesse.

La population servile comprenait 1,86 millions de personnes soit environ 70% de la population ! Une petite partie étaient des agriculteurs pouvant se suffire à eux-même mais 84% des serfs ne possédait que peu de terre, voire pas de terre du tout.

Quant aux habitations, on relevait, outre les maisons et fermes, 322.000 'maisons sans cheminées' !

On y comptait aussi 363 châteaux et manoirs, 216 monastères, 4.000 églises catholiques, 244 synagogues ... et environ 16.000 tavernes.

C'est l'Empereur Joseph II qui interdit l'utilisation des mots 'Uniate et 'Pope' pour désigner l'Eglise gréco catholique et son clergé rural. A sa place et pour faire le pendant de l'église catholique romaine, il rendit obligatoire l'utilisation des termes de "église catholique grecque" et "curé". C'était la conséquence du constat selon lequel les "Ruthènes" et leur religion "uniate" était méprisés et dominés par le clergé catholique romain et surtout par la noblesse polonaise omniprésente.

Pour le commerce, les Juifs et les Arméniens étaient les éléments prédominants, sinon les seuls.

Sur le plan économique, cette région se caractérisait par un retard accentué. Les exploitations agricoles de la petite noblesse étaient souvent remises contre rétribution à des serfs qui y étaient attachés sous peine de perdre le droit d'y travailler. La même chose se passait lorsqu'il s'agissait de l'artisanat.
Les terres exploitées (assolement triennale) ne représentaient que 11% de celles du pays, le reste des terres disponibles consistait surtout en pâturages. Les cultures fourragères y étaient cependant inconnues.
Les propriétaires terriens (très majoritairement des nobles), ne voyaient aucun besoin de moderniser l'exploitation de leurs terres.

L'alcoolisme était un fléau répandu partout, surtout qu'il était entretenu par les bailleurs qui écoulaient contractuellement une quantité prédéterminée de la production d'alcool de leurs distilleries sous forme de rétribution pour le travail.

L'industrie était pratiquement inexistante si on excepte quelques ateliers de production de cuir ou manufactures de tabac. Les verreries qui existaient absorbaient un grande quantité de bois au point qu'il venait à manquer pour le chauffage des habitants des villes.
Aucun plan de reboisement n'avait jamais été envisagé.

Pour aggraver le tout, ou à cause de cela, sauf exception, il n'existait quasiment pas d'école dans les villes (et encore moins dans les campagnes). L'analphabétisme sévissait partout et donc aussi l'ignorance qui ne permettait pas d'améliorer la vie des villes et des campagnes.

A la suite de quoi, Joseph II fit venir des colons allemands qui purent s'installer après que l'Empereur eut proclamé son édit de tolérance envers les protestants (interdits jusqu'alors dans l'Empire d'Autriche).
Ces colons s'établirent dans des villages nouvellement créés ou des extensions de villages existants. Ils étaient exemptés de charges et de taxes pendant les dix premières années suivant leur installation.

Toutefois cette colonisation novatrice se produisit principalement dans la partie occidentale de la Galicie. L'Empereur avait en effet distribués les terres des monastères qu'il avait exproprié de même que les 'terres publiques de la Couronne polonaise'.

En Galicie orientale, ou la situation était sans doute encore plus urgente, il n'y avait pas de terres disponibles pour leur installation. Le gouvernement autrichien fut donc obligé d'encourager les nobles polonais qui le voulaient, d'accueillir des colons "privés" sur leurs terres avec des conditions de liberté similaire. Le rythme de la "modernisation" qui dépendait du bon vouloir individuel des membres de la noblesse en fut affecté.

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Posté par: niu-nia (IP Loggée)
Date: 21 mars, 2013 23:34

Merci Paul pour cette page d'histoire...je me sens concernée !!!!

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Posté par: Transilien (IP Loggée)
Date: 22 mars, 2013 18:46

Merci Paul pour cet éclairage.

Connaissez-Vous l'ouvrage:
"La Galicie au temps des HABSBOURG
(1772 - 1914)"
sous la direction de Jacques Le Rider et Heinz Raschel
paru aux "Presses Universitaires - François Rabelais" ?

Je viens seulement de le recevoir.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 22 mars, 2013 20:37

Bonsoir Jean,

"La Galicie au temps des HABSBOURG (1772 - 1914)" est la somme des interventions d'un colloque qui s'est tenu en France en janvier 2009. Nul doute qu'il contient des interventions intéressante. Toutefois, l'introduction ou "La Galicie avant l'annexion par les Habsbourg" reprend la rhétorique en usage en Russie et en France lorsqu'on lit que cette région fut conquise et annexée par le Grand Prince russe (???) Vladimir - et non pas le Grand Prince de la Rus' Volodymyr (ou Volodymer pour reprendre son nom viking, Valdemar à la rigueur !). Quelques approximations également lorsqu'on se trouve sur le terrain religieux et le rappel constant à une Russie qui n'existait pas encore aux époques citées.

Par contre, les chapitres relatifs à la période qui a suivit l'annexion par l'Autriche doivent fournir beaucoup d'informations intéressantes.

Pour ma part, je lis actuellement un livre nommé "Histoire de l'Europe du Centre-Est", également paru aux PUF et rédigé par 4 historiens polonais et 2 Français dont Daniel Beauvois. C'est une brique de presque mille pages mais très prenante. Les pays traités sont la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, l'Ukraine et les Pays Baltes.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 25 mars, 2013 09:19

Oui donc pas vraiment un cadeau cette nouvelle province ou finallement tout est à faire en terme d'administration, lorsque lo'n siat le mal que l'autriche-hongrie a eu à se moderniser sous la pression prussienne pour mettre à niveau son armée et son administration. Ici manipulé par les Prusso-Russe, elle acquiert en lot de consolation de la perte de la Silésie, une province pauvre ancienne marche du royaume polonais. Beaucoup d'investissement et peu d'impots, pas de commerce et d'industrie.
Avec au fur et à mesure la mise en défense de Przemysl qui a du couté une fortune.

Marie Therèse aurait du plus s'appuyer sur des clans polonais pour nuire à la Prusse.

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Posté par: yitin (IP Loggée)
Date: 25 mars, 2013 15:27

L'Autriche était tout "première" pour les partages de la Pologne. Avant le premier partage du Royaume en 1772, elle a saisi Spisz et Podhale en 1769 - 1770.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 25 mars, 2013 17:07

C'était dans le cadre de la lutte contre la Confédération de Bar / Konfederacja barska - 1768-1772.

Ces territoires ont été occupés par l'armée autrichienne mais n'ont été rattachés formellement à l'Autriche qu'en 1772, après la première partition.
Les terres de Spisz se trouvent aujourd'hui en Slovaquie. La majeure partie de sa population est considérée comme slovaque même si une part est de descendance polonaise immigrée de Galicie.

Au même moment, l'armée russe prenait aussi des gages dans ce qui sont actuellement l'Ukraine et le Belarus.

La Prusse resta neutre ... même si ses troupes effectuèrent des raids vers les territoires polonais qu'elle devait ensuite annexer.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 27 mars, 2013 17:43

Et ce n'est pas incompatible avec ce qui est décrit plus haut on ne parles de l'Autriche mais du regne de Marie Therese, asse facilement on va regarder les dates d'un monarque et ensuite lui attribuer les decisions. a partir de 1765, après le decès de son mari, elle oscille entre le renoncement et la peur de la politique de son fils qu'elle a mis en coèrègne avec elle. Vous savez comme moi que les décisions sont le fruit de lutte d'interet, c'est ce qui est écrit que la decision de participer au partage de la Pologne signifie que son influence est moins forte que celle de son fils.