Bydgoszcz, le 5 septembre 1939

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Posté par: ubik83 (IP Loggée)
Date: 07 avril, 2013 19:42

Bydgoszcz ( en allemand : Bromberg ) est une ville polonaise située sur la Vistule. Située en Prusse-Occidentale jusqu'en 1919, elle devint polonaise en même temps que la majorité de la province prussienne à la suite du traité de Versailles. Sa population allemande est devenue majoritaire en 1920. Le 3 septembre 1939, deux jours après l'agression hitlérienne et l'invasion de la Pologne sans déclaration de guerre, un certain nombre d'Allemands y furent massacrés. La propagande de Goebbels parla alors de cinquante-huit mille morts qui fournirent le prétexte à des représailles sanglantes le 5 septembre quand la 50e division de la Wehrmacht entre dans la ville. Les Allemands regroupèrent des otages civils sur la place centrale et fusillèrent entre 300 et 400 d'entre eux. En représailles, environ 28 000 des habitants de Bromberg ont été fusillés ou ont péri dans les camps de concentration.
Il y a fort à parier que les "Volksdeutsche", les Allemands de souche habitant la ville, aient été manipulés et utilisés par des agents provocateurs, on parle de la SS, du Sicherheistdienst...
Ce que j'aimerais comprendre, c'est pourquoi donc la Wehrmacht, dans le rôle de l'instance répressive ? N'avaient-ils pas lâché, en Pologne, les fameux Einsatzgruppen, dont le sale job était de massacrer à tout va ? Pourquoi donc l'armée ?
J'arrive dans mon roman justement à cette partie, je me dis, dois-je faire raconter par mon personnage, enrolé dans un einsatzkommando, ce fameux massacre, ou bien n'arrivent-ils sur les lieux qu'ensuite mais alors, qu'y font-ils ? Se contentent-ils de traverser la ville ? Se livrent-ils à d'autres formes de représailles et lesquelles ?
Pardon d'évoquer ces souvenirs douloureux, mais c'est pour mon roman...
Merci à vous.

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Posté par: ubik83 (IP Loggée)
Date: 12 avril, 2013 19:33

Chers amis Polonais,

Je reviens vers vous et vous livre le résultat de mes recherches et réflexions...

Si on confronte les sources à propos du sujet que je traitais, voilà ce qu'on trouve :

1 ) première entrée, le site Internet Wikipédia : c'est la source que je citais au départ. Bydgoszcz ( en allemand Bromberg ) est une ville polonaise située sur la Vistule. Située en Prusse-Occidentale jusqu'en 1919, elle devint polonaise en même temps que la majorité de la province prussienne à la suite du traité de Versailles. Sa population allemande est devenue majoritaire en 1920. Le 3 septembre 1939, deux jours après l'agression hitlérienne et l'invasion de la Pologne sans déclaration de guerre, un certain nombre d'Allemands y furent massacrés. La propagande de Goebbels parla alors de cinquante-huit mille morts qui fournirent le prétexte à des représailles sanglantes le 5 septembre quand la 50e division de la Wehrmacht entre dans la ville. Les Allemands regroupèrent des otages civils sur la place centrale et fusillèrent entre 300 et 400 d'entre eux. En représailles, environ 28 000 des habitants de Bromberg ont été fusillés ou ont péri dans les camps de concentration.


Ici, c'est la Wehrmacht qui se livre à des représailles sur le peuple Polonais. Ou, si ça n'est pas elle, on ne dit pas clairement qui est l'auteur de ce massacre.

2 ) seconde entrée, le livre de Christian Baechler, « Guerre et exterminations à l'Est », Hitler et la conquête de l'espace vital, 1933-1945. Là, on trouve, page 109 : « Du 5 au 10 septembre, un commando de l'Einsatzgruppe 1 exécute entre 300 et 500 personnes à Bromberg avec l'appui du général Walter Braemer, commandant de l'arrière de la 4° armée, un membre de la SS et nazi fanatique. Ce sont les premières exécutions publiques d'otages ( ... ) Une section du commando Dantzig fait 349 victimes supplémentaires ente le 22 septembre et le 17 novembre, ce qui permet au commissaire de la Police Criminelle de déclarer qu'il n'y a plus d'intelligentsia Polonaise à Bromberg ».

Là, nous avons donc l'intervention de l'Einsatzgruppe 1, et du commando Dantzig, commando formé le 12 septembre à la demande de l'armée, pour protéger ses arrières.

3 ) Si maintenant on cherche avec comme entrée le nom du patron de l'Einsatzkommando 4 – 1, Helmut Bischoff, voilà ce qu'on trouve : « Après le début de la Deuxième Guerre mondiale Bischoff est nommé SS-STURMBANNFÜHRER et dirige l'Einsatzkommando 1/IV, une sous-unité de l'Einsatzgruppe IV, en Pologne du nord. Pendant la Campagne de Septembre l'unité de Bischoff a été lourdement impliquée dans les meurtres massifs des civils polonais effectués en collaboration avec les événements de Bromberg, le dimanche Sanglant, et dans le cadre de l'Opération Tannenberg, l'action d'extermination Nazie qui a visé les membres de la classe supérieure de la Pologne et l'élite intellectuelle.

Ici, dans cette troisième version, voilà que c'est l'Einsatzkommando de Bischoff qui est directement responsable du carnage de Bromberg !

Je vous avoue que c'est cette version que je préfère. D'abord c'est la plus logique, parce que Bromberg se situe bien sur l'itinéraire que nous avions tracé ensemble, quand nous cherchions à déterminer par où était passé mon Einsatzkommando 4 – 1. C'est effectivement Bischoff ( et son « collègue » Hammer ) qui officiaient dans ce secteur à ce moment précis.
Question de logique, donc.

Et puis question de santé : si je continue à hésiter, je vais devenir vraiment dingue ! Cela fait des mois que je bute tous les trois pas, sur des questions insolubles. Alors bon, voilà, moi, maintenant, je décide que ça colle comme ça, que ça semble cohérent, et donc j'impute le massacre de Bromberg à mes protagonistes. Sauf objections, je me remets donc à mon travail d'écriture, en prenant ceci comme base logique et documentaire.

4 ) Si on ajoute à tout ça une version Polonaise de Wikipédia consacrée à Bischoff, traduite ici tant bien que mal, voilà ce qu'on obtient : « Dès le début, Bischoff était un partisan de la plus stricte répression de la population polonaise de Bydgoszcz - exécutions publiques otages, y compris. Ses subordonnés ont tué tous les membres capturés de la Garde civile, dont certains ont été torturés à mort avec des barres métalliques. D'autre part, lorsque le 10 septembre l'Einsatzkommando 1/IV rejoint la Wehrmacht et la grande « purification action » dans le quartier ouvrier Szwederowo, Bischoff a ordonné à ses soldats SS de tirer sur « quiconque vous semblera suspect », tout en précisant que « C'est à travers de telles actions qu'on peut voir les vrais hommes ».

Bischoff est donc bien un personnage capable d'avoir commis un tel massacre. Et je m'arrangerai pour que dans mon texte, cette phrase, sur "les vrais hommes", apparaisse bien en clair.

Bon, on va donc considérer que pour Bromberg, j'ai résolu la question, et que si ma version n'est pas LA vérité, elle reste tout de même vraisemblable et plausible. Je ne peux pas passer trois mois sur chaque étape du parcours de ces gens, sinon j'en ai pour quinze ans avant de boucler ce fichu roman ! A un moment donné, il faut bien trancher. Ne parlant ni Allemand, ni Polonais, je ne peux pas m'amuser à aller passer six mois aux archives de Cologne. Je dois faire avec le peu que j'ai. Alors traçons.... et tracez avec moi si vous le voulez bien.

Mes amitiés... A la prochaine.