Posté par: RIHARD (IP Loggée)
Date: 17 avril, 2008 20:10
Je vous transfère les informations suivantes reçues par l'intermédiaire des listes allemandes de généalogistes auxquelles je suis inscrite :
"NOUVEAU: La section francophone du Forum de Discussion Est-allemand:
[www.ostdeutsches-forum.net]
Nous envisageons de réunir des articles succincts et d'autres contributions
utiles sur le sort des provinces est-allemandes historiques situées au-delà
de la ligne Oder-Neisse pour offrir des sources d'information et de
référence au monde francophone. "
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 00:04
Les deux articles que j'ai trouvés en Français sur le site, qui concernent des questions oh combien sensibles en Pologne, me semblent bien faits.
Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 02:09
RIHARD a écrit:
-------------------------------------------------------
> utiles sur le sort des provinces est-allemandes
> historiques situées au-delà
> de la ligne Oder-Neisse
Provinces polonaises historiques vous voulez dire ?
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 03:34
Terres qui historiquement appartenaient au royaume polonais des Piast.
Les premières tentatives de germanisation sont très anciennes = voir l'épisode des Chevaliers Teutoniques.
Ensuite la période des partages a amené une nouvelle vague de germanisation au cours du 19ème siècle, qui a été particulièrement intensive, voire répressive à l'égard de la culture polonaise locale, à partir de l'ère Bismarck. C'est à cette époque qu'est apparue dans la langue allemande l'expression méprisante et tout à fait caractéristique d'une ambition colonisatrice: "polnische wirtschaft".
C'est sur la base de referendums locaux que les tracés de frontière ont été faits après 1918, attribuant certains territoires à l'Allemagne, en raison d'une présence allemande majoritaire, au vu des résultats des referendums. Donc ce qu'à partir de 1945 on a appelé "ziemie odzyskane"= "territoires récupérés" étaient dans la période 1918-1939, des territoires appartenant à l'état allemand où les populations étaient de fait hétérogènes et majoritairement de culture allemande.
La seule caractéristique commune des territoires qui ont été rattachés à la Prusse pendant la période des partages est qu'en 1918, il y avait très peu de Juifs, anciennement Juifs du royaume polonais des Piast. La raison est qu'au cours du 19ème siècle,ils ont migré vers les villes et les foyers industriels de l'Allemagne, ce qui a construit le terreau de l'antisémitisme nazi.
Pour ce qui concerne les populations allemandes qui vivaient à l'est de l'Oder-Neisse de 1918 à 1939 et qui ont été déplacées en 1945,elles sont parties, soit parce qu'elles avaient un passé nazi évident et devenaient persona non grata, soit parce qu'elles ont jugé qu'il fallat fuir le communisme qui arrivait de l'Est.
Dans le cas de la Mazurie (= Prusse Orientale), après 1945 beaucoup de gens de culture plutôt germanique sont restés très tranquillement et n'ont cherché à partir en Allemagne que à partir des années 1960 que dans l'espoir d'une vie matérielle plus confortable.
Posté par: René (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 16:07
Cela depend aussi des villages, paradoxalement un allemand de Mazurie était moins inquiété qu'un allemand des provinces récupérées.
Il faut voir cela à partir de la mauvaise expérience des plébiscites de la suite du tratée de Versailles et des problèmes de minorité qui ont été des pretextes de guerres, comme les Sudètes, les polonais de Teschen, etc.
Pour ne plus avoir à subir ces questions inextricables de minorité (que l'on retrouve aujourd'hui dans les balkans, et bientôt dans des pays initiallement homgènes), la mise à la porte manu-militari des minorités était la solution la plus simple pour un avenir de paix.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 20:12
Je pense aussi que les Berman et autres Zambrowski qui se sont occupés de l'application de la réforme agraire sur les territoires récupérés étaient d'autant plus impitoyables à l'égard des agriculteurs allemands qu'il y avait là de la terre à distribuer et à partager.
Ainsi, il s'avère qu'une très grande quantité de paysans polonais crève-la-faim de la région centrale de Kielce, qui souffrait avant 1939 de très graves problèmes liés à la surpopulation, ont reçu des lopins de terre sur les territoires récupérés.
De quoi le communisme pouvait-il tirer une très relative popularité auprès des Polonais? Du fait qu'il donnait de la terre gratis aux miséreux, tout simplement.
Posté par: jean-pierre31 (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 21:02
comète a écrit:
-------------------------------------------------------
> Ainsi, il s'avère qu'une très grande quantité
> de paysans polonais crève-la-faim de la région
> centrale de Kielce, qui souffrait avant 1939 de
> très graves problèmes liés à la surpopulation,
> ont reçu des lopins de terre sur les territoires
> récupérés.
>
> De quoi le communisme pouvait-il tirer une très
> relative popularité auprès des Polonais? Du
> fait qu'il donnait de la terre gratis aux
> miséreux, tout simplement.
pour une fois que les communistes ont fait quelques choses de bien.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 21:38
jean-pierre31 a écrit:
------------------------------------------------------
>
> pour une fois que les communistes ont fait
> quelques choses de bien.
C'est même une raison pour que les plus libéraux du personnel politique polonais se disent: "Bon , d'accord, il y a plein de gens à rembourser pour les nationalisations de 1945, parce que le communisme les a spoliés, mais si nous les dédommageons trop, nous n'aurons plus d'électeurs qui votent pour nous".
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 22:19
Bonsoir Comète,
A propos de réforme agraire, que pensez-vous et quelles sont vos réflexions sur ce (long) article concernant celle de l'entre-deux-guerre ?
Le lien du texte complet qui traite également d'autres pays se trouve en bas de page ainsi que le nom de son auteur : [www.klub-beskid.com]
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 18 avril, 2008 23:38
Paul, je suis tout à fait sûre que la question de la réforme agraire en Europe Centrale et dans les Balkans, ainsi d'ailleurs qu'en Ukraine où le Glodomor a été terrible, était une question de première importance, en l'absence d'indusrialisation qui puisse se faire rapidement. C'est tout ce que je puisse vous dire sur le contenu de cet article .
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 00:15
Bonsoir Comète,
Je voudrais que les choses soient claires : je n'ai pas pour habitude de m'embusquer au coin d'un bois afin de bastonner la personne qui s'approcherait de l'endroit où je me cacherais hot smiley
Je dispose, sans doute comme d'autres, de peu d'informations sur la réforme agraire de l'entre-deux-guerres si on fait abstraction de l'article cité qui la met en rapport avec la confrontation des Polonais "ethniques" et des minorités de la Pologne d'alors.
C'est donc simplement par souci d'élargir mes (nos) connaissances que j'ai fait remonter cet ancien post.
On pourrait, par exemple, mettre la réforme agraire (mise en oeuvre en 1920) en parallèle avec l'émigration vers la France, laquelle serait un démenti de son succès.
C'est une des questions que je me pose.
Je serai reconnaissant à ceux qui apporteront des lumières. Il n'y a pas de doutes que le projet initial a subi des modifications.
Je crois qu'il serait intéressant d'en prendre connaissance ainsi que des causes (politiques et autres) qui ont motivés les altérations, s'il y en eut.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 01:59
Je n'ai vraiment pas pris votre question pour de la malveillance. Je pense tout au plus que l'article surestime la notion de confrontation ethnique et à ce titre vire au bavardage.
La problématique de la réforme agraire en Pologne après 1918 s'est bloquée autour de la notion de droit à la propriété privée et de dédommagement du propriétaire dont on partageait les terres. Il fallait le dédommager, au nom du principe du respect de la propriété privée, mais le dédommager avec quoi et avec quel argent, personne n'a trouvé la solution rapide à l'époque.
Le dernier mot est donc venu de la part des communistes en 1945 qui ont partagé ce qui restait à partager, l'ont fait sans dédommager, ou nationalisé sans dédommager. Bref, plus de 60 ans après, il y a toujours des gens qui se sentent spoliés et qui réclament qu'on les rembourse ou qu'on leur rende leurs biens.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 09:22
Néanmoins, comme la loi de 1925 prévoyait qu'il faut donner de la terre en premier lieu aux anciens combattants,et comme j'imagine aisément que ni les junkers allemands ni les paysans ukrainiens n'ont combattu dans les Légions de Pilsudski ou comme volontaires dans la guerre polono-bolchevique, dans les régions à population mêlées, les premières terres qui ont été partagées devaient appartenir à des non-Polonais et sont allées à des Polonais. Mais comme on a partagé d'abord des terres qui appartenaient à l'état polonais, je doute beaucoup que les junkers aient été réellement discriminés par la réforme agraire. Tout au plus, ils pouvaient volontairement chercher à vendre leurs propriétés pour résoudre leurs propres problèmes financiers.
Puis il y a eu la crise de 1929 qui a très gravement diminué les revenus des paysans et a fait qu'ils étaient dans l'incapacité de contracter des emprunts pour pouvoir acheter leurs parcelles. Ainsi la réforme agraire s'est enlisée et a pu produire l'effet d'optique qui est évoqué dans l'article.
A partir de 1934 le ministre de l'agriculture a été Juliusz Poniatowski (un pilsudskiste de gauche) qui était parfaitement conscient que pour attacher les paysans ukrainiens ou bielorusses à l'état polonais, il fallait leur donner de la terre. Il a réussi à réactiver le processus de la réforme agraire, en se servant des bénéfices de l'administration des biens nationaux (essentiellement des forêts) pour financer les emprunts des paysans, Mais la guerre a bloqué un processus qu'il estimait devoir être achevé vers 1950 au plus tard. Dans ce cas, il était tout à fait possible que les fonctionnaires locaux chargés de l'application favorisent les Polonais dans les régions de l'Est, puisque la fonction publique de l'époque était réellement minable dans sa déontologie au quotidien.....J'ai souvent entendu dans mon enfance des anecdotes où mon père décrivait les fonctionnaires polonais comme des personnages de romans de Gogol avec lesquels il s'est bagarré plus d'une fois.
Remarque: Juliusz Poniatowski a écrit à Londres en 1951 un texte, dans lequel il a présenté une liste de facteurs de blocage de la réforme, dont un qui est certainement majeur: à savoir qu'il était impossible de proposer au Parlement de consacrer de l'argent du budget de l'état à la réforme agraire, parce que les élites de l'époque étaient insuffisamment formées en économie et s'en tenaient à un libéralisme économique pur et dur, où c'était aux paysans de se débrouiller tous seuls pour trouver de quoi financer leurs emprunts.D'où le mécanisme du mouvement coopératif comme moyen pour les paysans d'accélérer un mouvement trop lent.
Une remarque amusante: Juliusz Poniatowski estime que le droit de vote accordé aux femmes a également paralysé la réforme agraire. La raison qu'il donne est qu'elles étaient des électeurs particulièrement sensibles à la voix du curé, pour lequel réforme agraire était "péché communiste" pour le moins. Tout simplement l'Eglise fulminait à l'idée qu'on puisse l'obliger à partager ses biens, ce qui fait que dans les sermons du dimanche, tous les "réformateurs" étaient régulièrement menacés des flammes de l'enfer.
Bref, il me semble qu'on a mis l'étiquette "nationalisme" par commodité sur des facteurs sociaux réels tout à fait diversifiés.
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 13:13
Citation:
dans les régions à population mêlées, les premières terres qui ont été partagées devaient appartenir à des non-Polonais et sont allées à des Polonais
En Pologne occidentale, les grands propriétaires étaient surtout de nationalité allemande à la suite de la politique de rachat des terres prônée par Bismarck.
Il me semble que dans les kresys, ces latifundia appartenaient bien à des nobles et grands propriétaires terriens polonais, surtout en Volhynie. Dans cette région, on installa de véritables colonies peuplées exclusivement de Polonais et portant les noms de héros des récentes guerres. Celles-ci ne figurent pas dans les Annuaires polonais et la plupart disparurent en 1939 et au cours de la 2de Guerre.
D'après ce que je sais, les colons anciens combattants pouvaient conserver leurs armes. Quant à la jeunesse, elle était fortement travaillée par le Parti National et celui-ci l'amena à créer des groupes para-militaires qui n'hésitaient pas à mettre sens dessus-dessous les villages volhyniens. Il est caractéristique que les autorités polonaises aient systématiquement fermé les yeux sur ces exactions et ne soient jamais intervenues pour les sanctionner et y mettre fin.
Il est nécessaire d'ajouter que, sauf quelques rares exceptions et s'il y eut beaucoup de blessés, il ne s'agissait de commettre des meurtres mais d'intimider les populations locales contre toute velléité de contestation. Ce ne fut pas la cause des massacres de 1943 mais ces agissements irresponsables créèrent un terrain favorable à la participation des populations locales.
Evidemment, cela n'entrait pas dans les projets des initiateurs de la (des ?) réforme agraires, mais il faut néanmoins souligner qu'il semble bien, malgré tout, que les autorités (locales et/ou nationales ?) y ajoutèrent une autre finalité que celle qu'elle avait à l'origine.
Quant aux coopératives, il m'apparaît qu'elles étaient un phénomène principalement propre aux paysans ukrainiens, mais je me trompe peut-être. Comme il est dit dans l'article, leurs actions n'étaient pas seulement un moyen de solidarité horizontale entre les petits propriétaires confrontés aux intermédiaires polonais et juifs mais aussi un moyen de continuer à transmettre la culture propre à ces populations. Leur croissance est impressionnante. Ainsi, en 1930, on en comptait 3.146 regroupant 369.555 producteurs, dont la coopérative "Maslosojuz" qui était le premier exportateur de volailles de Pologne. Le nombre ne cessa de croître et doubla presque à la veille de la Seconde Guerre malgré les barrières imposées par Varsovie comme l'augmentation des taxes. La crise économique de 1929 enleva 2/3 des ressources en espèces aux paysans. Problème auquel il faut ajouter une croissance exceptionnelle de la population à cette époque : dans la année 1926-1930, l'accroissement de la population fut de 15,5% soit environ 400.000 personnes que l'industrialisation trop faible de la Pologne fut incapable d'absorber et que le manque de terres aggrava d'autant.
La réforme communiste de 1945 est caractéristique des méthodes soviétiques des années 1920 et 1930. Des agents, sans aucune autre qualification que leur appartenance au parti commusniste, parcoururent les Territoires Recouvrés et s'employèrent à diviser les propriétés en un nombre important de parcelles à attribuer. Auparavant, une dispute ente le Parti Paysan et les communistes avait porté sur la taille minimum de celles-ci (il s'agissait, pour le « gouvernement » d'éviter la formation d'une nouvelle classe de « koulaks »). Finalement on s'était mis plus ou moins d'accord sur une taille moyenne de 17 Ha dont la valeur serait remboursée à l'Etat en 15 ou 20 ans, ce qui était viable. Les anciens propriétaires reçurent une «indemnisation », à condition qu'ils fussent Polonais, sous la forme d'une parcelle de terre standard ou d'une petite rente calculée sur le revenu de cette même superficie [nécessité de préciser ou rectifier cette affirmation].
Il n'en demeure pas moins que rien ne fut fait en Pologne centrale où les exploitations agricoles n'avaient en moyenne qu'une superficie de 3,5 Ha.
Au fait, aujourd'hui, la question de la réforme agraire n'est-elle toujours pas à l'ordre du jour ?
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 15:30
Les coopératives n'étaient pas du tout un phénomène propre à l'Ukraine. J'ignore tout de l'histoire de leur création en Ukraine, mais dans la tradition polonaise le mouvement est parti d'un "Towarzystwo Kolek Rolniczych imienia Staszica" qui est né en 1906 et auquel mon grand-oncle (plus tard député à la Constituante) a adhéré en 1908, et ce dans une des régions rurales les plus déshéritées de Pologne, puisqu'il s'agit d'un village du Sud du voivodie de Kielce. C'est de ce mouvement qu'est né le mouvement de jeunesse paysanne "Centralny Zwiazek Mlodzierzy Wiejskiej"" qui avait initialement un but éducatif. Là il s'agissait d'un mouvement laïc, mais il y avait également beaucoup d'organisations catholiques du même genre dans la période 1918-1939.
Ce que vous décrivez de la façon dont s'est faite l'implantation des combattants polonais dans les Kresy est plus que plausible, surtout si la Endécie s'est mêlé du problème à sa façon. Mais enfin, il faut bien se rendre compte qu'il y avait aussi un impératif de protection du territoire contre les visées de l'URSS.
Dans les infos dont je dispose, je sais qu'un personnage qui s'appelle Kazimierz Banach, qui était de tradition "Stronnictwo Ludowe" et a appartenu aux gens qui ont provoqué une scission dans le Centralny Zwiazek Mlodzierzy Wiejskiej en 1928, dans le but de politiser le mouvement, s'est finalement trouvé, à la suite de règlements de compte politique internes à son organisation, au purgatoire en Volhynie où il a gravité autour du lycée de Krzemieniec, Effrayé par ce qu'il découvrait des rapports sociaux entre Polonais et Ukrainiens, il s'est finalement tourné vers 1937 vers la branche 'jeunesse paysanne pilsudskiste", dans l'espoir d'obtenir des aides du gouvernement pour qu'on arrête le désastre. Tout ça a fait que l'organisation Wolynski Zwiazek Mlodzierzy Wiejskiej qu'il drigeait a adhéré vers 1938 au CZMW. Comme c'était un peu tard pour rectifier le tir,la suite, vous connaissez....
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 15:45
Pour ce qui est de la réforme agraire de 1945, il semblerait, que si initialement il était bien prévu que les propriétaires de grandes exploitaions soient un peu indemnisés par une rente et gardent un bout de terre, plus on a progressé vers l'Ouest dans la réalisation de la réforme, plus on a oublié la règle, Et finalement, beaucoup de propriétaires polonais se sont retrouvés carrément interdits de séjour dans leur district (= powiat) et obligés de se trouver un gagne-pain dans une ville très éloignée de leur domicile d'origine.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 16:22
Pour ce qui est de la question de la réforme agraire aujourd'hui,c'est toujours le même problème. Il y aura moins de petites exploitations quand les gens de la campagne trouveront un boulot bien payé dansle secteur secondaire ou tertiaire.... Mais, au moins, vu le degré de l'émiettement de la propriété de la terre qui a été le résultat final de la réforme de 1945,on est sûr qu'il n'y a plus de grandes exploitations à morceler....
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 16:42
comète a écrit:
-------------------------------------------------------
> Les coopératives n'étaient pas du tout un
> phénomène propre à l'Ukraine. J'ignore tout de
> l'histoire de leur création en Ukraine, mais dans
> la tradition polonaise le mouvement est parti d'un
> "Towarzystwo Kolek Rolniczych imienia Staszica"
> qui est né en 1906 et auquel mon grand-oncle
> (plus tard député à la Constituante) a adhéré
> en 1908, et ce dans une des régions rurales les
> plus déshéritées de Pologne, puisqu'il s'agit
> d'un village du Sud du voivodie de Kielce. C'est
> de ce mouvement qu'est né le mouvement de
> jeunesse paysanne "Centralny Zwiazek Mlodzierzy
> Wiejskiej"" qui avait initialement un but
> éducatif. Là il s'agissait d'un mouvement
> laïc, mais il y avait également beaucoup
> d'organisations catholiques du même genre dans la
> période 1918-1939.
Je vous remercie pour ces précisions. Les chiffres que je rapporte concernent les seules coopératives ukrainiennes de Pologne.
> Ce que vous décrivez de la façon dont s'est
> faite l'implantation des combattants polonais dans
> les Kresy est plus que plausible, surtout si la
> Endécie s'est mêlé du problème à sa façon.
> Mais enfin, il faut bien se rendre compte qu'il y
> avait aussi un impératif de protection du
> territoire contre les visées de l'URSS.
Tout à fait : au départ, dans les années 20, un des buts était de lutter contre les incursions des bolcheviques et constituer une forme particulière de gardes de la frontière.
La main-mise du Parti National sur la jeunesse détourna cette mission vers une action extrême-nationaliste préjudiciable à toutes les parties.
> Dans les infos dont je dispose, je sais qu'un
> personnage qui s'appelle Kazimierz Banach, qui
> était de tradition "Stronnictwo Ludowe" et a
> appartenu aux gens qui ont provoqué une scission
> dans le Centralny Zwiazek Mlodzierzy Wiejskiej en
> 1928, dans le but de politiser le mouvement, s'est
> finalement trouvé, à la suite de règlements de
> compte politique internes à son organisation, au
> purgatoire en Volhynie où il a gravité autour du
> lycée de Krzemieniec, Effrayé par ce qu'il
> découvrait des rapports sociaux entre Polonais et
> Ukrainiens, il s'est finalement tourné vers 1937
> vers la branche 'jeunesse paysanne pilsudskiste",
> dans l'espoir d'obtenir des aides du gouvernement
> pour qu'on arrête le désastre. Tout ça a fait
> que l'organisation Wolynski Zwiazek Mlodzierzy
> Wiejskiej qu'il drigeait a adhéré vers 1938 au
> CZMW. Comme c'était un peu tard pour rectifier le
> tir,la suite, vous connaissez....
Il y a également bien des choses à ajouter sur le comportement de certains Polonais des Kresy après les massacres de 1943 et la "libération" de ces territoires par les Soviets en 1944. Les archives du NKVD de la RSS d'Ukraine, aujourd'hui accessibles aux chercheurs, parlent de choses étonnantes sur le dévoiement du nationalisme extrémiste d'un certain nombre de Polonais exacerbé par la soif de vengeance. Un chercheur américain, Jeffrey Burd, en parle dans ses articles après avoir dépouillé, avec d'autres chercheurs, les archives de L'viv, Rivne ... et du PC de la RSS d'Ukraine.
Sauf si on le demande, je crois qu'il serait délicat d'en parler ici.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 19 avril, 2008 18:32
A propos de "la" ou "les" réforme agraire; l'historique est=
- La Constituante, après bien des bagarres anthologiques, a voté, une motion de réforme agraire assez drastique, essentiellement en raison de la panique dûe à l'avancée des troupes bolchéviques en 1920 -> paysans contents!
- La constitution une fois votée, les défenseurs des propriétaires terriens ont invoqué l'argument que le principe constitutionnel du respect de la propriété privée rendait le projet de réforme agraire anti-constitutionnel -> on arrête tout!
- Witos redevenant premier ministre d'un gouvernement de coalition avec la Endécie, il essaie de faire voter une réforme tellement molle aux yeux des paysans qu'il en perd des députés de son propre parti et est obligé de quitter son fauteuil de premier ministre
- De fil en aiguille on arrive au compromis de la loi de 1925, compromis encore plus mou que la loi que proposait Witos. Et c'est cette loi qui fonctionnera jusqu'en 1939.
C'est ce qui explique la gymnastique savante pratiquée par Poniatowski qui se rendait bien compte que le Parlement était toujours aussi ignorant dans le domaine des théories économiques prônant l'intervention de l'état dans l'économie. Déjà bien beau qu'il veuille bien donner de l'argent à Kwiatkowski, alors ministre de l'industrie, pour permettre le développement de l'industrie sous l'impulsion de l'état.
Ainsi, de fil en aiguille, les partis paysans se sont tellement radicalisés qu'ils en sont arrivés aux grèves paysannes après 1935.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 13:18
A propos du blocage de laréforme agraire et des coopératives agricoles comme moyen d'organisation de l'agriculture =
Dans les conceptions économiques des défenseurs des propriétaires terriens, il y avait une autre certitude dogmatique, à savoir que seules les grandes propriétés permettaient d'avoir une bonne productivité et de faire de la Pologne un pays exportateur de produits agricoles. C'était tellement ancré dans les mentalités qu'après 1934, le ministre a fait voter une loi pour imposer à l'Institut de recherche en agronomie de faire des études sur la rentabilité des petites exploitations et casser le préjugé.
Mais ce phénomène a joué aussi après 1945, lors de la parcellisation des propriétés des junkers. Leurs ouvriers agricoles ne voulaient pas de ces parcelles, parce qu'ils avaient le sentiment d'être déclassés et de rentrer dans la catégorie sociale des paysans miséreux et ignares, alors que jusque-là, ils se vivaient comme une élite professionnelle qui avait un grand savoir-faire.
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 20:38
Un petit plus : [query.nytimes.com]
Reproduction d'un article paru dans le New York Times du 27 août 1922 avec un chiffre éloquent : 0,7 à 1 % des propriétaires terriens de toute sorte – donc, y compris l'Eglise - possédaient alors 42,7 % des terres.
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 21:28
Alors là je vais me citer:
Les grands domaines = 47,3% selon les résultats du reconsement de 1921. Mais en réalit, les grands domaines privés ne constituaient que 30,3% du territoire. En effet il faut inclure dans les 47,3% le domaine public constitué par des terres appartenant à l'état, pour l'essentiel des forêts, les terres appartenant aux communautés paysannes, ce qui constituait une survivance du régime féodal, enfin à des fondations d'utilité publique ou à l'Eglise qui détenait 1,6% du territoire. Il faut également préciser que les grands propriétaires privés dérenaient au total 28% des terres cultivées, les 72% restant appartenant aux paysans.
C'est un résumé du bouquin qui fait autorité sur la question en Pologne. Donc quand on étudie de très près les chiffres réels, on voit qu'il y avait de quoi se battre pour les paysans, mais pas de quoi faire un miracle économique par la seule réforme agraire.
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 21:53
Bonsoir Comète,
J'ai cité cet article car il reprend quelques arguments que vous avez signalé auparavant.
D'autre part, il s'agit de la réponse d'un professeur (d'origine polonaise ?) à l'auteur d'un article précédent rédigé par une personne au nom à consonnance polonaise.
Ne pas oublier non plus que le texte date de 1922.
Quant à la proportion des terres, 42,7 %, qui aurait appartenu à des propriétaires terriens, j'ai ajouté "de toute sorte" car le chiffre me semblait tout de même énorme, ce que vous confirmez.
De toute façon, les journalistes et professeurs n'avaient pas cette année-là la somme d'informations que vous possédez aujourd'hui. smiling smiley
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 22:12
Ce qui m'étonne le plus dans cette affaire, ce sont les dégâts idéologiques qu'arrivaient à faire les curés moyens, quand on voit ce qu'était la très petite étendue du domaine de l'Eglise et aussi le fait que ses biens n'étaient pas réellement en danger, car ils étaient protégés par un accord spécifique avec le Vatican.
Une anecdote:
Vers 1937, le CZMW Siew , qui était la boutique des jeunes pilsudskites de gauche a fini par faire chorus avec le slogan "réforme agraire sans dédommagement" pour faire monter la pression. Résultat, le curé qui faisait le sermon à la messe du dimanche à la radio s'est mis à dénoncer ce groupement dans ses sermons. Son président a alors demandé audience au Primat. Résultat, le dimanche suivant, quand le curé a recommencé avec ses flammes de l'enfer et autres sottises, le son a été coupé. La plaisanterie qui a couru ensuite disait: "X censure la radio!".
Posté par: comète (IP Loggée)
Date: 20 avril, 2008 23:17
Comme j'ai réouvert mon texte, je vois que ma mémoire a failli sur l'historique de la bagarre au Parlement pour la réforme agraire.
Dans l'atmosphère de panique de 1920, Witos obtient que la résolution de la Constituante soit transformée en loi, avec une majorité de 50% plus une voix.
Il y a donc bien eu deux lois: celle de 1920, qui a été bloquée en 1921 après le vote de la Constitution, puis celle de 1925.
Le point qui a provoqué la bagarre portait sur le montant du dédommagement du propriétaire. La loi de 1920 prévoyait un dédommagement à hauteur de 50% de la valeur réelle de la terre, de fait un tiers de la valeur après prélèvements fiscaux. Et ce que les propriétaires terriens obtiennent finalement, c'est que le dédommagement soit à hauteur du prix du marché. L'article que Paul a mis en ligne est donc à inscrire dans le contexte du conflit sur le montant du dédommagement d'une part et d'autre part sur le fait que c'est le contexte de la guerre polono-bolchévique qui a permis d'arracher cette loi.