Bonjour
La Pologne, pays de plaines, pour ce qui est de ses ressources et du passé a surtout une longue histoire agricole, même si elle a aussi toujours eu des richesses minières.
Vers 1800 la population est en Pologne de 9 millions. L'auteur Waldemar KULIGOWSKI dans une histoire du servage Polonais (extrait en Anglais) donne les pourcentages sociologiques de cette population à la fin du 18ème siècle : En Pologne la noblesse représente alors 9% (en France o,7%, en Angleterre 3%), la bourgeoisie 16%, les paysans 75% et le clergé 0,3%.
Selon d'autres études, vers 1900 la population polonaise globale est de 25 millions, en précisant que la population ethnique polonaise majoritaire est toujours paysanne et de tradition catholique. Avec des variations puisque de ca 1795 à 1918, la Pologne resta occupée et dirigée par trois empires étrangers : celui de la Prusse de tradition protestante, celui de la Russie de tradition orthodoxe et celui de l'Autriche Hongrie de tradition catholique.
Scolarisation paysanne polonaise vers 1900 : A cette époque les Paysans sont encore peu alphabétisés, mais toujours avec des variations : Dans l'Empire Prussien protestant (qui lit la Bible) l'alphabétisation élémentaire est déjà forte mais par germanisation avec obligation d'apprendre l'allemand. En Galicie Austro-Hongroise plutôt catholique, qui échappe aux tentatives autoritaires d'assimilation, l'alphabétisation élémentaire est intermédiaire. Dans la Pologne russe du Congrès où la coercition russe et religieuse orthodoxe des tsars est la plus marquée, l'analphabétisme paysan est la règle. Les paysans ne sont pas pour autant des âmes mortes, ils ont par transmission intergénérationnelle et leurs propres efforts beaucoup d'autres savoirs. La religion catholique paysanne polonaise devient au 19ème siècle une forme, plus ou moins passive, de résistance nationale aux États occupants.
Voulant en savoir davantage, et écrire des histoires sur leurs ancêtres pour mes petits-enfants, je cherche régulièrement de la documentation. Dans des articles en langue Anglaise, je trouve souvent des renseignements complémentaires sur les pays étrangers d'autrefois, cas de la Pologne. Si c'est de votre intérêt, je vous livre cet extrait traduit d'un livre sur la Pologne, paru en 1913.
D''après des extraits anglais du livre de Nevin O. Winter : Pologne d'hier et d'aujourd'hui. (1913). Cf. site web tota.world (TOTA Curated Archives ) (Domaine Public)
L'extrait anglais Polish Peasants 1913 (« Les Paysans Polonais 1913 ») du site TOTA pourrait être divisé en 3 parties : le paysan polonais, la paysanne polonaise et enfin la maison et les fêtes du monde paysan polonais. Il y a aussi sur ce site deux belles photos anciennes de Paysans Polonais, issues des archives de la Bibliothèque du Congrès à New York.
Ici ma traduction concerne le paysan Polonais et la paysanne Polonaise.
Bonne lecture, et respect pour ces ancêtres paysans dont les très courageuses anciennes Polonaises.
Cordialement. Genpolerika
"Poland of To-Day and Yesterday" by Nevin O. Winter(1869-1936). Publication L. C. Page and Company, 1913. Extrait.
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"Niech bendzie pochevalowy" (Christ be praised). "Na wieky" (for ages and ages).
( Christ soit loué pour les siècles des siècles)
C'est la salutation et la réponse coutumière des Polonais. On l'entendra partout lors d'un voyage à travers le pays. Le paysan ôtera toujours son chapeau de façon vraiment aimable, quand de fait il salue un noble ou un étranger.
On ne peut dire que le paysan polonais brille intellectuellement. En ce domaine peu de paysans le font, car ils ont peu eût l'opportunité de développer leur intellect. En conséquence, il impressionne comme étant plutôt lent à la fois en pensée et en action. Mais il n'est pas aussi lent que le paysan russe, et il a plus d'indépendance d'esprit et d'action que son frère slave. Cette qualité s'approche parfois de l'indiscipline, comme l'Autocrate Russe l'a expérimenté dans maintes occasions. On observera de la verdeur, mais rarement de la grossièreté ou de la vulgarité. On dit qu'il n'y a même pas d'argot dans le langage. C' est généralement un individu qui se respecte, même s'il est pauvre, et il a beaucoup de vrai bon sens.
Le paysan polonais, comme le Moujik russe, est essentiellement un cultivateur de la terre, car les Polonais ont toujours été un peuple agraire. Cela a été son occupation durant toutes les générations précédentes et cela continue d'être encore au sommet de ses ambitions. Sa conversation c'est l'agriculture et la plupart de ses joies sont reliées aux différentes saisons. Il aime vivre ainsi proche du cœur de la nature. C'est seulement en Pologne russe que le paysan a été attiré en grand nombre vers les villes. Il est contraint de vivre simplement, car sa situation financière ne lui permet pas le luxe. L'essentiel de sa nourriture pousse dans son propre jardin ou dans ses champs. Les pommes de terre sont l'aliment de base, et le chou est presque aussi important. Les haricots, les Comes et les betteraves s'ajoutent aussi à son garde-manger. Le chou est beaucoup utilisé pour faire d'épaisses soupes très appréciées, et une soupe est aussi faite de betteraves rouges. En été son vêtement est simple, constitué uniquement d'une mince chemise et de pantalons, mais en hiver s'ajoute un manteau en peau de mouton retournée. Contre le temps froid , aux pieds nus s'ajoutent des bottes grossières, et pour la tête nue un chapeau.
Le sort des femmes, toutefois, est particulièrement dur, comme dans toutes les races slaves, et ceci est notable à travers toutes les provinces polonaises. Elles font plus que leur part du travail familial. Parfois, on peut voir plus de femmes que d'hommes dans les champs et alors distinguer un kaléidoscope de couleurs. Le bleu, le vert, le jaune, l'or et l'argent se mêlent en accords variés. Leur jupe relevée, dévoile au regard un brillant jupon.
Une femme est surtout appréciée pour le travail qu'elle peut faire et l'on attend qu'elle assume également une famille de nombreux d'enfants. Pour un homme dire que sa femme travaille davantage qu'un cheval, ou même deux, est considéré comme le sommum des compliments. Ce n'est pas étonnant qu'une fille naturellement attrayante vieillisse et se dégrade vite. Un dur travail avec peu de plaisirs, la charge d'une famille nombreuse et le manque d'égard à ses propres attraits laissent inévitablement leurs empreintes sans attendre beaucoup d'années. Par conséquent beaucoup de ces femmes polonaises ont l'air défaites et vieilles avant même d'avoir passé la troisième décennie de leur vie.
Il y a en effet peu de points lumineux dans la vie d'une jeune paysanne polonaise après le mariage. Dans leur jeunesse, certaines filles sont très attirantes et elles ont l'air tout à fait charmantes dans leurs pittoresques costumes nationaux ce qui est encore courant en Galice. Elles marchent généralement pieds nus en été, car les bottes coûtent de l'argent. Parfois, elles transportent leurs bottes quand elles vont à l'église pour seulement les mettre juste avant d'entrer dans le sanctuaire.
« Les femmes travaillent-elles sur voies ferrées comme cheminots ?» demandai-je à un autre passager du train en Galice. J'avais vu des groupes de femmes le long de la voie avec une pioche et une pelle à la main, mais j'avais peine à croire qu'elles puissent accomplir la rude besogne de cet emploi !
« Oui, et elles font le travail mieux que les hommes » me répliqua-t-il.
À Cracovie, je les ai vues transporter du mortier pour les maçons et les plâtriers, où de nouveaux bâtiments étaient en construction. Elles bêchaient des parterres de fleurs dans les parcs et faisaient le travail aussi bien qu'un contre-maître masculin aurait pu le faire. Elles peuvent accrocher du papier ou peindre une maison. Cela ne faisait aucune différence qu'elles fussent trois femmes ou une douzaine à travailler ensemble, et il y avait toujours un homme qui ne faisait rien d'autre que les surveiller. Le long des routes, on peut les voir transporter de lourds paquets ou pousser des brouettes surchargées. Partout on peut les observer faisant un travail qui implique une force physique considérable.
(*NB :* L'autocrate russe c'est ici le Tsar ou son représentant...)
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Très intéressant En effet aujourd'hui la plupart des gens, même les Polonais de la x génération, pensent que les Polonais sont des mineurs alors que la majorité étaient des paysans qui se sont reconvertis.
La France aussi était une terre paysanne ( avant la révolution industrielle ) toutes les personnes qui ont fouillé un peu les archives généalogiques le savent Nos ancêtres étaient des paysans, certain des paysans sans terre , travaillant comme journalier en fonction des saisons Il en va de même pour les Polonais avec en fonction des époques des variations selon les régions et les partages .
On avait parlé un peu de l'histoire de la cuisine polonaise sur le site ( https://beskid.com/histoire-cuisine/ ) avec une multitudes d'influences en fonction des régions et des époques
On remarque aussi cette paysannerie dans l'art polonais avec beaucoup de tableaux représentant les travaux dans les champs de betteraves dans les parties orientales de la Pologne de l'époque
Pas mal de code actuels sont cassés, la Pologne a une histoire passionnante qui ne se résume pas au cours des siècles précédents à une immigration , à une cuisine, à un peintre, à un métier , et même à un seul peuple .
Je dirais que c'est une très bonne approche qui mérite d'être continuée
Citation de: Stephane le 21 Août 2024 à 00:38:49Très intéressant En effet aujourd'hui la plupart des gens, même les Polonais de la x génération, pensent que les Polonais sont des mineurs alors que la majorité étaient des paysans qui se sont reconvertis.
La France aussi était une terre paysanne ( avant la révolution industrielle ) toutes les personnes qui ont fouillé un peu les archives généalogiques le savent Nos ancêtres étaient des paysans, certain des paysans sans terre , travaillant comme journalier en fonction des saisons Il en va de même pour les Polonais avec en fonction des époques des variations selon les régions et les partages .
On avait parlé un peu de l'histoire de la cuisine polonaise sur le site ( https://beskid.com/histoire-cuisine/ ) avec une multitudes d'influences en fonction des régions et des époques
On remarque aussi cette paysannerie dans l'art polonais avec beaucoup de tableaux représentant les travaux dans les champs de betteraves dans les parties orientales de la Pologne de l'époque
Pas mal de code actuels sont cassés, la Pologne a une histoire passionnante qui ne se résume pas au cours des siècles précédents à une immigration , à une cuisine, à un peintre, à un métier , et même à un seul peuple .
Je dirais que c'est une très bonne approche qui mérite d'être continuée
Bonjour et merci de votre gentil intérêt.Je rejoins votre approche. Il reste toujours beaucoup à découvrir.
En cherchant beaucoup et dans chaque branche, car toutes sont dignes d'intérêt (j'ai quasi 55 ans de recherche généalogique amateur derrière moi) et ce dans diverses provinces de France et divers royaumes européens (catholiques, luthérien, calviniste) on s'aperçoit à cause des conflits durant des siècles que nous sommes tous issus d'une saga invraisemblable. Je dis souvent en riant (mais c'est presque toujours vrai), que tous nous sommes fils et fille d'un prince, d'un pendu, d'un saint et d'un fou, et parfois la seule ou le seul survivant de gens vite enterrés.
En attendant voici la suite sur les Paysans polonais de 1913 Partie des coutumes paysannes davantage connues.
Bien cordialement. Genpolerika
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Suite et fin de ma traduction de l'extrait from "Poland of To-Day and Yesterday" by Nevin O. Winter(1869-1936). Publication L. C. Page and Company, 1913.
Cf. site web tota.world (TOTA Curated Archives ) intitulé "Polish Peasants 1913" ***
"De charmants villages sont éparpillés partout à travers la Pologne, puisque c'est là que demeurent les paysans. En particulier les villages s'avèrent intéressants les dimanche et jours de Fête, lorsque les costumes sont de sortie. Dans les faubourgs de Cracovie et de Lemberg, il y a des maisonnettes au toit de chaume, aussi simples et rustiques que celles qu'on peut trouver dans le village le plus reculé, de même que les rues et les commodités sanitaires sont tout autant négligées. Les chalets sont généralement faits de pierre ou de planches plâtrées ensuite recouvertes d'une couche de chaux. Le toit d'éteule est souvent couronné de mousse verdoyante, ce qui ajoute à son aspect pittoresque, sinon à sa salubrité.
L'intérieur est généralement divisé en deux pièces. Dans une pièce, la famille entière vit, mange et dort; dans l'autre, dans un contentement plus ou moins tapageur, vivent vaches, cochons, poulets et oies. Aucun foyer ne serait complet sans un certain nombre d'oies. Dans nos villes américaines, il est souvent difficile de persuader les immigrés polonais de renoncer à garder certains de ces volatiles. Ils veulent les plumes autant que la chair. Autour de la maison, on peut infailliblement voir un certain nombre d'enfants s'amuser, car les Polonais sont un peuple prolifique.
Une douzaine, vingt ou trente de ces cottages, chacun séparé par un petit jardin, forment un village. Quelques arbres ajoutent de l'ombre et de la beauté au paysage. Une longue perche, équilibrée au centre, forme le levier à balancier qui sert à tirer l'eau du puit. Les paysans d'un village élisent un fonctionnaire, un peu selon la stratégie communiste des paysans russes, et lui parmi eux se comporte comme une sorte de petit châtelain.
S'il y a une jeune fille à marier dans la maison, le linteau de la porte et les encadrements de fenêtres sont ornés de petites mains irrégulières, qui sont l' annonce au jeune prétendant de pouvoir trouver une épouse à l'intérieur. Le jour du mariage est un moment unique et radieux dans la vie de la jeune fille, puisqu'il est l'occasion attendue de festivités, et la cérémonie elle-même est très pittoresque. Il y a le concert des paysans musiciens qui interprètent leurs morceaux les plus animés, et il doit y avoir une quelconque liqueur pour que chacun puisse boire à la santé de la mariée. Le village entier se retrouve dans de telles occasions. La joie et la gaieté règnent en maître pour la journée. Le propriétaire y assiste généralement, et lui et sa famille sont censés danser avec les paysans.
Il y a beaucoup de fêtes partout en Pologne, et nul peuple autre que les Polonais n'attend si impatiemment de telles occasions. A chaque jour de fête est associé une légende ou une coutume primitive. Noël est une occasion importante. Chanter des cantiques de Noël est presque universel, et les Polonais les chantent bien. Plusieurs jours auparavant les femmes s'affairent à préparer des choses pour le réveillon de Noël. Lorsque la première étoile apparaît, les parents et les enfants entrent dans la salle à manger. La table est mise aussi richement que les circonstances le permettent. Sous la nappe est déposé un peu de foin en mémoire de la naissance de Jésus dans une mangeoire. Après le partage du pain azyme (Oplatek) béni par le prêtre, on mange le souper. Puis la musique est lancée et les chants de Noël commencent.
Aussi important que soit Noël, Pâques est une période encore plus solennelle. La Semaine Sainte est une grande occasion, car chaque jour a sa propre signification. Les représentations de Judas sont soumises à toutes sortes d'outrages. Il est battu, noyé dans les étangs et brûlé. C'est un peu comme la tradition mexicaine de « faire exploser » les représentations en papier mâché de ce grand traître.
Le lundi de Pâques, les paysans se jettent des seaux d'eau les uns sur les autres en guise d'amusement. Le dimanche matin, les paysans portent des paniers d'œufs, de fromage et de pain à l'église afin de les faire bénir pour le dîner de Pâques. C'est le repas le plus élaboré de l'année avec à la fois les nobles et les paysans. Auparavant les préparatifs ont durées plusieurs jours, et la table est dressée avec l'agneau symbolique au milieu.
De nombreuses festivités suivent la saison des moissons, comme il y en a en Russie. En Podolie, une des provinces de l'Ukraine, ils ont une assez jolie coutume. Après la récolte du blé ou du seigle, la plus jolie fille est choisie par tirage au sort. Une couronne de fleurs est tissée et placée sur sa tête. Deux autres filles sont aussi sélectionnées comme ses suivantes, qui sont également décorées de fleurs. Puis en chantant sur le chemin, tous marchent vers la maison du propriétaire, où ils sont attendus. Le seigneur ou la dame du manoir ôte la couronne de la tête de la jeune fille et lui donne de l'argent, que les paysans ruthéniens s'attachent alors à dépenser en passant du bon temps à manger et boire. »
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