Alors raconte...!

Démarré par Archives, 01 Novembre 2023 à 15:36:45

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Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 03 juillet, 2018 06:34

Czołem!

Aucun souvenir de ce concours: le gruyère de mon cerveau ne s'arrange pas.
Ca n'empêche joli coup de crayon, ou de pinceau au choix.

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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 03 juillet, 2018 14:26

    Citation:
    niu-nia
    Joli souvenir d'un artiste en herbe à l'époque !


Youpiii la revoilà ! Welcome back, Cri-Cri.

Alors : toi qui reviens du pays de tes souvenirs, n'aurais-tu pas quelques anecdotes à nous raconter ?...

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Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 03 juillet, 2018 18:31

Youpi,
Aussi,
Cri-cri
Est revoili !
Oui,
Comme il a dit,
Ecris
Tes récits,
Si Tu as l'envie.


PS : Merci de tes gentilles appréciations.


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Date: 03 juillet, 2018 20:13

    Citation:
    Jean-Paul Verlaineski
    Youpi,
    Aussi,
    Cri-cri
    Est revoili !
    Oui,
    Comme il a dit,
    Ecris
    Tes récits,
    Si Tu as l'envie.


Tant de lyrisme étourdit !...

Se joignant à l'appel du poète, les roses exhalent leurs parfums, les mouches zonzonnent et les mésanges zinzinulent...

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Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 14 février, 2019 09:21

Czołem!

En complément aux souvenirs liés à Stella Plage, une anecdote parisienne.
Pan Krzyżak, qui fut le président du Stowarzyszenie Paryżskich Polskich Szkół, était aussi un "Piłsudczyk" forcené, militaire dans l'âme, résistant en Pologne de la première heure, responsable du VII Okręg Warszawski Obroża, proche de Bór Komorowski, participant à l'insurrection de Varsovie, prisonnier à Murnau et réfugié en France après la guerre.

Ne trouvant pas de travail, il vivait dans un gourbi de quelques M2 donnant sur la cour et les poubelles d'un immeuble crasseux boulevard St Mandé.
Régulièrement il venait déjeuner dans le notre de gourbi le dimanche après la messe, et repartait avec un peu de ravitaillement que lui donnait ma mère.
En plus de Piłsudski, ses héros étaient Balzac, Rodin et si l'on voyait la statue de Balzac par Rodin, cela frôlait l'émeute.
Un jour après déjeuner il nous proposa d'aller voir le musée-atelier Antoine Bourdelle (autre sculpteur qu'il adorait) situé quelque part dans le quartier Montparnasse. Il ne connaissait pas l'adresse, mais "on demandera" (le musee était situé impasse du Maine aujourd'hui rue A. Bourdelle)
Bref nous arrivons à Montparnasse non loin de la gare et du Cinéac réunis. Mon père qui parlait parfaitement le français, demande à plusieurs passants où se trouve ce fichu musée: nib macache et balpeau, personne ne sait. Là dessus débarque une caricature de titi parisien, béret vissé sur le crâne, cigarette maïs aux lèvres une autre à l'oreille, en espadrilles et bleu de travail, un filet à la main. Mon père s'approche de lui dit bonjour, soulève son chapeau et s'apprête à lui demander où se trouve le musée Bourdelle. Pan Krzyżak trouvant visiblement qu'il y avait trop de salamalecs à son goût, bondit vers le quidam, et se met à lui répéter dans son sabir: "Bourdelle! Bourdelle! Bourdelle!" Le gus nous regarde stupéfait, ma mère, mon père, moi et dit:
"Vous savez ils ont tous été fermés après la guerre"

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Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 14 février, 2019 10:46

Excellent souvenir Zoska, ce sont des choses qui marquent et c'est tellement vrai. A l'inverse cela me rappelle mon tonton Kazik qui était venu en France, invité comme il se doit vu le protocole sympathique inventé par les dirigeants de la PRL . Nous habitions au pied ( 3 stations de métro) de Montparnasse et Tonton aimait prendre seul le métro et se balader pour découvrir Paris et ses musées. Il revint un soir et nous lui avons demandé ce qu'il avait visité pendant la journée; Il nous dit avoir été au musée Bourdelle, mais déçu, il s'attendait à autre chose, vu le nom ! Va savoir.

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Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 14:16

Czołem!

Etant en veine de récit, en voila un qui sort de mes souvenirs.

Mes parents connaissaient très bien un couple polonais qui habitait pas très loin de chez nous (Fontenay-aux Roses), à Clamart: Państwo Zbygniew i Pani Janina Z.

Pan Zbyszek homme assez massif qui boitait bas, était ce qu'on appelait un "warszawski cwaniak", possédant une gouaille incroyable, racontant mille anecdotes, (usta mu się nie zamykały) qui me faisaient hurler de rire.
Pani Janina était tout son contraire, menue, réservée, blonde, d'une blondeur tellement blonde qu'elle semblait blanche, un visage aux pommettes hautes, éclairé par des yeux d'un bleu intense.
Ils s'étaient rencontrés durant l'Insurrection de Varsovie (środmiescie), dans des conditions pour le moins particulières, du moins comme ils nous l'ont raconté à mes parents et à moi.
Pan Zbyszek fut blessé par l'explosion d'un grenade dont les dizaines d'éclats constellèrent sa jambe et lui brisèrent la rotule.
Une jeune "sanitariuszka" se précipita pour le tirer hors de la zone de feu et pour lui porter les premiers secours. Voyant qu'il perdait son sang avec abondance, elle voulut lui retirer son pantalon afin de voir ses blessures, ce qu'il refusa avec l'énergie du désespoir, se cramponnant à deux mains à sa ceinture.
La "sanitariuszka" n'eut pas d'autre solution que de couper le pantalon avec des ciseaux, constater la gravité des blessures et lui poser les premiers pansements avant de l'évacuer vers un "punkt sanitarny".

C'est ainsi que Pan Zbyszek et Pani Janina firent "connaissance".
Pani Janina n'était pas seulement "sanitariuszka" mais servait également d'agent de liaison quand cela était nécessaire. Une photo paru dans un recueil de photos prises durant l'Insurrection: "Powstanie Warszawskie 1944 Okiem Polskiej Kamery". La photo se trouve en 4ème de couverture et la montre échevelée portant son sac en bandoulière sur le ventre demandant son chemin à un "powstaniec". Si je pouvais je la mettrai sur ce sujet mais hélas mille fois hélas...
Après l'Insurrection ils furent envoyé en camp de prisonniers, Pan Zbyszek à Murnau (selon ses dires) et Pani Janina à Oberlanger je crois.
J'ignore comment se sont-ils retrouvés en France, mais le fait est. Pan Zbyszek avait le statut d'invalide de guerre. Il marchait en s'aidant d'une canne et quand un des éclats qu'il avait dans la jambe (la gauche je crois) sortait parfois, il le récupérait avec une pince à épiler et le mettait dans un sorte de petite bourse.
Pani Janina qui avait reçu dans la résistance une formation complète d'infirmière, travaillait à l'hôpital de Clamart.
Ils avaient deux enfants, un garçon Jacek, et une fille Małgosia.
Jacek étéit un grand gars blond et dégingandé sorte de Grand Duduche, qui avait une passion pour le cinéma qui le faisait souvent sécher les cours pour pouvoir visionner tous les films possibles et imaginables. Il notait dans un cahier la date et le titre du film qu'il avait vu, le noł du cinéma, collant le ticket d'entrée, le nom du metteur en scène des acteurs avec leur rôle, la musique et ce qu'il pensait du film.
Une fois Jacek est venu à Stella Plage. La dernière fois que je l'ai vu, c'était à l'occasion de l'oral du bac rue de l'Abbé de l'Epée, où nous passions polonais en deuxième langue avec Pani Galęzowska la bibliothécaire de la Bibliothèque Polonaise de Paris.
Jacek à fait son chemin depuis: il écrit sous un pseudonyme, et est critique de cinéma dans un célèbre hebdomadaire.
Małgosia, que je connaissais moins car un peu plus jeune, s'est exilée aux US où elle est interprète de conférence.
Pani Janina est morte à la fin des années 90. Elle avait souhaitée être enterrée avec son "uniforme" de l'Insurrection qu'elle avait réussit à conserver. Malheureusement une "amie" lui demanda de le lui prêter, ce qu'elle fit et selon ma mère cette "amie", le vendit apparemment pour boire.
Pan Zbyszek qui était retourné en Pologne, y est décédé en 2015.

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Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 14:46

Y a qu'à demander :


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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 15:18

Si c'est elle, j'avais trouvé la même ici : https://www.olx.pl/oferta/powstanie-warszawskie-1944-okiem-polskiej-kamery-CID751-IDvLJnr.html.

Très beaux souvenirs et belle histoire, Г. Командир, mais quelle fin navrante pour l'uniforme de Janina.

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Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 17:07

Dzięki Chłopaki!!!!

Je savais que je pouvais compter sur vous même en ne demandant rien.
En effet c'est bien elle. La première fois que ce j'ai vu cette photo c'est dans "Stolica" avec la mention "nieznana łączniczka" que Pani Janina se garda bien de démentir par crainte de "représailles" envers sa famille restée en Pologne.

Certaines mauvaises langues ont prétendu par la suite que ce n'était pas elle, (Pani Janina ne se souvenait absolument pas qu'elle avait été prise en photo, et encore moins de l'endroit) mais quand on la connaissait bien il n'y a pas photo...
Et oui Panie Rotmistrzu, navrant, si tant soit est que "Mamusia" m'ait raconté la vérité. Cela étant dit, je ne vois pas pourquoi elle aurait inventé cette misérable histoire.
Pani Janina et elle étaient proches, en particulier à la fin de sa vie où ma mère allait souvent la voir à Clamart, et c'est après décès de Pani Janina qu'elle me la raconta.

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Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 18:11

En direct des archives secrètes de Zoska et de sa demande polie ;

La photo non tronquée de Pani Janina :

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Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 22 avril, 2019 19:03

Aaaaah JP!!!! Quelle maestria j'en reste baba.

En tous cas merci pour la mémoire de Pani Janina.

Elle travaillait (harowała) dans tous les services de l'hôpital de Clamart, car sa formation dans l'AK, lui permettait d'être aux urgences, en chirurgie, ou comme infirmière à donner les médocs ou faire des piqures.

Elle nous raconta qu'un jour on lui confia un ouvrier portugais tombé d'un échafaudage et qui avait de multiples fractures. Apparemment portugais/polonais pour certains c'était la même chose.
L'histoire se passait au début des années soixante. Le pauvre hère souffrait beaucoup et parlait à peine le français. A l'époque point de morphine pour le soulager juste des suppositoires pour calmer la douleur. Pani Janina qui n'était pas non plus au mieux question français lui refilait matin midi et soir les supos en question et le gars de lui dire "Pas bono Madame, pas bono".
Ce n'est que quelques temps après qu'elle se rendit compte qu'il avalait ses supos au lieu de se les mettre à l'endroit prescrit.
J'avais éclaté de rire à ce récit, mais Pani Janina avait calmé mon hilarité en m'expliquant que son patient venait d'un coin paumé du Portugal de l'époque (Salazar) et qu'il n'y avait aucun motif de se moquer de ces pauvres gens qui venaient en France pour vivre à la sueur de leur front tout comme les Polonais avant guerre. Dont acte.

Dzięki Pani Janino.

Archives

Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 23 avril, 2019 00:10

    Citation:
    Jean-Paul + zoska44
    En direct des archives secrètes de Zoska et de sa demande polie ;
    La photo non tronquée de Pani Janina :


Entretemps, après avoir feuilleté plusieurs ouvrages dans ma bibliothèque, j'avais retrouvé cette photo dans un des livres sur¨le Soulèvement de Varsovie...

https://nsa40.casimages.com/img/2019/04/22/mini_19042211554372855.jpg
(incidement comme source il est indiqué
fot. Wikimedia Commons Public Domain)

https://nsa40.casimages.com/img/2019/04/22/mini_190422115321133014.jpg
... acheté au musée du même nom à Varsovie lors du 60ème anniversaire (fort gros ouvrage archi-documenté)

Archives

Posté par: zoska44 (IP Loggée)
Date: 23 avril, 2019 06:34

Czolem!

En "refarfouillant" dans mes archives, la photo telle que publiée dans "Stolica" était l'oeuvre de Jerzy Tomaszewski "Jur" un des photographes officiels de l'AK durant l'Insurrection. On lui doit quelques 30 000 photos prisent durant toute l'occupation.
Il est mort à Varsovie en 2016.

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Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 23 avril, 2019 06:43

Cette anecdote m'en rappelle une autre.
En 1989, j'ai fait la connaissance des Polonais grâce à qui je suis tombée dans la marmite de la Pologne. C'étaient Marcel, qui parlait bien français, et Piotr qui ne parlait que polonais. Nos échanges à Piotr et moi étaient donc très limités. Je les avais pris en stop, invités à passer la nuit chez nous, et ils sont finalement restés un mois, le temps des vendanges.
Piotr s'étant enrhumé, il m'avait montré par geste qu'il avait mal à la gorge. Dans ma pharmacie familiale, je n'avais que des suppositoires contre le mal de gorge (ce qui a toujours fait rire mon homme, "m'enfin, c'est à la gorge que j'ai mal, pas là !" mais c'est une autre affaire). Je présentai la boîte de suppo à Piotr, il l'ouvrit, vit la forme de l'objet, et fit un geste interrogatif vers sa bouche. Je dus répondre par le geste adéquat pour le remettre dans la bonne direction.
Ce qui me rappelle un cas similaire : une Française de ma connaissance ayant des ouvriers Polonais chez elle, les avait accompagnés à la visite médicale d'embauche. Pour leur faire comprendre qu'il fallait uriner dans le bocal, elle dut mimer le geste, rouge de confusion.

Mik