Kto zyl w PRL-u ? Qui a vécu en RPP ?

Démarré par Archives, 02 Novembre 2023 à 13:33:46

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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 02:27

En 1973, j'emmène mon amoureuse (française) faire le tour de la Pologne en voiture pour lui monter que c'est un beau pays. Mauvais plan hélas !

Les emmerdes ont commencé à la frontière, et se sont poursuivis à peu près dans toutes les villes traversées. Mais j'ai gardé un souvenir impérissable d'Olsztyn.

Nous passons une nuit dans le grand hotel de la ville (j'ai oublié le nom) et le matin nous prenons notre petit déjeuner au soleil. A côté de nous, une bande de lascars parlent en français. On se rapproche, on sympathise, on se tutoie et on discute. C'était une équipe de cascadeurs automobiles de Marseille dirigés par Gilles Legris ; ils terminaient en Pologne un périple de 3 mois à travers les pays de l'Est. En Pologne ils avaient fait des spectacles dans tous les grandes villes.

Imaginez, dans la Pologne d'alors : ces mecs faisaient les marioles sur deux roues et cassaient des bagnoles devant des milliers de spectateurs dans des stades archi-combles ! Le revers de la médaille, c'est que partout ils accumulaient des emmerdements comme on en rencontrait à l'époque.

- Jean, t'aurais pas un jean's à me vendre, hier on m'a piqué ma valise ? — Jean, t'aurais pas une clef à molette, on ma barboté tous mes outils, etc, etc.

Dans toutes les villes où ils étaient passés, on leur avait piqué des roues, des ceintures de sécurité, des pièces détachées sur le camion porte-voitures, des pneus et un tas d'autres choses. Parfois ils avait attrapé les voleurs et leur avaient foutu une tannée, la milice s'en mêlait et c'est eux qui se retrouvaient au poste, et ainsi de suite... Parfois ils s'étaient même castagnés avec la Milice. Les cascadeurs marseillais, à la fin, fallait pas trop les gonfler !

- Jean, tu parles polonais ? Super ! Es-ce que tu peux nous servir d'interprète, on a viré l'officiel qui nous avait été attribué.

Effectivement, ce nuisible était aussi un mouchard (UBek...) qui rapportait tous leurs faits et gestes à la Milice. Alors que ce parasite profitait grandement de la grande vie que menaient les gars ; grands hôtels, grandes bouffes, pluies de jeunes filles et flots de wodka.

Le lendemain, autre tuile : Alain, le fils de Gilles Legris craignant une arrestation avait filé à Varsovie pour prendre le premier avion pour la France (on a su par la suite qu'il avait été arrêté à l'aéroport). Manquait un gars pour assurer certaines cascades.

- Jean, ça nous arrangerais si tu pouvais remplacer Alain pour le spectacle ; c'est pas difficile on va t'apprendre !

Le show avait lieu l'après-midi, une belle fin de journée de juillet. Des milliers de spectateurs étaient déjà arrivés la veille, et comme j'ai pu le constater par la suite le stade d'Olsztyn était plein comme œuf ! Pensez ! Des furieux qui massacrent des bagnoles — des Français en plus...

... à suivre

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Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 07:55

Oh là là, suspense... la suite ! la suite !

Mik

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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 14:29

... la suite ce soir, promis, (je reclasse mes souvenirs dans l'ordre)

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Posté par: niu-nia (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 16:28

Super histoire !!!! Quelle aventure !!!!

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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 21:46

(...) Le show avait lieu l'après-midi, une belle fin de journée de juillet. Des milliers de spectateurs étaient déjà arrivés la veille, et comme j'ai pu le constater par la suite le stade d'Olsztyn était plein comme œuf ! Pensez ! Des furieux qui massacrent des bagnoles — des Français en plus...


SUITE

La veille, Gilles Legris et ses gars avaient construit et installé dans le stade divers structures en planches ; des accessoires pour les cascades. Depuis le matin, les voitures avaient été alignées au centre du stade : des Peugeot 404, des Simca Ariane, Vedette, (Chambord, Beaulieu) et les mécaniciens de l'équipe s'affairaient dessus pour les préparer. Ces voitures n'avaient pas de pots d'échappement , le bruit infernal faisait partie du spectacle. Un peu avant l'heure, avec les cascadeurs, nous pénétrons dans le stade... accueillis par une ovation et une clameur immense... un truc énorme, inoubliable. Mais là... horreur ! La piste n'a pas été arrosée comme Gilles l'avait demandé, afin d'assurer l'adhérence des véhicules. Pas moyen d'annuler, alors advienne que pourra et le show débute à donf , avec un enchainement ininterrompu de cascades époustouflantes.

Arrive le moment de la cascade à laquelle je dois participer : je monte dans une 404, côté passager, une palette en bois protège le pare-brise ; Gilles Legris vêtu d'un casque et d'une vielle combinaison rembourrée s'allonge à plat ventre sur le capot, les jambes écartées, une corde à chaque cheville. Dans la voiture, vitres ouvertes , avec le conducteur nous retenons ainsi Gilles par le bout des cordes. A 100 m devant nous, dans la ligne droite une haute structure en bois à clairevoie qui supporte un mur vertical de paille. On doit accélérer et passer à travers. Fastoche ! Sauf que en quelques secondes c'est devenu un immense mur de feu et on fonce dedans avec Gilles sur le capot.

C'est effrayant, je n'en mène pas large et je me dis — « Nom de Dieu, dans quoi est-ce que je suis laissé embringué ! J'étais parti pour visiter la Pologne peinard avec ma blonde et me voilà dans ce cercueil roulant avec cette bande de zozos ! » Finalement on passe à travers la structure enflammée, quelques mètres encore et le conducteur freine en catastrophe ; les cordes servent justement à retenir Gilles pour ne pas qu'il soit projeté en avant et passe sous la voiture. Gilles est d'ailleurs en train de brûler ! Quand la voiture s'arrête enfin, on lâche les cordes et il roule sur le sol ; un cascadeur l'attend avec un extincteur.

C'était la cascade finale du show, le stade est debout, en délire ; nous sommes au centre et des centaines de gens se précipitent pour demander des autographes... une demi-heure après il reste encore des milliers de gens dans le stade qui nous regardent.

http://nsa33.casimages.com/img/2013/03/23/130323092834837066.jpg
En Pologne - L'equipe Legris devant 250.000 spectateurs
(source : http://legris-cascadeur.skyrock.com/1.html)
... à Olsztyn, ça ressemblait exactement à ça.


Gille Legris, c'était un fringant jeune homme de 50 ans à la crinière blanche, petit et mince ; un homme généreux et attachant. Il m'avait prévenu — « Notre contrat avec le gouvernement polonais se termine avec ce dernier spectacle à Olsztyn, à 17 h précisément ; reste toujours à côté de moi pour traduire car désormais nous ne sommes plus à l'abri et je crains qu'à partir de maintenant nous n'ayions un GMC d'emmerdes. »

Et effectivement, dans le stade encore à moitié plein, nous voyons s'avancer vers nous une imposante délégation d'emmerdes en uniformes de la MO, officiers en tête. Sachant tous les accrocs que les cascadeurs avaient eu à travers la Pologne, je me suis dit
— « Aïe aïe aïe, voilà l'addition ». Je me poste à côté de Gilles, on respire bien à fond, et, l'air innocent on attend que le mec plein de galons avec sa tronche oblique commence sévèrement sa tirade...

- « Kim tutaj jest kierownikiem zepolu ?... »


(à suivre... )

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Posté par: niu-nia (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 22:02

...tu nous tiens en haleine Jean !!!!

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 23 mars, 2013 23:55

niu-nia a écrit:
-------------------------------------------------------
> ...tu nous tiens en haleine Jean !!!!
>
> Merci


Ouais !!! ça, c'est pas sympa !!!! ... bon, avec des récits comme ça, faut vite que je fasse une rubrique. ( enfin vite avec moi, faut quand même pas exagérer mais disons qu'il faut que je me secoue un peu parce que ça, c'est du lourd !!!!

Remarque un jour il faudra que je vous raconte comment avec trois copains on a saoulé des flics polonais alors qu'ils étaient en plus en service. ( et certainement chargé de nous surveiller)

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Posté par: niu-nia (IP Loggée)
Date: 24 mars, 2013 00:40

...et moi, comment en Août 1988, en plein "évènements", je me suis fait confisqué mon appareil à photos, parce que le "bec enfariné", je "shootais" des choses "interdites"..."parce que moi je suis libre" avais-je osé dire...Cela a été "limite" pour moi, mais surtout pour les amis qui me recevaient à Varsovie, et qui souhaitaient rester discrets !

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Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 24 mars, 2013 11:27

Aïe aïe aïe, je crains le pire...

Mik

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Posté par: Elżbieta (IP Loggée)
Date: 24 mars, 2013 12:25

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Posté par: Vendôme (IP Loggée)
Date: 24 mars, 2013 23:38

(...) Et effectivement, dans le stade encore à moitié plein, nous voyons s'avancer vers nous une imposante délégation d'emmerdes en uniformes de la MO, officiers en tête. Sachant tous les accrocs que les cascadeurs avaient eu à travers la Pologne, je me suis dit
— « Aïe aïe aïe, voilà l'addition ». Je me poste à côté de Gilles, on respire bien à fond, et, l'air innocent on attend que le mec plein de galons avec sa tronche oblique commence sévèrement sa tirade...

- « Kim tutaj jest kierownikiem zepołu ?... »



SUITE

En Hongrie, Gilles Legris, éternel jeune homme de 50 ans, la coqueluche des jeunes filles, était tombé raide bleu d'une petite brunette aux yeux bleus ; à tel point qu'il avait bricolé une cachette sur le camion porte-voitures pour lui faire passer le Rideau de Fer. Un truc de fou — mais ô combien grandiose ! Ainsi était le personnage ; ça avait foiré (sur dénonciation) mais il s'était promis de retourner la chercher. Ce qui ne l'empêchait guère, lui et ses casse-cou, d'avoir une consommation immodérée de jolies groupies polonaises.

Je crois que c'est surtout ça qui leur a valu tant de jalousie et d'animosité de la part de la nuée de mouchards qui parasitaient leur entourage. Les incidents dans diverses villes auraient pu passer à la trappe, car l'équipe était l'invitée du gouvernement polonais, et je crois me souvenir que cette tournée dans les pays de l'Est avait été favorisée par des liens personnels entre Gilles et des personnes influentes au sein du PCF. Mais toutes ces jolies filles... Nonobstant sa gentillesse et sa sensibilité romanesque, Gilles Legris n'en était pas moins un mec sur les pompes duquel fallait pas trop s'avanturer.

— « Kim tutaj jest kierownikiem zepołu ?... »

Je désigne respectueusement le bonhomme au galonné, qui me demande qui je suis - je me présente - et quels sont mes titres et qualités d'interprète ; déjà ça se présentait pas bien. J'explique que je fais du tourisme, que Gilles est un ami et que, par hasard, je passais par Olsztyn, et que par le fruit du même hasard, j'étais descendu dans le même hôtel, etc. Mauvaise tirade en vérité, même moi en m'écoutant je trouve ça louche ! Le regard suspicieux du mec semblait dire : — « Obywatlu, opowiedz to swojej babci ».

— « Dokumenty proszę! ».

Houlà ! Je lui donne mon passeport, il y jette un coup d'œil rapide et le tend à un gazier qui part avec, ce qui m'inquiète un peu. Le milicien commence à expliquer qu'il est là pour remettre en mains propres à Gilles les citations à comparaitre émanant de différentes villes où étaient passés ces mauvais chrétiens : — « Prokurator Katowice, prokurator Kielce, Radom, Lodz, Warszawa, Bydgoszcz... » La liste est impressionnante. Plus je traduis plus je sens que coté Legris ça va bouillir. Je traduis, je traduis... il a perdu son sourire, et c'est parti.

- « Jean, surtout tu traduis bien tout c'que je dis hein !... Dis que je leur ai fait gagner énormément d'argent avec mes spectacles et c'est comme ça que la Pologne me remercie, en nous traitant comme des voyous devant des milliers de spectateurs ! Moi je suis venu ici pour faire plaisir aux gens, montrer des spectacles qu'ils n'avaient jamais vus de leur vie à la con, on a eu des emmerdements à n'en plus finir dans toutes les villes de Pologne, et voilà comment vous vous comportez avec nous ! (... il commence de plus en plus à ressembler au Capitaine Haddock quand il est en colère); plus jamais je ne remettrais les pieds dans votre pays de m... (Il s'agit de la PRL), bande de salopards ; c'est un pays de voleurs, de tziganes, d'alcoolos... ». J'abrège car il en a vraiment rajouté une méchante tartine et il avait les larmes aux yeux de dégoût. Je serais rentré dans un trou de taupe, mais vaillamment je traduis :

— « Monsieur le Commandant, avec tout le respect dû à votre auguste rang, monsieur Legris proteste respectueusement , et, non moins respectueusement, il souhaite souligner à Votre Excellence que tout ceci semble quelque peu excessif ; qu'on aura dû mal informer Votre Seigneurie, et si ce n'est abuser de votre bonté il prie votre Altesse de daigner considérer son étonnement légitime quand à la teneur des allégations qu'au aura rapporté à Votre Eminence : jamais , au grand jamais, aucun qualificatif déplacé n'aura été prononcé à l'encontre de la RP de Pologne, pays et régimes chers au cœur et Monsieur Legris... Soyez assurée, Votre Sainteté, de la profonde admiration que les ouvriers cascadeurs français portent au valeureux peuple de Pologne dans sa glorieuse marche vers l'édification du socialisme » - etc., etc.

Ce fut un grandiose exercice de lèche, de cirage de groles avec passage de pommade à la spatule et frottage de galons au Mirror. Gilles me regardait dubitatif : — « Alors ? Qu'est-ce qu'y dit, qu'est-ce qu'y dit ?... », — « T'inquiètes, c'est pas grave, il est juste venu avec son armée pour te remettre les assignations ». J'avais une mine impénétrable d'avocat véreux. Mais, j'étais intérieurement tellement stressé que je n'ai aucun souvenir de la manière dont cette entrevue s'est terminée. Aujourd'hui encore je me demande pourquoi les marioles de la Milice étaient venus en force ; peut-être que ceux qui s'étaient fait taper dessus les avaient mis en garde contre ces furieux gaulois ?!

A un moment, le sous-fifre qui avait embarqué mon passeport était revenu avec et en avait montré une page à son chef ; alors les deux s'étaient mis à me regarder comme si j'avais des grandes oreilles de Mickey sur la tête...

Sur mon passeport il était marqué, en polonais, de la main même du consul de la PRL à Lille et dûment tamponné : Le détenteur du présent passeport est autorisé à amener en Pologne, une carabine à répétition de marque Winchester, numéro xxxx, calibre xxx, ainsi que deux boites de munitions pour un total de xxx. Dans l'affaire ça m'était sorti de la tête ; là j'envisageais le pire et l'épilogue dans Trybuna Ludu : Olsztyn - Un espion de l'Emigration, à la solde de l'impérialisme yankee arrêté par la Milice alors qu'il s'apprêtait à tirer sur la foule au milieu d'un stade !

J'ai pensé à mon break R12 bleu ciel, stationné avec les autres au milieu du stade. La blonde dedans était mienne, mais pas la bagnole : c'était une voiture de fonction.

Et sur la custode arrière, une jolie carabine avec mécanisme en maillechort et bois précieux, réplique du modèle de 1888 ; achetée chez Manufrance ; de calibre 22 long riffle certes, mais létale avec ses 12 projectiles dans le tube... Le calibre préféré des gangsters américains et du NKVD à Katyn. Cette arme était maudite : elle m'avait déjà valu une aventure peu banale avec les gardes-frontières est-allemands...

(À suivre )

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 25 mars, 2013 00:24

Vendôme le jour où je cherche un traducteur qui ne respecte pas les pensées de l'auteur, je penserais à toi "Mort de rire"

Pas un seul K

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 25 mars, 2013 11:23

J'ai été pour la première fois en Pologne en 92, donc pas sous PRL, une époque de transition, j'ai vu par contre à cette époque tous les films de PRL, sex misja ou les 3 sami swoi, bien que particulièrement polonophile, ça me passe à 10 000 metres, pas de filling, les jeunes polonais jusqu'à 25 ans pareil pas d'accroche.

Plus d'accroche avec la trilogie qui passe tout le temps Potop, l'equivallent pour ma generation des Fantomas et Bossu de mon enfance.

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Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 16 avril, 2013 23:12

Vendôme a écrit:
-------------------------------------------------------
>
> Et sur la custode arrière, une jolie carabine
> avec mécanisme en maillechort et bois précieux,
> réplique du modèle de 1888 ; achetée chez
> Manufrance ; de calibre 22 long riffle certes,
> mais létale avec ses 12 projectiles dans le
> tube... Le calibre préféré des gangsters
> américains et du NKVD à Katyn. Cette arme était
> maudite : elle m'avait déjà valu une aventure
> peu banale avec les gardes-frontières
> est-allemands...
>
> (À suivre )

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Puisque l'on est dans les souvenirs et que l'on parle de carabines et autres fusils, il me revient une anecdote.
C'était dans la fin des années 60 et tous les 2 ans nous allions en Pologne pour les vacances ( j'avais 16-17 ans). Mon père, chasseur du dimanche en profitait pour aller à la chasse . Pas la chasse organisée, on n'avait pas les moyens, mais le Francuski ( papa) d'un caractère jovial avait fait connaissance avec des chasseurs polonais et aussi un garde-forestier ( un vrai, perdu au milieu d'une grande foêt en mazurie, près d'un lac,° Il n' y avait pas l'électricité, les lampes à pétrole le soir et luxe suprême un poste de radio alimenté par une batterie de voiture. Pour ceux qui ne connaisse pas : poste de radio avec une seule station d'écoute : la station d'état : un bouton marche-arrêt et c'est tout, un tissu tendu sur un cadre en bois pour cacher le Haut-parleur et les lampes radio pour faire beau). Tous ces gens se comprenaient en baragouinant un allemand appris de force quelques années auparavant dans d'autres circonstances....Ambiance super même si la journée de chasse n'avait rien donnée.
Pour cela, il fallait qu'il emmène son fusil ( un calibre 12, je crois, de marque Winchester, dont il était fier. Bon, il fallait avoir les papiers en règle pour aller en Pologne, ce qui était fait via le consulat de la rue jean Gougeon, à Paris. Plus les papiers du chien ( pas de chasse) mais on allait pas le laisser tout seul à la maison.
Cela devait être la 3ème fois que l'on y allait et mon père était plus décontracté.
Alors arrivé à la frontière entre l'allemagne de l'Ouest et l'Allemagne de l'Est, on avait pris l'habitude/
Remplir des papiers pour le visa de transit, l'assurance pour la voiture, les déclarations de devise, les tampons dans les baraques en bois, les fils de fers barbelés, les vopos et cette douce atmosphère particulière qui faisait que tout semblait suspect, un rire aurait été un outrage et l'appareil photo confisqué sil été sortit de son étui. Bref: pour passer le temps ( car la queue était longue et la bureaucratie encore plus) il se mit à parler en "allemand" pour " détendre la tension latente", il devisait ainsi avec un douanier, disant qu'il allait en Pologne en vacances, etc...et pris dans son discours, il rajouta : "J'Y VAIS A LA CHASSE " !!!!!!!!!
HORREUR et branle-bas de combat : Achtung, achtung...ZABOTAGE
Faites voir votre fusil, c'est quoi, il est pas déclaré ( Où ? il n'y avait pas de consulat Est-Allemand en France, car non-reconnu) ...Combien de munitions ? et les voila qu'ils ouvrirent les boites de cartouches, les comptent, les recomptent et notent le nombre total de munitions. Papiers a remplir etc...bref un temps inimaginable à perdre, re-remplir des paperasses. Et le chien qui avait envie de pisser ;
C'est pas le tout, après la traversée en transit, avec l'heure du départ enregistrée et l'heure d'arrivée notée de l'autre côté, au cas où si des fois, on aurait voulu faire du shopping avec des Marks de l'Est que nous ne pouvions avoir ! ou du tourisme hors des autoroutes non réparées depuis la guerre.
Donc, au top chrono, arrivée à Francfort/oder en temps voulu. Et rebelote, on re ouvre les boites de cartouches, on compte et recompte, re-paperasses et hop,un bon temps plus tard : traversée du pont. Bonjour la Pologne.OUF!
Je ne vous dirais pas que mon père était soulagé, mais prudent ; il montra aussi ces cannes à pêche -( il pêchait aussi, et s'éclatait en Pologne dans la nature )- à un douanier Polonais, qui semblait très intéressé par son moulinet de lancer qui était attaché sur la galerie de la voiture. Ainsi, je vois mon père dévisser 2 trucs sur la canne, casser le fil nylon qui était enroulé et donner le fameux moulinet au douanier qui semblait ravi et qui nous fit ainsi gagner du temps et nous laissa partir, sans même parler du fusil.....
( il avait un deuxième moulinet dans sa musette de pêche )...

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Posté par: Elżbieta (IP Loggée)
Date: 16 avril, 2013 23:44

jpaul a écrit:
-------------------------------------------------------

> et luxe suprême un poste de radio alimenté par une
> batterie de voiture. Pour ceux qui ne connaisse
> pas : poste de radio avec une seule station
> d'écoute : la station d'état : un bouton
> marche-arrêt et c'est tout, un tissu tendu sur un
> cadre en bois pour cacher le Haut-parleur et les
> lampes radio pour faire beau).

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