Abrégé d’histoire des Services de Renseignements polonais

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 17 mars, 2009 11:40

Abrégé d'histoire des Services de Renseignements polonais - 1e Partie


1918-1921

Immédiatement après le recouvrement de son indépendance, la Pologne entreprit d'organiser ses forces militaires. Sous l'influence de la Mission Militaire Française, l'Etat-major Général fut scindé en départements chargés de tâches distinctes :

1er Bureau [Oddzial I] : Organisation et Mobilisation

2e Bureau [Oddzial II] : Renseignement et Contre-Espionnage

3e Bureau [Oddzialu III] : Formation et Opérations

4e Bureau [Oddzial IV] : Intendance

Le 2e Bureau, appelé familièrement "Dwójka" [Deux], fut constitué en octobre 1918, soit avant la déclaration d'indépendance de la Pologne. Initialement nommé « Département d'information de l'Etat-major Général », il était divisé en sections :

Sekcja I : informations et renseignements intérieurs
Sekcja IIa (Est) : renseignements militaires en Russie bolchevique, Lituanie, République Populaire du Belarus, Ukraine et Galicie

Sekcja IIb (0uest) : renseignement militaire en Autriche, Allemagne, France et Royaume-Uni

Sekcja III : Renseignements généraux et surveillance à l'étranger (Est et Ouest)

Sekcja IV : Rédaction des communiqués de guerre

Sekcja V : Contacts avec les autorités civiles et militaires

Sekcja VI : Contacts avec les attachés militaires et civils à Berlin, Vienne, Budapest, Moscou et Kyiv

Sekcja VII : Chiffre (c-à-d cryptologie)

Un important réseau d'informateurs à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, se développa rapidement. La situation économique du pays au cours du 19e et du début du 20e siècle étant désastreuse, des centaines de milliers de Polonais furent obligés d'émigrer. Avec l'indépendance de la Pologne, de nombreux émigrés offrirent leurs services aux agences de renseignement polonaises. D'autres, principalement des Polonais qui avaient vécu dans l'ancien empire russe et qui rejoignaient leur pays en traversant des régions meurtries par la guerre civile fournissaient des informations inestimables sur la logistique, les ordres de bataille et l'état de toutes les parties impliquées dans la guerre civile russe.

En Europe occidentale, principalement en Allemagne, France et Belgique, la Diaspora polonaise formait souvent l'épine dorsale de l'industrie lourde. Un million de Polonais, ou leurs descendants, habitaient la vallée de la Ruhr. Beaucoup d'entre eux fournirent des renseignements sur la production industrielle et la situation économique allemande ainsi que celle des pays voisins.
Après le déclenchement de la guerre polono-soviétique en 1919, les renseignements en provenance de l'Est devinrent vitaux pour la survie de la Pologne qui affrontait un ennemi de loin supérieur. Pendant la durée de la guerre, une organisation spéciale fut constituée pour centraliser l'ensemble des informations en provenance de l'Est. Cette organisation fut nommée Biuro Wywiadowcze (Bureau de Renseignement) et comprenait sept départements :

1. Organisation
2. Offensive "A"
3. Offensive "B"
4. Offensive "C"
5. Défensive
6. Propagande interne
7. Contre-espionnage

Le quatrième département, Offensive « C », devint le plus important car il collectait toutes les informations en rapport avec le front, les renseignements et des missions diverses comme le renseignement et la surveillance à « longue distance » des pays voisins de la Russie bolchevique (y compris la Sibérie qui étaient alors dans les mains des Russes 'Blancs') comme la Turquie, la Perse, la Chine, la Mongolie ou le Japon. Le troisième département, Offensive « B », contrôlait les réseaux de renseignement de la Russie d'Europe.
Des renseignements additionnels étaient obtenus grâce aux prisonniers de guerre et aux déserteurs russes qui franchissaient par milliers les lignes polonaises particulièrement après la bataille de la Vistule d'août 1920.


1921-1939

Après la guerre polono-bolchevique et le Traité de Riga, la structure et les tâches du Renseignement polonais durent évoluer afin de coller avec les nouveaux objectifs. Même si la Pologne avait vaincu les puissances qui l'entouraient dans la plupart des conflits touchant à ses frontières (particulièrement la Russie et l'Allemagne en Grande Pologne), sa position internationale était loin d'être favorable. Vers la mi-1921, une nouvelle structure de la Dwójka fut adoptée qui comprenait trois départements lesquels chapeautaient divers bureaux :

Département Organisation :

1. Organisation
2. Formation
3. Personnel
4. Finances
5. Codes internes, communication et presse étrangère

Département Archives :

1. Est
2. Ouest
3. Nord
4. Sud
5. Bureau des statistiques
6. Nationalités et Minorités

Département Renseignements :

1. Techniques de renseignement
2. Bureau central des agents
3. Contre-espionnage
4. Codes étrangers (Biuro Szyfrów)
5. Techniques de surveillance radio et d'écoutes téléphoniques
Jusqu'à la fin des années 30, l'URSS était vue comme le principal ennemi et agresseur potentiel de la Pologne. Le Deuxième Bureau mis en place un important réseau d'agents à l'intérieur même de ce pays et d'autres pays voisins de la Pologne. Au début des années 1920, les Renseignements polonais commencèrent à mettre en place un réseau en vue d'une « opération offensive ». Le Bureau Oriental (Referat "Wschód")possédait plusieurs dizaines d'agences, la plupart attachées aux Consulats polonais à Moscou, Leningrad, Kiev, Kharkov et Tbilisi.

Des « reconnaissances à courte portée » étaient effectuées par le Corps de Défense des Frontières (KOP) créé à cet effet en 1924. A plusieurs occasions, des soldats franchissaient la frontière déguisés en contrebandiers, partisans ukrainiens ou bandits. En retour, les soviétiques répliquaient par des opérations semblables sur le sol polonais. La situation se stabilisa en 1925 bien que de nouvelles missions bénéficiant de la participation d'Ukrainiens de l'UNR hébergée alors à Varsovie eurent à nouveau lieu mais de manière moins systématique.

Les efforts des Renseignements polonais de l'entre-deux guerres avaient pour but l'évaluation des forces et des moyens des principaux adversaires de la Pologne : l'Allemagne et l'URSS. Néanmoins, la récolte de ces données s'avéra inutile quand la guerre éclata en septembre 1939. De bonnes informations ne pouvaient compenser la supériorité écrasante des forces armées allemandes et soviétiques. La conquête de la Pologne ne prit que quelques semaines, ce qui était trop peu pour que les services de renseignement puissent être d'un quelconque secours. Après la chute de la Pologne, les Services de Renseignement polonais durent s'installer sur les territoires des Alliés français et britanniques.


1939-45

Jusqu'en 1939, les Services de Renseignement polonais ne collaboraient pas, comme c'était la règle, avec les Services de Renseignement d'autres pays. Une exception, partielle, concernait la France, le plus proche allié de la Pologne. Cependant, cette collaboration était plutôt tiède et évitait l'échange des informations les plus précieuses. Une exception importante concerna toutefois la collaboration de longue durée entre le mathématicien français Gustave Bertrand et le Bureau de cryptologie polonais dirigé par Gwido Langer. La situation commença seulement à changer en 1939 lorsque la guerre parut inéluctable et que la France et la Grande Bretagne s'engagèrent dans une alliance militaire formelle avec la Pologne. Le plus important résultat de ces échanges d'informations fut le transfert vers la France et le Royaume-Uni des techniques polonaises qui permettaient de casser le code de la machine Enigma.

La première réussite concernant la machine à crypter Enigma est l'œuvre du mathématicien polonais Marian Rejewski qui à la fin de l'année 1932 parvint à percer son secret. Son travail fut sans doute facilité de manière décisive grâce aux informations que lui avait fournit le Français G. Bertrand. Avec l'aide de ses collègues Henryk Zygalski and Jerzy Rózycki, tous du Bureau de cryptologie, Rejewski développa des techniques pour décrypter les messages chiffrés par cette machine.
Six ans et demi après cette première, les représentants français et britanniques de leurs services de Renseignement respectifs furent informés des travaux polonais à la conférence tripartite tenue dans l'immeuble du Bureau de cryptologie le 25 juillet 1939, soit cinq semaines avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Ceci permit d'établir les bases qui permirent les déchiffrements futurs par les Britanniques. Sans ces informations, les tentatives anglaises de décryptage auraient sans doute été retardées de plusieurs années, voire même, auraient peut-être échoué complètement.

Après l'invasion de la Pologne en 1939, pratiquement tous les membres du Deuxième Bureau s'échappèrent par la Roumanie et parvinrent à rejoindre la France et l'Angleterre. Après avoir réactivé tous les réseaux établis à travers l'Europe, ils commencèrent à collaborer avec les agences françaises et anglaises. Après la chute de la France, ils s'établirent en Grande-Bretagne.

A ce moment, l'Angleterre se trouvait dans une situation difficile et avait un besoin urgent de renseignements sur l'Europe occupée après que l'avance allemande eut désorganisé ses propres réseaux. A la suite de l'intervention personnelle de Churchill et de Sikorski en septembre 1940, la coopération entre les services polonais et anglais entra dans une nouvelle ère. Le Deuxième Bureau polonais et ses réseaux furent placés sous le contrôle partiel britannique et pendant toute la guerre travailla sous les ordres et la direction du SIS.

Dès la première moitié de 1941, les agents polonais en France fournissaient des renseignements sur les mouvements des sous-marins basés dans les ports de l'Atlantique. Les réseaux polonais en France comptèrent jusqu'à 1.500 membres. Avant et pendant l'opération Overlord, ils fournirent des informations vitales sur les forces militaires allemandes en France. Des agents travaillant en Pologne fournirent au printemps 1941 des informations sur les préparatifs allemands de l'invasion de l'Union soviétique.

Les agents polonais communiquèrent également des informations importantes sur les atrocités commises à Auschwitz et autres lieux (rapport Witold Pilecki) à l'encontre des populations juives et non-juives. Des agents polonais donnèrent aux Britanniques des informations de première importance sur les projets d'armes secrètes allemandes, comme les V1 et les V2, qui permirent de retarder ces programmes par le bombardement de la base de Peenemunde en 1943. Des réseaux polonais fournissaient aux Alliés occidentaux toutes sortes de renseignements sur l'effort de guerre allemand. Sur 45.770 rapports reçus par les Services de renseignement britanniques, près de la moitié (22.047) provenaient d'agents polonais.

Le 15 mars 1945, le Deuxième Bureau fut officiellement dissous et ses archives remises aux Britanniques. A ce moment, le Deuxième Bureau comptait 170 officiers et 3.500 agents, non compris les membres de l'Etat major. Très rapidement, une partie au moins de ceux-ci recommença à travailler pour les Anglais au cours de la guerre froide.

La contribution des Services de Renseignement à l'effort de guerre britannique fut gardée secrète à cause de la Guerre froide. C'est seulement plus tard, quand les exigences de sécurité se relâchèrent, qu'on fit mention du rôle des Renseignements polonais. Ce n'est qu'à la fin des années 1970 que fut rendue publique la contribution essentielle des Services polonais dans le déchiffrement des messages de la machine Enigma. Avant cela, on se limitait à dire que les services polonais avaient seulement été capables de « dérober » cette machine à crypter. La vérité avait pourtant été révélée auparavant dans un livre écrit par le mathématicien français G. Bertrand, puis elle fut détaillée dans les papiers rédigés par Marian Rejewski qui vécut jusqu'en 1980.

Les efforts des historiens pour avoir accès à la documentation sur les autres opérations de renseignement polonaises se sont heurtés à un mur et à des déclarations d'après lesquelles les archives polonaises intéressantes avaient été détruites par les Britanniques.

Plus récemment, les gouvernements polonais et britanniques ont commencé ensemble le décompte précis des contributions polonaises à l'effort de guerre du Royaume-Uni. Un rapport du Comité Historique anglo-polonais a été publié en juillet 2005. Il a été rédigé par des historiens et des experts de premier plan qui ont exceptionnellement eu accès aux archives des Services secrets britanniques.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 17 mars, 2009 12:03

Abrégé d'histoire des Services de Renseignements polonais - 2e Partie


1945-89

Secteur civil

Après l'occupation de la Pologne par l'Union soviétique et l'installation d'un gouvernement fantoche, les Soviétiques formèrent de nouvelles agences de Renseignement et de Sécurité intérieure. Les fonctionnaires dirigeant avaient commencé leur formation dans les services spéciaux communistes dès 1943. La même année, un groupe d'approximativement 120 Polonais avait commencé sa formation dans une école du NKVD située dans la ville de Kuybychev (maintenant Samara). A la même époque, dans les écoles du NKVD-NKGB de toute l'URSS, des centaines d'Allemands, Roumains, Tchécoslovaques et Bulgares suivaient la même formation afin de se préparer à travailler dans les services spéciaux de leurs pays respectifs.

En juillet 1944, un gouvernement fantoche polonais fut mis en place à Moscou sous le nom de Comité Polonais de Libération Nationale (Polski Komitet Wyzwolenia Narodowego) ou PKWN. Le PKWN était organisé en treize Départements (Resorty). L'un d'eux était le Département de la Sécurité Publique (Resort Bezpieczenstwa Publicznego) ou RBP, dirigé par un communiste polonais de longue date nommé Stanislaw Radkiewicz. Le plus grand et le plus important service du RBP, le Departement 1, avait pour attribution le contre-espionnage et était dirigé par Roman Romkowski. En septembre 1944, le Département 1 était devenu si pléthorique que trois nouveaux services furent créés ainsi que deux sections indépendantes. A la fin de l'année 1944, le Département de la Sécurité Publique totalisait 3.000 fonctionnaires.

Le 31 décembre 1944, le PKWN fut rejoint par plusieurs membres du gouvernement polonais en exil dont Stanislaw Mikolajczyk. Il pris alors le nom de Gouvernement Provisoire de la République de Pologne (Rzad Tymczasowy Republiki Polskiej, ou RTRP) et les Départements furent renommés Ministères.

Le Ministère de la Sécurité Publique avait à la fois la responsabilité du Renseignement et du Contre-Espionnage, de même que la surveillance des citoyens et son corollaire, la chasse aux dissidents. Il n'employait généralement pas les anciens fonctionnaires du "Dwojka" ni ne suivait les méthodes des Services de Renseignements de la Pologne d'avant guerre. Le personnel était recruté pour sa « fiabilité politique » et les recrues étaient formées et entraînées par des experts du NKVD soviétique. De plus, au cours des premières années (1945-49), des officiers soviétiques en uniformes polonais supervisaient les opérations. Après la mort de Staline en 1953 et la défection du colonel Józef Swiatlo, le Ministère de la Sécurité publique fut supprimé et remplacé par deux administrations séparées : le Comité pour la Sécurité Publique (Komitet do Spraw Bezpieczenstwa Publicznego, ou Kds.BP) et le Ministère de l'Intérieur (Ministerstwo Spraw Wewnetrznych ou MSW).

Le Kds.BP était responsable pour le renseignement et la protection du gouvernement. A partir du 3 septembre 1955 et jusqu'au 28 novembre 1956, la Direction Principale de l'Information des Forces Armées (Glówny Zarzad Informacji Wojska Polskiego), qui avait sous sa responsabilité la Police militaire et l'agence de contre-espionnage militaire fut aussi placée sous le contrôle du Kds.BP. Le MSW avait dans ses attributions la surveillance des gouvernements locaux, la Milice (Militsiya), les établissements pénitenciaires et de « rééducation », les corps de pompiers et les gardes frontières.

De nouveaux grands changements survinrent en 1956. Le Comité pour la Sécurité Publique fut supprimé et le Ministère de l'Intérieur reprit ses attributions. Le MSW assuma le contrôle de la Police politique sous le nom de Sluzba Bezpieczenstwa (SB).

De 1956 à la chute du communisme, le MSW était une des plus grandes et des plus fortes administrations. Pendant cette période, il incluait le renseignement, le contre-espionnage, les activités « anti-gouvernementales » (SB), la protection du gouvernement, les communications secrètes, la supervision des gouvernements locaux, la Milice, les institutions répressives et les corps de pompiers. Le Ministère de l'Intérieur était divisé en départements dont les plus importants étaient les premier, deuxième et troisième. Le premier avait pour attribution les opérations extérieures et le traitement des informations recueillies ; le deuxième, les activités d'espionnage tant en Pologne que dans les autres pays et le troisième s'occupait des activités « antigouvernementales » et de la protection des secrets nationaux.

Outres ses propres départements et sections, la MSW contrôlait aussi la Milice (Komenda Glówna Milicji Obywatelskiej ou KG/MO), les pompiers (Komenda Glówna Strazy Pozarnych ou KG/SP), la défense anti-aérienne territoriale (Komenda Glówna Terenowej Obrony Przeciwlotniczej ou KG/TOP), la Direction de la Géodésie et de la Cartographie (Glówny Zarzad Geodezji i Kartografii) et les services de santé (Centralny Zarzad Sluzby Zdrowia).
Le Ministère de l'Intérieur contrôlait aussi le Corps de Sécurité de l'Intérieur (Dowództwo Korpusu Bezpieczenstwa Wewnetrznego ou KBW), les Gardes frontières (Dowództwo Wojsk Ochrony Pogranicza ou KOP) et la Direction de l'information des Troupes de l'Intérieur (Zarzad Informacji Wojsk Wewnetrznych).

Jusque dans les années 1980, le Ministère de l'Intérieur employait 24.390 personnes dans les Services de Sécurité, 62.276 dans la Milice, 12.566 dans la Réserve Motorisée de la Milice (Zmotoryzowane Odwody Milicji Obywatelskiej, ou ZOMO), 20.673 dans des unités d'administration économique (Jednostki administracyjno-gospodarcze) et 4.594 dans les diverses Ecoles du Ministère, non compris les étudiants.


Secteur militaire

Le premier service spécial militaire de la Pologne d'après la seconde guerre fut créé en 1943 comme partie de l'Armée polonaise en URSS. Le premier organe destiné à s'occuper du contre-espionnage militaire était appelé Direction de l'Information auprès du Commandant en Chef de l'Armée polonaise (Zarzad Informacji Naczelnego Dowódcy Wojska Polskiego, ou ZI NDWP).

Le 30 novembre 1944, le commandant en chef de l'Armée polonaise, général Michal Rola-Zymierski, transforma le ZI NDWP en Direction Principale de l'Information de l'Armée polonaise (Glówny Zarzad Informacji Wojska Polskiego, ou GZI WP). A partir du 30 novembre 1950, le GZI WP devint la Direction Principale de l'Information du Ministère de la Défense (Glówny Zarzad Informacji Ministerstwa Obrony Narodowej, ou GZI MON). En septembre 1955, le GZI MON fit partie du Comité pour la Sécutité Publique (Komitet do spraw Bezpieczenstwa Publicznego) qui succédait au Ministerstwo Bezpieczenstwa Publicznego plus connu comme Urzad Bezpieczenstwa ou UB, et le nom fut changé en Direction Principale de l'Information du Comité pour la Sécurité Publique ou GZI KdsBP.
En novembre 1956, le GZI KdsBP fut séparé du Comité pour la Sécurité Publique, revint à son rôle initial et reprit son nom de Direction Principale de l'Information du Ministère de la Défense.
Après la réforme instituée par Wladyslaw Gomulka en 1956 et le rôle qu'avait joué le GZI dans la répression et les exécutions, la Direction Principale de l'Information du Ministère de la Défense fut supprimée en 1957 et remplacée par le Service Interne Militaire (Wojskowa Sluzba Wewnetrzna, ou WSW). Le WSW continua à fonctionner sans interruption jusqu'à la chute du communisme en tant que principal service de police militaire et de contre-espionnage.

Le premier service de Renseignements Militaires polonais d'après la seconde guerre était la Deuxième Section de l'Etat major de l'Armée populaire polonaise (Oddzial II Sztabu Generalnego Ludowego Wojska Polskiego, ou Odzial II Szt Gen LWP) et portait quasi le même nom que son précurseur d'avant guerre. Odzial II Szt Gen WP fut mis en place le 18 juillet 1945 mais son origine remonte à mai 1943 lorsque la première compagnie de reconnaissance fut créée dans l'Armée polonaise en URSS.
Entre juillet 1947 et le 5 juin 1950, la Deuxième Section militaire opéra comme partie de la structure du Ministère de la Sécurité Publique avec la branche du Renseignement civil du Département VII. Elle retourna au Ministère de la Défense le 5 juin 1950. Le premier chef de l'Odzial II Szt Gen WP fut le Colonel Gieorgij Domeradzki. Le général Waclaw Komar lui succéda en novembre 1945 puis ce poste fut occupé d'octobre 1950 à mars 1951 par un officier soviétique, Konstantin Kahnikov. Le dernier commandant de la Deuxième Section se nommait Igor Suchacki.

Le 15 novembre 1951, le Ministre polonais (?) de la Défense, Konstantin Rokossovsky, transforma la Deuxième Section de l'Etat major général de l'Armée populaire polonaise en Deuxième Direction de l'Etat major général de l'Armée polonaise (Zarzad II Sztabu Generalnego Wojska Polskiego). L'organisation interne en Sections était changée en "Directions" et le travail de renseignement touchant les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la République Fédérale allemande, la France, les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse et l'Autriche fut étendu à d'autres pays comme la Norvège, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, la Turquie et Israël.

En 1990, la Deuxième Direction fut combinée avec le Service de Renseignements militaires internes (Wojskowa Sluzba Wewnetrzna, ou WSW) afin de placer le renseignement et le contre-espionnage sous une seule structure nommée Deuxième Direction pour le Renseignement et le Contre Espionnage (Zarzad II Wywiadu i Kontrwywiadu).

En 1991, cette « nouvelle » Deuxième Direction fut renommée Service d'Information Militaire (Wojskowe Sluzby Informacyjne, ou WSI) et continua à fonctionner sous ce nom jusqu'en 2005.


1989 à 2006

Après 1989, la Sluzba Bezpieczenstwa fut supprimée par le premier gouvernement libre de la Pologne. Une nouvelle agence, nommée Bureau de Protection de l'Etat (Urzad Ochrony Panstwa, ou UOP) fut formée et composée principalement par d'anciens fonctionnaires du SB qui avaient passé avec succès une procédure d'examen. Sa mission consistait en espionnage en général et en recherche du renseignement de même que le contre espionnage et le combat contre le crime organisé de haut niveau. Il était commandé par des officiers de carrière spécialisés dans le renseignement mais était supervisé par un fonctionnaire civil du gouvernement : le Coordinateur des Services Spéciaux.

L'agence échappa le plus souvent à l'attention du public bien qu'elle fut entraînée dans le combat politique sur les nominations, la lustration et quelques échecs contre le crime organisé.

En 2002, le nouveau gouvernement de gauche post-communiste réorganisa les Services Spéciaux en les divisant en deux agences : l'Agence de Sécurité Interne (Agencja Bezpieczenstwa Wewnetrznego) et l'Agence de Renseignement (Agencja Wywiadu).
Cette modification fut largement perçue comme un moyen d'éliminer les officiers de haut rang nommés par les gouvernements de droite qui l'avait précédé.

Le Renseignement Militaire continua à fonctionner sous un nom légèrement différent : Service d'Information Militaire (Wojskowe Sluzby Informacyjne) et sans beaucoup de changement organisationnel, du moins sans que cela soit perceptible de l'extérieur.
En octobre 2005, le nouveau gouvernement conservateur polonais décida la dissolution du WSI et la création de nouveaux services qui devaient conduire à la plus sérieuse réforme depuis la chute du communisme en 1989.
En 2006, le WSI fut divisé en Sluzba Kontrwywiadu Wojskowego et Sluzba Wywiadu Wojskowego.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 17 mars, 2009 13:43

Excellent article Paul, merci, je connais un officier du WSI qui est effectivement à la retraite depuis 2005, le choix est plus sur les compétences de l'agent que sur son passé politique, les officiers se pliant assez habituellement et facilement au gouvernement légal de la Pologne.
L'univers des officiers des services de renseignement était quant même globalement d'inspiration socialiste dans la vision de la société surtout vis à vis de l'église.

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Posté par: Jean-Stanis (IP Loggée)
Date: 17 mars, 2009 20:53

Le rapport du Comité historique anglo-polonais est accessible au travers des livres:

Tome 1:
"Intelligence co-operation between Poland and Great Britain during World War II".
Il comprend des introductions de Tony Blair, Premier Ministre, et de Marek Belka, Président du Conseil des Ministres.
Editeur: Vallentine Mitchell, London, 2005.
Tome 2: Reproduction des archives utilisées pour la rédaction du tome I.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 17 mars, 2009 22:12

Jean-Stanis a écrit:
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> Le rapport du Comité historique anglo-polonais
> est accessible au travers des livres:
>
> Tome 1:
> "Intelligence co-operation between Poland and
> Great Britain during World War II".
> Il comprend des introductions de Tony Blair,
> Premier Ministre, et de Marek Belka, Président du
> Conseil des Ministres.
> Editeur: Vallentine Mitchell, London, 2005.
> Tome 2: Reproduction des archives utilisées pour
> la rédaction du tome I.


Merci Jean,

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C'est un ouvrage de 586 pages écrit en anglais.

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