Bohdan Chmielnicki

Démarré par Archives, 19 Novembre 2023 à 17:26:40

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 06 décembre, 2009 23:24

Borek Jacques a écrit:
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> Bon, j'ai peut-être lu trop vite...? Mais je n'ai
> rien vu sur les massacres épouvantables de Juifs
> (on parle d'un bon tiers des Juifs des quatre
> provinces ) et de Polonais qui se sont
> solidairement défendus contre les hordes
> cosaques.

"on parle ...". Qui est ce "on" ?

Puisque vous voulez des chiffres, vous aurez des commentaires en prime :S

Le nombre de Juifs vivant dans la République des Deux Nations – entre les années 1618 et 1717, donc au cours d'un siècle – est estimé à environ 200.000 personnes, dont 40.000 en Ukraine. Il ne faut oublier qu'outre le soulèvement de Khmelnytsky (1648-1654), ce pays eut à souffrir deux autres périodes de guerre : Le Déluge et la Guerre Russo-Polonaise (1654-1667). Durant cette période, les pertes juives sont estimées à 100.000 personnes dans toute la République.

Au cours de ces trois guerres qui s'étendirent donc de 1648 à1667, parfois en se superposant, les pertes humaines sont estimée à 4 millions de personnes des suites des guerres elles-mêmes, des famines et des épidémies (la population de la République semble avoir décrut de 12 à 8 millions d'habitants)

Avant le soulèvement, les nobles polonais avaient déjà vendu à des Juifs une part de leurs possessions en terre cosaque (Ukraine), ainsi que des privilèges. Ces derniers, avec leur famille, étaient donc soit propriétaires, soit - alors que les Magnats jouissaient de leurs revenus dans leurs châteaux de Pologne - des régisseurs de domaines et/ou des collecteurs d'impôts pour les Magnats ou pour eux-mêmes. Placés "en première ligne", ils devinrent donc l'objet de haine de la part des paysans, d'autant que le servage avait été établi par les Polonais qu'ils servaient ou représentaient.
Les paysans pensaient que les Polonais les avaient vendus comme esclaves aux Juifs.

En fait ce soulèvement était lié à divers facteurs ethniques et économiques auxquels s'additionna une dimension religieuse. Les nobles de la République voulaient ignorer les particularités de cette importante partie de la population de leurs possessions. Ils cherchaient à agrandir et retirer un profit maximum de leurs vastes domaines et utilisaient tous les moyens pour ce faire. Ils méprisaient aussi ouvertement les Cosaques, y compris ceux qui combattaient à leurs côtés comme soldats de la Couronne : les Cosaques enregistrés.
A cela, il faut ajouter l'apparition d'un zèle inconnu jusque là en Pologne : la Contre Réforme voulait « convertir » de toutes les manières les habitants non-catholiques, c-à-d les Orthodoxes, de ces régions. L'Union de Brest était vue comme une atteinte extrêmement grave envers la foi des Orthodoxes.

La révolte fut donc non seulement politique, économique et ethnique mais, surtout chez les paysans non-Cosaques presque comme une guerre de religion. Ce qui permet d'expliquer, mais pas d'excuser, les massacres qui eurent lieu dans les premières années du soulèvement.

Pour revenir aux chiffres, une étude de 2003 menée par un démographe israélien, Shaul Stampfer de l'Université Hébraïque de Jérusalem, estime les pertes juives dues au soulèvement à environ 18.000 sur une population de 40.000 personnes ... ce qui est déjà énorme sans qu'il soit nécessaire d'en rajouter.

Il y eut aussi des exceptions notables. Ainsi, par exemple, les Juifs de Brody (aujourd'hui Région de L'viv en Ukraine occidentale) qui représentaient 70% de la population de la ville, furent jugés et trouvés innocents de « maltraitance envers les Ruthènes », et donc épargnés.




> Ce serait ridicule; Mais sa détermination à des
> massacres inutiles n'est pas discutable.Tant
> contre les Polonais que les Juifs qu'il
> abhorrait.


Je vois que vous avez lu Henryk Sienkiewicz. C'est en effet la thèse qu'il défend mais c'était un écrivain et non un historien ... et sa démarche était autre : l'éveil du nationalisme polonais contre les puissances occupantes.
D'ailleurs, le film tiré de la première partie de cet œuvre est nettement plus équilibré.

Il aurait mieux valu lire Ludwik Kubala (1838-1918), historien polonais qui fournit justement les matériaux à Sienkiewicz pour écrire sa Trilogie.
Pour lui, Khmelnytsky était plutôt proche d'un Cromwell que du massacreur dont vous parlez !



> Ceci dit, j'ajouterais que je trouve
> "racistiquement" sa tête d'orientale turcomane et
> pas du tout Cossack-Sibérien Slavo-Nordique....
> Il a d'ailleurs exterminé, comme Hitler... une
> majorité à 60% de slavo-caucasiens qui étaient
> juifs....!


Vous ne seriez pas un peu (beaucoup) raciste sur les bords ?
Vous êtes vous donné la peine de chercher à voir la manière dont se vêtaient les Magnats et autres nobles polonais de cette époque ? Par la même occasion, vous serez surpris de leur coupe de cheveux !



> Chmielnicki fut une catastrophe pour l'Europe
> Orientale et l'Ukraine, qu'il a soumise à la
> Russie pour des siècles, par pur intérêt
> narcissique (parce que fâché avec, et envieux,
> des Polonais) Encore un des paradoxes de
> l'Histoire.
> C'est bien fait pour eux... disent les gamins en
> cours de récré! Je le dis.


Au sujet du traité de Pereyaslav, voir le deuxième message de ce sujet. Il semble en effet confirmé que vous n'avez pas tout lu !

Pour le reste, quand je pense que vous vous dites psy (-quiâtre ou -chologue) ...