1 - GERMANISATION DES ENFANTS POLONAIS (1939-1945)

Démarré par Archives, 22 Novembre 2023 à 12:57:56

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 10 septembre, 2012 16:36

Les plans nazis, Generalplan Ost, Kleine Plannung, etc., envisageaient plusieurs méthodes et étapes pour liquider la nation polonaise. Une des formes que prit cette campagne comprenait la germanisation d'enfants polonais parfois nommée « traitement spécial d'évaluation raciale des enfants ».

La germanisation de ces enfants (également ukrainiens, bélarussiens ...) avait pour finalité l'« affermissement du sang allemand » et le renforcement de la nation germanique.


Il s'agissait de mesures étudiées et élaborées dans les moindres détails depuis Berlin. Pour sa réalisation, on trouvait Himmler en tant que 'Commissaire du Reich pour la consolidation de la nation allemande' qui donna les instructions essentielles devant être exécutées par les SS et les départements de police sous ses ordres. Les autorités du NSDAP (parti nazi) à des niveaux divers eurent aussi leur place dans ces actions ainsi que les plus hauts organes du Ministère des Affaires étrangères et du Ministère de la Justice et les bureaux locaux qui dépendaient d'eux.
Chacun de ces corps avaient une partie précise à jouer dans la campagne pour la germanisation des enfants polonais. Un rôle important était aussi remis entre les mains de départements tels que ceux de la Jeunesse (Jugendamt), de la Santé (Gesundheitsamt), du Travail (Arbeitsamt), du Bien Être Social (Fürsorgeamt), les Tribunaux, etc.

Les autorités du Reich ne se faisaient pas d'illusion sur le fait que la Germanisation des Enfants Polonais ne pouvait se justifier par aucun principe légal. Ils essayèrent de dissimuler ce crime non seulement aux yeux de l'opinion publique étrangère mais aussi à ceux des Allemands eux-mêmes. Pour cette raison, les ordres, instructions, etc. étaient signalés 'top secret' ou 'confidentiel'. On utilisait cependant l'expression 'germanisation des enfants polonais' mais le terme les plus fréquents était 're-germanisation' (Wiedereindeutschung).
Les enfants polonais étaient souvent dénommés 'enfants de l'Est (Ostkinder)', 'enfants susceptibles de germanisation (Eindeutschungsfähige Kinder)', 'enfants aptes racialement (gutrassige Kinder)'. Eventuellement, ils étaient aussi appelés 'enfants de familles polonaises (Kinder polnischer Familien) ou 'enfant de Polonais (Polenkinder)'. Parfois, pour reprendre le caractère de l'action, on utilisait des expressions telles que 'enfant germanique polonisé (Polonisierte deutsche Kinder)', 'enfant de descendance allemande (Kinder deutscher Abstammung)' ou 'orphelin allemand (deutsche Waisenkinder)'.

La germanisation consistait à enlever des enfants à leurs parents ou tuteurs ainsi que des orphelinats, ou à adopter des enfants dont les parents avaient été arrêtés ou tués, puis de les remettre à des parents allemands ou à des institutions situées en Allemagne ou dans les territoires occupés. Une autre méthode consistait à prendre des adolescents des deux sexes pour le travail forcé en Allemagne et là de les assujettir à un processus de germanisation.
Cependant, la germanisation, ou non, d'un de ces enfants dépendait des résultats des tests de la sélection qui portaient sur la valeur raciale, le caractère, les compétences et des qualités psychologiques.

Les méthodes de kidnapping variaient selon les régions et dépendaient souvent de l'attitude des diverses autorités envers les populations locales. Par exemple, en Silésie, les gens étaient considérés comme Allemands et leurs enfants n'étaient pas envoyés au cœur du Reich, sauf à la fin de la guerre. Les actions se limitaient à emmener les enfants dont les parents avaient refusé de signer la Volkslist et à 'déménager' ceux qui se trouvaient dans les orphelinats polonais. Dans les districts de Posnanie et de Poméranie, les enfants étaient 'déplacés' et envoyés dans le Reich. La même pratique était utilisée dans le Gouvernement Général à la différence que les enlèvements faisaient partie des déportations en masse, des actions de pacification ou de l'évacuation des enfants, y compris dans les écoles, lors du recul du front Est à la fin de la guerre. Dans le Reich lui-même, tout enfant né de parents déportés pour le travail forcé leur étaient retirés s'ils étaient considérés racialement valables.

La prise de contrôle des orphelinats polonais ne débuta que quelques temps après l'annexion des territoires occidentaux. Toutefois, elle avait été expérimentée longtemps auparavant, dès 1939, dans quelques localités comme Bydgoszcz ou Lódz, par exemple. Au départ, il ne s'agissait que d'enregistrer les enfants de ces établissements. Ce ne fut qu'en 1940 que quelques orphelinats ont été mis sous contrôle. L'époque et la méthode variaient selon la région. Quelques orphelinat furent fermés et les enfants transférés dans une institution du Reich. Ainsi, les enfants de Bydgoszcz furent envoyés dans une maison du Lebensborn à Połczyn près de Szczecinek (Poméranie occ.).

Les enfants vivant avec des parents adoptifs devaient, au début, être isolés pour 'trier' ceux qui n'étaient pas « sous influence » de leurs tuteurs polonais. Ceci dura jusqu'à un ordre daté du 19 février 1942 émanant du Gruppenfürhrer SS Greifelt, chef de service du Commissaire du Reich pour la consolidation de la nation germanique d'après lequel la question du retrait et de la germanisation des enfants vivant dans des orphelinats ou avec des parents adoptifs était dorénavant réglementée.

Cet ordre établissait qu' « il y a un grand nombre d'enfants dans les orphelinats polonais ou vivants avec des parents adoptifs qui, d'après leur caractère racial, doivent être considérés comme descendants de parents nordiques. » Tous ces enfants devraient subir des tests raciaux et psychologiques. Si ceux-ci démontraient qu'ils avaient du sang de valeur pour la nation allemande, ils seraient germanisés.
Cet ordre indiquait où ces enfants devaient être transférés : entre 2 et 6 ans, ils seront envoyés dans des institutions du Lebensborn ou dans des familles recommandées par elles ; entre 6 et 12 ans, ils entreraient dans des écoles et après la fin des études, seraient remis à des familles allemandes pour vivre comme tous les autres enfants d'Allemagne. Les enfants dont les familles oeuvraient elles-mêmes à leur germanisation ne seraient pas pris. L'ordre n'omettait pas d'insister sur l'importance de camoufler cette affaire : des précautions spéciales devaient être prises pour éviter l'expression 'enfant polonais apte à la germanisation' qui était maintenant connue publiquement. Ces enfants devaient être qualifiés 'd'orphelins allemands provenant des territoires reconquis à l'Est'. La raison invoquée était que cela pouvait causer du tort aux enfants.

Cet ordre fut mis à exécution. Des tests raciaux commencèrent où cela était indiqué. Des enfants furent retirés de leur maison d'accueil ou des orphelinats. Il y eut des incidents avec les parents ou des membres de leurs familles qui voulaient continuer à les élever. Dans le cas des enfants adoptés, les tests étaient effectués par les médecins du Département de la Santé de manière à ce qu'aucun enfant ni parent ne connaissent la finalité de ceux-ci. On ignorait ou répondait évasivement aux demandes de recherches des enfants sélectionnés et emmenés. Les familles d'accueil ignoraient ce qu'il était advenu aux enfants, maintenant dans le Reich, aussi longtemps qu'ils n'avaient pu trouver l'occasion de les informer secrètement de l'endroit où ils se trouvaient.
Au début 1945, à la suite du reflux des armées du front oriental et des ordres d'évacuation, un certain nombre d'enfants provenant des orphelinats fut envoyé loin dans le Reich.

Le Gouvernement Général était aussi concerné par cette action mais elle ne fut jamais appliquée à la même échelle que dans les territoires occupés. Toutefois, il y eut des cas d'enfants enlevés de leur orphelinat ou à leur famille adoptive. Par exemple, les orphelins de l'institut évangélique de la rue Karolkowa à Varsovie furent envoyés à Piaseczno (Mazovie) et en 1944 transférés à Karlsbad.

Les bureaux de la jeunesse et les centres du bien-être social du parti (NSV) dressèrent des listes complètes d'enfants 'semi-orphelins' ou illégitimes ainsi que ceux vivants avec des tuteurs polonais dans les territoires annexés. Sur base de ces listes, des vérifications fréquentes étaient faites afin de savoir si ces enfants n'étaient pas influencés par leur environnement polonais. Si on constatait qu'une mère ou un tuteur parlait polonais avec l'enfant, on remplaçait le tuteur par un Allemand, parfois sur l'ordre d'un Tribunal, ou bien l'enfant était retiré et placé dans un institut ou remis à une famille allemande. Les enfants illégitimes ou semi-orphelins, si les tests raciaux se montraient positifs, étaient placés dans des institutions. Dans la région de Poznań, cette action fut soigneusement planifiée, les mères et les enfants devant subir les tests raciaux. Si l'enfant était reconnu comme racialement valable il était pris et envoyé dans un centre du Lebensborn en Autriche via un établissement de Kalisz.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 10 septembre, 2012 16:48

Dès les premiers jours de l'occupation, des déportations visèrent des familles polonaises demeurant dans les territoires annexés qui furent transférées dans le Gouvernement Général, en particulier celles qui s'y étaient installées après la Première Guerre mondiale. Ne sont restées que les personnes que les Allemands imaginaient susceptibles d'être germanisées. Les enfants reconnus racialement valables étaient généralement signalés pour la germanisation par le biais de la Volksliste. Si un des parents refusait de s'y inscrire, les enfants et l'autre parent consentant y étaient enregistrés pour permettre d'entreprendre la germanisation. Cependant, il y a eu de nombreux cas d'enlèvement d'enfants par leurs parents. Même avant l'introduction de la Volksliste, Himmler, dans un décret du 12 Septembre 1940 traitant de la sélection des personnes dans les territoires annexés, avait donné des ordres pour retirer les enfants des parents qui avaient refusé la «re-germanisation». Plus tard (16 février 1942) ces ordres ont été étendus afin d'inclure les parents qui étaient considérés comme « particulièrement compromis politiquement ». Lorsque les parents avaient été inclus dans le quatrième groupe de la Volksliste, ce dernier ordre d'Himmler incitait à retirer les enfants à leurs parents s'il s'avérait que ceux-ci devaient exercer une "influence défavorable" sur la germanisation de leurs enfants. Ceux-ci ont ensuite été placés dans des familles et des institutions allemandes. Cette ordonnance s'appliquait également aux personnes du troisième groupe. Ainsi, dans certains cas, même l'inscription sur la Volksliste ne protégeait pas les parents contre l'enlèvement de leurs enfants.

La procédure était similaire dans le Gouvernement Général lorsque les parents, reconnus par les autorités comme étant d'origine allemande, "ont refusé de rejoindre la communauté nationale allemande". Les enfants étaient alors enlevés de force et placés dans une famille allemande résidant dans le Gouvernement Général ou envoyés dans le Reich.

Dans le cas de mariages mixtes – un des parents étant, par exemple, Allemand(e) de Mazurie ou de Silésie - le parent d'origine polonaise était également obligé de s'inscrire sur la Volksliste ; s'il refusait, l'autre parent était contraint de demander le divorce. En règle générale, lorsque les tribunaux prononçaient des divorces ou des annulations de mariage, la garde des enfants était invariablement attribuée à la partie allemande. Le principe appliqué voulait que le bien de l'enfant dépende d'une éducation allemande. Les décisions rendues par les juridictions polonaises d'avant septembre 1939 furent même annulé et la garde des enfants était transférée à la mère ou au père d'origine allemande, ou à sa famille. Si ce parent était décédé, l'enfant était rendu soit à une famille allemande, soit à un organisme chargé de la jeunesse.

Un enfant pouvait aussi être enlevé de force si ses parents avaient été arrêtés ou déportés dans un camp de concentration ou dans le Reich pour le travail forcé. Dans de tels cas les enfants leur étaient retirés même s'ils vivaient avec leurs parents. La même chose s'est produite avec des enfants dont les parents avaient été exécutés.

Ces enlèvements d'enfants ont atteint des proportions énormes avec les déportations en masse des Polonais de la région de Zamość lors de la «pacification» dans cette région mais aussi dans d'autres parties du Gouvernement Général. Ils se sont poursuivis en application des mesures d'évacuation proclamée lors de la retraite de l'armée allemande.

Pendant les déportations massives dans la région de Zamość, les familles ont été séparées et les enfants enlevés de force. Dans les camps de transit (Kindererziehungslager) à Zamość, Lublin et Zwierzyniec, des «experts raciaux» du RSHA profitèrent de l'occasion pour effectuer des tests de sélection sur les enfants. Les enfants qui avaient passé ces tests avec succès (!) étaient séparés de leur famille et envoyés dans les territoires annexés au Reich afin d'y être germanisés. Il est difficile de dire combien parmi les 30.000 enfants déportés de la région de Zamość ont été enlevés pour être germanisés et combien ont été rassemblés avec les personnes âgées et les malades dans les Rentendörfer.

On peut se faire une certaine idée en examinant le calendrier des départs par le rail ou par transports routiers des enfants de la région de Zamość tel qu'élaboré par la Direction générale du Conseil de Lublin. Mais cela ne couvre que la période du 7 juillet au 25 août 1943. Dans cet intervalle, il y eut 29 transports de 4.454 enfants polonais dont les âges allaient de deux à quatorze ans. Ils ont été envoyés à Świnoujście, Halle, Poznań, Strassholf (près de Vienne), Lehrte, Wroclaw, Bramsdorf, Stargard, Soest, Kelsterbach, Neumark, Wesel, Kartnen près de Graz, Parchim, Breitigheim, et dans le Brandebourg.
Les rapports rédigés par les officiers responsables du transport ont montré que ces enfants ont été remis à des familles allemandes ou placés dans des institutions du Reich. La même procédure a été appliquée avec les enfants dont les parents avaient été tués ou envoyés dans des camps de concentration pendant les campagnes de «pacification». De même, lorsque les zones situées derrière l'armée allemande en retraite ont été évacués, de nombreux enfants et adolescents ont été expédiés dans le Reich. La situation était alors tellement incertaine que les «autorités» n'eurent pas le temps d'effectuer les tests raciaux qui ont été reportés à l'arrivée des enfants en Allemagne. Cette action a été connue sous le nom de Heuaktion.

En 1944, les Allemands ont également commencé à enlever des enfants dans les écoles du Gouvernement Général. Souvent, on prenait plusieurs dizaines d'enfant dans une seule école. Ceux-ci n'étaient généralement même pas autorisés à dire au revoir à leurs parents ou leurs familles. On les rassemblait avec ceux d'autres localités pour effectuer les tests raciaux, puis on les expédiait vers le Reich.

Une autre méthode, utilisée avec des enfants plus âgés, consistait à les séparer de leurs familles et à les envoyer dans le Reich pour le travail forcé. Ça concernait surtout des filles âgées de quatorze ans à vingt ans. Elles étaient généralement envoyées en Allemagne comme aides domestiques et soumises à un processus de germanisation. Les zones situées autour de Poznań et de Łódź ont été la source principale de ce « mode opératoire ». Les filles étaient le plus souvent raflées dans les rues ou « fournies » par les bureaux de travail et de protection sociale, ou par l'Office central de réinstallation.
De cette façon, les nazis ont réussi à combiner l'exploitation du travail esclave avec la germanisation.

Toutes les actions mentionnées ont été programmées depuis Berlin et ont été mises en œuvre selon des directives strictes. Cependant, un grand nombre d'enfants ont également été enlevés à la suite d'actions policières arbitraires, de raids, de rafles dans les rues, etc., qui ne faisaient pas partie des plans de germanisation. Néanmoins, ces enfants « supplémentaires » ont tous été envoyés dans le Reich et soumis à la germanisation, ou ont été germanisé à la suite des conditions dans lesquelles ils étaient forcés de vivre. C'est ce qui est arrivé à un certain nombre d'enfants déportés après l'Insurrection de Varsovie.

Toutes les actions décrites jusqu'ici ont été réalisées sur le territoire polonais. Mais dans le Reich lui-même des enfants polonais ont également été concernés par la germanisation. C'était principalement des enfants nés en Allemagne de femme polonaise qui avaient été déportées pour le travail forcé.
Au début, aucune des mesures spéciales n'avaient été prises à l'égard des femmes enceintes "travailleurs de l'Est" et de leur progéniture. Il y avait même des cas où des femmes enceintes ont été renvoyés dans leur pays d'origine pour y accoucher. Toutefois, puisque ces grossesses privaient temporairement l'Allemagne de la force de travail de ces femmes et, de plus, augmentait «la force biologique des nations qui n'appartenaient pas à l'Herrenvolk», des mesures commencèrent à être prises pour arrêter cette « fertilité malvenue ». Cet accroissement naturel devait être contrôlé soit par l'avortement, soit par l'enlèvement de leur progéniture.

Comme il y avait des lois interdisant l'avortement dans le Reich, le ministre de la Justice du Reich du rendre une ordonnance le 9 Mars 1943 renonçant aux sanctions contre l'avortement lorsque des travailleuses de l'Est «demandaient», volontairement ou non, une telle opération. Toutefois, avant l'avortement, on devait établir l'identité du père et vérifier si l'enfant serait "de bonne race". Les ordres donnés par Himmler le 9 Juin, 1943 interdisaient l'avortement dans les cas où le père était d'origine allemande car l'enfant pouvait être racialement valable. Le 27 Juillet 1943, de nouveaux ordres ont étendu cette disposition aux pères de sang germanique mais pas nécessairement allemand, soulignant que le prix payé par le sang allemand pendant la guerre exigeait que les enfants «produits» par les travailleuses d'autres nationalités soient préservé pour la nation allemande.
Ces ordres précisaient la procédure à suivre dans ce type de cas. L'employeur avait l'obligation d'informer les grossesses de ses ouvrières à un organisme de la jeunesse ; le bureau devait alors établir l'identité du père et des experts de la santé et RuSHA procédaient à des tests raciaux sur les parents. Les enfants de parents ayant passé ces tests étaient placés dans les mains du NSV qui était chargé de les remettre à des familles allemandes ou à des foyers pour « enfants racialement valables » (Kinderheime für Kinder gutrassige). En particulier, les mères considérées comme valables du point de vue racial étaient placées dans des institutions du Lebensborn et interdites de ramener leur enfant dans leur propre pays. De plus, il était interdit d'expliquer à la mère les raisons de ces mesures. Les mères incapables de travailler et leur enfant racialement sans valeur devaient être supprimés (abgeschoben). Il n'est guère besoin de dire que les mères n'avaient pas à donner leur accord lorsque leurs enfants leur étaient retirés.

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Posté par: Michel Zerkowski (IP Loggée)
Date: 10 septembre, 2012 16:53

Merci Paul,

Voici un livre interessant sur cette germanisation des enfants polonais.

Marc Hillel Au nom de la race

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 10 septembre, 2012 16:56

Un décret publié le 5 Juin 1944 par le ministre de l'Intérieur du Reich instituait les bureaux de la jeunesse comme gardiens officiels de la «race saine» des enfants nés de travailleurs féminins.

En ce qui concerne l'avortement, aucune distinction n'était faite entre les mères mariées et célibataires.

Dans le Reich ce n'était pas seulement les enfants qui y étaient nés qui ont été retirés à leurs parents, mais aussi ceux qui sont arrivés avec les parents déportés pour travail forcé (les enfants de parents déportés d'Ukraine, par exemple).


Ce qui a été décrit jusqu'à présent porte sur l'enlèvement et l'adoption d'enfants polonais dans le cadre de la campagne de germanisation. Toutefois, le simple fait de les enlever pour les adopter ne signifiait pas que l'enfant serait nécessairement germanisé. La décision finale dépendait des épreuves de sélection, sauf dans le cas des enfants dont les parents avaient refusé d'être inscrits sur la Volksliste.

Ces tests de sélection se composaient principalement d'examens médicaux et raciaux. Ils étaient suivis d'analyses du caractère de l'enfant, de ses capacités et de ses qualités psychologiques. Les tests étaient effectués par des spécialistes en affaires raciales (Eignungsprüfer) de la SS ou parfois, comme à Lódz, par des médecins du département de la santé. Ces tests comprenaient 62 points à examiner dont le physique de l'enfant, la forme et la couleur des yeux, le type de cheveux, etc. Cette description physique détaillée était utilisée pour établir le type racial. Il y avait 11 types raciaux et deux points clôturaient l'examen : négatif et positif. Le type racial établi, l'enfant était mis dans l'une des trois catégories suivantes:

1. Souhaitable pour l'accroissement de la population (erwünschterBevölkerungszuwachs)
2. Tolérable pour l'accroissement de la population (tragbarerBevölkerungszuwachs)
3. Indésirable pour l'accroissement de la population (unerwünschterBevölkerungszuwachs).

Les enfants placés dans la troisième catégorie n'étaient pas soumis à la germanisation. Cela se traduisait en fait par une condamnation à mort à cause des mauvaises conditions régnant dans les lieux qui leur étaient destinés, par exemple, dans les camps de concentration (les enfants des «bandits», ceux qui provenaient de la région de Zamość, ou ceux dont l'un des parents était juif).

La classification raciale était suivie par des examens psychologiques et des tests de caractère et d'intelligence. S'il apparaissait qu'un enfant avait «mauvais caractère ou des problèmes psychologiques», le processus de germanisation lui était interdit en dépit de ses bonnes qualités raciales. Ces tests continuaient même après que l'enfant ait été remis à une famille allemande. On constate donc que l'objet n'était pas d'établir l'origine allemande de l'enfant, mais de choisir des enfants ayant de bonnes qualités physiques et mentales.

Après les tests, mais avant qu'ils soient envoyés dans le Reich, les enfants devaient subir une germanisation préliminaires dans des institutions spécialement mises en place à cet effet ou dans des maisons polonaises réquisitionnées par le NSV. Dans la Région de la Warta, par exemple, des maisons pour enfants de cette sorte ont été organisées à Poznań, en Ludwikowo, Puszczykowo et Bruczkowo. Ces maisons ont été déplacées plus tard à Kalisz où elles ont fonctionné jusqu'en janvier 1945.

Après un séjour relativement court, les enfants étaient envoyés dans le Reich – dans des «écoles indigènes» ou dans institutions gérées par le Lebensborn, la SS et le NSV, ou d'autres établissements. Là, débutait la germanisation proprement dite. Tout d'abord il leur était interdit de parler polonais. S'ils étaient pris à parler polonais, ils subissaient des punitions sévères telles que des coups, la privation de nourriture, etc. Ils n'étaient pas autorisés à avoir de contacts avec leurs parents. En fait, on disait aux enfants que leurs parents et leurs familles étaient morts. Tous les moyens étaient utilisés pour les convaincre qu'ils étaient des Allemands. À cette fin, ils furent enrôlés dans des organisations de jeunesse telles que la Hitlerjugend ou le Bund Deutscher Madel. Toutes les traces sur l'origine des enfants polonais étaient supprimées, leurs noms étaient remplacés par d'autres de consonance allemande. La pratique habituelle consistait à garder les deux ou trois premières lettres de l'ancien nom : par exemple Kawczynski devenu Kancmann, Sosnowska - Sosemann, ou alors, ils étaient traduits : Mlynarczyk en Müller, Ogrodowczyk en Gärtner. Les certificats de naissance étaient modifiés et on élaborait de faux documents, en particulier dans le cas des enfants pris au cours des « actions de pacification » lorsque ni la date ni le lieu de naissance n'étaient connus. Les institutions de germanisation avaient aussi des bureaux d'enregistrement spéciaux afin d'éviter que les parents ne soient en mesure de retrouver leurs enfants.

Après avoir séjourné dans les institutions de germanisation, les enfants étaient remis à des familles allemandes dont les sympathies nationales socialistes étaient confirmées et à qui on déclarait que ces jeunes étaient d'origine allemande.

La population montrait beaucoup de réticence à adopter légalement ces enfants. Les familles craignaient que certains détails ne soient révélés devant les tribunaux qui auraient ainsi montré que les enfants étaient d'origine polonaise.

Le traitement de ces enfants par les familles allemandes a varié. Normalement on demandait à l'enfant d'appeler 'père' et 'mère' ses nouveaux « parents » et, très souvent, les relations avec ces enfants qu'ils croyaient être allemands n'a soulevé aucun problème. Mais il y avait aussi des cas où les enfants ont été exploités au travail et même battus. C'était encore pire si les parents apprenaient que l'enfant était d'origine polonaise, ils ne manquaient alors aucune occasion de le maltraiter.

Il est difficile de calculer exactement ou même approximativement le nombre d'enfants qui ont été germanisé, aussi bien ceux déportés de Pologne vers le Reich que ceux qui sont nés. On ne peut que donner quelques chiffres fragmentaires qui peuvent servir à se faire une idée de l'échelle à laquelle cette action a été menée dans une période et une région donnée.

Comme déjà mentionné, la liste établie par la Direction générale de Lublin concernant les enfants impliqués dans les déportations massives de la région de Zamość a montré qu'entre le 7 juillet et le 25 août 1943, 4.454 enfants ont été envoyés dans le Reich pour y être germanisés.

L'enquête sur le cas d'Albert Forster, l'ex-Gauleiter de Dantzig et de Prusse occidentale, a montré qu'environ 1.600 enfants ont été déportés de cette province pour la germanisation. Toutefois, ces chiffres ne sont pas complets, car ils ne couvrent pas l'ensemble de la région.

Ce qui reste des dossiers de l'organisation du NSDAP pour la Silésie cite le chiffre de 3.000 enfants soumis à la germanisation.

Les dossiers et les fichiers de l'Office de l'Emploi de la Jeunesse à Lódz montrent qu'environ 12.000 enfants ont été mis sous sa garde légale. Parmi ceux-ci, 10% au moins ont été déportés vers l'Allemagne, sans compter les enfants placés dans des foyers ou remis à des familles allemandes.
Le nombre d'enfants vivant dans des maisons polonaises des provinces de Poznań et de Lódz (connu comme la région de la Warta) s'élevait en 1939 à 5.226. Ces enfants ont subi des tests de sélection et il a été établi que plus de 50 pourcents ont été trouvés racialement sains (sic) et donc germanisés.

Dans le Reich lui-même en Novembre 1942, il y avait 6.818 filles polonaises "aptes à la germanisation" qui avaient été déportés pour le travail forcé et travaillaient comme domestiques dans des familles allemandes.

Après la guerre, en liaison avec les tentatives faites pour assurer le retour des enfants polonais d'Allemagne occupée, les responsables allemands ont remis aux autorités américaines et britanniques environ 40.000 certificats de naissance d'enfants nés de femmes polonaises dans l'ancien Reich.

Lors du procès des responsables de l'Office central de la SS devant le Tribunal militaire américain de Nuremberg (affaire VIII), il a été dit qu'il y avait eu environ 92.000 enfants dans les institutions du Lebensborn. Comme mentionné dans les documents nazis, on sait que les enfants polonais qui devaient être germanisés étaient également envoyés dans ces institutions.

Selon un avis partagé, il semble qu'environ 200.000 enfants polonais ont été déportés dans le but de les germaniser, même s'ils ne le furent pas tous. Seulement 15 à 20 % d'entre eux ont été rapatriés après la guerre, les autres, non découverts, sont restés dans leurs «familles d'accueil» ou ont subi un destin inconnu.

Des parents recherchent toujours leurs enfants, frères ou sœurs.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 12 septembre, 2012 12:20

Bonjour Michel,

J'avoue que je ne connaissais pas ce livre de Marc Hillel.

Pourtant, il aborde exactement le thème de cet article (un condensé) que je viens de faire paraître sur Beskid. Si je l'avais su, je me serais dispensé du boulot qu'a représenté la traduction de diverses sources anglaises et polonaises avec tout ce que suppose de travail supplémentaire pour en faire un résumé ... même s'il reste un texte très long que peu liront jusqu'au bout.

Ces sources existent depuis longtemps et nul doute que Hillel, et sa collaboratrice, y ont puisé bien avant moi pour écrire leur livre.

Il s'agit en particulier des actes des divers procès de Nuremberg, par exemple [www.mazal.org] , de la Jewish Virtual Library, du Centre Wisenthal, de wiki polonais [pl.wikipedia.org] , [pl.wikipedia.org] ou [pl.wikipedia.org] . Mais ce n'est pas exhaustif car j'aurais pu parler plus en détail de la Heu-Aktion qui combinait les déportations des population d'Europe orientale (Polonais, Ukrainiens, Belarussiens ...) avec l'eugénisme cher à l'Allemagne nazie et sa politique de germanisation.

J'aborde aussi rapidement le sujet de "l'élimination" des enfants capturés et jugés "inaptes" à la germanisation. Cela mériterait un autre article tout aussi long qui risquerait, lui aussi, de décourager ceux, de plus en plus rare, qui s'intéressent aux "grands" sujets de l'Histoire de Pologne et des pays d'Europe orientale.
Un exemple qui vaut plus que tous les discours, cette photo d'un des très nombreux enfants polonais internés et assassinés à Auschwitz pour ne pas "avoir satisfait aux critères de la race germanique".

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Posté par: Michel Zerkowski (IP Loggée)
Date: 12 septembre, 2012 13:41

Merci beaucoup pour ton travail Paul.
En effet beaucoup n'achèteront pas le livre et ton travail n'en est que plus intéressant et nécessaire.

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Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 12 septembre, 2012 14:57

[www.ina.fr]

j'ai vu il y a quelques années, un reportage a la télé sur le sujet. (en 1975 si j'en crois le lien si-dessus)

n'ayant pas le livre de M.Hillel, j'ai lu avec beaucoup d'attention,le résumé fait par paul sur beskid.
merci.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 12 septembre, 2012 17:14

C'est mon cas pas eu le temps de lire à tête reposé la synthèse de Paul, je reviens dessus sous peu.
trop de livre chez moi.

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Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 14 septembre, 2012 14:33

quand on parle du loup!!!!

dimanche 16 septembre a 22hoo sur france 5, "au nom de la pure race", reportage de james cohen de 2009.

...lancé en 1935, le projet nazi lebenborn regroupait dans des centres des enfants répondant aux critères physiques de la race dite aryenne.

plus de soixante-dix ans après, ces derniers cherchent a comprendre leur histoire.