La folle et irréelle insurrection de Varsovie en août 1944

Démarré par Archives, 13 Novembre 2023 à 11:52:14

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Posté par: Bernard (IP Loggée)
Date: 30 janvier, 2007 22:31

Introduction :
La ville se soulève le 1èr août 1944 à l'appel de l'armée secrète de l'intérieur (l'A.K. : l'Armija Kragowa) dont le chef est le général Bor-Komorowski. Dès les premiers jours, les insurgés conquièrent les trois cinquièmes de la ville. Ils savent que les nazis vont revenir en force, mais les Polonais comptent sur l'aide des russes dont les armées victorieuses sont proches. Ils doivent tenir une semaine d'après les responsables. Hors les Soviétiques vont décider au dernier moment de ne pas intervenir. Ils attendront l'écrasement de la résistance polonaise pour reprendre l'offensive.

Durant les premières 24 heures l'insurrection avait parcouru Varsovie comme une tempête et, malgré les insuffisances, les erreurs, les contretemps, les sacrifices inutiles, les héroïsmes mal employés, l'ensemble paraissait réussir. Le général Niklaus von Vormann, commandant de la 9ème armée allemande téléphonait au général Krebs, chef d'état major du groupe d'armées " Mitte " : " je ne peux mater Varsovie, je n'ai pas assez de forces,... " . Et pourtant les Allemands ne savaient pas que les Polonais étaient en pénurie d'armes et surtout de munitions et qu'ils avaient à la bouche : " Quand les Russes arriveront-ils ? Pourquoi ne nous aident-ils pas ? " .

La ville de Varsovie sera détruite en totalité, 500 ans d'histoire de la capitale en fumée, des bâtiments prestigieux abattus, églises baroques, palais aristocratiques, belles demeures bourgeoises des XVI et XVII èmes siècles aux façades sculptées, la culture polonaise sans sources car les archives en cendre (par exemple il est impossible à ce jour d'avoir l'ensemble des archives du duché de Varsovie, de l'époque 1806-1815) et plus de 200.000 morts, ceci pour rien et surtout pas dans l'intérêt de la nation et le peuple polonais, dans son ensemble.

Alexandre Wolowski auteur de la vie quotidienne à Varsovie sous l'occupation nazie a participé à la révolte. Il parle de gloire, d'horreur et de combats inutiles. Son article de 12 pages dans Historia de juin 1978, est saisissant.

Qui porte la responsabilité, d'avoir donné l'ordre de déclencher l'insurrection, démonstration politique du gouvernement de Londres, manifestement dirigé contre l'union soviétique, afin d'alerter l'opinion mondiale contre une future (quoique encore problématique) soviétisation de la Pologne.
Comment s'étonner, dès lors, du peu d'empressement d'un Staline à aider des gens qui avaient trop souvent répété : " Nos ennemis sont toutes les idéologies totalitaires et, en premier lieu, l'hitlérisme et le bolchevisme ".

L'aspect moral des agissements des dirigeants soviétiques de l'époque n'a certes rien d'honorable et depuis longtemps la politique stalinienne ne s'embarrassait aucunement de principes d'ordres éthiques (voir Katyn et l'attaque de fin septembre 39 ou la guerre de 1920, plus d'autres vieilles situations, 1830, le partage de 1772,.....).
Et c'est bien cela que les chefs de la résistance et ceux de Londres avaient le devoir impératif de prendre en considération. Ils savaient à qui ils avaient affaire !
L'on ne peut pas insulter une personne, le traiter de con et en même temps lui demander son aide.
Alors, légèreté d'hommes politique polonais ? Inconscience ? Appréciation erronée de la situation internationale ? Surestimation naïve de l'importance de leur combat aux yeux du monde ? Foi aveugle dans la puissance et les moyens des alliés, pourtant bien loin, à cette date ?

Quand Stanislaw Mikalajczyk chef du gouvernement polonais à Londres, sur demande de Churchil, se rend à Moscou, pour voir Staline, il s'entête à discuter des frontières orientales de la Pologne avec un dictateur qui en fait pouvait en disposer à son gré.

Note : Alors que l'alliance Pologne-Lithuanie du XVI ème siècle n'a servi que les intérêts des Magnats (les super riches) qui ont pu ainsi avoir des très grands domaines de 100 à 500.000 serfs (ou âmes, comme l'on disait en Russie), grand comme un département français et des armées privées de 10.000 hommes et qu'ils ont trouvés aussi après leurs intérêts lors des partages, en étant pro-prusse, pro-autrichien ou pro-russe, mais jamais polonais, le peuple lui n'avait jamais trouvé intérêt, car nous savons bien maintenant que les habitants de la couronne (grande et petite Pologne, Poméranie, Mazovie) avaient des revenus par habitant, 3 fois supérieurs aux habitants arriérés de la Lithuanie. Ses lithuaniens de plus ne participait pas à la défense de l'ensemble, mais il fallait en plus les défendre des envahissements Tartars et autres. Cela a été un vrai boulet pour la Pologne. Nos nombreux rois, n'ont pas compris que la Pologne devait consolider ses acquis à l'Ouest et vers la mer et non s'étendre sur des pays pauvre à l'Est. Cela a coûté l'indépendance de la Pologne pendant 200 ans. Il faut signaler d'ailleurs qu'entre 1920 et 1940, ou l'on a raisonné de la même façon (d'ou les motifs d'attaque de 1939), le gouvernement était plein de ses nobles de l'avant 1772, qui voulait retrouver leurs domaines, à l'Est. Vieille chimère.....qui a coûté des milliers de morts.

Stanislaw Mikalajczyk, paysan cultivé, mais peu expérimenté, veut refaire les mêmes erreurs qu'en 1920 ou l'on a voulu reconstituer la Pologne de 1600 ou celle d'avant 1772 (voir note, cidessus), ce qui était incroyable en terme de bêtise politique, mais cela a coûté les motifs d'attaque et la défaite de 1939 et puis demande l'aide des Russes pour l'armée de l'intérieur, d'où la remarque de Staline : " Ces combats me paraissent irréels ", mais SM n'écoute pas. Staline donne son accord, mais les Russes sont stoppés devant Varsovie par les troupes allemandes du Maréchal Rokossowski et Londres se livre à une violente campagne de presse contre l'URSS, pour son arrêt du front, d'où décision de ne rien faire de la part de Staline. Etant donné les contradictions politiques et idéologiques, de 200 ans entre les deux côtés, le gouvernement Stalinien (ou tsariste à l'époque ce qui n'est pas différent – la grande Catherine a raisonné de la même manière), pouvait-il agir différemment., qui possédait toute les données pour savoir que rien n'était prêt.

En dépit des tous les signaux qui sont négatifs la décision de débuter l'insurrection est pourtant donnée, pour un holocauste programmé. Paris a failli avoir la même chose, à cause des irresponsables communistes français.
Il faut avoir le courage de regarder les choses en face ? Cette insurrection est une grande erreur, un piège tendu par les Allemands, qui se retirent puis reviennent. Dès 1946 les journaux polonais ont critiqué les politiques et certains militaires. Lors de la " mort accidentelle " de Sikorski (commandant en chef et premier ministre), celui a été remplacé par Mikolajczyk (parti paysan), au poste de 1èr ministre et par le général Sosnkowski comme commandant de l'armée. Ils se sont fait la guerre entre eux, car ils ne s'aimaient pas. Les historiens considèrent qu'ils sont responsables de cette catastrophe, ainsi que Bor-Komorowski , commandant de l'AK, qui possédait toutes les données pour savoir que rien n'était prêt et que les Russes n'aideraient pas.
Comme la France avec Gamelin et ses généraux d'armée ou ses hommes politique (son équivalent le Maréchal Rydz-Smigly, n'a même pas su placer correctement ses armées face aux allemands) la Pologne a pâti de l'incompétence de nombreux généraux et des hommes politique.
Le ministre-Duc de Choiseul de Louis XV (qui a aidé la Pologne avec Dumouriez en 1770 ou Talleyrand son élève en quelque sorte, parlaient de constante historique d'une nation, dans la politique étrangère. Les transgresser est impardonnable.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 31 janvier, 2007 13:52


Le sujet abordé est intéressant et met en relief plusieurs problématiques.

En premier lieu, la définition géographique de la Pologne, c'est un sujet assez vaste, car chaque Pologne correspond à une entité géographique différente.

La Pologne est constitué de 3 parties qui peuvent être distinguées, le cœur de la Pologne situé le long de la Vistule, des deux bords, la zone de contact avec les Niemiec à l'ouest, et l'apport de la couronne de Lituanie appelé aussi les confins, qui s'étendent au nord vers la Courlande et au sud vers l'Ukraine.

Dire qu'en 1945, la Pologne devait d'un trait rayer près de 400 d'histoire est facile mais peu réaliste. Autant convaincre un réfugié d'Algérie d'abandonner sa terre ou à un alsacien de quitter sa terre en 1870.
La littérature polonaise est toute emprunte des confins, comme Pan Tadeusz, les hommes qui en sont issus ont aussi fait de grands polonais.
La ligne ethnique fixée arbitrairement par les anglais par l'intermédiaire de Lord Curzon sous l'inspiration de Sir Lewis Bernstein Namier (de son vrai nom Ludwik Bernstein Niemirowski, juif polonais naturalisé anglais suspecté d'être polonophobe).

De fait avec la monté des nationalismes (inspiré par la France, la nation en arme, de la fin du 18, du 19 et 20ème siècle), il est évident que les confins ne peuvent plus être gérés de la même façon que du temps des magnats. D'où l'idée de fédération de Pilsudski, Lituanien-polonais.

Critiquer les magnats pour leur richesse est un anachronisme, le pouvoir des grands nobles est le même partout en Europe et la lutte des rois contre les velléités des autres nobles existent partout, la Fronde contre louis XIV par exemple. Mais il est vrai que la faillite du pouvoir central fort est latente en Pologne, elle permet cependant la juxtaposition de peuples et religions, alors que l'on révoque l'édit de Nantes en France.

Pour l'insurrection de 1944, dire que la Russie ne pouvait aider est faux, par exemple les russes refusent aux appareils alliées d'atterrir chez eux.

La paralysie de Varsovie est un coup dur pour les allemands, c'est un nœud routier ferroviaire, de maintenance stratégique (magasin, usine Ursus pour les chars). Mais les russes ont négocié, Berlin est pour eux, ils peuvent donc attendre d'aout 44 à janvier 45, devant la ville défendue par un amalgame d'unité allemande de police, de SS, d'Ostruppen, aucune grande unité.

Le sacrifice de Varsovie est bien sur inutile, mais quid de l'ordre du déclenchement de l'insurrection ? Si Anders dit que l'opération Burza doit être lancée, il est prévue qu'elle soit une opération de partisan sur l'ensemble du territoire allemand et couper les axes de communications allemands. Sosnkowski supérieur de Bor-Komorowski est lui-même contre l'insurrection de la ville, au moment du déclenchement, il est en visite en Italie.
Bor aurait il mal conçut son plan ? Je pense que Bor est au dessus des soupçons.
Les polonais n'aurait il pas été manipulé de l'intérieur par des agents infiltrés pour se découvrir et être éliminé la main dans la main entre Hitler et Staline ?

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 31 janvier, 2007 19:14



Voir un point de vue polonais : [www.polishresistance-ak.org]

L'Armée Rouge entra en Pologne en janvier 1944 à la poursuite des Allemands. Les Soviétiques refusèrent de reconnaître la légitimité des autorités du Gouvernement Polonais en Exil basé à Londres. Dans leur progression ils désarmèrent les détachements de l'Armée de l'intérieur (AK) qu'ils ont rencontré le long du chemin et qui sont restés loyaux à leur gouvernement. Tout cela persuada les autorités polonaises pour revenir à un concept qui avait été établi plus tôt, d'organiser un soulèvement dans la capitale – Varsovie. Le Commandant en chef polonais, le Général Tadeusz Komorowski (pseudonyme "Bór") expliquera plus tard: "En combattant partout, nous ne pouvions pas rester passifs sur notre propre terre... La nation qui veut vivre dans la liberté, ne peut pas être passive aux moments ou son destin se décide."
Le 26 juillet 1944, le Gouvernement Polonais en Exil autorisa le Général Bór-Komorowski et le délégué de l'intérieur – J. S. Jankowski de commencer l'action armée pour libérer Varsovie. Les radios soviétiques demandaient aussi un soulèvement. Avec nouvelles des forces soviétiques à l'approche de la ville, le Général Bór-Komorowski Général donna l'ordre du soulèvement le 31 juillet 1944. Cet ordre a été donné au Colonel Antoni Chrusciel (pseudonyme: "Monter") qui publia le planning du soulèvement pour commencer à 17 heures, le 1er août 1944.

Extrait de l'article : [www.polishresistance-ak.org]


Il semble effectivement que ce soulèvement fut commandé depuis Londres et que les Alliés ne furent pas avertis. Il ne s'agissait pas d'une insurrection subite et comme spontanée mais d'une bataille voulue, qui avait sa signification dans la stratégie générale de la guerre et dans celle du Gouvernement polonais en exil et de son bras armé, l'Armée de l'Intérieur.
A Téhéran, le sort de la Pologne était scellé et il se pourrait que la libération de Varsovie par les propres forces polonaise semblait pour ce Gouvernement le moyen d'affirmer qu'il était la seule autorité légale en Pologne (le PKWN de Lublin avait été formé le 23 juillet 1944 et l'insurrection de Varsovie débuta le 1er août) ainsi que son désaccord avec les décisions prises (du moins d'après les échos qu'il avait reçu).
Staline ne pouvait évidemment accepter cela et utilisa, sans scrupule, le droit qui lui avait été accordé à Téhéran d'intervenir dans les affaires polonaises.
Les gouvernements Alliés occidentaux émirent des protestations mais seulement par le moyen de notes diplomatiques.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 01 février, 2007 01:16




[www.fco.gov.uk]

Télégramme de M. Eden (Tolstoy) au sous-secrétaire d'Etat en date du 12/10/1944, rapportant les conversations d'après dîner, à Moscou, entre le Maréchal Staline et le Premier Ministre Churchill.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 01 février, 2007 09:03

Un point me chagrine et manque à ma compréhension.

Sosnkowski et Anders disent que l'opération Burza est conçue comme une opération militaire de revolte sur l'ensemble du territoire, et avec les moyens de l'armée secrète, c'est possible.

Et d'un autre coté Bor-Komorowski, qui est sous les ordres de Sosnkowski, organise le soulèvement de la seule ville de Varsovie et ses environs.

Le plan d'ensemble est discuté quand et entre qui ?

Dès l'annonce de l'insurrection, Anders et Sosnkowski disent que c'est une folie.
C'est un point important pour comprendre qui a décidé quoi et en fonction de quels élements.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 01 février, 2007 14:17



Le point de savoir qui a pris la décision du soulèvement de Varsovie est toujours discuté, voire trop souvent escamoté. On parle de l'héroïsme des combattants, des plans de lutte, des lieux de combat mais la décision semble reposer sur les seules épaules du Général Bor-Komorowski, alors commandant suprême de l'AK.

Deux choses cependant. Ce fut le Général Bor-Komorovski qui en donna l'ordre le 31 juillet avec l'accord du délégué de l'Intérieur et il n'y eut pas de concertation avec les dirigeants ou militaires soviétiques. Ce qui n'enlève rien au machiavélisme criminel de Staline.

A titre informatif, voici la traduction en anglais de la déposition devant le NKVD (donc, à prendre avec des pincettes bien que ces documents possèdent une valeur certaine s'ils n'étaient pas destinés à être rendu publique) du Général Okulicki,dernier commandant de l'AK.
Celui-ci fut arrêté par les soviets en 1945 (et mort en détention en 1946 dans des circonstances non élucidées):

[www.warsawuprising.com]

D'après cette déposition, le Gouvernement de Londres laissa la décision du moment du soulèvement dans les mains du vice-premier ministre et délégué de l'Intérieur Yankovski. Après de longues discussions, on décida de déclencher l'insurrection dès que l'Armée Rouge atteindrait la ligne de défense Otvotsk-Rembertov-Radzymin , que l'on jugeait faiblement défendue.
...D'autres raisons dans l'article (à traduire).

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 02 février, 2007 16:37

Ce document est très intéressant.

Le gouvernement de Londres laisse la décision de déclencher la bataille de Varsovie entre les mains du délégué Jankowski.

Déjà un premier point on parle de bataille de Varsovie alors que Burza est un plan d'ensemble d'insurrection sur l'ensemble du pays (en fait plutôt à l'ouest de la Vistule) ou est passé cette composante ?

Celui ci demande un avis au haut commandement de l'AK.

Sur tous les officiers de hauts rangs de l'AK, seul "Bor" est réticent à faire cette bataille.
Les autres généraux veulent apparemment en découdre, et convainquent "Bor" qu'il faut passer à l'action sur une bataille locale et puissante, qui est en fait un parie.
Jankowski se trouve devant une responsabilité qui le dépasse et dont il n'aurait pas du avoir la charge.

On constate donc une faille dans la ligne de commandement de l'armée polonaise. On connait l'avis de Anders, moins celui de Sosnkowski.
C'est lui le chef depuis la disparition de Sikorski.
C'est à lui d'imposer son plan.
Et on constate que le plan n'est pas défini, que le responsable politique demande l'avis des militaires de l'AK qui sont soumis à une certaine pression et à une certaine fièvre des combats.

L'éloignement du centre de décision n'est pas une excuse puisque les liaisons sont excellentes entre Londres et la Pologne.

Sosnkowski dit qu'il est contre l'insurrection, reste à savoir quel était son plan d'action et s'il avait travaillé sur la réalisation de Burza en tant que plan d'ensemble.
Au moment de la décision il est tourné des troupes en Italie et loin des centres de commandements polonais de Londres.
Cette éloignement est il volontaire ou par hasard ? Les désaccords au sein du gouvernement de Londres affaibli dans son union par la disparition de Sikorski, serait il une raison.

Dans le texte Okulicki écrit
"In my opinion, therefore, the failure of the Warsaw Rising must be attributed to political factors rather than to mistakes by the military leadership. If a political mistake was made, the people responsible are the politicians who should have reached a settlement in our relations with the Soviet Union. The commanders and soldiers of the AK, in carrying out the Battle for Warsaw, were only fulfilling their obligations. They could not have acted otherwise."

La défaite est du aux politiques qui n'ont pas rempli leurs obligations, ce raisonnement amène à deux réflexions.
La première, c'est qu'il n'a pas tout à fait tort, une opération de ce niveau devait être décidée à Londres, planifié par l'état-major en laissant seulement à l'AK la décision de la date du déclenchement.
La deuxième est qu'une fois les dés jettes, c'est bien la faute des têtes chaudes de l'état major de l'AK d'êtres les responsables du déclenchement des combats, et se serrait à leur honneur de dire que faute de décision venant d'en haut ils ont décidé d'en découdre.

On peut donc éclairer un peu la prise de décision.

Le plan Bzura n'est pas le même dans tous les esprits, qu'en est il exactement, a-t-il seulement été écrit à Londres ?
Le gouvernement de Londres délègue la décision d'une bataille vitale à un délégué en Pologne qui lui-même s'appuie sur des conseillers militaires qui semblent « chaud à la polonaise, c'est-à-dire du type à foncer dans le tas ». Il y a la une grosse faute, ou un défaut d'organisation.
Ce défaut n'est il pas volontaire, c'est-à-dire, que les soviétiques n'ont-ils pas quelque part introduit le gouvernement de Londres pour pousser à l'insurrection. Beaucoup de polonais auraient pu être retournés par le NKVD.
La bataille de Varsovie est vraiment une charge à la polonaise, le gouvernement polonais devant l'étendu du désastre pense même à lâcher la brigade de parachute indépendante de Sosabowski sur les ruine de Varsovie, une folie de plus.

Une des conclusions d'Okulicki est que le monde verra la volonté de combattre des polonais et leur droit à l'indépendance.
Qu'en est il ?
L'histoire ne retient que l'insurrection du Ghetto grâce à la médiatisation (justifiée) de l'extermination des juifs par les nazis sur le sol polonais, d'ailleurs l'opinion mondiale ne conçoit les combats en Pologne entre 1940 et 1945 qu'à travers le prisme des juifs, le reste n'intéressant peu ou pas.
La résistance polonaise a-t-elle influencé la vision de Staline sur la Pologne et a-t-elle permit à la Pologne d'avoir un régime moins sévère qu'en URSS, et a-t-elle évité aussi

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Re: La folle et irréelle insurrection de Varsovie en août 1944
Posté par: Bleble (IP Loggée)
Date: 02 février, 2007 23:24

Bonsoir à tous.
Puisque le sujet est abordé, je vous fais part d'un scann d'un livre sur la seconde guerre mondiale qui aborde bien le sujet.
Je pense que ça vous intéressera:

[img251.imageshack.us]
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[img128.imageshack.us]
[img217.imageshack.us]
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[img109.imageshack.us]
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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 03 février, 2007 01:28

Voir aussi: [www.beskid.com]

(Pour ceux qui ne connaissent pas bien sûr)

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 03 février, 2007 21:02

C'est "amusant" de rendre les polonais responsables du carnage de varsovie en 44, fussent-ils chefs de l'A.K....

Il y a deux responsables principaux : les deux porteurs de torche qui ont conjointement décidés de foutre le feu à la Pologne, à l'Europe puis au monde, à ma connaissance ils n'étaient pas polonais.

Et il y a l'immonde lachage des alliés, américains et anglais (les anglais surtout, qui avaient une dette à l'égard des polonais) qui se refusent à parachuter des armes et des munitions, qui se refusent à faire préssion sur l'oncle Joe (Staline pourles deux Roosevelt), et poutant le largage était possible, celà a été fait, voir à ce sujet "feux du ciel" de Closterman.

Il était stupide de larguer les paras sur Varsovie ? C'était plus intelligent sur Arnhem peut-etre ? Le résultat fut le meme, ils ont été décimés...

Je n'aurais pas aimé etre un tankiste, un fantassin, un para polonais en uniforme anglais en été/automne 44, ils ont du souffrir et se poser des questions.
Des questions qu'on devrait commencer à se poser aussi.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 03 février, 2007 22:49



On connaît le détail des combats, jour après jour et rue par rue.
On connaît et on rend un juste hommage au courage indéniable déployé par les combattant au cours de ces deux mois de combat.
Mais il faut admettre qu'on passe très rapidement sur le(s) responsable(s) qui on fait le choix d'ordonner ce soulèvement.

Il y eut, cependant, un nombre impressionnant de lacunes :

a) le Commandant en Chef de l'AK, le Général 'Bor' Komorowski, contrairement aux autres généraux présents à Varsovie, préférait une attitude attentiste à un soulèvement précipité. Selon le Général Okulicki, successeur de Bor et partisan du soulèvement immédiat, Komorowski souhaitait attendre l'arrivée de l'Armée Rouge dans le faubourg de Praga ou l'encerclement de la capitale par celle-ci avant de prendre l'initiative d'un soulèvement armé. Il se rendit toutefois à la majorité et laissa au Général Khrustel, responsable militaire de Varsovie, le soin de donner les ordres.

b) La faiblesse du délégué du gouvernement de Londres, Jankowski, qui avait rang de vice-premier ministre est étonnante sauf à penser qu'il n'avait pas l'autorité et les qualités pour tenir ce poste.

c) Les relations diplomatiques étaient rompues entre le gouvernement de Londres et les Soviétiques depuis la divulgation des massacres de Katyn. En conséquence, aucun contact n'avait été établi préalablement à l'insurrection avec le quartier général de Rokossowski et le gouvernement de Moscou.
Indépendamment de l'attitude future de Staline, c'était une faille très grave. De plus, aucun moyen de communications de quelque forme que ce soit n'avait été établi avec les troupes soviétiques. Des contacts furent tentés, via le gouvernement britannique, APRÈS le déclenchement des hostilités, alors que les évènements ne se déroulaient pas comme prévu.

d) De l'aveu même du Général Khrustel, ses troupes ne disposaient de ressources suffisantes que pour 5 jours de combat. La faiblesse en armes légère et surtout lourdes était dramatique. Ceci rendait d'autant plus important l'élaboration d'un plan pré-établi avec l'Armée Rouge.

e) L'attitude des Soviétiques envers l'AK (libérations de Vilnius et de Lwów qui furent suivies de l'arrestation des officiers et de la déportation des hommes) était connue du quartier général de l'AK et du gouvernement de Londres.

f) ..................................................................

Un tel combat aurait du bénéficier d'une préparation politique et militaire entre Alliés pour avoir des chances de réussites ou, au moins, pour connaître l'attitude des soviétique AVANT le déclenchement de l'insurrection. Il y eut des appels à la radio, mais ce ne pouvait être suffisant pour décider des responsables militaires de haut rang à déclencher les opérations.

Il est d'autre part certain que Staline donna des ordres à Rokossowski pour rester l'arme au pied (on sait aujourd'hui que ce dernier avait toutefois préparé un plan pour venir en aide à l'insurrection) et que l'écrasement de Varsovie, et l'élimination de l'AK, coïncidait avec ses vues sur la Pologne. Il est tout aussi certain que les Alliés occidentaux réagirent mollement : après tout, le sort de la Pologne était déjà scellé. Le gouvernement polonais de Londres était même devenu une épine dans le pied des Alliés occidentaux après la rupture des relations diplomatiques avec l'URSS.

Ce point, à savoir qui détient la responsabilité du déclenchement du soulèvement de Varsovie, que ce soit à Londres ou à Varsovie, est toujours sujet à discussion et a surtout été survolé et très peu investigué jusqu'à présent.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 04 février, 2007 00:20

Patricks Ecrivait:
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> Et il y a l'immonde lachage des alliés, américains
> et anglais (les anglais surtout, qui avaient une
> dette à l'égard des polonais) qui se refusent à
> parachuter des armes et des munitions et poutant le largage
> était possible, celà a été fait, voir à ce sujet
> "feux du ciel" de Closterman.


Attention !!! Aucun largage précis n'était possible vu la configuration des lieux. D'ailleurs la plupart des largages qui ont eu lieu sont tombés soit côté Russe, soit coté Allemand.

En plus, les alliés avait besoin de points de ravitaillements proches pour larguer sur Varsovie, hors tous les points existants étaient sous contrôle de Staline qui a refusé aux alliés le droit d'atterrir sur ces zones.

Les avions alliés avec des pilotes Polonais pour la plupart, était donc obligés de partir de loin, trop loin même et de prendre un maximum de risques. Trop de risques pour laisser les avions se faire descendre les uns derrières les autres. Le front de l'ouest avait besoin de ces appareils ...

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 04 février, 2007 00:43

Et pour bombarder Ploestie ? Ben les avions américains partaient d'Italie faisait une escale technique en URSS et retour en Italie, et donc deux bombardements .

Staline ? à la place de lui cirer les chaussures Roosevelt aurait du lui rappeller que sans l'aide américaine les rouges n'iraient pas à Berlin.

L'ouest en avait besoin ? Moins que l'est, en bref la stratégie Churchillienne laissait une chance à l'Europe entière,la stratégie Stalino/Rooseveltienne créait les conditions de l'après guerre que l'on sait.

Arnhem (1er saut 17/09/44, saut erreur) on aurait pu s'en passer vu les résultats, 3 divisions et une brigade de paras sur Varsovie ça aurait pu changer quelques cartes, non ?

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 04 février, 2007 00:50

Patricks Ecrivait:
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> Et pour bombarder Ploestie ? Ben les avions
> américains partaient d'Italie faisait une escale
> technique en URSS et retour en Italie, et donc
> deux bombardements .

Oui mais pour Varsovie, pas d'escale possible en URSS ainsi que dans les zones russes !!!

>
> Staline ? à la place de lui cirer les chaussures
> Roosevelt aurait du lui rappeller que sans l'aide
> américaine les rouges n'iraient pas à Berlin.

A cette époque ce n'était plus forcément vrai

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 04 février, 2007 01:15



Voir ce texte de l'historien Norman Davis :

[www.polishresistance-ak.org]

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 04 février, 2007 01:27


On est d'accord les ricains ont pu s'imposer pour bonbarder Ploesti, mais pas Varsovie ???

L'importance des approvisionement américains (anglais avant) est resté primordiale jusqu'aux derniers jours de la guerre, les ricains ont équipées, nourris, armés des regiments entiers, y compris en blindés.

Les rations K qui ont nourris les assiéges de Courlande venaient de prises sur les soviets (simple exemple).

C'est la volonté politique qui manquait aux alliés, ou plutot qui n'allait pas dans ce sens.

Je ne comprends pas cette volonté, ce besoin de couper les cheveux en 4000, chercher les responsabilités sur tel ou tel géneral, chef de l'A.K. representant de la Pologne en exil me semble quasiment malsain.

Occupés par les boches, dans l'attente d'un "libération" par les soviets (z'avaient déjà donné, merci, fermez le ban") avec au choeur l'espoir de forcer le destin les polonais ont fait ce qu'ils ont pu dans la mesure de leurs faibles moyens. Ils ne sont pas en faute, les deux tyrans, le suceur de cigare et le moribon le sont.