Il y a 70 ans, le 30 septembre 1938, les accords de Munich

Démarré par Archives, 16 Novembre 2023 à 10:49:34

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 13:13

Rappels :

[www.ouest-france.fr]

[www.upjf.org] - (L'auteur, voir ci-dessous, fait un parallèle avec la situation israélienne. Pour ma part, mais ça n'engage que moi, je pense que l'actualité récente rappelle davantage, sans qu'il y ait équivalence, cet évènement passé)


L'une des images emblématiques de l'histoire du vingtième siècle montre le premier ministre Neville Chamberlain, à l'aéroport de Heston, agitant triomphalement l'accord de Munich qu'il venait de signer. C'est là qu'il proclama qu'il avait apporté "la paix en notre temps... la paix dans l'honneur". La foule reçut Chamberlain en héros, parce qu'il répondait parfaitement à ses espoirs les plus profonds. Les photographies et les films d'actualité ont immortalisé cette image dans la conscience collective, où s'est aussi incrusté son parapluie omniprésent. Malheureusement, cet accord n'a pas duré longtemps. On l'évoque comme un événement qui a facilité le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. L'historien sioniste contemporain, Sir Louis Namier, décrivit ainsi l'épisode :

« L'Europe a été stupéfaite quand, à Heston, au moment où il quittait son avion, Chamberlain a agité son "traité" avec Hitler, comme l'aurait fait un chasseur d'autographe ravi, en disant : "Voici un document qui porte bien son nom". Comment la confiance, la joie, et le triomphe de Chamberlain pouvaient-ils être sincères ?... C'était un habile manœuvrier, ignorant, et entêté; et il était capable de s'abuser lui-même, autant que ses profonds instincts et ses buts l'exigeaient, et d'abuser également ceux qui avaient choisi d'être abusés. »


Cette année, Rosh Hashana tombe le mardi 30 septembre, qui est aussi le soixante-dixième anniversaire des accords de Munich. Neville Chamberlain, Adolf Hitler, Édouard Daladier, et Benito Mussolini les signèrent, juste après minuit, le dimanche 30 septembre 1938. Ces accords ont transféré à l'Allemagne les Sudètes, une région frontalière fortifiée, habitée par une minorité germanophone (ainsi que par un bon nombre de Tchèques) que les Nazis avaient incitée à déclencher une sédition contre le gouvernement tchèque. Cette réunion s'est déroulée sous menace de guerre, et aucun représentant tchèque n'était présent. Pour aggraver la situation, la France, qui avait un traité d'alliance avec la Tchécoslovaquie, trahissait son partenaire.

Munich était un arrangement, aux termes duquel les plus grandes puissances démocratiques d'Europe, la Grande-Bretagne et la France, imposaient, au nom de la paix, des renoncements mortels à un petit État. Elles ont forcé la Tchécoslovaquie à faire "des concessions territoriales" afin d'apaiser
  • un agresseur ; mais l'agresseur, l'Allemagne nazie, viola promptement l'accord et, en mars 1939, engloutissait l'État de Tchécoslovaquie tout entier. Après avoir digéré les concessions que l'Angleterre et la France avaient imposées à d'autres, Hitler n'a pas cessé de formuler de nouvelles exigences. Cet épisode montre le coût élevé d'une politique dénuée de moralité, tant pour les grands pays qui s'y engagent, que pour les petits auxquels ils imposent des sacrifices suicidaires.

Frank McDonough, historien de l'Université de Manchester, a reproduit une citation d'un document du Foreign Office de 1926 qui révélait comment cette élite en charge d'élaborer la politique voyait la place de la Grande-Bretagne dans le monde :

« Nous avons tout ce que nous voulons, et peut-être plus. Notre objectif unique est de conserver ce que nous voulons et de vivre en paix... Le fait est que dans n'importe quel coin du monde, la guerre et les bruits de guerre, les différends et les frictions, signifient des pertes et des dommages pour les intérêts commerciaux britanniques... quels que soient les autres résultats d'une perturbation de l'état de paix, nous serons perdants."


Selon cette conception, la Grande-Bretagne était une puissance "satisfaite", pour laquelle il n'était pas recommandé d'assumer un rôle de direction du monde. Du fait de cette vision prudente et de l'importance des intérêts en jeu, l'idée d'apaisement exerçait une claire attirance. Mieux, ceux qui désiraient maintenir le status quo espéraient atteindre un objectif politique par le biais de ce qui était essentiellement une opération commerciale, en se servant du territoire des autres pour acheter la paix et la tranquillité.

Peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, Sir Orme Sargent (1884-1962), haut fonctionnaire du Foreign Office, qui s'opposait à l'apaisement, affirmait que, dans certaines circonstances, il pouvait être justifié, tout en précisant :

« [L'apaisement] ne devient contestable en tant que méthode de négociation, que si l'on peut établir qu'il est immoral ; à savoir, quand celui qui prône l'apaisement [the appeaser] sacrifie les droits et les intérêts d'un tiers et non les siens propres en faisant cette concession [concession] ; ou quand [cet apaisement] est clairement dangereux, c'est-à-dire lorsque ce qui a été concédé [the concession made] ébranle la force, nationale ou internationale, de celui qui apaise [appeaser] ; ce qui est particulièrement le cas lorsqu'il faut faire des concessions à répétition, car alors l'apaisement s'avère n'être qu'un chantage ; enfin [l'apaisement devient contestable] quand l'ensemble de son processus est tout simplement inefficace, c'est-à-dire quand "l'apaiseur" [the appeaser], qui doit faire la concession, n'obtient rien en échange. »


Martin Gilbert, biographe de Churchill et historien, a expliqué, dans les années 60 :

"L'apaisement était fondé sur la croyance que la nature humaine ne pouvait pas être entièrement submergée par le mal, que la situation apparemment la plus dangereuse pouvait être améliorée, et que le politicien le plus irascible pouvait être calmé si on le traitait avec le respect ».


En homme d'affaires qui avait une grande confiance en lui-même, Chamberlain ne connaissait pas l'histoire de l'Europe et les particularités de ses différents peuples. Il prit fermement la direction de la politique étrangère britannique et contrôla l'information destinée au public. C'était particulièrement dangereux, parce qu'il surestimait ses capacités et fut incapable de percevoir les dangers des méthodes de Hitler, et les coûts moraux de la soumission à son chantage. Comme c'est fréquemment le cas, l'ignorance et la complaisance personnelles se traduisirent par un excès d'optimisme.

Au fil des décennies, des historiens révisionnistes ont écrit que Chamberlain était "très volontaire, compétent et clairvoyant". Selon eux, il fallait en réalité imputer la responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale aux dures obligations du Traité de Versailles que les alliés victorieux imposèrent à l'Allemagne à l'issue de la Première Guerre mondiale. En dépit de cette nouvelle théorie et de l'ouverture des archives, les grandes questions historiques liées à cette grave erreur de jugement hantent le présent. Comment Chamberlain a-t-il pu ne pas comprendre les intentions de ses ennemis ; comment a-t-il pu ne pas sentir le danger auquel il faisait face ; et pourquoi a-t-il fait confiance à Hitler ?

Les contemporains de Chamberlain ont essayé de répondre à cette question. L'un d'eux était le Premier Lord de l'Amirauté, Duff Cooper, qui écrivit que le plus grand défaut personnel de Chamberlain était son manque d'imagination. Cooper, qui était membre du cabinet de Chamberlain et qui démissionna après les accords de Munich, écrivait :

"Chamberlain... manquait d'expérience du monde, et il manquait aussi de cette imagination qui peut suppléer aux lacunes de l'expérience. Il n'avait jamais évolué dans le vaste monde de la politique ou de la finance, et le continent européen était pour lui un livre fermé. Il avait réussi comme Lord-maire de Birmingham et, à ses yeux, les dictateurs d'Allemagne et d'Italie ressemblaient aux Lords-maires de Liverpool et de Manchester, qui pouvaient appartenir à différents partis politiques et avoir des intérêts différents, mais qui ne pouvaient que désirer le bien-être de l'humanité et être des hommes fondamentalement convenables comme il l'était lui-même. Cette idée profondément fausse était à la racine de sa politique et elle explique ses erreurs."


Chamberlain croyait que le monde était à son image, et il a réellement cru qu'Hitler était, au fond, aussi correct que lui. Par conséquent, il désirait le regarder les yeux dans les yeux, lui parler d'homme à homme, et obtenir son engagement personnel. Chamberlain, qui voyait le problème en termes personnels, n'a pas pris garde au message de faiblesse qu'il envoyait à Hitler. Ses efforts ont consolidé la position de Hitler en Allemagne à un moment où ses généraux s'opposaient à l'invasion de la Tchécoslovaquie. Hitler, pour sa part, parlait avec mépris de Chamberlain comme d'un imbécile, pour employer un euphémisme généreux. (Il l'a littéralement qualifié "d'abruti", "Der Arschloch". Ajout du traducteur).

Dans son discours du 5 octobre 1938, à la Chambre des Communes, Winston Churchill a expliqué que Chamberlain n'avait pas saisi que ce qui était en jeu était la moralité et la justice :

« Il y a beaucoup de gens, qui croient sans doute honnêtement qu'ils n'ont fait que brader les intérêts de la Tchécoslovaquie. Mais je crains que nous ayons à constater que nous avons profondément compromis, et peut-être mis en danger mortel la sécurité et même l'indépendance de la Grande-Bretagne et de la France... Nous avons subi une défaite sans faire la guerre..."


Un parallèle avec la situation actuelle n'est sans doute pas politiquement correct, mais il mérite quand même une certaine attention. Le 12 septembre 1938, dans son discours de Nuremberg, Hitler fit une comparaison explicite entre les Allemands des Sudètes et les Arabes palestiniens :

« Je ne veux absolument pas qu'ici, au cœur de l'Allemagne, il soit permis à une seconde Palestine de voir le jour. Les pauvres Arabes sont sans défense et abandonnés. Les Allemands de Tchécoslovaquie ne sont ni sans défense ni abandonnés, et les gens doivent en prendre note. »


Aussi, dans les débats d'aujourd'hui, comparer le destin amer des Allemands des Sudètes à celui des Arabes de Palestine, est un argument légitime. Hitler a fait la comparaison. Beaucoup d'Allemands des Sudètes vivent maintenant en Bavière, et ils ont largement reconstruit leur vie et accédé à l'aisance financière en travaillant dur. Ce groupe est bien représenté dans la politique allemande et exprime énergiquement sa revendication d'un retour. Toutefois, il semble qu'il existe une approbation internationale tacite de la raison pour laquelle les successeurs de la Tchécoslovaquie ont fermement refusé de permettre à cette minorité de vivre parmi eux.

Ces derniers temps, la proposition connue sous le nom de "la terre en échange de la paix" présente une certaine similarité avec le compromis original d'apaisement. Par exemple, dans leur désir d'obtenir les faveurs du monde arabe, les principales puissances occidentales ont forcé Israël à faire toutes sortes de sacrifices sans réciprocité. La méthode est identique à celle de d'apaisement des années 30, ainsi qu'à la série de concessions accueillies par de nouvelles exigences. Cependant, quand un tel processus se met en place insensiblement, et sans menace directe de guerre comme en 1938, il est possible de cacher ce qui se passe réellement. Quand, le 4 octobre 2001, le premier ministre Sharon a soulevé ce parallèle dans son discours célèbre de Tchécoslovaquie, l'administration Bush l'a publiquement réprimandé, sans ménagement.

Bien qu'on ait beaucoup écrit sur le sujet et que de nouveaux documents soient susceptibles d'émerger, nous pouvons observer quelques-uns des travers humains qui, il y a soixante-dix ans, ont mené à la tentative désastreuse d'acheter la paix, à Munich, par les "concessions du faible". En voici quelques-uns :

• manque d'imagination,
• illusion,
• négation du danger,
• ignorance de l'histoire
• et optimisme exagéré.


Joël Fishman

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 13:42

Belle étude psychologique qui permet aussi en parallèle de Munich d'avoir une vision sur les declencheurs d'evenements, alors que l'on croit que la plupart des decisions sont rationnelles, elles sont souvent inspiré par le mental du décideur.

Mise en lumière aussi de toute ces lignes de stratégie qui sont souvent des constructions de théorie qui ne savent pas se remettre en cause au contact de faits nouveaux.

Je ne suis pas d'accord avec l'analogie sur la Palestine, quand Hitler parlait des palestiniens, c'était par rapport aux anglais, enfin il me semble.

Et pour le retour des sudètes allemands en Tchéquie, la rupture de consensus entraine une destabilisation, il faut être ferme dans la punition, les fauteurs de guerre ont payé, il n'y aura pas de revision.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 14:31

Pourquoi toujours vouloir faire des comparatifs ? les époques sont différentes, les évènements aussi.
Si au niveau d'une dépêche d'actualité, d'un discours politique, d'un débat de comptoir, cela peut se concevoir, c'est plus difficile à comprendre dans un aspect purement historique.

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 18:21

Et si les britaniques avaient lu Mein Kampf ?
Et si une partie de l'élite britannique l'avait lu, compris et accepté ?
Et si le partage du Monde entre l'Angleterre ( Empire coloniale intact) et l'Allemagne (+"espace vital à l'est inclus) convenait parfaitement à une certaine Angleterre ?

Et si l'idée de voir s'etriper et s'affaiblir nazisme et communisme procurait d'heureux reves à une diplomatie britanique qui jusqu'a preuve du contraire n'avait rien contre une politique musclée (Afrique du sud ??) ?
Ca expliquerait peut-etre mieux Munich que la naiveté de Chamberlain, non ?

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 18:24

Patricks a écrit:
-------------------------------------------------------
> Et si les britaniques avaient lu Mein Kampf ?
> Et si une partie de l'élite britannique l'avait
> lu, compris et accepté ?
> Et si le partage du Monde entre l'Angleterre (
> Empire coloniale intact) et l'Allemagne (+"espace
> vital à l'est inclus) convenait parfaitement à
> une certaine Angleterre ?
> Et si l'idée de voir s'etriper et s'affaiblir
> nazisme et communisme procurait d'heureux reves à
> une diplomatie britanique qui jusqu'a preuve du
> contraire n'avait rien contre une politique
> musclée (Afrique du sud ??) ?
>
> Ca expliquerait peut-etre mieux Munich que la
> naiveté de Chamberlain, non ?


Cela fait beaucoup de si. En plus tu raisonnes en connaissant la suite des évènements.

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 29 septembre, 2008 20:25

C'est le meme si décliné.

Et c'est exactement le contraire d'un raisonement facile; le raisonement facile c'est : Chamberlain a fait confiance à l'Allemagne parce qu'il etait naif.

Du texte de Paul :

"les grandes questions historiques liées à cette grave erreur de jugement hantent le présent. Comment Chamberlain a-t-il pu ne pas comprendre les intentions de ses ennemis ; comment a-t-il pu ne pas sentir le danger auquel il faisait face ; et pourquoi a-t-il fait confiance à Hitler ? "

Mon Si répond parfaitement à cette question, tout le reste ne tient guère debout.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 10:37

On est un peu dans la théorie du complot, même s'il y a beaucoup de points communs entre une certaine élite britannique, racisme anglo saxon et culte de leur race supérieur et approche raciste des nazis.
Il ne faut pas sous estimer les deficiences d'un preneur de decision, car certains système hiérarchique font que c'est au responsable de prendre la decision finale.
Par contre les anglais et les hollandais savent parfaitement ne pas promouvoir les idées antisémite par interet financier.
On peut penser mais business en premier.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 10:41

A l'époque on l'appelait encore Monsieur Hitler, qui pouvait envisager ce qu'il avait dans la tête.

Il faut aussi se remettre dans le contexte de l'époque ou Munich sans être obligatoirement un renoncement est aussi un délai pour rearmer, mais c'est un mauvais calcul, car la perte des sudètes détruit l'alliance France-Pologne-Tchécoslovaquie (jamais aboutie d'ailleurs).

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Posté par: Patricks (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 10:57

Il ne faut pas sous estimer les deficiences d'un preneur de decision

Certainement, maintenant d'autres facteurs (les Si que j'ai décliné)ont très certainement pesé dans la balance, et bien sur, en 45 valait meiux expliqué Munich par la betise et le manque d'imagination que par une certaine collusion de certains milieux.
60 après il est peut etre temps d'essayer de voir derriere la cache sexe.

Par contre les anglais et les hollandais savent parfaitement ne pas promouvoir les idées antisémite par interet financier.
Mouai, l'exploitation d'un espace vital à l'est etait un objectif politique et économique, indubitablement.
L'analyse des investissements hollandais à l'est 41-43 serait interessant, pour le moins.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 12:41

René a écrit:
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> Il faut aussi se remettre dans le contexte de
> l'époque ou Munich sans être obligatoirement un
> renoncement est aussi un délai pour rearmer


Justement, ce qui m'a toujours intrigué, c'est la facilité avec laquelle Chamberlain, mais aussi Daladier, ont accepté les exigences d'Hitler.

Il y a un enchaînement : mars 38 : Anschluss explicitment et strictement interdit par le Traité de Versailles mais accepté presque sans réaction par les Français et Anglais.
Sudètes : tranché avec la même désinvolture par les mêmes protagonistes sans que la Tchécoslovquie ne soit consultée.

Remarques :

Il est certain que Daladier et Chamberlain partageaient la même doctrime, nommée plus tard 'apaisemenent'. Pour le même motif, et sous la pression de l'Angleterre de Baldwyn (prédesseur de Chamberlain), la France de Blum renonça à soutenir la République espagnole malgré l'ingérence assumée publiquement de l'Allemagne et de l'Italie dans ce conflit.

L'Angleterre possédait un espion de premier choix en Allemange : Hugh Christie qui lié à tous les milieux d'affaire ainsi qu'a des militaires de haut rang et à des dignitaires important du parti nazi, apportait des informations de premier choix au gouvernement britannique. Chamberlain refusa de croire toutes ses informations, y compris, plus tard (le 18 août 1939), à celle de l'invasion de la Pologne prévue pour le mois suivant.
Grâce à lui et d'autres sources, l'Occident savait que l'Allemagne de 1938 n'avait toujours pas les moyens de sa politique agressive. La Luftwaffe ne représentait toujours pas un danger réel et l'Armée de Terre était en pleine réorganisation. Les militaires allemands étaient même disposés à renverser Hitler si celui-ci donnait le signal d'une intervention armée.

Sur le plan militaire. La RAF s'équipait cette année là de ses premiers spitfire en remplacement des avions obsolètes et donc sa force n'était déjà plus négligeable.
Quant à la marine, elle dominait celle de l'Allemagne.
Sur terre, la France, malgré sa timidité, pouvait compter sur l'armée Tchécoslovaque qui avait alors une valeur réelle et des officiers polonais assuraient que malgré les divergences avec ce dernier pays, l'armée polonaise aurait elle aussi marché contre l'Allemagne à la demande de la France.

Les négociateurs britanniques et français étaient donc dans une position de force pour refuser les exigences nazies et faire rentrer dans le rang "Monsieur Hitler". Le recul obligé de ce dernier aurait même pu lui coûter son poste de Chancelier.

Mais, on sait ce qui est advenu.

Arrêtons là, la suite serait du "What if", cher au Anglo-Saxons.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 13:53

Les rappports d'espion ne sont pas toujours ecoutés, et peuvent être considérés de l'intoxication, ex de Sorge qui prévient les soviétiques du 22 juin 1941.

Un lien long et touffu, 7 chapitres, je n'ai lu que le chap2.

europe 37-39

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 14:00

Il y a quand même des constantes de la politqiue anglaise au moins jusqu'en 1945 ou ils cèdent la main de leurs interets aux USA, prenant alors le role du subalterne, en Grèce par exemple.

-Les débouchés de la Meuse au sud de la Haye doivent être entre les mains de neutres ou d'alliée, car directement en face de Londres. Ce n'est pas pour rien que en 14-18, les Anglais occupent le front dans la somme et dans la 2ème GM elle progresse avec Market Garden vers la Belgique et la Hollande.

-Pas de puissances prépondérantes sur le continent.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 septembre, 2008 14:22

René a écrit:
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> Les rappports d'espion ne sont pas toujours
> ecoutés, et peuvent être considérés de
> l'intoxication, ex de Sorge qui prévient les
> soviétiques du 22 juin 1941.


Sans doute, mais ce Hugh Christie n'était pas n'importe qui. Citoyen britannique élevé et vivant en Allemagne, il avait adhéré au MI6 bien avant la venue de Hitler et avait tissé d'importantes relations.
Il rapporta immédiatement à ses chefs la conversation qu'il avait eu avec Goering (excusez du peu !) le 3 février 1937. Il y annonçait clairement l'intention nazie de contrôler l'Autriche et la Tchécoslovaquie. Un an plus tard, c'était l'Anschluss.
En mars 1938, lors de l'annexion de l'Autriche, Christie fit part au gouvernement britannique que Hitler serait chassé par les militaires si la Grande Bretagne joignait ses forces à celles de Tchécoslovaquie contre l'Allemagne. La question cruciale était "dans quel délai cette nouvelle annexion se produirait-elle ?" Il estimait qu'elle aurait lieu dans trois mois au plus, à moins que la France et l'Angleterre ne parvienne à l'empêcher, ce qie les "têtes froides" allemandes éspéraient le plus.

Les informations, émanant non seulement de Christie, allaient toutes dans le même sens. Mais Chamberlain campa impertublablement sur ses positions malgré les évènements, qui en s'accumulant, ne cessèrent de démontrer l'inanité de sa politique.