LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE LA POLOGNE (entre-deux guerres) - 2

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 25 novembre, 2010 22:58

LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE LA POLOGNE - 2

Yvon BlZARDEL in Politique Etrangère - année 1937 - volume 2 - n°5 pages 426/440

La Pologne étend son champ d'activité

Si la politique française a pu manquer de netteté à l'égard de la Pologne, le moins qu'on puisse dire de la politique polonaise c'est qu'elle n'est pas non plus sans reproches à notre égard. A vrai dire, les deux pays n'ont jamais admis que l'autre cherche à se rapprocher de l'Allemagne. La Pologne ne s'est pas fait défaut de critiquer toute tentative dans ce sens, et M. Beck a même critiqué nos tentatives de détente avec l'Italie. En outre, il semble qu'une grande cause d'aigreur entre les deux pays ait été amenée par une estimation différente des services rendus. La Pologne reconnaît, sans trop de bonne grâce, que la France lui a apporté un « appui moral ». La France, de son côté, exagère l'importance matérielle de cet appui. La vérité se situe dans un juste milieu, à la limite de l'opinion française et de l'opinion polonaise moyennes.

Une injuste opinion française ne s'en est pas assez rendu compte. Quand certains ont parlé chez nous de l'aide polonaise éventuelle en cas d'agression comme d'une planche pourrie, ils oubliaient que rien ne nous autorisait à douter que les clauses de l'alliance ne seraient pas observées par notre alliée.

Il est un fait capital : lors de la violation de la zone rhénane et du pacte de Locarno, le 7 mars 1936, la Pologne a pris position aux côtés de la France, autour de laquelle les autres peuples ne se pressaient guère. Le gouvernement polonais a déclaré à cette occasion que l'alliance avec la France subsistait entièrement, et il a confirmé par écrit ses déclarations -verbales. De son côté, notre ambassadeur a remis alors à M. Beck un aide-mémoire assurant que le gouvernement français considérait les accords franco-polonais comme conservant toute leur valeur.
A la suite de cet échange de déclarations, eurent lieu les échanges de vues. Le général Rydz-Smigly les confirma lors de sa visite à Paris.


Quelles que soient les autres considérations qui doivent les rapprocher, dans l'état actuel de l'Europe, France et Pologne sont fatalement ramenées l'une vers l'autre par le danger allemand. L'Allemagne institue-t-elle le service militaire de deux ans ? Aussitôt le général Rydz-Smigly prend le chemin de Paris et il évite de passer par Berlin. Ainsi fonctionne le jeu de bascule de la politique polonaise.

M. Beck tient peu compte de l'antipathie de ses compatriotes à l'égard de l'Allemagne, le sentiment n'ayant rien à voir avec la politique. Mais soa réalisme peut coïncider avec cette antipathie : devant toute agression hitlérienne il serait porté à nos côtés. En attendant il se débat de son mieux dans l'imbroglio européen, multipliant les contacts directs. En se rapprochant de l'Angleterre il est ramené, bon gré mal gré, vers la France : sa visite à Londres, en novembre 1936, était un pas vers une démocratie dont la politique extérieure tend vers les mêmes buts que la nôtre.

Du côté de Genève, détente. La Pologne a été provisoirement chargée du mandat de la Société des Nations à Dantzig, et Varsovie par jeu diplomatique envisage favorablement la possibilité d'un nouveau Locarno.

Jetant un coup d'œil en arrière, M. Beck disait encore le 18 décembre 1936 :
« Le lien entre l'ancien accord de Locarno et la Société des Nations a donné lieu, de notre part, à des réserves assez sérieuses... Les accords de 1925 ont plutôt ébranlé que consolidé l'équilibre européen.

« Je l'ai déjà déclaré, non pour critiquer ou pour me répandre en plaintes, mais parce que, aussi bien dans l'intérêt d'une stabilisation européenne générale que pour nous donner la possibilité de collaborer avec les Etats de l'Europe occidentale dans la mesure des moyens dont nous disposons pour atteindre ce but commun, je voulais amener l'éclaircissement de toutes les conditions qui sont nécessaires pour que le futur accord conserve toutes les valeurs positives et qu'on évite tous les défauts ou caractères négatifs que l'expérience de 1925 a révélés...
«En comparaison avec l'atmosphère locarnienne de 1925 notre situation est complètement renversée. Si aujourd'hui on parle des « justes intérêts » de la Pologne, à propos d'un pacte occidental, c'est parce qu'on parle aujourd'hui de l'importance positive que la position de la Pologne présente pour la stabilisation de la paix sur le continent. Comme les directives de la politique anglaise sont commandées par le souci d'une stabilisation générale et non par le désir de chercher pour soi des avantages locaux, nous pouvons considérer justement la compréhension, dont l'Angleterre témoigne de ces problèmes, comme la manifestation la plus, objective de son attitude. »

Les États baltes

Depuis que le général Zeligowski s'est emparé de Wilno, ancienne capitale de la Lithuanie, les Lithuaniens ont dressé une muraille de Chine entre eux et la Pologne, fermant la route de Memel et limitant la Pologne au couloir pour ses relations avec la mer. Les deux pays s'ignorent ou ne se connaissent que pour s'accuser mutuellement.

Dans ces conditions, Varsovie a cherché à se rapprocher de la Lettonie et de l'Esthonie. Mais les Etats baltes forment un bloc. Si la Lithuanie se dresse, elle trouve toujours chez les deux autres un appui, en dépit des visites de politesses échangées entre les hommes politiques de ces deux pays et les Polonais.

En outre, les trois États baltes, eux aussi tiraillés entre l'Allemagne et la Russie, sont en ce moment plus attirés par cette dernière puissance, les barons baltes ayant laissé chez eux de fort mauvais souvenirs du germanisme. Le rapprochement polono-allemand n'a nullement amené la Lettonie et l'Esthonie à se rapprocher de Varsovie.

La Roumanie

La collaboration polono-roumaine n'a pas encore subi d'éclipsé. Au contraire, l'évolution politique des deux pays, leur mouvement de conversion vers des amitiés nouvelles a resserré leurs liens. Leur attitude à l'égard de la Société des Nations est semblable, ils cherchent également dans un « sage égoïsme » la solution de leurs problèmes. Si bien qu'ils sont à la fois amis et alliés, ce qui n'est pas toujours le cas pour des nations qu'unissent un pacte.

En avril dernier la Gazeta Polska pouvait constater que depuis le jour où une convention touristique a été signée entre les deux Etats, la collaboration polono-roumaine embrassait tous les domaines de la vie : le politique, le militaire, le culturel et l'économique.


« Ainsi sommes-nous toujours prêts à défendre les justes intérêts et le sage égoïsme de nos amis, non seulement en cas de guerre, notamment en vertu de l'alliance en vigueur, mais aussi en temps de paix sur la base d'une collaboration amicale, en ne posant au fond à nos amis qu'une seule condition, c'est qu'ils aient leur propre politique et non pas celle des autres. »

Cette politique polonaise est fort mal vue de la Russie, contre qui elle semble dirigée. La Pologne est accusée à Moscou de chercher à créer un bloc de petits États, bloc destiné à séparer plus profondément la France et la Tchécoslovaquie de la Russie, et de servir par là les intérêts de l'Allemagne.

La Tchécoslovaquie

Les rapports entre la Pologne et la Tchécoslovaquie offrent un aspect particulier et malaisé. Les uns et les autres ont souffert d'un ennemi commun : l'Allemand, qui demeure aujourd'hui un danger commun.

Mais le Polonais et le Russe sont séparés par un passé historique lourd de rancune, alors qu'un penchant a toujours incliné les Tchèques vers la Russie, seul pays slave qui soit demeuré à travers les siècles. A la Russie se sont raccrochés, au XIXe siècle les Bulgares, les Serbes et les Slaves du sud, à la Russie se raccrochaient les espoirs des Tchèques et des Slovaques sous le joug.

Bien qu'il soit tout sentimental, le panslavisme des Tchécoslovaques inquiète encore les Polonais; ils avaient déjà ce grief contre eux avant la guerre, et à la création des deux républiques ïa situation s'est envenimée. La Conférence de la Paix, Teschen, les entraves mises par la Tchécoslovaquie pour laisser passer le matériel de guerre destiné à la Pologne contre la Russie irrita davantage la Pologne.

A la base de ce désaccord existent des tendances politiques, une conception du régime républicain tout à fait contraires. Alors que la Pologne demeure attachée à d'anciennes formes de gouvernement et d'administration (elle est avec la Hongrie le dernier pays d'Europe a avoir conservé des traits de féodalité), la Tchécoslovaquie aspire à marcher à l'avant-garde du progrès matériel et social. Les traits communs entre le Tchèque et l'Américain sont frappants. Comme les États-Unis, la Tchécoslovaquie est une démocratie cordiale. En Pologne le serviteur baise encore la main du maître.

« La minorité polonaise qui vit à Teschen est en butte aux tracasseries des Tchèques à l'école et à l'église, disent les Polonais. Défense à la minorité polonaise de se développer librement, alors que les minorités allemandes et hongroises jouissent de faveurs particulières. »

Et comme les régimes autoritaires réagissent avec plus de violence que les démocraties, le poste de radio de Katowice et la presse malmènent fort la Tchécoslovaquie.

A cette campagne, les Tchécoslovaques, conservant toujours ce sentiment du danger allemand que les dirigeants polonais perdent par intermittence, rétorquent par la voix autorisée d'un de leurs amis anglais, R.W. Seton-Watson :

« Des voix de sirènes venues de Budapest murmurent aux oreilles des Polonais que la vraie politique polonaise est de favoriser un démembrement de la Tchécoslovaquie qui jetterait la Bohême et la Moravie dans la gueule du loup allemand, rendrait à la Slovaquie les bienfaits de la magyrisation, qui permettrait à la Pologne d'annexer la Ruthénie (dernier vestige du territoire ukrainien) et priverait la Russie des soviets d'une alliée stratégique sur le Danube ».

Si à Varsovie l'opinion publique n'est pas sans doute assez éprise de la cause slave en général pour repousser comme frisant la trahison de telles suggestions [Ces suggestions, disent les Polonais, émanent de journalistes irresponsables], du moins est-elle assez réaliste pour songer que la disparition de la Tchécoslovaquie entraînerait celle de l'Autriche, permettant à l'Allemagne d'établir son hégémonie dans le moyen Danube, et peut-être même dans toute la péninsule balkanique. A l'ouest de la Vistule, la Pologne serait alors le principal État, et un conflit avec l'Allemagne ne serait plus qu'affaire de temps. Depuis la mort de Pitsudski, nous voyons donc la Pologne augmenter ses moyens et chercher prudemment s'il ne serait pas possible de constituer un bloc défensif englobant les petits Etats situés entre la Baltique et l'Adriatique ou la mer Noire, de façon à séparer fortement l'Allemagne et la Russie et à les rendre à peu près incapables d'échanger des coups [Slavonic and East European Review, juillet 1936].

La question se complique davantage quand la Tchécoslovaquie considère de son côté avec tendresse sa frontière ruthène et déclare, par exemple par la voix d'un de "ses diplomates, M. Seba, que les frontières orientales de la Pologne ne correspondent pas à la ligne par laquelle lord Curzon, en 1919, rognait la Galicie, réduisant la Pologne aux seuls territoires ethnographiquement polonais.

« Si ce projet avait pu être réalisé », écrit M. Seba, « la Tchécoslovaquie aurait une frontière commune avec l'U.R.S.S. ».

Si la Pologne, comme on le croit à Prague, rêve d'une frontière commune avec la Hongrie, la Tchécoslovaquie de son côté rêverait donc d'une frontière commune avec les Soviets, pour faire échec à l'Allemagne.


Le projet de lord Curzon eût-il été réalisé que la Ruthénie, actuellement tchécoslovaque, eût été jointe à l'Ukraine par un morceau de Galicie, actuellement polonaise, et où vivent quatre millions de petits-russiens.

Les problèmes économiques et la Société des Nations

Lors de son voyage à Londres au mois de novembre 1936 M. Beck avait parlé avec chaleur de la sécurité collective et de la Société des Nations, naguère objet de ses dédains.

C'est qu'en dehors des questions de politique générale européenne, des questions de frontières et de minorités, la Pologne doit se préoccuper des problèmes des matières premières et de la population. Elle compte, pour les résoudre, sur Genève et sur une bonne volonté internationale qui ne se satisfait pas d'accords particuliers.

Estimant que ce rôle incombe en premier lieu à la Société des Nations, la Pologne, croit en effet que si Genève a subi des échecs dans les règlements des conflits politiques, elle est tout indiquée pour étudier et résoudre les problèmes économiques internationaux. C'est ainsi que M. Rosé, sous-secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Industrie, renouvelant son intervention des 5 et 6 octobre 1936 à Genève, a présenté dans le courant de septembre 1937, à la Commission économique de la Société des Nations, le point de vue de la Pologne sur ces questions.

Le projet polonais estime, en premier lieu, que la stabilisation politique et la paix ne pourront être établies tant que les obstacles continueront à se dresser dans le domaine des relations économiques internationales. A son point de vue, ces obstacles consistent principalement dans la difficulté de faire circuler librement les capitaux; dans la restriction des échanges de marchandises qui amènent la surabondance des matières premières dans quelques pays et la disette dans d'autres; dans la répartition de la main d'œuvre, source de chômage dans certains pays, alors qu'ailleurs des territoires restent inexploités faute de bras.

Le problème de l'immigration est particulièrement complexe en Pologne, où l'on désirerait, que fût élaboré un plan concret de collaboration internationale en vue de faciliter l'émigration des nationaux dans des pays riches en matières premières ou pauvres en main-d'œuvre ; que soit étudiée la possibilité d'aider à l'industrialisation du pays, afin de transformer une surabondance d'ouvriers agricoles en ouvriers d'usines.

Déjà un communiqué officieux, publié par la délégation polonaise à Genève en octobre 1936, donnait des précisions démographiques sur l'état de la population de la Pologne et sur sa situation en face de ce problème :

« II est faux de considérer la Pologne comme un pays dont les besoins sont satisfaits. La Pologne doit résoudre la question de l'industrialisation pour nourrir son excédent de population. La Société des Nations servira efficacement la cause de la paix en facilitant la solution du problème colonial et la répartition des matières premières. Sur les 24 principales matières premières, la Pologne n'en possède que 10 et en quantités insuffisantes. Le chiffre de son excédent annuel de population est un des plus forts du monde. La densité de sa population atteint celle de l'Italie. Huit millions de paysans polonais doivent trouver place dans l'industrie ; 50 % des importations polonaises sont constituées par des matières premières. Enfin, étant donnée la structure professionnelle de la minorité juive en Pologne, on estime que 80.000 juifs devraient émigrer chaque année. »

Le représentant de la Pologne soulignait, à la suite de ce rapport, tout l'intérêt attentif que son pays portait au foyer national Israélite de Palestine.

Ainsi la question juive formait-elle un des éléments qui ramenaient la Pologne vers Genève.

Ce problème ne remonte qu'au début du XXe siècle, lorsque le gouvernement tsariste refoula sur le territoire polonais plus de 500.000 Israélites. La révolution bolchevique augmenta l'exode, au point que les Juifs représentent plus de 10 % de la population, 33% à Varsovie!

Aussi la jeune république cherche-t-elle à remédier à cette pléthore de commerçants par l'organisation méthodique de l'émigration. Elle encourage le mouvement sioniste, considère favorablement le projet de M. Zabotynski, lequel tend à l'émigration dans un délai de dix années, d'un million et demi de Juifs.

« Le problème de la population israélite se pose d'une façon particulièrement aiguë en Pologne — a dit M. Rosé. Sur 34 millions d'habitants presque 10 millions vivent dans les villes, et, sur cette quantité 3.800.000 sont des Israélites qui se limitent à certaines professions spéciales. Ce sont par excellence des commerçants, si on peut appeler « maison de commerce » ce qu'ils dirigent.

« Le problème qui se pose est donc extrêmement difficile, c'est celui que les* pays occidentaux ont réglé il y a des dizaines d'années déjà : la rationalisation du commerce, la suppression des anneaux superflus des intermédiaires dans la chaîne des commerçants. Or, chaque coopérative agricole qui se fonde, chaque nouvelle voie de communication qui s'ouvre, chaque nouvel établissement susceptible d'améliorer l'organisation du commerce, compromet la situation de centaines de milliers de familles d'intermédiaires commerciaux juifs, dont l'activité ne répond plus à des besoins réels. »

Ce qui montre le mieux que la nécessité de l'émigration juive des pays d'Europe centrale et orientale est de plus en plus reconnue dans divers milieux juifs, c'est, en outre, le communiqué publié au cours de l'été dernier par le Comité exécutif du Congrès Juif Mondial, et dont voici la teneur :

« Le Congrès Juif Mondial constate qu'à la suite des crises économiques que traversent les pays d'Europe orientale la nécessité objective de l'émigration d'une partie des Juifs se fait sentir. Aussi à ce point de vue tous les efforts, qu'ils viennent de la part des Juifs ou des non Juifs et qui visent à ouvrir les frontières des pays d'immigration doivent être accueillis favorablement et appuyés. »

Conclusion

II est permis de constater, en manière de conclusion que les dernières tendances politiques du maréchal Pitsudski étaient dirigées vers un rapprochement avec l'Allemagne et que M. Beck accentua cette tendance. Cette politique aboutit à un apaisement polono-allemand momentané et à un refroidissement momentané avec la France, sans que jamais l'alliance qui unissait les deux pays fût dénoncée. Elle demeurait simplement assoupie.

Au cours des années 1936 et 1937 la Pologne, inquiète du réarmement allemand, préoccupée par la persistance réelle de ses différends avec le Reich sous les apparences de l'accord, et en outre par la crise économique, s'efforça de tirer cette alliance de sa torpeur. Elle prit position lors de la militarisation de la Rhénanie. Et lors de la visite à Paris du général Rydz-Smigly les deux pays reprirent des sujets de conversation abandonnés depuis trois ans, tels que le problème de la sécurité sur le Rhin et sur la Vistule.

La France s'était dès longtemps rendu compte qu'il ne fallait plus faire état du passé romantique. Les peuples, comme les individus, sont moins sensibles au passé qu'aux perspectives d'un avenir immédiat. La sécurité, les débouchés, les matières premières, la démographie prennent le pas sur l'idéologie romantique autour du tapis vert.

De son côté, M. Beck parlait sécurité collective à Londres deux mois plus tard. Enfin, la Pologne s'abandonnait plus volontiers à Genève dans le sein de la communauté européenne.

Aujourd'hui, une partie de l'opinion polonaise trouve que son ministre des Affaires Etrangères a relevé le prestige du pays, mais en jouant toujours un jeu dangereux. Il a mis du baume sur la plaie cuisante du corridor, mais toutes les difficultés subsistent le long des frontières et Danzig de plus en plus hitlérienne semble de plus en plus perdue pour la Pologne.

Si l'opinion polonaise est favorable à l'alliance française, elle n'en considère pas moins qu'en temps de paix chaque nation doit se tirer d'affaire elle-même, au mieux de ses propres intérêts. En cas de guerre le sentiment populaire, le réalisme et la géographie se ligueraient pour faire bloc avec la France contre toute agression germanique.