Confession d'un bourreau

Démarré par Archives, 21 Novembre 2023 à 11:27:29

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 02 juin, 2011 14:45


A droite,Stefan Dąmbski    Stefan Dąmbski)


« J'ai tiré sur des hommes, comme à la cible. J'aimais regarder les visages effrayés, je me plaisais à voir le sang jaillissant des têtes fracassées »

[wyborcza.pl] ; [wyborcza.pl] ; [www.istpravda.com.ua] (traduction acceptable si vous utilisez Google Chrome comme navigateur – idem pour les sites polonais)




A 16 ans, Stefan Dąmbski membre d'une unité spéciale de l'AK, exécuta son premier condamné au nom du Gouvernement polonais et de l'AK.

Après des années d'exil aux Etats-Unis où il a travaillé comme ouvrier agricole, il a écrit ses mémoires maintenant publiées (fin 2010).
Agissant dans la Voïvodie de Lwów, il a tué des soldats allemands, des délateurs polonais, des fonctionnaires au service de l'occupant. Puis il a tué des civils ukrainiens, des militants et des miliciens de la RPP et aussi des « victimes accidentelles » innocentes, tant polonaises qu'ukrainiennes, y compris des femmes et des enfants.

 Lorsqu'il s'agissait d'Ukrainiens, il allait, suivant les ordres, jusqu'à découper les cadavres en morceaux, le sang giclant sur les murs, afin de faire plus forte impression sur ceux qui découvriraient les corps.

Il s'est suicidé en 1993 sans doute après avoir appris qu'il souffrait d'une maladie incurable ou peut-être aussi parce qu'il ne supportait plus l'image de ce qu'il avait fait pendant la guerre.

Pourtant, il pourrait être considéré comme un héros de la Résistance, un combattant sans peur qui a risqué sa vie à plusieurs reprises. Son personnage, robuste malgré son jeune âge, pourrait même incarner le type même du héros de film d'action tel qu'on les aime aujourd'hui. Mais, dans son livre, il n'évoque jamais le courage qu'on devrait lui prêter.
Au contraire, il s'interroge sur la raison pour laquelle on confiait ces tâches pénibles à des hommes aussi jeunes et trouve comme simple réponse que ceux-ci sont plus efficaces car se posant moins de questions que les adultes. Il ajoute aussi que lorsqu'on prend plaisir à tuer, comme ce fut son cas, il aurait du demander à effectuer d'autres missions. Il reconnait cependant que la guerre fut une bonne époque pour lui : pas besoin d'aller à l'école, de l'action, pas de soucis du lendemain, pas de vie monotone .... Mais c'est vrai aussi que notre mémoire à tendance à ne se rappeler que des bons moments et supprime généralement les épisodes pénibles.

Ces souvenirs de guerre ne sont pourtant pas une apologie de ses actions mais paraissent plutôt avoir été écrits pour dénoncer l'idéalisation des combats et montrer l'image de la guerre sale qu'il a vécu.

Il ne s'agit pas ici de stigmatiser une branche peu connue et même souvent cachée de l'AK, celle chargée de l'élimination des traître ou supposés tels mais toujours après qu'un jugement des autorités clandestines ait été rendu. Mais ces épisodes sont souvent tus.
Pourtant, en Pologne, on n'hésite pas à dénoncer les mêmes actions, qualifiés de barbares, commises par le Service de Sécurité de l'UPA ukrainienne - hors les massacres de Volhynie qui ne sont pas la conséquence d'une lutte clandestine "justifiée" à tort ou à raison. Pourtant, celui-ci accomplissait les mêmes missions à l'encontre des traîtres et autres condamnés par les tribunaux des régions ou districts militaires. Ce SB de l'UPA agissait exactement comme le faisait la Résistance polonaise lors des « missions spéciales » menées par des unités tout aussi spéciales.
Tout dépend du bord sur lequel on se trouve.

Je lisais en commentaire sur le site ukrainien de Istorytchna Pravda ci-dessus, un commentaire qui concluait qu'il est maintenant possible de parler entre Polonais et Ukrainiens de ces tragédies. L'auteur ajoutait simplement que c'est toujours impensable lorsqu'il s'agit d'aborder des sujets semblables avec les Russes !
Je lui laisse la responsabilité de ces propos.  Une autre conclusion rend hommage à l'intégrité d'un pays comme la Pologne qui permet la publication d'un ouvrage montrant la face cachée, et pourtant nécessaire, de ce que fut la Résistance nationale.

Soldats de l'AK - district de Sambor/Sambir, aujourd'hui en Ukraine

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 02 juin, 2011 16:02

Le titre de ce sujet pourrait choquer.

Aussi je me dois de préciser que le terme "bourreau" désigne ici l'exécuteur - agissant seul ou en unités spéciales - des sentences des tribunaux militaires de la Résistance polonaise pendant l'occupation allemande puis soviétique.

Il n'est en aucun cas synonyme d'un membre de la pègre ou tout autre personnage sadique et pervers tuant gratuitement ou pour satisfaire ses bas instincts.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 03 juin, 2011 11:27

Quelques autres appréciations sur ce livre (en polonais – sinon utiliser le traducteur du navigateur Google Chrome) :

Il faut rappeler que cette publication provoqua, et provoque encore, une vive polémique parmi les anciens combattants de l'AK.

Les historiens sont plus circonspects et n'ignorent pas l'existence des exécuteurs (ou unités d'exécution) des sentences des tribunaux de la clandestinité - jugements rendus au nom du gouvernement de Pologne et de l'AK ... mais dont certains utilisèrent aussi leurs "pouvoirs" pour se livrer à des actes de représailles.

En premier lieu :

[histmag.org]
[www.tvn24.pl]


Quelques extraits :

[forum.karta.org.pl]
[forum.karta.org.pl]
[forum.karta.org.pl]
[forum.karta.org.pl]


pour acheter ce livre :

[ksiegarnia.karta.org.pl]
[www.granice.pl]

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 06 juin, 2011 11:06

Un sujet difficile que de parler des actions de police de mouvement de résistance.
L'action humaine parait plus atroce que l'action industrielle, comme le bombardement inutile de Dresde. Je pense que ce genre de témoignages tient plus de la psychologie que de l'histoire. L'histoire se juge d'une façon plus macro, plus macro que les pertes humaines à l'instant T.
De nos jours on s'impressione aussi de tand de barbarie, mais la guerre en tant que tel est une broyeuse de corps et d'existence.

Celui qui tire un obus de 420 mm sur Varsovie en 1944, ecrasant des centaines de personnes comme sou sun pilon, ou celui qui tue 2 personnes de sa main en regardant ces victimes dans les yeux, pour moi c'est pareil, c'est la demarche de combat.
Dans un cas ou l'autre de toute façon personne n'en sort indemne, les plus sensibles n'y survivent pas psychologiquement.





HS un peu, mais la photo est posé, la MG requiert un approvisoinneur pour tirer avec une bande souple, et là le servant à fait faire un tour à sa bande.
La il a 2 rafales de 3 secondes en appro.
Celui de gauche est équipé d'un PPsha 1943, l'une des meuilleures armes de l'époque pour le combat courte porté.
Celui a genou a une sten britannque sans chargeur.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 06 juin, 2011 11:08

Bourreau est le terme adapté, c'est celui qui execute la sentence, il peut en faire profession.
La guerre psychologique et l'action sur les collabo est une part importante de la survie d'un mouvement clandestin.
Par exemple lors de la guerre d'algérie, le FLN a executé plus d'algériens pro français que d'européens.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 06 juin, 2011 13:27

René a écrit:
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> Un sujet difficile que de parler des actions de
> police de mouvement de résistance.
> L'action humaine parait plus atroce que l'action
> industrielle, comme le bombardement inutile de
> Dresde. Je pense que ce genre de témoignages
> tient plus de la psychologie que de l'histoire.
> L'histoire se juge d'une façon plus macro, plus
> macro que les pertes humaines à l'instant T.
> De nos jours on s'impressione aussi de tand de
> barbarie, mais la guerre en tant que tel est une
> broyeuse de corps et d'existence.

Ce qui m'impressionne favorablement c'est, comme je le disais plus haut, l'attitude des éditeurs et des historiens polonais "modernes" qui osent regarder en face la période de la Résistance sans a priori. Cette période comprend bien sur la Résistance contre les Nazis aussi bien que contre les les Soviétiques ... et la lutte contre leurs collaborateurs polonais respectifs.

Je ne vois pas beaucoup d'étude en ce sens sur la Résistance française. Et pourtant, en étudiant ou révélant des épisodes généralement tus car moins glorieux, ces historiens polonais n'enlèvent rien au courage et à l'héroïsme de ceux qui donnèrent ou risquèrent leur vie "pour le bien du pays".

L'étude de ce que fut la Résistance polonaise est passionnante mais exige aussi une vision multicentrée afin de sortir des mythes qui eurent cours pendant la période communiste, où elle était diabolisée au possible, ou après la chute de celui-ci pendant laquelle son image fut idéalisée, de même que dans la diaspora. Le fait de reconnaître que la guerre n'est jamais propre, même parmi ceux qui sont à juste titre des héros, et de relativiser les actions de tel groupe ... est tout simplement une preuve de maturité des chercheurs et des lecteurs de ces ouvrages, et est tout à l'honneur de cette nation.

Ainsi un point qui est souvent évoqué pour démontrer l'importance que prit cette Résistance. On cite souvent le chiffre de 400.000 combattants de l'AK. On omet toutefois trop souvent de dire que ce n'est qu'une moyenne car les estimations varient selon les auteurs de 200.000 à 600.000. Certains auteurs soulignent aussi qu'il s'agit des effectifs estimés pour l'année 1944, ce qui sous-entend que ceux des années précédentes étaient inférieurs ... un peu comme en France à la libération. Est-ce à dire que ces hommes et ces femmes étaient des opportunistes ? Une partie sans doute, mais certainement pas la majorité. La guerre continuait, les soviétiques venait de pénétrer sur le territoire polonais, l'opération Tempête débutait. Il ne fait pas de doute qu'une mobilisation a eu lieu à la demande des autorités clandestines, sinon spontanément.

Est-ce que tout fut propre ? Et bien non. De nombreux combats eurent lieu entre les soldats de l'AK et les mouvements indépendantistes ukrainiens et lituaniens. Sans évoquer les massacres de Volhynie, inexcusables et dont les causes même argumentées ne peuvent en aucun cas justifier ce qui s'est produit, il faut savoir que ces "clash" sanglant ont débuté avant ceux-ci, dès 1942, et furent le fait de tel ou tel groupe de l'AK agissant sans doute par initiative propre de leurs chefs locaux. Des villages lituaniens furent brulés, leurs habitants fusillés, de même pour des villages ukrainiens de Galicie orientale mais aussi du sud-est de la Pologne actuelle. Ajoutons que les Résistances lituanienne et ukrainienne agirent de même envers les Polonais.
Faut-il parler de la 27e Division de Volhynie de l'AK, la plus importante en effectif (5 à 7.000 combattant bien entrainés et bien encadrés) qui lutta avec vigueur, courage et efficacité contre les Nazis et défendit également les Polonais harcelés par l'UPA naissance ukrainienne ? Elle participa à l'opération Tempête et comme telle collabora avec l'Armée Rouge ... y compris en effectuant pas moins de 18 missions (en totalité ou en partie de son effectif) conjointement avec le NKVD pour tenter de détruire les nids de résistance de l'UPA volhynienne qui alors combattait contre les soviétiques et ces mêmes troupes du NKVD ... en plus des missions de représaille à titre personnel. Cela n'évita pourtant pas l'arrestation des officiers par le NKVD et la déportation de leurs hommes.

Et puis, ne mettons pas tout sur le dos de l'AK, de l'UPA ou des Frères de la Forêt balte. A cette époque troublée qui coïncida avec l'arrivée des soviétiques, on trouvait aussi des bandes de vrais bandits composés d'Ukrainiens ou de Polonais, parfois les deux ensemble, qui pillaient, rançonnaient et tuaient les habitants des campagnes. Ceux-ci étaient une source d'énormes soucis tant pour l'AK que pour l'UPA : la propagande soviétique ne manquait pas d'utiliser les agissement de ces bandits pour discréditer les mouvements clandestins polonais et ukrainiens. Il y a des preuves, que des équipes paramilitaires dirigées par des officiers du NKVD, se déguisèrent en combattants polonais ou ukrainiens pour raser des villages et fusiller leurs habitants lors d'opérations parfaitement programmées. Le but était le même : discréditer la Résistance devant la population.
Un chercheur américain a retrouvé dans les archives du NKVD à Lwow/L'viv un memoradum rédigé après une réunion dans les Carpates entre des représentants de l'AK et de l'UPA qui reprend ce que je viens d'énoncer. Le représentant polonais allait même plus loin puisque, parlant de ses compatriotes agissant comme des bandits, il exigeait que ceux-ci soient immédiatement fusillés après leur capture s'ils n'avaient pas tués lors de leur interception.

Tout ceci sont des épisodes d'une autre guerre sale, difficilement compréhensibles à nos yeux puisque, fondamentalement, ces "guerres locales" n'avaient aucun sens puis que l'ennemi commun était le même pour tous les protagonistes.

Mais, on n'a pas peur de les évoquer comme une face cachée du combat glorieux que livra l'AK, l'AK-WiN et autres groupes de la Résistance polonaise.



> HS un peu, mais la photo est posée

Bien sûr. C'était même imprudent car si elle était tombée dans les mains du NKVD, elles auraient servi pour identifier les combattants.
Remarquons les armes de diverse provenance, ainsi que les uniformes : il fallait s'équiper avec ce qui tombait sous la main.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 06 juin, 2011 17:08

Concernant les effectifs ils osnt un peu gonflé depuis 1989, j'ai des exemples de soldats de l'AK qui sont sur des listes d'anciens combattants et qui dans la période 1942-1947, n'étaient pas vraiment actif, tout au plus on participé à une réunion ou deux dans les bois. Il faut donc s'en tenir aux effectifs combattants. Le fait de gonfler les effectifs donnent la vision d'une majorité combattante et resistante. La vision actuelle de la resistance est d'ailleurs toujours sur cette note un peu naïve, on met en relief le coté atroce des executions mais on reste dans une vision patriotique (même je pense du sort fait aux ukrainiens).


En France aussi j'ai l'exemple d'un résistant multi décoré, qui est allé à pied au camp de Saint mArcel et qui est revenu car les combats avaient cessé, et qui a prix les armes en 1944. Un autre décoré d'Algérie qui pour toute action de combat a été pris sous un tir de mortier Fellagah alors qu'il gardait la frontière tunisienne, les tirs venaient de tunisie, il a sauté dans une tranché.

Dans les cas cités on créé une histoire mythique avec des héros bon et des salauds méchants.
En 1918 lors de l'indépendance en Pologne, il a été remis en valeur les combattants de l'insurection de 1863, qui furent honorés et décorés, ils avaient même le droit de porter leurs uniformes dans la rue, le même procédé de mise en valeur de la cause juste.