Les Polonais enrôlés dans l?armée allemande.

Démarré par Archives, 09 Novembre 2023 à 15:03:16

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Posté par: jk (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 17:08

D?après tous les témoignages, il est hors de doute que des Polonais ont été enrôlé de force dans l?armée allemande, par différents moyens de pression, et ceux qui essayaient de se soustraire risquaient la mort. Ceci dit, certains se sont soumis, plus ou moins de bon gré, et nul ne peut leur jeter la pierre, ce n?était pas de la collaboration, mais de l?opportunisme, tout le monde ne peut-être un héros, et pas forcément collabos.
Une petite anecdote vécue :
en mai 40, nous avons été évacué des Ardennes (plus ou moins de force, l?ordre d?évacuation était accompagnée de menace d?être fusillé comme espion pour ceux qui ne voulaient pas partir). L?employeur de mon père, propriétaire d?usines à Nouzonville et à Rueil-Malmaison, nous a donnés comme consigne de rejoindre cette ville.
En juin, à l?approche des troupes allemandes, nouvel exil en direction des Deux-Sèvres, département de repli pour celui des Ardennes. A nouveau sur les routes, à pieds, marche forcée pour échapper à l?avance ennemie. Nous avons quand même été rattrapés à Bonneval, ou nous nous sommes camouflés dans une grange pendant les premiers combats. L?avance rapide des troupes nous a laissés perplexes, que faire ? Nous avons donc décidé de revenir à Rueil dans un premier temps. Le plus jeune de mes frères, (6 ans à l?époque), présentaient des écorchures aux pieds et pleurait lorsque nous avons croisé un groupe de soldats allemands. Ils se sont arrêtés et ont demandé, dans un français correct, s?il avait faim et pourquoi il pleurait. Ils sont allés chercher le médecin du groupe.
Les parents nous avaient donnés comme consigne de ne pas parler polonais, de crainte de mauvais traitement. Alors qu?à la maison, nous parlions polonais, eux-mêmes nous parlaient en français mais avec un énorme accent polonais,.
Au bout de quelques minutes, tout en soignant mon frère, le médecin nous a adressé la parole en polonais, nous questionnant sur les raisons de notre fuite. La trouille au ventre, nous avons expliqué la situation et les craintes des français. Il nous a expliqué qu?en France, nous ne risquions rien, mais qu?en Pologne, les soldats avaient été assez féroces avec la population civile, qu?il était originaire de Silésie, que c?était les brimades et les menaces ou l?incorporation dans l?armée allemande. Comme selon lui, c?était la seule solution pour vivre en exerçant son métier, et que la guerre était perdue pour les opposants, il a pris cette décision, même si son c?ur restait polonais. Après avoir donné des médicaments pour chacun de nous qui étions assez épuisés, et de la nourriture, il nous a souhaité « bonne route », nous disant que nous avions de la chance de n?être pas en Pologne.
Nous avons continué notre marche vers le nord, les troupes ont continué vers le sud, et j?ignore ce qu?est devenu cet homme.

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Posté par: PM (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 17:58

L'Histoire,

il y a ceux qui l'ont apprise dans les bouquins, alors ils sortent leurs connaissances , les dates, les références, les noms des commandants, les régiments, les matériels, les villes, les régions, etc...

et tous les autres, ceux qui l'ont vécu.

JK, c'est la 2ème fois ici que vous nous faites partager vos souvenirs, avec la même émotion retenue.

Je suis sûr qu'on est nombreux à vous lire avec une grande attention.

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Posté par: CK (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 18:08

Pour ceux qui seraient à la recherche de personnes qui ont été incorporées dans l'armée allemande et qui sont décédés au cours de la 1ère ou 2ème guerre mondiale, il y a un site qui permet de retrouver des informations les concernant, et plus particulièrement l'endroit de leur sépulture.
l'adresse :
[www.volksbund.de]

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Posté par: Ryszards (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 18:29

Avec une très grande attention ........ et beaucoup d'émotion , je suis né

juste après cette période, et lorsque je lis le récit de Jean , je me revois

gamin , a la vieillée (encore quelque chose qui a disparu , hélas!) la bouche et

les oreilles grandes ouvertes , écoutant les récits de mes grand-parents et de

mes parents , qui eux, ont malheureusement vécus cette période

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Posté par: monique (91) (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 20:12

PM, je suis vraiment d'accord avec ton commentaire. Il faut écouter ceux qui ont de tels messages à nous transmettre, et les garder dans un coin de notre mémoire.

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Posté par: jk (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 20:27

A PM et Monique(91) en particulier, et à tous les autres en général
C?est aussi avec beaucoup d?attention que je lis vos interventions à tous. Il y a des opinions totalement opposées, mais qui respectent l'adversaire, d?autres pas du tout. Lorsque le débat est lié au comportement humain, cela devient explosif, alors qu?il faudrait simplement lire et réfléchir.
Juger impartialement est impossible. La discussion dans le cas des « malgré nous », devrait simplement servir de base à la réflexion car nul ne connaît véritablement le pourquoi de certains actes.
J?ai la chance d?avoir traversé sans trop de dommage une période propice à tous les excès, d?en avoir souffert sans désir de vengeance, et d?en avoir gardé la mémoire, beaucoup plus tolérant.
Mais ce n?est pas parce que je l?ai vécu que je sais mieux que les autres, je ne sais que ce que j?ai vu sans connaître les arrières bien souvent, et tous les renseignements glanés ici et là, me sont très utiles, qu?ils soient des faits vécus ou collationnés dans des documents. Aucun ne prime, tous sont utiles.
amicalement

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Posté par: Michel Zerkowski (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 20:43

Merci JK

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 01:35

JK, tu devrais nous faire des petits articles pour Beskid, tu as tout ce qu'il faut et c'est très agréable et surtout très utile de te lire.

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Posté par: Sab (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 07:47

Mon enfance a été bercé par les récits de mon grand père, insurgé silésien, pourchassé par la gestapo, partisan....

Je me revois sur ses genoux, buvant ses paroles, c'était mon héros.

Hélas, il est mort quand j'avais 13 ans, il a toujours été malade depuis la fin de la guerre, suite aux mauvais traitement, mauvaises conditions de vie. Mais il était notre héros à tous, à tous les enfants de la famille.

Ma mère avait 18 ans à la déclaration de la guerre et elle nous raconte encore, mais c'est de plus en plus rare, ses souvenirs de guerre, sans père, enfoui, mais avec 4 frères et soeurs plus jeunes et sans ressources....

Mon père, enrolé dans la Wermacht, de force, mais oui, a séjourné dans une caserne à Mutzig (je ne sais plus comment ça s'écrit), en Alsace. Il y a quelques années, on l'a amené à cet endroit. Les bâtiments dans lesquels il a logé étaient intacts, il a pleuré en visitant ces lieux. Il a reconnu un batiment où à l'époque de la guerre il y avait un café tenu par une Polonaise de Silésie. Elle recevait à l'arrière de son restaurant et en cachette, les soldats allemands-silésiens, qui n'étaient par ailleurs pas très populaires parmi les "collègues" soldats allemands, elle leur préparait de la bonne nourriture, servait à boire des bonnes choses, leur parlait dans leur langue.

Nous avons été tous très émus de ce pélerinage 50 ans après.

Mon père a eu de la chance de ne jamais être allé au front. Il est tombé malade, a été hospitalisé dans un hopital militaire allemand à Bruxelles où il a été opéré et reformé par la suite.

Voilà un autre morceau de l'histoire. Mon père a à ce jour 91 ans et il se souvient encore de ce morceau de sa vie.



Sab

la râleuse... c'est quand les prochaines vacances ?


Dès que le printemps sera là

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Posté par: alain (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 08:11

merci pour tous ces témoignages personnels particulièrement émouvants, grâce à ceux-ci ont comprend encore mieux cette période douloureuse qu'est la guerre et les injustices qui en résultent.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 09:29

Votre réponse à PM est toute d'intélligence, il a tort parce que l'histoire ne s'arrête pas au souveir d'un témoin, elle va du général au particulier.
La vie d'un polonais né en 1920 est directement impacté par les traités de Wesphalie, la guerre de 70, et le traité de versailles.
dans un conflit tel que le dernier, un témoignage est une photographie, une scène vécue, mais un homme seul hormis un protagoniste majeur, est un grain de sable dans le désert.
Il faut avoir une vision globale avant de se pencher sur le détail, sinon ce détail est incompréhensible dans son contexte. Et le fait de s'interresser aux unités, c'est aussi s'interresser aux hommes qui la composaient et par la leur rendre hommage.
En un mot, il faut avoir une vision de la géographie, des organisations, des systèmes politiques, des mentalités, des dates, de l'histoire des pays pour passer un cap de reflexion et commencer à reflechir aux evenements dans leurs globalités.

Ce medecin polonais a décidé de servir sous l'uniforme allemand, d'autres se sont enfuis en france pour continuer la lutte.
Je me souviens aussi d'un témoignage d'un lieutenant d'artillerie français de 1940 qui disait qu'a l'annonce de l'armistice ses hommes s'était exclamés "c'est la quille" alors que lui était atterré et se demandait comment continuer la lutte. Mon grand père est revenu de la guerre blessé et a vu autour de lui des gens qui avaient enormement prospéré avec le marché noir, il en était écoeuré.
On a le droit de ne pas être un héros, une victime on peut l'accorder, mais de la, à les plaindre, tout le monde n'en a pas forcément l'envie.

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Posté par: PPZ (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 13:15

- Associer un témoignage individuel, un sentiment affectif privé, un choix personnel propre , à "la feuille de route" de 250.000 conscrits ( en gros, 17 divisions allemandes d'infanterie, ! ) ne justifie en rien le titre " d'enrolés de force". L'armée allemande avait son réglement et l'enrôlement ses critères. (et il y a quoi lire ! n'en déplaise à certains) .

La CONSCRIPTION dans la Wehrmacht était le travail des bureaux de recrutement ( Wehrersatzdienstellen) sous l'autorité du haut commandement allemand ( OKW)

- Pour les citoyens allemands, en temps de guerre, l'age du "bon pour le service" allait de 16 ans (classe 1927) à 61 ans (classe 1884) - jusqu'au 31 mars - Sont exemptés : les condamnés aux travaux forcés ( Zuchthaus) - les privés de droits civils - les soumis aux mesures "de sécurité et d'amelioration (en camps de concentration) - ceux "indignes de porter les armes" - ceux hostiles à l'état - les juifs. Les catholiques romains qui ont pris les ordres (Subdiakonatsweihe) sont aptes.

- Les étrangers sont traités par le quartier général du Sous Secteur de Recrutement de l'Ausland à Berlin. (Les volontaires de Norvége, Suéde, Danemark, Pays-bas et Belgique peuvent etre incorporés sans l'acquisition de la citoyenneté allemande.)

- Les Volksdeutche : Les allemands "raciaux" des pays balkanniques doivent se "porter volontaires". Dans les secteurs annexés de la Pologne, des gens qui savaient à peine un mot d'allemand ont été classifiés comme d'appartenance à la section 3 de la liste allemande raciale (Abteilung 3 der Deutschen Volksliste) - (Signature obligatoire et volontaire , - peu importe la raison). Cela signifie qu'ils sont investis de la citoyenneté allemande pendant une période d'essai de 10 ans et sont assujettis au service militaire , mais ne peuvent pas monter au dessus du grade de première classe.

On peut noter que la France est "hors rang" . Pétain, la Milice, les L.V.F. étaient "libres" ! Légalement "libres" de décider du sort de la France.

Cordialement



G.P.

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Posté par: alain (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 13:36

Il n'y a pas de doutes avec vous, cher PPZ, le règlement ,c 'est le règlement, une petite question : êtes-vous juriste?

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Posté par: PPZ (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 14:41

-Absolument pas , pas plus nationaliste ou historien. J'essaye seulement d'utiliser les mots justes pour définir certaines situations en cherchant et recoupant des infos dans de la documentation vraies (ou fausses) comme les comptes rendus du Proces de Nuremberg ou le "Dairy" de Hans Frank en dehors de toute idée partisanne. L'important est de débattre et de faire valoir certaines vérités malgré l'absence de nombreuses archives classifiées. Loin de moi, l'idée de donner des leçons, mais si la France n'a pas "digéré" son attitude en 39-45, le net permet à certains sites de remettre en question certaines idées recues (il suffit de lire les travaux sur le Concours de la Résistance en France, édifiant ! ) .
Si l'un de vous pense que je "revisionne" , pas de problème, je redeviendrai un simple lecteur.
Cordialement



G.P.

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Posté par: wlad (IP Loggée)
Date: 03 septembre, 2004 15:07

Parmi tous les polonais passés dans la Wehrmacht, certains l'ont fait vraiment volontairement (par conviction ou opportunisme), mais il apparaît que les autres (la majorité) n'avaient pas le choix (question de survie), pour ces derniers les termes "obligés de se porter volontaires" et "enrôlés de force" ont le même sens.