Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l’entre-deux guer

Démarré par Archives, 20 Novembre 2023 à 16:28:50

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 octobre, 2010 23:26

Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l'entre-deux guerre – Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN)

AUTEURS :

ENIKÖ HORVÁTH - Lawyer, European University Institute, Florence
ATTILA HUNYADI - Historian, Ph.D student, Babeº-Bolyai University, Cluj
OSAMU IEDA - Historian, The Slavic Research Center, Hokkaido University, Sapporo
CONSTANTIN IORDACHI - Historian, Junior Research Fellow, Pasts, Inc. Center for Historical Studies; Assistant Professor of History, CEU Budapest
ÉVA KOVÁCS - Sociologist, Teleki László Institute, Center for Central European Studies, Budapest
GÁBOR LAGZI - Historian, Teleki László Institute, Center for Central European Studies, Budapest
ALPÁR LOSONCZ - Political philosopher, University of Novi Sad
JÓZSEF D. LÖRINCZ - Political scientist, Babeº-Bolyai University, Department of Political Sciences, Cluj
BALÁZS MAJTÉNYI - Lawyer, Hungarian Academy of Sciences Institute for Legal Studies, Budapest
PETER VAN DER PARRE - Sociologist, The Netherlands School of Public Administration, Hague


Au 19e siècle, les territoires ethniques ukrainiens étaient divisés entre l'Empire russe et la Double Monarchie austro-hongroise. En Galicie, sous la domination des Habsbourg, le mouvement national ukrainien pouvait s'exprimer plus librement que dans la Russie tsariste. Au début du 20e siècle, la Galicie était considéré comme un Piémont, ou un territoire pouvant servir de base à la formation d'un Etat indépendant.

Pendant une courte période après la Première Guerre mondiale, des tentatives furent faites pour créer un Etat unifié indépendant. Dans les anciens territoires de la Double Monarchie, la République Populaire d'Ukraine Occidentale – Zachidno-Ukrayins'ka Narodna Respublika – ZUNR, fut vaincue par l'Armée polonaise et la Galicie orientale fut incorporée à l'Etat polonais nouvellement rétabli.
Du côté du Dnipro, la République Populaire d'Ukraine – Ukrainyins'ka Narodna Respublika – UNR, ne put repousser les attaques conjointes des Bolcheviks et des Russes Blancs. En conséquence, après la Première Guerre mondiale, les territoires ethniquement ukrainiens se trouvaient répartis entre quatre pays : Union soviétique, Pologne, Roumanie (Bukovine) et Tchécoslovaquie (Transcarpathie).
Le but principal du mouvement national qui était de créer un Etat souverain indépendant demeurait cependant bien vivant.

Dans la Pologne de 1918-1939, la communauté ukrainienne (approximativement 5 millions de personnes, voire sensiblement plus si on prend en compte l'appartenance religieuse relevée dans le recensement de 1931, soit 16% de la population) était la plus forte minorité nationale du pays. Au début des années 20, l'antagonisme entre l'Etat polonais et la population ukrainienne était fort, principalement en Galicie orientale où la conscience nationale aussi bien que politique et économique, était la plus développée. Les Ukrainiens refusèrent pendant de nombreuses années d'accepter la domination d'une autorité considérée comme étrangère. La communauté ukrainienne de Pologne fut toutefois contrainte de « digérer » les pertes de l'après-guerre. Mais dans les années 20, ni le gouvernement polonais, ni les partis ukrainiens ne travaillaient à un programme de coexistence, une sorte de modus vivendi, satisfaisant pour les deux parties. La voie légale de la politique ukrainienne en Pologne absorbait la plus grande part de la vie de la minorité. Les représentants des partis ukrainiens, par exemple le Ukrayinske Natsionalne-Demokratichne Obiedenia (Alliance Nationale-Démocrate Ukrainienne - UNDO) ou l'Ukrayins'ka Sotsial-Demokratychna Partyia (Parti Social-Démocrate Ukrainien - USDP) siégeaient au Parlement de Varsovie. Le mouvement coopératif et celui de la culture-éducation se développaient avec succès (particulièrement les « Posvita » ou « Ridna Hata »).
À côté de cet aspect légal de la vie politique ukrainienne, un secteur illégal s'était aussi formé, lequel n'avait pas l'intension d'accepter les mécanismes politiques du régime. Ce mouvement nationaliste radical rejetait l'autorité polonaise en Galicie et se réclamait d'une unique forme de nationalisme nommé « nationalisme intégral ».

Un des plus importants experts en cette matière, l'historien américain John A. Armstrong, définit le nationalisme intégral ukrainien de la manière suivante : « la croyance dans la valeur suprême de la nation à laquelle toutes les autres doivent être subordonnées ; glorification de l'action, de la guerre et de la violence comme expression de la vitalité biologique supérieure de la nation ; et l'expression de la « volonté nationale » par l'intermédiaire d'un chef charismatique et de l'élite des nationalistes convaincus, organisés dans un parti unique. »
Un autre historien américain, Alexander J. Motyl, ajoute : l'exaltation du militarisme et de l'impérialisme ; volonté et foi comme forces de l'histoire ; rejet du marxisme et du communisme ; idéologie nationale et élitisme politique totalitariste.
L'idéologie du nationalisme intégral ukrainien était finalement très proche de celle du Parti National polonais.

On peut établir que ce mouvement national ukrainien est né de la défaite de la révolution ukrainienne en 1917-21 et du combat de libération national qui avait suivi la Première Guerre mondiale. Ce mouvement surgit de la quête d'une nouvelle forme d'activité politique chez les jeunes générations. Des représentants du nationalisme ukrainien pensaient avoir découvert la cause de l'impasse des orientations politiques dominantes de la fin du 19e et du début du 20e siècle : l'orientation légaliste et socialiste non marxiste. Les nationalistes n'avaient pas l'intention d'utiliser des méthodes conventionnelles dans leur combat. Comme l'écrit l'historien Ivan Lysiak-Rudnyts'kyi : « les nationalistes croyaient que la nouvelle ère requérait de nouvelles actions révolutionnaires, lesquelles éprouveraient l'ennemi avec une fermeté impitoyable. »

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Re: Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l'entre-deux guerre (2)
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 octobre, 2010 23:31

Petro Dontsov (1883-1973), le père spirituel du nationalisme ukrainien, naquit à Melitopil (près de la Mer Noire) et commença sa carrière comme journaliste social-démocrate. La Révolution de 1917-18 le trouve à Kyiv. Après la fin des espoirs d'indépendance de l'Ukraine, il s'installa à Lwów ou il travailla comme éditeur des « Naukovo-Literaturnyi Vistnyk » (Revue scientifique et littéraire) et «Zahrava», les deux d'orientation nationaliste radicale.

L'essai probablement le plus significatif sur le mouvement national ukrainien fut écrit et publié par Donstsov à Lwów en 1926 sous le simple titre « Natsionalism ».
Dans ce livre, il ne construit pas un programme cohérent mais il entame plutôt une controverse avec les écrivains ukrainiens humanistes et démocrates du 19e siècle. Dans ce débat, Dontsov montre que, dans la lutte des nations, seuls les forts gagnent et les plus faibles périssent. Il demandait donc aux Ukrainiens de se détourner des compromis idéologiques tels que la démocratie, le socialisme et l'humanisme. Ce court message insistait sur le combat permanent pour la survie.

Pendant l'entre-guerre, Dontsov ne rejoignit aucun parti politique mais ses ouvrages marquèrent les idées et les actions de jeunes Ukrainiens nationalistes, et renforça la conscience nationale ukrainienne.

Au début des années 20, l'Organisation Militaire Ukrainienne illégale - Ukrayins'ka Viys'kova Orhanizatsiya - UVO, fondée par le Colonel Yevhen Konovalets en 1920, se révéla être l'organisation la plus influente à l'aile droite de la scène politique ukrainienne en Pologne. En fait, l'UVO n'était pas un parti politique stricto sensus, mais, comme le disait avec emphase un activiste du mouvement national, c'était l'armée secrète de l'Etat ukrainien combattant pour ses droits nationaux et pour son indépendance.

Ses membres étaient recrutés parmi les Sichovi Striltsi de la Légion Ukrainienne qui avaient combattu au cours de la Première Guerre aux côtés de l'Autriche-Hongrie. Le but principal de l'organisation était de créer un Etat ukrainien indépendant et unifié. Ses méthodes différaient radicalement de celles des partis légaux. Les combattants de l'UVO prenaient les armes contre « l'occupation polonaise » en Galicie orientale (contre l'administration aussi bien que contre les propriétaires terriens polonais et les colons). Des « traîtres à l'idée nationale ukrainienne », c'est-à-dire des personnes qui collaboraient de quelque manière que ce soit avec les autorités polonaises furent aussi assassinées. Ainsi, Sydor Tverdohlib en 1922, pour avoir refusé le boycott des élections parlementaires en Galicie orientale.

Dans la première moitié des années 1920, l'UVO se montra très active avec deux tentatives d'assassinat à Lwów : contre le Maréchal Pilsudski en 1921 et contre le Président de la République Stanislaw Wojciechowski en 1924. Rien qu'en 1922, il y eut 2.300 actes de sabotage en Galicie orientale. Les « expropriations » (attaques contre les bureaux de poste et les postiers) procuraient des fonds supplémentaires pour l'exécution des opérations.

L'aile militaire du mouvement national ukrainien réalisa qu'elle était trop faible par elle-même et chercha des
appuis extérieurs. L'UVO trouva cette assistance (financière et logistique) auprès d'Etats qui avaient des différends avec la Pologne : l'Allemagne, la Lituanie et la Tchécoslovaquie.

Parmi les activités de l'UVO, les contacts avec l'Allemagne de Weimar tenaient une place spéciale. La « question ukrainienne » n'était pas inconnue à Berlin : auparavant, pendant la Première Guerre, les politiciens allemands et les officiers de l'Armée avaient remarqué le grand potentiel du pays ukrainien (voir le traité de paix de Brest-Litovsk ou l'aide apportée à l'Hetmanat de Pavlo Skoropads'kyi). Après la guerre, l'Allemagne était vaincue et profondément humiliée par les conditions du traité de Versailles. Les aspirations nationales ukrainiennes étaient étouffées par la Pologne, laquelle coopérait avec les Etat de l'Entente et, logiquement, une coopération pouvait être bénéfique aux deux parties. Les autorités allemandes étaient prêtes à aider la plus forte minorité de Pologne pour gêner la consolidation de l'Etat saisonnier (« Saison Staat ») et offrirent l'aide du Reichswehrministerium (RWM), et particulièrement de son service de renseignement : l'Abwehr-Ableitung, AA. Cette coopération, limitée, germano-ukrainienne était basée sur le pragmatisme et non sur des motifs idéologiques et était dirigée contre la Pologne.

La véritable coopération entre l'UVO et l'Allemagne débuta en 1923 quand les Grandes Puissances occidentales de la Ligue des Nations acceptèrent les frontières orientales de la Pologne. Konovalets espérait que cette coopération renforcerait l'organisation de l'UVO locale, et éveillerait l'intérêt des milieux influents allemands pour la « question ukrainienne ».

En mai 1923, Konovalets et Friedrich Gemp, le chef du RWM-AA, signèrent un accord par lequel l'UVO se chargerait de transmettre à Berlin des informations politiques, militaires et économiques tandis que l'Allemagne fournirait une aide financière ainsi que des équipements militaires (armes et munitions) pour les « activités révolutionnaires ». Entre 1924 et 1927, l'UVO reçu 9.000 Reichmark du service de renseignement allemand. Les Allemands assurèrent aussi un entraînement militaire en Prusse orientale et la Cité Libre de Dantzig (Gdansk) joua un rôle important comme lieu de transit pour l'argent, les armes et les munitions. Après 1928, quand les Allemands mirent en place un service officiel de renseignement, les liens avec l'UVO se relâchèrent. Vers la fin de l'année, le Ministre de la Guerre, Général Wilhem Groener et le chef de l'AA, Colonel Ferdinand von Bredow, ordonnèrent d'arrêter le financement des Ukrainiens nationalistes : le gouvernement allemand avait alors choisi de soutenir l'ancien Hetman Pavlo Skoropads'kyi qu'ils avaient eux-mêmes mis au pouvoir en 1918.

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Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l'entre-deux guerre (3)
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 octobre, 2010 23:35

En 1926, des étudiants ukrainiens de Lwów formèrent des associations d'orientation nationaliste. La plus importante d'entre elles, l'Union des Jeunes Ukrainiens Nationalistes – Soyuz Ukrayins'koyi Natsionalnoyi Molodi – SUNM, déclarait que toute coopération avec les partis légaux ukrainiens était une « trahison nationale ».

À l'extérieur de la Pologne, des groupes nationalistes furent aussi organisés comme le Groupe des Jeunes Ukrainiens Nationalistes – Hrupa Ukrayins'koyi Natsionalnoyi Molodi – HUNM, fondé en 1922 par des officiers et soldats galiciens internés en Tchécoslovaquie.

Un autre groupe fut organisé en 1925 : la Ligue des Ukrainiens Nationalistes – Liga Ukrayins'kyi Natsionalistiv – LUN qui défendait l'idée d'après laquelle les Ukrainiens devaient s'inspirer de leur histoire, de leur culture et de leurs traditions. Leur slogan, « les idées sont les idées mais les épées sont les épées » était caractéristique de la droite radicale européenne.

En 1926, à Paris, un agent soviétique assassina le chef des Ukrainiens de l'émigration, l'ancien ataman (général) et Président de l'UNR, Symon Petliura. Au cours du procès de l'assassin, Schlomo Schwartbard, il apparut clairement qu'aucun pays occidental (à l'exception de l'Allemagne) ne prenait au sérieux les affaires ukrainiennes. Le sentiment national se trouva exacerbé à l'occasion du 10e anniversaire de la proclamation de la ZUNR à Lwów. Le 28 novembre 1928, il y eut de violents heurts entre la police et des centaines de manifestants ukrainiens ainsi qu'entre étudiants polonais et ukrainiens.
En février 1929, un congrès réunit les mouvements nationalistes ukrainiens jusque alors éparpillés tant sur le plan de l'organisation que de la géographie (UVO, HUNM, LUN et SUNM). À cette occasion fut fondée l'Organisation des Nationalistes Ukrainiens – Orhanizatsyia Ukrayins'kych Natsionalitiv – OUN). Le Colonel Konovalets fut désigné chef de l'OUN, fonction qu'il remplit jusqu'à sa mort en 1938.

L'OUN souhaitait représenter la nation ukrainienne entière, et était considérée comme une organisation « de droite ». Organisée selon une structure militaire, les chefs de l'OUN déclaraient que leur combat continuerait contre les occupants, particulièrement les Polonais, jusqu'à l'indépendance de l'Etat. L'orientation militaire de l'organisation marquait évidemment sa structure : les plus petites cellules se composaient de 3 à 5 personnes vivant, par exemple, dans des villages ; 3 à 5 villages formaient un pidraïon ou sous-district ; au-dessus d'eux, il y avait le raïon (district) lequel était l'unité administrative usuelle et ensuite le povit (en Polonais, powiat). Les raïons composaient une okruh (province). La Pologne était divisée en 10 provinces dirigées par l'Exécutifs de l'Intérieur des territoires de l'Ukraine occidentale – Krayova Ehzekutyva na Zachido-Ukrayinis'kych Zemlyach – KEnaZUZ.
Des cellules de l'OUN existaient dans plusieurs pays, Tchécoslovaquie, Roumanie, Allemagne, Lituanie, USA, Canada, mais elles avaient peu d'influence. Elles étaient mieux organisées en Pologne où elles prirent part rapidement à la vie légale ukrainienne en infiltrant les divers aspects de la société : partis politiques, éducation, mouvements coopératifs, etc.

L'OUN adopta les méthodes terroristes de l'UVO : sabotages, assassinats et « expulsions ». Ces méthodes étaient utilisées pour mobiliser la société ukrainienne, et d'autre part, pour jeter le trouble chez les occupants de telle manière que l'administration et les citoyens polonais de Galicie orientale vivaient dans un sentiment d'insécurité. De plus, la terreur rappelait aux Ukrainiens que le combat contre l'occupant n'était pas terminé et qu'ils devaient se préparer pour l'affrontement final. Il ne faudrait pas oublier que les membres de l'OUN, lorsqu'ils en avaient l'occasion, continuaient l'éducation politico-idéologique des masses ukrainiennes, les préparant à accepter l'idée d'une « révolution permanente » et à se tenir prêts pour le « jour de vérité » le moment venu.
Il faut aussi remarquer que cette orientation illégale et radicale mis en péril les succès que la minorité ukrainienne avait obtenus dans les domaines politique, économique et social d'une manière constructive et organisée.

Bien que les dirigeants du plus grand parti ukrainien, l'UNDO, s'opposaient aux méthodes terroristes de l'OUN, ils partageaient le même grand objectif : fonder un Etat national indépendant.
En même temps, la scène politique « légale » avait besoin de l'action illégale de l'OUN. Ainsi un journaliste du Delo, le plus important journal de langue ukrainienne de Pologne et organe officieux de l'UNDO écrivit dans un article : « Les autorités polonaises savent bien que moi, et aussi la plupart des responsables politiques [ukrainiens], nous avons en général une attitude bienveillante envers l'existence d'un mouvement clandestin révolutionnaire, mais aussi que nous sommes opposés aux méthodes et à la structure de l'OUN. [ ...] À une occasion, un collègue, qui était étiqueté comme polonophile aux yeux de la jeunesse [ukrainienne], me fit remarquer dans un café de Varsovie que : 'Si l'OUN n'existait pas, il faudrait l'inventer – mais sous une autre forme que celle d'aujourd'hui' ».

Il faut aussi souligner que l'organisation, au début, était plus radicale en mots qu'en actions. En outre, les autorités polonaises ne gênaient pas son développement car l'OUN semblait contrebalancer les Ukrainiens communistes et neutraliser le mouvement soviétophile.

De juillet à novembre 1930, 191 actes de violence se produisirent dans les voïvodies de Lwów, Tarnopol et Stanislawów où les Ukrainiens étaient majoritaires : incendies d'entrepôts et de champs de céréales, dommages causés à des installations téléphoniques, des lignes de chemins de fer et des administrations de l'Etat, destructions de ponts à l'explosif, etc.

Brûler et endommager la propriété des Polonais, dans la logique des auteurs, permettait de soutenir le « sentiment révolutionnaire » des Ukrainiens et renforçait la position de l'OUN dans la société ukrainienne. La conséquence fut cependant que ni les Polonais, ni les Ukrainiens, ne se sentirent plus en sécurité. Les Polonais craignaient leurs voisins et les Ukrainiens craignaient la réaction des autorités. Du point de vue du gouvernement, ces actes de terrorisme permirent d'attirer l'attention de l'opinion internationale sur la question ukrainienne en Pologne en la présentant comme une atteinte à la sécurité des citoyens polonais.

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Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l'entre-deux guerre (4)
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 octobre, 2010 23:39

La réponse des autorités ne se fit pas attendre. Le Maréchal Józef Pilsudski insista auprès du Ministre de l'Intérieur, Felicjan Slawoj-Skladkowski, pour que des mesures adéquates fussent prises contre les auteurs (et les sympathisants civils) tout en évitant soigneusement d'utiliser le terme de « soulèvement ».

La « pacification » par les autorités polonaises dura du 16 septembre au 30 novembre 1930.

Un millier de policiers appuyés par des unités de l'Armée prirent part à cette opération de rétablissement de l'ordre. En accord avec des données officielles, 450 villages ukrainiens furent 'pacifiés' dans 16 districts (powiat) mais il y en eut certainement davantage. Les autorités polonaises arrêtèrent des activistes ukrainiens, menèrent de nombreuses perquisitions avec brutalité, confisquèrent des munitions et fermèrent de nombreuses institutions locales (« Sokil », « Luh », et des coopératives). Le gouvernement tenait toute la minorité ukrainienne de Galicie pour responsable des sabotages.

Les actions terroristes de l'OUN, et la répression gouvernementale, montrèrent qu'il n'était pas possible d'établir un dialogue constructif entre le gouvernement polonais et les nationalistes radicaux. Et bien que la population ukrainienne commençât à faire entendre sa voix, aucune collaboration avec le régime ne procurait un minimum de droits politiques. La conséquence de la pacification fut que les nationalistes renforcèrent leur position et leur influence dans la société ukrainienne.

Faisant suite à la pacification, des membres de l'OUN assassinèrent au mois d'août 1931, Tadeusz Hołówko, député et chef du BBWR, parti dominant du bloc gouvernemental, et spécialiste de la question des minorités [c'était aussi un proche du Maréchal et une cheville ouvrière du Prométhéisme]. D'importants activistes de l'OUN l'accusaient d'être le responsable de la « pacification » et de la colonisation de la Galicie orientale alors qu'il travaillait à l'époque au Ministère de l'Intérieur comme Directeur du Département des Minorités. De plus, cet homme politique polonais « empoisonnait la société ukrainienne avec ses idées de conciliation », comme l'écrivit Petro Mirchuk, un hagiographe de l'OUN.

Ce meurtre mis à bas le timide processus de réconciliation entre le gouvernement polonais et les partis ukrainiens « légaux ».

Un second attentat fut perpétré à Varsovie en juin 1934. Bronislaw Pieracki, Ministre de l'Intérieur et donc responsable de la Sécurité, fut tué en plein jour au cœur de la capitale. Quelques jours après, l'OUN, dans une annonce officielle, revendiquait la responsabilité du meurtre. Elle déclarait que Pieracki était le principal responsable de l'organisation et de l'exécution de la pacification, le traitant de « bourreau » de la nation ukrainienne.

La réponse des autorités polonaises fut rapide et déterminée. Peu de temps après l'assassinat de Pieracki, le Président de la République, Ignacy Moscicki, signa un décret créant un camp d'internement à Bereza Kartuska (Polesie). Là, le gouvernement polonais pouvait isoler, sans procès, toute personne considérée politiquement dangereuse, y compris les Ukrainiens nationalistes. De juillet 1934 à septembre 1939, le camp abrita approximativement 3.000 personnes dont environ 120 membres de l'OUN. Les communistes et les nationalistes ont décrit Bereza comme un camp de concentration, mais même si les conditions étaient dures, celui-ci était loin de ressembler aux véritables camps de concentration des Nazis ou des Soviets.
L'assassinat du Ministre conduisit aussi à un nombre sans précédent d'arrestations, d'emprisonnements et de procès pour 800 membres de l'OUN. Cette répression atteignit aussi les dirigeants les plus hauts placés provoquant la paralysie des activités de l'organisation pendant un mois.

Le « défilé de Varsovie » dura de novembre 1935 à janvier 1936 et culmina avec le procès des douze complices du meurtre de Pieracki (le meurtrier avait pu s'échapper à l'étranger).
Leur procès fut un évènement politique d'importance et reçu une grande publicité aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur au pays. Le gouvernement polonais voulait évidemment éliminer le mouvement radical de la minorité pour des raisons d'ordre public. Mais les Ukrainiens voulaient faire la démonstration, non seulement à leur propre communauté, mais aussi à l'opinion publique étrangère, que le bon droit était de leur côté. Finalement, trois hommes, Stepan Bandera, Mykola Lebed et Iaroslav Karpynets, furent condamnés à mort (leur sentence fut commuée en détention à vie), les autres furent condamnés à la prison à vie.

À la suite de la conférence de Munich en septembre 1938, une région autonome vit le jour du 15 septembre 1938 au 13 mars 1939, sur le territoire de la Tchécoslovaquie : la Carpatho-Ukraine sous la présidence de Mgr Augustin Volochyn. Ceci renforça l'espoir des Ukrainiens de Pologne de voir se réaliser leurs rêves d'indépendance et motiva encore plus l'OUN qui exécuta 397 démonstrations, 47 sabotages et 34 actions terroristes en Galicie orientale. Le regain d'activité des Ukrainiens nationalistes était aussi la réponse aux procès des chefs de l'OUN de 1934, lesquels avaient popularisé davantage l'organisation. De plus, en 1938, Staline avait ordonné la dissolution du parti communiste polonais ainsi que sa section ukrainienne, le KPZU. En conséquence, avec la suppression des grands concurrents, les nationalistes ukrainiens pouvaient se développer plus librement.

Cependant, en mai 1938, l'assassinat à Rotterdam de Yevhen Konovalets fut une très lourde perte pour l'OUN. On sait aujourd'hui que Staline en personne ordonna sa mise à mort, laquelle fut exécutée par un agent du NKVD. Il apparaît que le mouvement national ukrainien s'implantait également en RSS d'Ukraine au point d'être vu comme une menace sérieuse par le gouvernement soviétique.

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Le mouvement radical nationaliste ukrainien dans la Pologne de l'entre-deux guerre (5)
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 30 octobre, 2010 23:42

C'est un débat toujours actuel : doit-on considérer le nationalisme ukrainien de l'entre-deux guerres comme un mouvement fasciste européen ?
D'après les publications, trois orientations s'expriment sur ce sujet. En accord avec la première, le nationalisme ukrainien n'a rien de commun avec le fascisme. La seconde orientation, insiste sur le fait que le fascisme européen a fortement influencé le nationalisme ukrainien mais qu'il différait dans ses objectifs principaux. D'après la troisième école, le nationalisme radical ukrainien faisait partie du mouvement fasciste européen de l'entre deux guerres.

Le fascisme a très certainement eu une influence sur le mouvement nationaliste de cette période. La première personne à vulgariser l'idéologie fasciste dans les territoires ukrainiens fut Dmytro Dontsov. D'après lui, une seule autre dynamique, un nationalisme orienté idéologiquement, pouvait entrer en compétition avec le communisme. Peu après la prise du pouvoir d'Hitler en Allemagne, Dontsov écrivait : « Le point essentiel pour nous dans l'hitlérisme c'est qu'il veut mettre à bas le communisme ».
Il faut aussi noter que Dontsov publia, entre autre, la 'Doctrine du Fascisme' de Mussolini et quelques fragments du 'Mein Kampf ' de Hitler. À côté de cela, Dontsov, comme il est mentionné plus avant, donnait un caractère national, totalitaire et d'orientation anti-communiste au nationalisme ukrainien.

Toutefois, le « nationalisme actif » de Dontsov différait du « nationalisme organisé » représenté par l'OUN. Le premier était une doctrine faite d'émotions mais pas une doctrine organisée. Le second était un mouvement idéologique et politique qui portait en lui un programme extrémiste et une philosophie. En même temps, il n'est pas certain que l'OUN aurait eu autant de succès si l'idéologie de Dmytro Dontsov avait prévalu.

De plus, il ne faudrait pas oublier que les nationalistes ukrainiens de l'entre deux guerres, sauf quelques rares exceptions, ne se considéraient pas eux-mêmes comme fascistes. L'antisémitisme ne figurait d'ailleurs pas dans leur programme et trois de leurs principaux dirigeants avaient épousé des femmes juives.
Le nationalisme intégral n'était pas une simple copie ou un emprunt au fascisme européen mais les nationalistes ukrainiens connaissaient le national totalitarisme allemand et surtout italien. La principale différence entre ces idéologies était que le fascisme et le nazisme étaient nés dans des Etats-nations plus ou moins industrialisés, tandis que les Ukrainiens cherchaient à fonder un Etat indépendant, ce qui était le but principal à la fois des partis légaux et illégaux de la Pologne de l'entre deux guerres. Ainsi, après analyse, le nationalisme intégral ukrainien apparait avant tout comme l'idéologie d'une nation subjuguée et sans Etat, un mouvement de libération national, et en dernier lieu, une sorte de totalitarisme.

L'OUN fut fondée à Vienne mais l'organisation pris réellement forme en Tchécoslovaquie parmi les militaires et étudiants ukrainiens émigrés. Cette organisation aurait pu prendre racine et se développer là où vivaient des Ukrainiens « indigènes » (Roumanie, Tchécoslovaquie) ou parmi les populations émigrées (USA, Canada, Amérique du Sud, Allemagne, France, etc.). Il faut rappeler que l'OUN ne s'est implanté que plus tardivement dans les territoires de l'Union soviétique, sans doute à cause du caractère totalitaire et répressif de ce pays. Il est aussi difficile d'évaluer le nombre de ses membres dans la Pologne de l'entre deux guerre. D'après un jeune historien polonais, Roman Wysocki, juste avant le déclenchement de la guerre, ils auraient été 8 à 9.000, mais on devrait ajouter à ce nombre les adhérents des sections de jeunesse de l'OUN – Yunatstvo, et plusieurs milliers de sympathisants.

En Pologne, où la minorité nationale ukrainienne représentait un sixième de la population, l'OUN avait trouvé une terre particulièrement propice, et là, l'organisation était assez développée. Sans doute, la politique du gouvernement polonais envers la minorité ukrainienne avait contribué à diffuser et affermir le nationalisme radical ukrainien.

Varsovie ne tenait pas ses engagements : autonomie de la Galicie orientale, création d'une Université Ukrainienne à Lviv, etc., et dans divers domaines (éducation, administration), les Ukrainiens étaient, de plus, sérieusement discriminés. Ces faits ne doivent pas faire oublier que la scène politique polonaise avait changé. En 1926, une faible et immature démocratie parlementaire avait été remplacée par le régime de le « Sanacja », et, après la mort du Maréchal Józef Pilsudski en 1935, le pouvoir privilégia des méthodes politiques autoritaires et le nationalisme polonais. La très mauvaise situation économique de la Pologne de l'entre deux guerres, surpopulation dans le secteur de l'agriculture, chômage, sous-utilisation de l'intelligentsia, bénéficia aussi aux nationalistes ukrainiens. L'OUN ne pouvait suivre l'exemple du système totalitaire soviétique voisin, lequel, principalement dans les années 20 semblait toutefois attractif à une partie de la minorité ukrainienne de Pologne. Les brutalités de la politique stalinienne dans la RSS d'Ukraine au cours des années 30 (famine-génocide provoquée, purges, liquidation de l'intelligentsia), réduisirent à néant de telles illusions.

Les Ukrainiens de Pologne à la fin de l'entre deux guerre ne pouvaient compter ni sur la Pologne, ni sur l'Union soviétique, qui en combattaient l'idée, pour fonder un Etat ukrainien indépendant.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'OUN, qui avait éclaté en deux factions en 1940 [OUN-Bandera et OUN-Melnyk], espérait instaurer une Ukraine indépendante avec l'aide de l'Allemagne nazie.

Hitler n'avait aucun projet pour un tel Etat. Pendant la guerre, les nationalistes ukrainiens combattirent à la fois contre les Armées soviétiques et allemandes. Après 1944, ils luttèrent encore, sans aide extérieure, contre le régime communiste de l'Union soviétique et de la Pologne. Mais à la fin 1943, l'OUN avait laissé sa place à l'UPA comme organisation militaire et politique en Ukraine. L'UPA, bras armé de l'OUN à l'origine, regroupait à ce moment une dizaine de partis luttant pour l'indépendance de l'Ukraine. L'idéologie totalitaire fut remplacée par un programme démocratique proche de celui de la social-démocratie occidentale et présenté comme une émanation du gouvernement provisoire indépendantiste ukrainien formé au début 1944, l'UHVR - Ukrainska Holovna Vyzvolna Rada / Conseil Suprême de Libération de l'Ukraine, et non plus de l'OUN seule qui n'en était plus qu'une composante.
De petits groupes de nationalistes parvinrent à s'échapper en Europe occidentale et aussi en Amérique du Nord. Mais, depuis cette époque, le nationalisme radical ukrainien ne connu plus aucun succès d'importance dans l'émigration, ni dans l'Ukraine indépendante.

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 01:04

Merci Paul. idem que pour Piotr, good job !

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Posté par: jankowalski (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 08:05

hmmmmm

aucun co-auteur polonais ni ukrainien !!!!

ce qui a marqué les mémoires en Pologne c'est surtout les exactions de UPA contre les populations civiles

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Posté par: jk (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 10:22

Merci Paul pour cet exposé, j'avoue humblement que je n'avais jamais eu connaissance de ces données historiques pour cette région. Je comprends mieux les raisons de certaines inimitiés entre les deux communautés. Je me coucherai moins bête ce soir.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 12:37

jankowalski a écrit:
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> aucun co-auteur polonais ni ukrainien !!!!


Il est parfois utile de faire appel à une vision extérieure bien documentée plutôt qu'à des personnes qui risqueraient d'adopter, même inconsciemment, un parti pris incompatible avec une vision historique impartiale. Ce n'est donc pas un hasard si les auteurs de référence pour la période de l'entre-deux guerres en Europe orientale sont surtout des Américains.
D'ailleurs l'étude scientifique, et non émotionnelle, des relations polono-ukrainiennes en Pologne comme en Ukraine est assez récente. C'est seulement après la chute du communisme et après que de « vrais » historiens ont pris les choses en mains que des études sérieuses ont pu débuter très souvent grâce à une collaboration étroite entre les chercheurs polonais et ukrainiens.
L'IPN, par exemple, s'adjoint régulièrement des « experts » ukrainiens tandis que les Ukrainiens n'hésitent pas à faire appels aux spécialistes polonais ... du moins, c'était ainsi jusqu'avant l'élection de l'actuel président ukrainien.

Un texte mis en ligne sur Beskid en février 2007 et que vous ne connaissez peut-être pas a justement pour sujet l'ambigüité mais aussi les tentatives sérieuses de l'historiographie moderne polonaise pour traiter honnêtement des relations polono-ukrainiennes. Cet article a été rédigé par Rafal Wnuk, historien membre de l'IPN et s'intitule « Historiographie récente polonaise : les relations polono-ukrainiennes ».
On peut lire sa traduction en cliquant sur le lien [www.klub-beskid.com]




> ce qui a marqué les mémoires en Pologne c'est
> surtout les exactions de UPA contre les
> populations civiles


Ce sujet traite bel et bien de l'Histoire de Pologne dans la mesure où ces évènements se sont passés en Pologne et ont vu la confrontation d'une partie des citoyens polonais de nationalité ukrainienne avec les autorités gouvernementales de ce pays. Selon moi, la IIe République a commis des maladresses incroyables dans ses rapports avec la minorité ukrainienne. Beaucoup d'opportunités ont été gâchées qui auraient amené à une véritable collaboration mêlée d'estime entre ces deux peuples. Mais Varsovie a privilégié le principe d'assimilation de ces populations qualifiées d'arriérées (du point de vue polonais !) au lieu de reprendre le principe autrichien qui avait fait ses preuves avec les Polonais comme avec les Ukrainiens de la province de Galicie : la collaboration sur un plan d'égalité tant politique que culturel qui impliquait le respect des valeurs nationales respectives. Ce n'est pas un hasard si des Polonais furent Premier ministre ou ministre à Vienne ni que les Ukrainiens étaient considérés comme des Tyroliens orientaux par la Double-Monarchie.

Il ne faut pas non plus oublier le thème de cet exposé. Celui-ci traite de l'UVO et de l'OUN qui s'étaient implantés au cours de la période de l'entre-deux guerre principalement en Galicie où la vie politique et économique était intense.
L'UPA, elle, a été fondée plus tard, pendant la guerre et plus précisément fin 1942-début 1943 en Volhynie et non en Galicie. Elle ne s'y est répandue qu'après la formation d'un gouvernement provisoire ukrainien, l'UHVR, début 1944.
L'UHVR et son bras armé, l'UPA ont eut en 1945 et aussi par la suite, des contacts avec la Résistance polonaise en vue de s'allier pour combattre plus efficacement le communisme tant en Pologne qu'en Ukraine occidentale.
Des entretiens on eut lieu non seulement dans la clandestinité en Pologne et en Ukraine, mais aussi en Suisse entre envoyés ukrainiens de l'UHVR et des Ministres polonais du gouvernement en exil. Mais ça, on le sait depuis peu ! Surtout que les autorités suisses, grâce à des « informations de source sûres » (de quelle provenance ?) s'employaient avec zèle à coffrer les envoyés ukrainiens qui leur tombaient sous la main.

On peut évidemment parler des massacres de Volhynie, mais là on sort du sujet actuel. Je n'y suis pas opposé mais il faudrait alors ouvrir un nouveau topic. Pourquoi pas vous ?
Il y a maintenant de nouveaux éléments pour parler de cette tragédie inexcusable et impardonnable. Il y a aussi quelques informations concernant la Résistance polonaise qui a agit par représailles contre les Ukrainiens d'une manière pas toujours réfléchie lorsqu'elle a fait passer l'esprit de vengeance avant les considérations politiques.


On parle peu aujourd'hui des Ukrainiens polonais ou des relations Pologne-Ukraine pendant les années 1920-1930 et pourtant ces rapports absorbèrent une bonne part des énergies de l'entourage du Maréchal et du Maréchal lui-même. Le gouvernement et la population en générale n'étaient pas ou peu au courant de cet intérêt et ce n'est donc pas étonnant que le Polonais lambda en ignore tout. Ce n'était pas le cas des autorités militaires et politiques proches du Maréchal ... ainsi que des gouvernements étrangers qui suivaient avec attention son déroulement.

Mais il faut aussi savoir que ce qui s'appliquait aux Ukrainiens « du dehors », c'est-à-dire le gouvernement en exil de l'UNR, qui d'ailleurs avait trouvé asile à Varsovie, ou les Ukrainiens de la RSS d'Ukraine, ne l'était en aucune manière envers les Ukrainiens « nationaux ».
Deux sujets traitent justement de ces rapports que vous connaissez sans doute et que vous pourrez consulter si le cœur vous en dit. Ainsi :

LE PROMÉTHÉISME (paru en novembre 2008) : [www.klub-beskid.com]

Missions secrètes polonaises en Ukraine soviétique – 1928/1933 (paru en février 2010) : [www.klub-beskid.com]

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Posté par: Stéphane (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 14:38

Cette étude a le mérite d'exister. Peut être qu'elle n'est pas totalement impartiale (je ne sais pas ) mais elle existe et cette période fait partie de l'histoire compliquée des deux pays. Si quelqu'un connait d'autres textes,(hors période communiste) ils seront les bienvenus




jankowalski a écrit:
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> hmmmmm
>
> aucun co-auteur polonais ni ukrainien !!!!
>
> ce qui a marqué les mémoires en Pologne c'est
> surtout les exactions de UPA contre les
> populations civiles

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 31 octobre, 2010 21:22

jankowalski a écrit:
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> ce qui a marqué les mémoires en Pologne c'est
> surtout les exactions de UPA contre les
> populations civiles


Pas seulement !

Voir ces caricatures parue dans le Słowo Pomorskie, journal paraissant à Toruń. La première date du 27/11/1928 et la seconde du 26/10/1930 soit 13 à 15 ans avant les massacres de Volhynie.

Deux remarques : l'Ukrainien apparait toujours tenant un couteau sanguinolant à la main, de plus il est vêtu comme un cosaque ou un haidamak du XVIIIe siècle. Faut-il dire qu'il n'y eut jamais de Cosaques en Galicie orientale pas plus que de haidamaky (paysans recrutés dans des unités paramilitaires) ? Les Cosaques qui arrivèrent jusque là brûlèrent les églises gréco-catholiques des ukrainiens et ils ne laissèrent donc pas un très bon souvenir à la population ruthène de le Rus' Rouge.

De plus, on peut affirmer sans trop se tromper qu'il n'y avait guère d'Ukrainiens à Toruń pendant l'entre-deux guerres ! Mais c'est ainsi qu'on forgeait dans la population une image a priori désobligeante envers un groupe ethnique de son propre pays.

J'ajouterai aussi que les journalistes paraissent avoir ignoré qu'à la même époque, début 1927, le gouvernement polonais avait rétabli sur son territoire l'armée de la République Populaire d'Ukraine et qu'il (ou l'EM) avait fixé pour l'année 1930 la date d'une offensive contre l'URSS et la RSS d'Ukraine en particulier ... avec le soutien de cette même UNR et de son armée. Mais tout cela était très discret et ces journaleux n'étaient bien sûr pas tenus au courant.