Auschwitz - Rapport transmis par le réseau de Witold Pilecki (1943)

Démarré par Archives, 19 Novembre 2023 à 17:09:16

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 24 juillet, 2009 19:18

Le texte suivant est la transcription du rapport qui fut envoyé au QG de l'AK à Warszawa, lequel l'achemina à Londres pour que les Alliés en prennent connaissance.

L'auteur est un membre du réseau de Résistance mis en place à l'intérieur même du camp d'Auschwitz par le capitaine de cavalerie et héros polonais Witold Pilecki. [www.beskid.com]

Ces trois documents portent les dates suivantes : 10 juillet et 12 août 1943.

Ce rapport est connu de certains, à tout le moins son existence, mais il est important que les lecteurs prennent connaissance de sa teneur complète.



1) Description du camp de concentration d'Auschwitz

1. Nombre actuel de prisonniers: 137 000

2. Mortalité des polonais en hiver 1940-41-42: une moyenne de 80 à 130 chaque jour.

3. La mort des prisonniers est due aux mauvais traitements de la part des capos et des gardes, à la malnutrition, à des épidémies non soignées et propagées par les insectes et par le manque d'hygiène (typhoïde, diarrhée).
4. La mortalité a diminué vers la fin des années 1942-43.

5. Environ 80% des prisonniers polonais furent emmenés à Dachau, Mauthausen ou dans les camps de travail de Hambourg, Bremen, Wilhelmshafen et autres.


Les juifs

Jusqu'en septembre 1942, 468.000 juifs non enregistrés dans le camp ont été gazés. De septembre 1942 jusqu'au début juin 1943, sont arrivés environ 60.000 juifs de Grèce (Salonique, Athènes), 50.000 de Slovaquie et du protectorat de Tchéquie-Moravie; environ 60.000 de Hollande, Belgique et France; 6.000 de Chrzanow; 5.000 de Kety, Zywiec, Sucha, Slemienia(?) et les environs. Sur l'ensemble de ces personnes 2% vivent encore aujourd'hui. 98% ont été emmenées, jeunes et en bonne santé dans les chambres à gaz où elles furent brûlées encore vivantes. Chaque transport arrivant à Auschwitz est déchargé, les femmes et les hommes sont séparés, ensuite les femmes et les enfants, principalement, sont embarqués dans des camions et transportés dans les chambres à gaz de Birkeneau. Là, dans des supplices indescriptibles ils suffoquent pendant 10 à 15 minutes, les corps sont alors jetés en tas et brûlés. Notons qu'avant d'être gazés une douche est obligatoire. A cause du manque de gaz toxique, les corps sont brûlés encore vivants. Récemment trois grands fours crématoires ont été construits qui brûlent 10.000 personnes en fonctionnant tous les jours et sans arrêt. Ces crématoires ont été surnommés par les gens de la région "les flammes éternelles". Les 2% restant sont répartis entre le camp des femmes de Birkenau et celui des hommes d'Auschwitz et Birkenau. Le camp des femmes de Birkenau est un des endroits des plus horribles et inimaginables. Il n'y a ni eau ni la moindre possibilité d'hygiène indispensable à des conditions de vie les plus élémentaires. Les personnes travaillant à l'extérieur sont dans l'impossibilité d'accomplir les moindre gestes d'hygiène et meurent rapidement parce qu'il leur est impossible de soigner la maladie la plus bénigne. De plus dans le camp des hommes près de Rajsko, il y a un autre crématoire utilisé pour les personnes exécutées dans les prisons de Katowice et autres. Environ 30 corps sont brûlés tous les 15 jours. De jeunes femmes très fortes (juives) sont utilisées à des fins expérimentales sur l'insémination artificielle et la stérilisation. Bien sûr avec le temps ces jeunes femmes meurent.

De nombreux Ukrainiens sont recrutés comme gardes et récemment quelques centaines de Slovaques sont devenus volontairement SS à Auschwitz.

Les prisonniers doivent travailler dehors en hiver à une température de -25°, sans vêtements appropriés et avec des chaussures en bois, si bien que de nombreuses personnes sont retrouvées gelées à leur poste de travail.

Ces derniers jours de nombreux transports de polonais venant des alentours de Radom, Lublin et Siedlce, qui n'avaient pas été gazés, ont été exécutés dans une forêt près de Birkenau, pour crimes politiques.


Le camp des tziganes

En 1943, environ 10 000 tziganes venants de tous les pays occupés et du Reich ont été amenés au camp de concentration de Birkenau. Selon l'âge, ils ont été obligés d'accomplir de rudes travaux physiques. Ces derniers jours ils ont eux aussi été gazés en masse.


Auschwitz

Depuis le 20 juin, des transports en masse ont commencé à arriver au camp de concentration d'Auschwitz/Birkenau, notamment : 1 transport de 870 personnes de Nice (sud de la France); 1 transport de plus de 500 personnes de Berlin ; 900 personnes de Salonique ; 2 transports de 1.600 personnes de Bendsburga ; 1 transport de Sosnowiec ; 1 transport de Lublin de 391 personnes. 80% de ces personnes sont juives, 20% sont des tziganes venant de Grèce et du sud de la France. Sur la totalité, 10% peut-être sont vivants dans le camp, le reste, 90% a été gazé dès leur arrivée. Ni les femmes ni les enfants ne sont arrivés au camp.

Depuis cette date, des transports arrivent de Pologne (femmes, enfants et personnes âgées). La plupart d'entre eux ont été exécutés. Depuis peu ils ont introduit la méthode de décapitation. Le nombre de Polonais envoyé dans les chambres à gaz augmente. De nombreux prisonniers ayant réussi à survivre plus de 3 ou 4 ans dans le camp malgré de terribles manques ont aussi été gazés ceci sans doute parce qu'ils étaient plus au fait de ce qui se passait. Il semble qu'il n'y ait aucun règlement concernant les chambres à gaz, chacun peut y être envoyé au hasard. Les transports polonais viennent surtout de la région de Radom, Lublin, Tarnobrzeg et Sandomierz.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1943, 16 gardes ukrainiens entrainés par le SS Untersturmführer Lange, se sont évadés avec des armes et une grande quantité de munitions. En conséquence tous les gardes ukrainiens ont été arrêtés. Les évadés sont partis en direction de Gross Chelmo et ont essayé de traverser la rivière de Przmsza pour se cacher dans les forêts de la région de Jaworzno. La police militaire des villages avoisinants les a poursuivis et une bataille a eu lieu entre les Ukrainiens évadés du camp et la police, ils se sont tirés les uns sur les autres sans savoir qui étaient les évadés du camp et ceux qui ne l'étaient pas. Des troupes sont venues en renfort de Katowice et Myslowice y compris des SS avec des mitraillettes et des véhicules armés, une bataille s'est engagée. Du côté SS, il y a eu 2 morts, 4 sérieusement blessés et 8 plus légèrement. Du côté ukrainien, il y a eu 11 morts et 4 ou 5 ont été faits prisonniers et torturés à mort. Quelques jours plus tard l'Untersturmführer Lange a aussi été fait prisonnier.

Alors qu'auparavant les prisonniers étaient toujours escortés par un garde allemand et un garde ukrainien, maintenant tous les gardes sont désarmés. Les Ukrainiens ont été mis en prison pendant 4 jours. Tout le groupe de gardes dont les évadés faisaient partie a été exécuté. A partir du 9 juillet, les Ukrainiens ont à nouveau reçus des armes et des munitions pendant la journée pour poursuivre un entrainement militaire au champ de tir de Rajsko. La nuit, les armes leur sont retirées. Le 5 août, le commandant du camp, l'Obersturmbannführer Höss annonça que dans l'exercice de leurs fonctions en combattant les évadés, le SS Scharführer Reineke et Sch. Stefphan Rahberger ont été tués.

Ces derniers jours de nombreux cas de fièvre typhoïde sont apparus, surtout dans le camp des femmes à Birkenau. Des blocs entiers ont été fermés. Bien sûr les malades et celles qui étaient soupçonnées d'être malades ont été gazés. Ceci n'a rien d'étonnant vue les conditions d'hygiène épouvantables du camp des femmes de Birkenau. L'eau manque et rien n'est fait pour maintenir la propreté.

De même, le camp des tziganes a été contaminé par la typhus si bien que le commandant Höss a donné l'ordre à tous les SS travaillant dans le camp des tziganes de rester à l'écart des autres SS, de prendre des bains tous les jours et d'être examinés pour détecter la présence de poux.

Auschwitz, le 10 juillet 1943.


2) Description du camp de concentration d'Auschwitz (suite)

Exécutions en masse du 15 juillet au 8 août 1943

Polonais - Après le 15 août, des transports d'otages polonais sont arrivés en masse: 1 transport de Tarnow, 1 de Cracovie, 1 de Lublin, 1 de Radom et 1 de Varsovie. Ils ont tous été transportés à Auschwitz dans des wagons pour prisonniers, les mains et les pieds liés par des menottes. Après leur arrivée, ils ont été immédiatement exécutés.
Après le 17 juillet un prisonnier a fait une tentative d'évasion, en conséquence 12 Polonais ont été exécutés. Pour l'exécution ne furent choisis pour la plupart que des membres de l'intelligentsia, des médecins, des avocats et des ingénieurs. Si une tentative devait se répéter, les Allemands menacent de tuer 100 personnes.
Chaque semaine arrive de 2 à 3 transports de Polonais. La plupart d'entre eux, femmes ou hommes sont exécutés. L'ordre du jour est d'exécuter les prisonniers de longue date dans le camp d'Auschwitz.
Le 28 août, des Polonais ont été évacués d'Auschwitz. Ont été choisies essentiellement les personnes âgées ainsi que les femmes et les enfants dont le mari ou le père est mort à la guerre, a été fait prisonnier, se trouve dans un camp de concentration ou bien encore a été exécuté. Une partie a été envoyée à Oderberg, une autre partie a été envoyée sur les territoires polonais occupés par les Allemands. Un petit nombre de personnes très âgées est resté à Auschwitz et a été probablement été gazé ou brûlé puisqu'on n'en a plus entendu parler.

Tchèques - Pendant ce temps sont aussi arrivés 2 transports de 100 hommes de Tchécoslovaquie, parmi lesquels 50% ont été exécutés pour haute trahison et 50% sont restés dans le camp d'Auschwitz.
De même, 2 transports de prisonniers tchèques de longue date dans le camp d'Auschwitz ont été amenés à Buchenwald.
Entre le 15 juillet et le 1er août, il y a eu des transports sporadiques de juifs en provenance de différents camps de travail en Allemagne. Ces personnes pourraient être considérées comme des cadavres vivants, ils étaient si amaigris qu'ils ne pouvaient pas se mettre debout. Ils étaient incapables de marcher du train vers les camions, ils étaient alors jetés par des SS dans les camions comme autant de morceaux de bois. Ils ont été directement emportés à Birkenau où ils ont été gazés.

Les 1er, 2 et 3 août ont été déclarés jours de désinfection des hommes et des femmes du camp entier. La désinfection n'est rien d'autre que l'envoi en masse dans les chambres à gaz. Tout le monde y a été envoyé, qu'ils soient aryens ou juifs. Tous ceux dont la tête ne plaisait pas aux SS ont été gazés.
A la même époque que la désinfection, tous les juifs de Sosnowiec et de Bedzin ont été évacués. En tout 15 trains pleins sont arrivés avec environ 15 000 personnes à bord. En plus, pendant des nuits entières, des camionnettes faisaient des allers et retours entre le camp et ces petites villes.
Dans chaque chargement 100 personnes étaient serrées les unes contre les autres: hommes, femmes et enfants. Il y en avait autant dans les remorques des camionnettes. Ces gens arrivaient dans des états inhumains, étaient jetés à terre, les enfants étaient piétinés, les femmes étaient battues à mort; ensanglantés, ils devaient rester à moitié nus toute la journée sous un soleil torride, sans une goutte d'eau. Leur souffrance est inimaginable et les mots manquent pour décrire le supplice de ces gens jusqu'à la mort qui était pour eux un salut.

Enfants innocents, femmes, malades dans l'impossibilité de marcher sont jetés sans merci ici ou là, sont frappés et assaillis de coups de pied. Une telle destruction d'êtres humains n'a jamais été vue dans l'histoire de l'humanité et ne pouvait être découvert par personne d'autre que le peuple allemand qui pourtant "représente le sommet de la culture". Ces gens n'ont pas honte de parler sans amertume de bombardement de villes, d'églises et de monuments. Comme les fours crématoires ne pouvaient venir à bout de toutes les personnes, les dépouilles ont été brûlées dans des trous à ciel ouvert dans un champ près de Birkenau et pendant trois jours, on n'a rien vu d'autre que des flammes jaillissant des bûchers.

Des transports de France sont arrivés et ont été traités de la même façon.
Birkenau a célébré son record de personnes gazées: 30 000 personnes en une journée.

Auschwitz, le 12 août 1943



3) Description du camp de concentration d'Auschwitz (suite)

Nom des criminels de guerre du camp de concentration d'Auschwitz:

Obersturmführer- Höss- commandant du camp

Hauptsturmführer- Schwarz, qui s'est fait remarqué pour sa cruauté pendant l'évacuation des Polonais. Il n'a aucune pitié pour les Polonais. C'est à lui qu'est due la plus importante exécution de Polonais. Un des plus grands ennemis des Polonais.

Hauptsturmführer- Aumeir, surveillant des exécutions par pendaison et armes à feu.

Untersturmführer- Sell, personne dont tout le camp a peur, quand il peut faire du mal ou sanctionner les prisonniers, il le fait sans pitié et souvent sans raison. Surtout dans le camp des femmes.
Pour la ségrégation et le gazage des juifs, les personnes suivantes sont les plus actives:
Obersturmführer- Schoppe,
Obersturmführer- Stibitz
Hautsturmführer-Müller

La garde Drexler. Cette femme a fait beaucoup de mal dans le camp des femmes de Birkenau. Elle interdisait de se couvrir la tête quand le temps était au plus froid ou quand le soleil frappait, etc.

A l'arrivée des transports polonais et tchèques étaient présents: Schoppe et Stibitz, qui donnaient des coups de poings et des coups de pied dans le ventre aux personnes, encore enchainées, qui descendaient du train. Ceci juste parce qu'elles n'enlevaient pas assez vite leur chapeau, ne se mettaient pas en rang tout de suite et ne savaient pas comment se comporter puisque les règlements du camp leur étaient encore complètement inconnus. Les gardes agissaient exactement de la même façon avec les femmes. Plus une femme était faible et malade plus ces espèces de porcs prenaient plaisir à la frapper et lui donnaient des coups de pied jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Un des monstres les plus odieux de ce camp des femmes de Birkenau, est une garde travaillant depuis longtemps dans le camp, Mandl. Cette femme est la pire des sadiques qu'on puisse imaginer. Déjà dans le camp de concentration de Ravensbrück, elle était chargée du bloc disciplinaire, elle a fait mourir de faim beaucoup de femmes et d'enfants. Cette femme imaginait les pires sanctions et pouvait sans mauvaise conscience regarder les femmes tomber et rester dans l'impossibilité de se relever sous les coups et les tortures qu'elle leur infligeait. Elle donnait systématiquement 25 coups de bâtons. A Birkenau elle est devenue la garde la plus ancienne et elle peut tranquillement laisser libre cours à son sadisme. Elle cherche avec le plus grand plaisir les personnes à gazer et à punir. En général, ces sanctions n'avaient aucune raison d'être, juste parce que quelqu'un ne bougeait pas assez vite à ses côtés ou autres raisons de ce genre.

Le camp a un département politique. Le directeur de ce département est Understurmführer, Grabner.
Il est responsable de toutes les sanctions et des peines de mort. Cet homme signe seulement tout ce qui se trouve sur son bureau. Les employés les plus anodins sont les plus terribles. Ils accomplissent leur travail de façon très méticuleuse.

Aux interrogatoires sont présents, la plupart du temps: Oberscharführer-Kirschner, Oberscharführer-Boger, Lachman et Untersturmführer-Woznic. Ces personnes sont les plus terribles du camp. Chacun d'entre eux frappe et torture les prisonniers jusqu'à l'horreur. Les prisonniers sont torturés jusqu'à ce qu'ils avouent des choses qu'ils n'ont jamais faites de leur vie. A ces fins, il y a une salle de torture avec des instruments qui n'ont jamais été utilisés même au Moyen-âge.
Le pire des instruments de torture est ce qu'on appelle "berceau", personne n'en ressort vivant. Seuls sont choisis les SS, comme ceux cités plus haut, les plus sadiques. Le rôle principal du département politique est de signer le registre des morts et des personnes gazées. Ces dernières sont inscrites sur le registre sous la notation "SS" (traitement spécial). Le travail du département politique n'est rien d'autre que le dernier cri des morts et des gazés.

Auschwitz, le 12 août 1943.


[members.shaw.ca]

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Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 24 juillet, 2009 20:31

Terrible, cette lecture. On a beau savoir, on ne s'habitue pas. Que d'horreurs !

Mik

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Posté par: jk (IP Loggée)
Date: 24 juillet, 2009 21:47

Mais ce qui me révolte le plus, c'est le fait que ceux qui dirigeaient le monde à l'époque savaient, et ont étouffé les informations. Si le monde avait su, il y aurait probablement eu des gens pour dire que c'était impossible, (ils le disent encore maintenant), mais cela aurait sans doute permit de sauver une partie de ces malheureux qui ont été, disont-le, martyrisés. angry smiley

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 25 juillet, 2009 02:14

Les Alliés connaissaient depuis 1941 le traitement subi par les Juifs dans les camps de concentration. Un rapport avait déjà été publié en octobre 1941 par un journal de langue allemande, Die Zeitung, publié à Londres qui disait que « les déportés juifs étaient tués d'une façon ou d'une autre ». Il se fondait sur un rapport publié dans le Social-Democraten suédois du 22 octobre qui disait précisément « qu'il n'y avait aucun doute sur le fait que qu'il s'agissait d'un meurtre de masse prémédité ». Ces informations furent reprises par la Sunday Times du 24 octobre 1941.

Il ne faut pas non plus oublier les rapports des diplomates des pays neutres, des mouvements de Résistances, de la Croix Rouge, des Eglises ... qui apportaient aussi des informations sur ce qui se passait.

Il faut aussi citer les interventions du président du mouvement sioniste établi en Suisse et ses communiqués transmis à la même époque (1941) aux autorités religieuses juives américaines.

Et puis, il y a aussi l'histoire de Jan Karski, de son vrai nom Jan Kozielewski. Ce Polonais, officier de réserve, fut contacté en 1942 par un des chefs de la Résistance juive qui lui demanda de « dire à Roosevelt et à Churchill que les Alliés gagneront certainement la guerre mais que, pour les Juifs, il sera trop tard ». Il souhaitait que les Alliés acceptent de payer une rançon pour prix de la vie des Juifs. Karski visita le ghetto de Varsovie puis, déguisé en garde, parvint à s'introduire dans le camp d'extermination de Belzec.

A la fin de l'année 1942, il pu se rendre à Londres où il rencontra Anthony Eden qui lui répondit que la Grande Bretagne avait déjà fait ce qu'elle pouvait en acceptant 100.000 réfugiés. Il traversa l'Atlantique et parvint à rencontrer le Président Roosevelt.
Celui-ci lui déclara qu'il était hors de question de verser de l'or ou de l'argent à un Hitler, quel qu'en soit le motif. A la suite de quoi, il donna cette réponse définitive : « Nous gagnerons la guerre et nos ennemis seront punis pour leurs crimes. Justice sera faite. »

Comme seul résultat tangible, il y eut cette déclaration des Alliés de décembre 1942 qui disait : « Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette politique d'extermination de sang froid. Nous déclarons que de tels actes ne peuvent que renforcer la volonté des peuples libres de renverser la tyrannie barbare hitlérienne. »

On ne connait pas la véritable cause de la non-intervention des Alliés. On avance qu'ils auraient pu au moins bombarder les voies de chemin de fer qui reliaient chacun des camps de concentration ou d'extermination. De nombreuses personnes, y compris des Juifs, nuancent en disant que les nazis auraient sans doute trouvé un autre moyen pour faire disparaître les détenus.

Il ne faut pas non plus oublier que les faits rapportés apparaissaient vraisemblables pour beaucoup mais néanmoins très exagérés. Ce n'est qu'avec la libération du camp de Bergen-Belsen en 1945 que les Occidentaux découvriront véritablement toute l'horreur de l'univers concentrationnaire nazi.


Néanmoins, il y a quelque chose qui me gêne lorsqu'on parle des camps. Tout se restreint, qu'on me pardonne ce terme, trop souvent à la Shoah.
On tait ou on « oublie » que les Juifs ne furent pas les seules victimes du nazisme. Celui-ci a également tué, et en nombre plus grand encore, des Polonais, des Russes, des Ukrainiens, des Baltes, des partisans, des paysans, des Mongols bouddhistes, etc.

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 27 juillet, 2009 10:20

Le système nazi fondé sur une idéologie raciste de race aryenne déteste autant le slave considéré comme arriéré que le juif.
Les allemands avaient la même vision des français en 1914.

Le sentiment national teinté de racisme allemand n'est pas né avec Hitler, il date du 19ème siècle, il n'y a qu'à lire les déclaration d'hommes d'états allemand au 19ème siècle à propos de la Pologne, le plus souvent en terme injurieux, "vermine", etc. Un tel endoctrinement culturel en peut mener qu'à une détestation.

Se pose encore la problématique de l'unification de l'Allemagne, il eut mieux value pour la paix de l'Europe quel ne se fit jamais.

Et même si les relations intracommunautaires avant 1939 en Pologne ne sont pas fantastiques entre les polonais, les juifs et les allemands, tout ce monde là cohabite. 1939 marque la fin d'un monde.
Sieradz 1939, 5000 juifs, 4000 polonais catholiques, 2000 allemands protestants, tout le monde à reçu les bombes sur la figure le 2-3 septembre, la colonne d'évacuation vers Zdunska-Wola, Pabianice et Lodz, voit se melanger tout ce monde là, les juifs seront tous tués ou presque, les polonais une bonne moitié et les allemands paireont un lourd tribu à la folie hitlerienne.

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Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 27 juillet, 2009 11:12

René a écrit:
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> Le système nazi fondé sur une idéologie raciste
> de race aryenne déteste autant le slave
> considéré comme arriéré que le juif.
> Les allemands avaient la même vision des
> français en 1914.
>
> Le sentiment national teinté de racisme allemand
> n'est pas né avec Hitler, il date du 19ème
> siècle, il n'y a qu'à lire les déclaration
> d'hommes d'états allemand au 19ème siècle à
> propos de la Pologne, le plus souvent en terme
> injurieux, "vermine", etc. Un tel endoctrinement
> culturel en peut mener qu'à une détestation.


Les nazis ont tout de même été les seuls à systématiser et introduire les théories racistes dans le domaine politique et celui de l'État.

A la base, dans le 'Mein Kampf' de Hitler, les Untermenschen (= sous-hommes, abrutis, dégénérés, etc.), c'à-d les « races inférieures », comprenaient les Juifs mais aussi les Slaves et plus particulièrement les Tchèques, Polonais, Russes et Ukrainiens.
Les Obermenschen (sur-hommes) étaient, bien sûr, les Allemands et quelques peuples « germaniques » racialement « supérieurs ».

Selon Hitler, les « races inférieures » ont l'obsession de se métisser avec les « races supérieures » car c'est le seul moyen pour elles d'assurer leur survie. Ce métissage est source de « dégénérescence » et de « décadence » pour la « race supérieure » initiale.

Pour éviter qu'un tel phénomène ne s'accentue (l'Allemagne était, selon lui, déjà « menacée »), il faut asservir les peuples « inférieurs » aux « races supérieures ». De même, tout autre peuple « supérieur » doit être éliminé sans délai car il constitue un danger.

En conclusion, il faut que le peuple « aryen », menacé de métissage par les « races inférieures », élimine les "autres" s'il veut garantir sa survie.

Il ne fait aucun doute que, si l'Allemagne nazie avait vaincu, la majorité des Slaves auraient subi le même sort que les Juifs et pour les mêmes raisons.

La minorité qu'ils auraient préservés car jugée utile pour la machine économique allemande, aurait subi le sort réservés aux Polonais mis (expérimentalement ?) à la disposition de Himmler au cours de la seconde guerre : soumission absolue, études limitées à une ou deux années pour leur permettre d'apprendre tout au plus la lecture (pas l'écriture !) et à compter jusqu'à 500, puis mise au travail au service des colons, des industriels allemands ou des organismes d'Etat de la « race des seigneurs ».

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Posté par: René (IP Loggée)
Date: 28 juillet, 2009 09:27

Je m'avoue être très mauvais en philosophie, mais j'aurais aimé lire un article accessible sur l'influence des philosophes allemands du 18-19ème siècle, sur l'idée de supériorité, assortie à la monté des nationalismes depuis 1800.
Cette mentalité qui ne penetrait qu'une élite, à ensuite été simplifiée et vendue aux masses populaires.
Je pense qu'il y aurait à creuser.
Je pense que Hitler n'a fait que lever certains freins moraux à un sentiment installé de supériorité et de mépris du non germanique.
Seul les français à cause de leur resistance de 14-18 sont bien perçus en Allemagne en 39. Les Anglais sont considérés comme frères.
Par contre du sentiment de supériorité à l'anéantissement d'une partie de la population européenne, c'est bien sorti de l'esprit sadique des nazis.

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Posté par: bernard81 (IP Loggée)
Date: 02 août, 2009 15:02

au risque de me repeter je citerai encore le livre de w reich la psychologie de masse du fascisme seul ouvrage ayant explique le nazisme... et le communisme
je dirais aussi que sans tailleurs de diamant les hllandais et les flamands ne sont plus rien
in memoriam

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Posté par: Regis (IP Loggée)
Date: 15 août, 2009 17:15

@Paul

j'espère que tu ne t'es pas amusé à traduire le texte, il existe aussi en français sur le site que tu donnes en lien :

[members.shaw.ca]

Cordialement

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Posté par: chance (IP Loggée)
Date: 17 août, 2009 18:04

bonjour ,


Je voulais svp savoir si ce lien mentionne des victimes civiles ou des prisonniers de guerre [translate.google.com]

A quelles archives peut-on s'adresser pour obtenir des infos sur les personnes ?

Merci chance

Archives

Posté par: chance (IP Loggée)
Date: 17 août, 2009 20:47

Le lien en français


[209.85.229.132]

chance

Archives

Posté par: Regis (IP Loggée)
Date: 20 août, 2009 09:17

Ben à mon avis, c'est toutes les victimes du camp confondues, en tous cas celles qui ont été recensées.

A vérifier

Cordialement

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Posté par: chance (IP Loggée)
Date: 22 août, 2009 12:25

Bonjour Régis merci pour votre réponse

Savoir à quelles archives peut-on s'adresser pour obtenir des infos sur les personnes qui ont été victimes de la Shoah ?

chance

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Posté par: nadianne (IP Loggée)
Date: 15 septembre, 2009 18:46

merci de ce terrible témoignage,
j'avais 11 ans quand mes parents ont voulu visiter Auschwitz, je n'ai pas pu...la statue de l'entrée représentant le martyre des prisonniers, m'a paralysée.
j'ai appris ensuite, que mon grand père paternel était mort à Dachau quelques jours avant la libération du camps, il avait été déporté car résistant communiste en France.
mon autre grand père , Stanislas OBODA, polonais , a été fusillé comme otage au mont Valérien à Suresnes le 21 septembre 1942.
l'histoire de ce grand père m'inspire une biographie/roman qui j'espère sera un jour publié...
j'aurai surement l'occasion d'en reparler ici, car je recherche toujours des quantités de détails historiques pour rester au plus près de la vérité.

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Posté par: jean pierre (IP Loggée)
Date: 15 septembre, 2009 21:03

nadianne a écrit:
-------------------------------------------------------
> merci de ce terrible témoignage,
> j'avais 11 ans quand mes parents ont voulu visiter
> Auschwitz, je n'ai pas pu...la statue de l'entrée
> représentant le martyre des prisonniers, m'a
> paralysée.
.
la statue a l'entrée? je n'ai pas souvenir d'une statue a l'entrée,mais il est vrai que j'y suis allé il y a longtemps,