Dans un charmant village niché au cœur des montagnes des Beskides a survécu, envers et contre les tempêtes de l’histoire, une petite église — ancien lieu de culte gréco-catholique lemko dédié à la Dormition de la Mère de Dieu, construite vers 1750. Restaurée et remaniée au XIXe siècle, elle a alors adopté sa forme actuelle.
L’église de Bałucianka est une construction en bois, bâtie en rondins, de structure tripartite et orientée traditionnellement vers l’Est. Elle présente le sanctuaire fermé de forme rectangulaire, ainsi qu’une tour à ossature de poteaux et de traverses, dont les murs se rétrécissent vers le haut. Au-dessus de la nef et du sanctuaire s’élèvent des dômes octogonaux en trompe-l’œil. Le toit, de type pyramidal, est orné de petites tourelles fictives. Il est recouvert, tout comme la partie supérieure de la tour, de bardeaux, tandis que le reste de la structure est habillé de planches.
À l’intérieur, on découvre une iconostase à quatre registres, richement sculptée, assemblée à partir de deux iconostases anciennes : l’une baroque, datant de la seconde moitié du XVIIe siècle, l’autre post-baroque, du début du XVIIIe. Les quatre icônes principales de l’iconostase actuelle forment une composition inhabituelle : elles représentent sainte Anne, la Vierge à l’Enfant, le Christ enseignant et saint Georges. L’autel principal, de style rococo et datant de 1783, est orné d’une image de la Vierge Marie Immaculée. Sur le mur sud se trouve une copie populaire de l’icône miraculeuse du Christ, provenant de Kobylanka.
Toutefois, l’objet le plus précieux provenant de Bałucianka est aujourd’hui conservé dans l’exposition permanente Icône carpatique du musée de Sanok : un ensemble de portes royales du XVe siècle, issues de l’école de Halicz. Réalisées en bois massif, elles sont les seules de cette époque à avoir été préservées dans la région des Basses-Carpates.
L’église est entourée d’un muret de pierre endommagé. À ses côtés se dresse un clocher à arcade, malheureusement privé de ses cloches. L’une d’elles fut réquisitionnée par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, une autre emportée par les habitants déplacés vers l’Est, et la troisième probablement enterrée — elle n’a jamais été retrouvée. À proximité se trouve également un cimetière, où l’on peut encore voir des pierres tombales en pierre et des croix en fonte.
łucianka est bien plus qu’un simple point sur la carte des Carpates. C’est un lieu de mémoire vivante, où l’histoire, la foi et la tradition artistique s’entrelacent dans un écrin naturel préservé. Bien qu’un peu à l’écart des grands itinéraires touristiques, le village offre à ses visiteurs un témoignage rare du patrimoine lemko, ainsi qu’un exemple éloquent des défis que pose la conservation du patrimoine en milieu rural.
Aleksandra