Les chants de Noël occupent une place centrale lors du réveillon. En Pologne, ce jour revêt une symbolique particulière. La nuit du réveillon est considérée comme la plus longue et la plus mystérieuse de l’année, entourée de nombreuses coutumes :

  • Se lever tôt pour garantir une bonne forme physique et morale toute l’année.

  • Éviter de s’allonger pendant la journée pour prévenir les maladies et s’assurer que le blé ne sera pas couché dans les champs l’été.

  • Ne pas emprunter d’argent, sous peine d’attirer des difficultés financières.

  • Aligner les chaussures des membres de la famille côte à côte pour garantir l’harmonie entre les convives et éviter les disputes.

  • Terminer tous les travaux domestiques et agricoles avant midi, le reste de la journée étant consacré à la décoration de la maison. Branches, couronnes de paille, de foin ou de blé, tout est mis en œuvre pour créer une ambiance festive.

  • Suspendre du gui, symbole de chance et de prospérité. Pour que cela fonctionne, le gui doit être riche en fruits, symboles d’abondance.

Le gui joue également un rôle romantique : un baiser sous ses branches symbolise l’harmonie et la durabilité d’une relation amoureuse.

L’ambiance solennelle du réveillon repose aussi sur des traditions culinaires et décoratives : la table est recouverte d’une nappe blanche avec un peu de foin en dessous, rappelant la crèche. Un couvert supplémentaire est toujours prévu pour un invité inattendu, incarnant l’ouverture et l’hospitalité.

La tradition veut que le repas commence à l’apparition de la première étoile dans le ciel, en hommage à l’Étoile de Bethléem. Avant de manger, la famille partage l’opłatek (pain azyme), symbole d’unité et de réconciliation, en formulant des vœux de bonheur, de santé et d’abondance.

Même les animaux domestiques ne sont pas oubliés : leur nourriture est enrichie d’un opłatek coloré, censé les protéger des maladies, des prédateurs et des mauvais esprits.


Le mot « kolęda» vient du latin
calendae, qui signifie « le premier jour du mois ».

À l’origine, le chant « koleda » était lié au Nouvel An. Sous les fenêtres des maîtres, les chanteurs formulaient des vœux de prospérité et de bonne récolte. En échange, ils recevaient des cadeaux ou des dons. Ce phénomène est surtout connu dans les pays slaves, et particulièrement en Ukraine.

Il est difficile de déterminer précisément à quelle époque « koleda » a commencé à être associé aux fêtes de Noël. Ce changement s’est probablement opéré au XIXᵉ siècle. Dès le XVIᵉ siècle, les « koledy » (chants de Noël) se distinguaient des autres chants en abordant des thèmes bibliques et en s’inspirant des hymnes religieux. De cette époque date le chant de Noël Anioł pasterzom mówił.

On suppose que les chants de Noël polonais trouvent leur origine dans le milieu franciscain. Au XIIIᵉ siècle, ces derniers représentaient des coutumes appelées « jaselka » devant la crèche de Bethléem, avec la Sainte Famille, l’Enfant Jésus, les Rois Mages et les bergers. À cette époque, des scènes théâtrales accompagnées de chants étaient organisées. Ces chants étaient souvent des berceuses empreintes de chaleur et de tendresse, un genre qui s’est particulièrement développé au XVIIᵉ siècle. Parmi les chants de cette période conservés dans nos répertoires figurent Gdy śliczna Panna Syna kołysała et Lulajże Jezuniu.

Au XVIIᵉ siècle, les chants de Noël s’enrichissent de thèmes pastoraux et intègrent des éléments des coutumes et de la vie quotidienne de l’époque. On leur doit des classiques comme Dzisiaj w Betlejem, Przybieżeli do Betlejem pasterze et Bóg się rodzi.

Aujourd’hui, nous disposons d’une immense variété de chants de Noël : berceuses, chants d’adoration ou patriotiques. Leurs formes musicales s’adaptent aux tendances actuelles, ce qui explique leur popularité et leur caractère universel. On reconnaît facilement des rythmes de polonaise, mazurka, oberek, marche, blues ou même rock.

Les auteurs de ces chants sont souvent anonymes : il s’agit parfois de pèlerins, ou de traductions de textes en latin ou dans d’autres langues. En Pologne, la « koleda » est un phénomène culturel à part entière, et l’on dénombre plus de 500 chants répertoriés. Même Fryderyk Chopin rend hommage à ces chants en intégrant des extraits de Lulajże Jezuniu dans son Scherzo n°1 en si mineur, Op. 20.

 

La force symbolique de l’opłatek

Lors des périodes d’adversité, comme les partages de la Pologne, l’opłatek représentait un lien précieux entre les familles déchirées par l’exil ou la déportation. Aujourd’hui encore, il est envoyé à ceux qui sont loin pour leur transmettre des vœux de paix et d’unité.

Le poète Cyprian Kamil Norwid a magnifiquement décrit cette coutume :

« Jest w moim Kraju zwyczaj, ze w dzien wigilijny,
Przy wejsciu pierwszej gwiazdy wieczornej na niebie,
Ludzie gniazda wspolnego lamia chleb biblijny,
Najtkliwsze przekazujac uczucia w tym chlebie ».

Il est dans mon pays une coutume, qu’au soir de Noël,
lorsque la première étoile du soir s’élève dans le ciel,
les gens du même foyer partagent le pain biblique,
en transmettant leurs sentiments les plus tendres dans ce pain.

L’opłatek est un symbole d’unité familiale et de proximité entre ses membres. Il incarne également le pardon et le désir de célébrer ensemble.

 

Après ce rituel, chacun prend place autour de la table, les anciens s’asseyant en premier. Selon les moyens, le repas comporte sept, neuf ou douze plats, tous préparés à partir de produits naturels et cuits à l’huile végétale. Ces plats symbolisent l’abondance, la vitalité et la chance.

 

La soirée se prolonge avec des chants de Noël, l’échange de cadeaux, et, pour finir, la messe de minuit (Pasterka), moment central des célébrations de la naissance de Jésus.

Le jour de Noël (25 décembre) est consacré à des repas copieux et conviviaux en famille. Le 26 décembre (Święty Szczepan, Saint Étienne) est également un jour férié en Pologne, dédié aux visites entre amis et proches.

Ces traditions témoignent de la richesse des coutumes polonaises, mêlant religion, symbolisme et un profond respect pour les liens familiaux et les valeurs communautaires.

Wesołych Świąt !

Aleksandra