LE 19 OCTOBRE 1984 …..

« Mon cri était celui de ma patrie »

 

Popielosko

Jerzy Popieluszko a eu le courage de défendre les idéaux de vérité, de liberté et de justice.
« L’aumônier charismatique de Solidarnosc a payé le prix suprême pour être resté fidèle à sa vocation. Il symbolise la grandeur et la sainteté de l’homme, les valeurs que nous devons défendre toujours et partout si nous voulons vivre dans un État libre et démocratique »,

Le Père Jerzy Popieluszko, actif défenseur du Syndicat Solidarité, est mort martyrisé le 19 octobre 1984, à l’âge de 37 ans, sous les coups de la police politique polonaise. Jeune prêtre de Varsovie nommé aumônier des aciéries de Huta Warszawa par le Cardinal Wyszynski, Il était alors un des jeunes prêtres polonais les plus populaires. Les hommes de la police polonaise ont cherché à enlever secrètement le Père Poieluszko, afin de le faire disparaître mystérieusement. Ils espéraient pouvoir continuer leur macabre besogne sur d’autres prêtres défenseurs de Solidarité, afin de créer un climat de terreur en Pologne, dans la tradition des meilleures heures du stalinisme. Leur but était de faire plier à la fois l’Église et le peuple polonais, dans un contexte mêlé d’incertitude et d’angoisse. Mais en échappant à leurs mains, un homme à réussi à casser la machine infernale des agents du terrorisme d’État. Cet homme là était Waldemar Chrotowski, le chauffeur et l’ami du Père Popieluszko. Enlevé en même temps que le Prêtre, il est parvenu à sauter en marche de la voiture des policiers

Jerzy Popieluszko est né le 14 Septembre 1947 à Okopy près de Suchowola en Podlasie. (nord-est de la Pologne) Ses parents, Marianne et Ladislas, dirigeaient une exploitation agricole.
A partir de 1961, Jerzy étudie au Lycée à Suchowola. À l’école, les enseignants le définissent comme un élève moyen, capable, mais ambitieux. Un individualiste. Dès son plus jeune âge il est enfant de chœur. Cela dit, la vocation à la prêtrise, lui vint qu’a la période du baccalauréat. Après son diplôme en 1965, il rejoint le Grand Séminaire de Varsovie.
Au début de sa seconde année d’étude, il est mobilisé dans l’armée.
Les années 1966 – 68 ont étés consacrées au service militaire dans une unité spéciale pour les séminaristes à Bartoszyce (Warminsko-mazurskie) Rappelons que le recrutement des séminaristes dans l’armée (en dépit d’un accord entre l’État et l’Église en 1950) était une manière pour les autorités communistes de soustraire les jeunes séminaristes de l’environnement des évêques récalcitrants de l’Église. Il était prévu que par un astucieux système d’endoctrinement effectué par un personnel sélectionné, et des officiers capables de persuader les séminaristes d’abandonner leurs études cléricales .Jerzy Popieluszko fut un soldat distingué, d’un grand courage défendant ses convictions, ce qui la conduit à subir diverses formes de persécution.
En revenant de l’armée Jerzy tomba malade. A partir de ce moment jusqu’à la fin de vie il aura à faire face a des problèmes de santé.
Le 28 Mai, 1972, il est ordonné, prêtre des mains du cardinal Stefan Wyszynski Primat de Pologne.
Les images distribuées lors de sa première messe comportent la phrase suivante : «Dieu m’envoie, pour prêcher l’Évangile et à panser les plaies des cœurs blessés. »
Jerzy a vécu son sacerdoce dans les paroisses suivantes : l’église St. Trinity Zabkach ; p.w. Notre-Dame Reine de la Pologne à Aninie et p.w. L’enfant Jésus à Zoliborzu. Il avait dans son ministère pastoral un penchant pour le travail avec les enfants et les jeunes. Malheureusement, les problèmes de santé s’aggravent. En Janvier 1979, Jerzy s’évanouit pendant la célébration de la Messe Après quelques semaines de séjour à l’hôpital il ne retourne pas son travail régulier de vicaire
Pendant l’année scolaire 1979/80, il a officié à l’aumônerie de l’église universitaire. Sainte Anne. Il organisé un séminaire pour les étudiants en médecine.
Fin 1978, il a été nommé pasteur de l’équipe médicale. Depuis lors, chaque mois, il a célébré la messe à la chapelle Saint Res Sacra Miser.
A partir du 20 Mai 1980, il est à la paroisse St. Stanislas Kostka. En tant que responsable du ministère du personnel médical, depuis août 1980 il s’est engagé dans des activités pastorales auprès des travailleurs.

C’est en août 1980 que le Cardinal Wyszynski, , lui a demandé d’être l’aumônier des aciéries de la capitale. C’est ainsi que le jeune abbé Popieluszko est devenu un ardent défenseur de l’idéal du syndicat de Solidarité, né à la même époque, lors des « accords de Gdansk »
À. 10h00, chaque dimanche, il a célébré la sainte messe pour eux. Il s’est entretenu avec eux régulièrement, tous les mois. Il a organisé une sorte de «laboratoire» pour les travailleurs. Il a dirigé leur catéchèse, mais aussi à travers une série de conférences il veut les aider à acquérir des connaissances dans divers domaines – l’histoire de la Pologne et de la littérature, de la doctrine sociale de l’Église, droit, économie, et même les techniques de négociation En Octobre 1981, il fut nommé aumônier diocésain pour la santé et aumônier auprès de la maison de santé des employés des services de santé dans la rue Elekcyjnej 37. Chaque semaine, la messe sera célébrée. dans la chapelle, qu’il a en partie aménagée

Après le coup d’État du 13 décembre 1981, il avait pris la défense du syndicat Solidarité, mis brutalement hors-la-loi.
Tous les mois, depuis cette date fatidique, le Père Popieluszko célébrait une « messe pour la patrie » dans sa paroisse St Stanislas-Kotska, dans la banlieue de Varsovie. Il y prononçait de vibrantes homélies pour la justice sociale et le respect de la liberté de l’homme. Le texte de ses allocutions courageuses était enregistré par de nombreux militants sociaux chrétiens de Solidarité, et diffusé par cassettes à travers toute la Pologne. Autant dire que le jeune prêtre était considéré comme un dangereux agitateur par les séides du régime communiste polonais,
. A l’automne 1983, une liste de 69 « prêtres extrémistes » a été établie par le gouvernement du Général Jaruzelski et remise au Cardinal Glemp, successeur de l’intrépide Mgr Wyszynski. Prière était faite au nouveau Primat de Pologne de faire taire ces gêneurs en soutane. Le Père Popielszko figurait en bonne place sur cette liste, en compagnie, il est vrai, de deux évêques, Mgr Tokarczuk et Mgr Kraszewski, auxiliaire de Varsovie, et du confesseur de Lech Walesa, l’ineffable Père Jankowski.
Dès les 12 et 13 décembre 1983, l’Abbé Popieluszko a été placé en garde à vue pendant deux jours. La police prétendait avoir découvert chez lui des armes et des explosifs, ainsi que des tracts de Solidarité. Au cours de la nuit suivant sa garde a vue , il échappa de justesse à un attentat, une grenade ayant explosé dans son vestibule après qu’un inconnu eut sonné à sa porte. Accusé d’ « abus de sacerdoce », le jeune prêtre fut convoqué treize fois par la milice, dans les quatre premiers mois de l’année 1984. Le porte-parole du gouvernement communiste, Jerzy Urban, aujourd’hui reconverti dans la presse pornographique et anticléricale, qualifiait Jerzy Popieluszjo de « fanatique politique ». Le vendredi 19 octobre à 22 heures, trois officiers de police arrêtèrent la voiture du Père Popieluszko en rase campagne, sous prétexte d’un contrôle d’alcootest. Alors que son chauffeur parvint à s’enfuir, le prêtre martyr resta entre leurs mains.

Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle ne fut donnée sur le sort du père Popieluszko, jusqu’à ce que le 27 octobre, le capitaine Grzegorz Piotrowski déclare : « C’est moi qui l’ai tué, de mes propres mains ».
Le corps de l’aumônier fut retrouvé dans un lac artificiel formé par le barrage de Wloclawek, sur la Wisla à une centaine de kilomètres au nord de Varsovie. La nouvelle eut un impact impressionnant mais le peuple polonais y fit face sans céder à la colère ou à la violence, se souvenant des paroles que le père Jerzy aimait répéter : « Nous devons vaincre le mal par le bien ».
Le père Jerzy a certainement pardonné à ses assassins et il aurait sans doute voulu qu’on ne parle pas trop du procès de Torun, mais sachez simplement que ceux qui ordonnèrent ce crime, raconté dans les moindres détails par les assassins, au cours d’un procès dramatique, ne furent jamais jugés. Les accusés furent condamnés, mais leur peine fut ensuite réduite. Tous sont déjà sortis depuis bien longtemps de prison.
La tombe du père Popieluszko, située à Varsovie près de l’église où il célébrait les messes pour la patrie, est devenue un lieu de pèlerinage où se sont déjà rendues des millions de personnes qui le vénèrent comme témoin de la résistance morale et spirituelle du peuple polonais.

 

 

Le Martyre du Père Popieluszko a entraîné de nombreuses conversions, et même l’éclosion de vocations sacerdotales. Il a soudé davantage encore l’Église de Pologne et les militants de Solidarités. Aux yeux de l’Église Universelle, il revêt la valeur d’un témoignage suprême contre l’oppression du totalitarisme athée.
Le 31 octobre 1982, le Père Popieluszko déclarait : Pour rester un être libre intérieurement, il faut vivre dans la vérité. La vie dans la vérité, c’est de témoigner autour de soi, de reconnaître la vérité, la réclamer dans chaque situation. Nous ne sommes pas directement persécutés, nous ne sommes pas menacés de mort. Sommes-nous libres pour autant ? Le chemin de la liberté s’ouvre devant celui qui témoigne avec courage, disait le Père Popieluszko. Il nous en faut, du courage, pour témoigner de la vérité sur l’homme et sur la vie. La vérité ne change pas, on ne peut pas la détruire par des décisions ou des lois. Deux ans avant sa mort, il terminait ainsi un de ses sermons : Nous prions Dieu de nous donner l’espérance, car seulement ceux qui sont forts par l’espérance sont capables de surmonter toutes les difficultés.

Ryszard