Nous continuons notre cycle de découvertes des artistes polonais de l’époque de la Jeune Pologne. Il est temps de présenter une grande dame de la peinture polonaise Olga Boznanska (1865-1940). Elle est formée dans les ateliers de Jozef Siedlecki, Hipolit Lipinski, Kazimierz Pochwalski et ensuite elle continue ses études à Munich. Là-bas Boznanska remporte ses premiers succès artistiques qui annoncent le début d’une grande carrière. Elle est récompensée par de nombreux prix, médailles et distinctions. En 1898 elle s’installe définitivement à Paris. La même année elle devient membre de l’Association des Artistes Polonais « Sztuka ». A partir de 1901 elle fait partie de la Société Nationale des Beaux Arts. Boznanska navigue parfaitement entre deux cultures et deux pays. Pour son œuvre elle reçoit la Légion d’Honneur en 1910, et en 1938 la plus grande distinction polonaise, la Polonia Restituta.
Boznanska est considérée avant tout comme portraitiste. Son œuvre est fondée sur une connaissance parfaite des sujets qu’elle peint. A partir de ses premières œuvres l’artiste tente à révéler des aspects psychologiques des femmes. Ses modèles plutôt tristes, bien habillés présentés sur le fond sombre font ressortir habilement leur féminité.
De l’époque de ses études date le tableau « Fleuristes » (1889) inspiré par l’art japonais très à la mode à la fin du siècle. Boznanska présente avec beaucoup de charme trois petites filles en train de préparer des compositions florales. Les influences de cet art se manifestent dans la délicatesse du dessin, la coiffure des filles, le pot de fleurs et d’autres éléments justement accentués. Une autre œuvre résultant de la fascination de l’art japonais est intitulée « Autoportrait au parasol japonais » (1892). Boznanska applique des couleurs subtiles et met en valeur la silhouette de femme assise sur le parapet d’une fenêtre ouverte. L’originalité de son œuvre se situe dans la pose du modèle et la peinture en contre jour. Une autre scène, pas banale dans sa conception, provient de l’époque de son séjour à Munich, et porte le titre« Imieniny babuni ».
Une petite fille offre à sa grand-mère un bouquet de fleurs à l’occasion de sa fête. Boznanska utilise une gamme de couleurs délicates, le vert et le blanc posés d’une manière généreuse et épaisse qui donnent l’impression de vibration et rendent la tristesse de l’enfant encore plus flagrante.
De son chef d’œuvre intitulé «Petite fille avec les chrysanthèmes » (1894) émane le sentiment de tristesse et du sérieux de la fille. Elle enrichit sa palette de couleurs de gris argent subtil. Le climat de ce portrait est très proche de celui des poèmes de Maurice Maeterlinck, que l’artiste appréciait tellement. L’un des critiques d’art dans la « Gazette des Beaux Arts » remarque que Boznanska a crée un idéal moderne de Maeterlinck. Dès son arrivée à Paris l’artiste continue à peindre des modèles nostalgiques, pâles toujours dans la tonalité triste et terne.
Boznanska peint également des paysages, des vues de son atelier, des natures mortes. Elle aime transposer sur la toile des fleurs, surtout dans des vases ou des pots. Toutefois, ces sujets restent à la marge de l’univers de sentiments que l’artiste accueille sur ses toiles.
Elle réside jusqu’à la fin de ses jours à Paris, mais elle garde le contact permanent avec Cracovie. Actuellement elle est la plus célèbre et la plus appréciée des amateurs d’art en Pologne.
Aleksandra avec l’aide précieuse de Kat