Jan Stanisławski (1860-1907) – Maître de paysages de l’époque de la Jeune Pologne commence son cursus universitaire par les études des mathématiques à l’Université de Varsovie et de Technologie à Saint Petersbourg. Stanisławski découvre sa vocation artistique et entreprend des études de peinture ; d’abord à Varsovie, puis à l’Ecole des Beaux-Arts à Cracovie. En 1885 il décide de poursuivre sa formation à Paris et il approfondit ses connaissances en travaillant sous la direction de Carolus-Durant jusqu’à 1888. C’est à Paris qu’il connaît ses premiers succès. Ses paysages d’Ukraine, ses petits formats, attirent l’attention des parisiens. Tadeusz Boy-Zelenski nous rapporte que : « N’ayant point d’argent pour les encadrer, l’artiste décide de les fixer sur une grande toile et l’envoie au Salon. Les membres de jury touchés par son talent se cotisent pour encadrer ses œuvres ».
Les années 1885-1895 sont très propices pour de nombreux voyages. Il visite l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la République Tchèque. Les sujets, peut-être les plus chers à l’artiste, se trouvent sur sa terre natale, en Ukraine. L’artiste en amoureux du terroir, décrit l’atmosphère des paysages de campagne, des steppes. En cette période sa peinture est liée à la représentation réaliste.

Stanisławski collabore avec d’autres illustres artistes ; avec Wojciech Kossak il participe à la création du panorama « Przejscie przez Berezyne » et avec Jan Styka prépare « Golgota ». En 1897 il s’installe à Cracovie et prend la direction de la chaire de paysage à l’Ecole des Beaux-Arts.

Sa peinture évolue vers l’impressionnisme, selon le lieu et le moment de la journée il se concentre sur les états de l’atmosphère. Le tableau « Ule na Ukrainie » (1895) dévoile le but de l’artiste : retranscrire la lumière en appliquant les couleurs par touches juxtaposées. Le paysage baignant dans la lumière du soleil et les contours bleu foncé donnent l’impression de vibration de la lumière et des couleurs. La nature est une source de beauté, mais l’attention de l’artiste est capturée par ses secrets et c’est désormais dans cette direction qu’il va poursuivre sa création artistique. De ses recherches résultent une centaine de paysages. « Topole nad woda » (1900), le paysage dramatique contient une synthèse d’impressions découlant de la nature. Il est fortement imprégné de motifs symboliques. La surface d’eau exprime le fluide et l’éphémère.

 

Ce phénomène dans le courant de Jeune Pologne correspond à l’âme. Les nuages lourds perçant le ciel bleu annoncent un drame. Les peupliers s’inclinant vers la terre par la force du vent nous parlent des forces de la nature. Stanisławski utilise la palette de couleurs sombres, de temps en temps éclaircies par les nuages blancs s’infiltrant dans le ciel bleu qui rend parfaitement les impressions fugitives. Nous retrouvons l’ambiance similaire dans « Stodoly w Pustowarni » (1898), les nuages lourds donnent l’impression d’être chargés de plomb, porteurs de mauvaises nouvelles ils dominent le paysage. L’œuvre reflète l’état psychique : c’est un paysage intérieur.


Les séjours fréquents en Ukraine, à Kiev, dans les années 1898-1903, apportent de thèmes variés à l’artiste. Il peint plusieurs versions du monastère Michajlowski, de l’église orthodoxe Sofijska et de son clocher. Il y applique de larges touches de couleurs : blanc, jaune et or.

Il revient à ses motifs de prédilection, des paysages aux steppes larges, des méandres de Dniepr, des moulins à vent, des rivières bleues saphir observées sous la luminosité différente ; par jour ensoleillé, dans la grisaille. Il enregistre des reflets de lumière sur la surface de l’eau et les changements de ses couleurs.
Dans les œuvres peintes en 1904 « Dniepr », « Dniepr niebieski », « Dniepr szafirowy » il applique une ligne ondulée des contours fermant des touches de couleurs.

Un autre thème qui passionne l’artiste ce sont des délicates plantes recouvrant des champs et des steppes ukrainiens. Elles symbolisent les forces vitales cachées par la nature.
Stanisławski s’inspire également de l’architecture italienne, « Forteca w Weronie » (1902), vues de la cathédrale de Sienne ou de l’église St Marc à Venise peints hâtivement en touches de couleurs épaisses.
Sa peinture évolue au fil du temps. De la représentation de « coins de nature » il se fascine pour les crépuscules sentimentaux, des vergers ukrainiens, allant jusqu’à l’inclination mystique et le tremblement des peupliers au bord de l’eau.
L’artiste est très connu dans le milieu artistique. Il travaille pour l’Association « Polska Sztuka Stosowana », il est co-créateur et animateur de l’Association des Artistes Polonais « Sztuka ». Il s’éteint en 1907.

Aleksandra avec l’aide précieuse de Kat