Peintre souvent associé à l’expressionnisme, Witold Wojtkiewicz (1879-1909) commence ses études à l’Ecole des Dessins à Varsovie chez Wojciech Gerson. Ensuite, il passe quelques mois à Petersbourg et par la suite s’inscrit à l’Académie des Beaux Arts de Cracovie.
Wojtkiewicz débute en tant que dessinateur satyrique pour la presse, entre autres « Kurier Warszawski », « Tygodnik ilustrowany » et « Wedrowiec ».
Dans les années 1903-1906 l’artiste s’intègre à la vie artistique de Cracovie. Cette ville magique attire des artistes et Wojtkiewicz succombe à son charme. Il fréquente les lieux où règne la bohême et surtout « Kawiarnia Lwowska » de Jan Michalik où il participe à la création de « Teka Malpomeny » (caricatures des acteurs de Cracovie).
En cette période, sa personnalité s’affirme davantage ainsi que son choix de thèmes. Il peint des personnages souvent pris au piège, dans des situations douloureuses. Il utilise des couleurs sombres et sévères pour capturer l’attention sur l’injustice ou la douleur. Dans l’univers de Wojtkiewicz s’entrelacent le monde réel et l’imaginaire.
Ses tableaux sont tantôt tristes, tantôt grotesques et poétiques. Il commence à peindre des représentations des enfants qui deviendront ses thèmes récurrents. Il les peint avec des angles de vue et des cadrages inhabituels.
Le tableau intitulé « Krucjata dzieci » (1905), représente le cortège des enfants tristes se déplaçant sous des nuages lourds et menaçants. Cette vision picturale correspond par son titre et par son thème avec l’œuvre de Marcel Schwob « La croisade des enfants ». Ces deux interprétations de croisade ont un point commun, à savoir des jeux fantastiques se mêlant à un goût pour les modestes et les marginaux de l’histoire.
La même année Wojtkiewicz peint « Korowod dzieciecy » donnant ainsi une suite au conte de Marcel Schwob sur la croisade des enfants.
Ensuite l’artiste présente un nouveau cycle intitulé « Ceremonie » (Cérémonies) dans lequel ses sujets, toujours des enfants, participent à toutes sortes de cérémonies. Fréquemment présentés dans des situations étranges, surprenantes ne laissent pas des spectateurs indifférents. Le tableau « Medytacje » reflète une scène à l’intérieur de l’église où les enfants étrangement habillés participent à la Cérémonie de Mercredi de Cendres.
L’œuvre de Wojtkiewicz a des points communs avec celle de Maurice Maeterlinck. Celui-ci, considéré comme poète – visionnaire ou dramaturge – symboliste, introduit dans ses œuvres des marionnettes. De minces princesses en longues robes blanches apparaissent aussi sur les toiles de Wojtkiewicz. Fasciné par le destin des marionnettes il crée un univers plein de symboles d’où émane le climat des contes de fée.
En 1907 au Salon Schultz à Berlin André Gide découvre son talent et reste très sensible à l’harmonie des tons et une douloureuse fantaisie de ses toiles. Il lui organise une exposition dans la galerie Drouot et écrit une préface pour le catalogue d’exposition. Après son séjour à Paris la production artistique de Wojtkiewicz devient abondante, mais de courte durée. En 1908 il tombe malade et pendant quelques mois il dessine à la plume avant de disparaître à jamais.
Aleksandra avec l’aide précieuse de Kat
Zloty polonais