(1866-1895)

 

C’est en 1890 que les deux jeunes adeptes de l’impressionnisme français, Wladyslaw Podkowinski (1866-1895) et Jozef Pankiewicz (1866-1940), insufflent en Pologne les principes de ce courant artistique.
Lors de leur séjour à Paris, attirés par la vie artistique de la capitale et fascinés par son ambiance, ils se trouvent, très rapidement, entraînés dans son mouvement.

 

Ils participent à l’Exposition Universelle de1889 et visitent la rétrospective d’Edouard Manet. Ils sont, bien entendu, plein d’admiration pour ses œuvres et notamment pour « Olympia » et « Déjeuner sur l’herbe ». En continuant leur aventure artistique ils visitent la Galerie Goupil du Boulevard Montparnasse, où ils découvrent les tableaux de Paul Cézanne et de Claude Monet . Chez Volpini, nos artistes visitent l’exposition intitulée « les impressionnistes et les synthètistes » regroupant des œuvres de Paul Gauguin et Émile Bernard – l’exposition qui est une forme de manifeste contre le Salon officiel. Par contre, dans la Galerie Georges Petit, nos artistes sont séduits par la beauté des œuvres d’Auguste Rodin et Claude Monet.

 

De retour en Pologne, Podkowinski et Pankiewicz, mettent en application leurs premières expériences impressionnistes.
Wladyslaw Podkowinski s’installe à Varsovie, mais son itinéraire pictural passe principalement par les domaines de ses amis. Pendant ses courts séjours chez les uns et chez les autres il s’adonne à la peinture. Son atelier c’est la nature, il y pose son chevalet et il peint. En 1892, durant son passage chez Julian Maszynski à Mokra Wies, l’artiste peint un paysage « Chlopiec nad stawem » (Garçon au bord de l’étang). Il y déploie sa palette de teintes et transcrit sur la toile les effets de lumière sur la surface de l’étang. Il poursuit son travail en plein air, ainsi que ses recherches dans le domaine de la lumière qui se concrétisent par une série de paysages ensoleillés. On y trouve des motifs des jardins, des champs ou des ruisseaux vibrant des couleurs vert, jaune et violet. La toile « Lubin w sloncu » (Lupin au soleil) récapitule son expérience impressionniste. Le champ des lupins et l’étang se fondent dans la lumière. La composition est faite des couleurs claires presque pastelles posées hâtivement en touches épaisses. L’artiste peint dans les mêmes tons le tableau « Pole koniczyny » (champ de trèfles).

 

C’est durant son séjour à Chrzesne en 1892 que Podkowinski peint une scène de la vie quotidienne, un grand jardin ensoleillé où les enfants arrosent les fleurs « Dzieci w ogrodzie » (les enfants dans un jardins). Il s’agit ici de Tadeusz et Mieczyslaw Kotarbinscy (Kotarbinski), les enfants d’un ami de l’artiste, Milosz Kotarbinski. Podkowinski aborde ce travail à l’huile en appliquant avec enthousiasme la technique de « pointillisme ». Il fait des touches de couleurs différentes où le vert, rouge, noir et jaune dominent, le mélange se fait dans l’œil du spectateur. Podkowinski porte également l’attention sur l’étude du nu. Celle de 1892, « Konwalia » (Muguet), représente une jeune femme debout sur fond d’un mur. En posant les taches d’épaisseur différente de couleurs jaune, vert, rouge son pinceau immortalise sur toile ses émotions. Son talent de portraitiste s’illustre dans « Dziewczynka w kapeluszu » (fillette au chapeau) et « Dziewczynka z obrecza » (fillette au cerceau) (1894), portrait d’une petite fille en robe blanche en dentelles, avec une cocarde rouge, représentée sur un fond noir, fait ressortir sa tristesse et sa solitude.

 

En 1892, Podkowinski, tout en restant dans la convention des impressionnistes, peint des œuvres en série sur des motifs de la vie urbaine. Épris par ce nouveau sujet, l’artiste peint des vues de la rue Nowy Swiat de son atelier à Varsovie. Son regard survole les toits des maisons et se pose sur l’église Ste Croix qui termine cette rue animée. En gardant le même angle de vue il peint la rue sous les lumières différentes et montre les effets des saisons. Il en résultent deux aquarelles représentant cette vue un jour d’hiver et une version à l’huile qui montre la même rue un jour d’été. Cet admirateur de la vie urbaine observe des citadins et la circulation dans la rue en plein été et grâce aux contrastes des couleurs chaudes et froides, le jeu entre la lumière et l’ombre, restitue la chaleur atmosphérique du lieu.
En automne 1890 Podkowinski expose ses tableaux au salon varsovien Krywulta. Ses œuvres ne s’attirent pas la sympathie des critiques d’art. La critique de Cezar Jellenta, personnage très influent dans le milieu, se montre particulièrement féroce.

Les critiques défavorables et l’amour tragique et sans espoir pour l’épouse de l’un de ses amis marquent un tournant dans son oeuvre. Il fait des compositions symboliques – fantastiques dans les tons sombres. En 1892, il crée « Taniec szkieletow » (danse des squelettes), un an plus tard « Ironia » (Ironie) et de nombreux croquis pour le tableau « Szal » (la folie) qui verra sa version finale en 1894. Ce tableau représente une scène démoniaque : un cheval fou incarnant le désir aveugle, une soumissions aux impulsions, emportant une femme dans un gouffre. Le tableau « Szal uniesien » (extase) présenté le 16 mars 1894 à l’exposition à Zacheta provoque un scandale dans le milieu artistique. Toutefois, il est devenu en même temps, d’après les propos de Kazimierz Przerwa-Tetmajer, pour la jeune génération d’artistes, un manifeste du symbolisme. Podkowinski dans une crise de folie détruit ce tableau qui abîmé, devient propriété du collectionneur Feliks Jasienski et ensuite du Musée Nationale de Cracovie.
« Marsz zalobny Chopena » (Marche funèbre de Chopin) inspiré du poème de Kornel Ujejski « Marsz pogrzebowy » du cycle « Tlumaczenie Szopena » fut le dernier tableau de Wladyslaw Podkowinski et acheva sa tragédie personnelle.

Aleksandra avec l’aide précieuse de Kat